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Gestion des rumeurs dans les institutions de microfinance. Cas de la mutuelle d'épargne et de crédit de Goma.

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par Charles CHIRIMWAMI MWENGEYO
Institut Supérieur dà¢â‚¬â„¢Informatique et de Gestion (ISIG-Goma).  - Licence 2013
  

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I.2 : REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE SUR LA GESTION DES RUMEURS

Dans ce point, nous abordons les différentes façons de gérer les rumeurs auxquelles l'IMF est exposée dans le processus d'exécution de ses activités et passons en revue un certain nombre des travaux antérieurs ayant traité sur la gestion des rumeurs en vue de relever les principaux résultats auxquels ils ont abouti et d'avoir une idée plus claire sur l'aboutissement de notre étude.

Différentes33 études ont montré que les rumeurs se portent particulièrement bien dans un environnement d'incertitude. Au sein des institutions et entreprises, la rumeur naît souvent lorsque le personnel ne reçoit pas une information claire en période de crise ou de changement et/ou lorsque les relations entre le management et le personnel ne sont pas bonnes. La rumeur peut alors être dévastatrice pour une entreprise et causer des dégâts parfois irréversibles : elle peut miner un climat de travail, casser la motivation et l'implication des collaborateurs, nuire considérablement à l'image et à la santé d'une personne, d'une organisation, provoquer un vent d'inquiétude, voire de panique. Elle pose par ailleurs souvent un problème qui est de l'ordre du double lien : ne pas réagir à la rumeur revient à l'accréditer, mais réagir, c'est aussi l'accréditer. Une information bien organisée et claire au sein de l'institution peut éviter, voire rapidement désamorcer une rumeur. Une relation de confiance entre direction et collaborateurs diminuera la probabilité d'apparition de rumeur. Il faut éviter la politique de l'autruche. Les membres du

33 www.nouveaudepart.be:Conseil en Image et en Communication

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personnel peuvent s'imaginer que si la hiérarchie ne réagit pas, c'est que la rumeur est forcément fondée et donc vraie.

Réagir ne signifie pas pour autant s'emballer et faire n'importe quoi : lorsque l'institution est proie à une rumeur, il faut évaluer d'abord correctement l'ampleur de cele-ci et essayer d'identifier, si possible, sa source. Si la source est révélée, la rumeur aura moins d'impact et sera discréditée, surtout s'il apparaît que le colporteur a un intérêt à propager cette rumeur. Réagir à trop grande échelle pourrait s'avérer contreproductif comme, par exemple, la faire connaître aux personnes qui n'en ont pas entendu parler et ainsi l'entretenir. L'utilisation de multiples canaux d'information pour diffuser un démenti ne doit être envisagée qu'en dernier recours. Et il faut, autant que possible, contrer la rumeur par des faits, car pour toute rumeur ce qui est invérifiable est fiable puisque personne ne peut apporter les preuves du contraire. En outre, l'émetteur de l'information rectifiée doit être digne de confiance, compétent et reconnu par le récepteur, une personne capable de communiquer au nom de l'entreprise ou de l'institution. Il peut s'agir, par exemple, d'un directeur des ressources humaines, d'un chargé de communication, etc. A noter que l'indépendance, l'absence de parti pris, est souvent un critère de crédibilité dans la contre-attaque et permet le recul nécessaire pour bien appréhender la situation.

L'amélioration de la communication managériale est l'une des techniques pour gérer efficacement les rumeurs dans une entreprise. Les managers se trouvent en situation de recevoir de l'information stratégique et de devoir la répercuter aux collaborateurs en suivant une double contrainte : taire les éléments confidentiels et adapter leur discours à l'activité de l'équipe. Or, comme le fait remarquer Laurence Houdeville, cela nécessite un important effort rédactionnel car le langage de la direction est souvent éloigné de celui opérationnel. Pour être comprise, l'information doit donc être traduite et argumentée. Pour cela, elle conseille aux managers d'imaginer toutes les questions, interprétations et rumeurs qui peuvent être générées par la communication afin d'y répondre avant qu'elles n'apparaissent. Et surtout, il faut éviter la langue de bois !34

34 www.google.com : Prévenir par la communication

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A part le fait que l'entreprise doit prévenir la rumeur en communiquant avec ses employés, ele doit rester vigilante pour détecter les prémices de la rumeur35. Lorsqu'elle s'installe, il faut jouer franc-jeu. Un grand nombre de rumeurs sont totalement infondées, mais certaines d'entre elles possèdent un fond, voire une grande part de vérité. L'entreprise doit préparer soigneusement ses arguments et illustrations, confirmer les éléments véridiques au moyen d'exemples précis, et être impitoyable avec les assertions mensongères. La sincérité dont elle fera part sera appréciée à sa juste valeur et considérée comme une marque de respect vis-à-vis de ses employés. Cette réunion pourra également fournir l'occasion rêvée d'interroger ses collaborateurs sur les motifs de leur inquiétude, en particulier si la rumeur est totalement fausse. Il ne suffit pas d'apaiser la rumeur : encore faut-il en comprendre les fondements.

Il existe plusieurs stratégies pour faire face aux rumeurs. Ces méthodes sont plus connues dans le domaine politique, mais peuvent être efficaces dans l'environnement de l'entreprise36.

· Une rumeur se nourrit d'elle-même, donc le premier réflexe qui est de s'en défendre ou la justifier est à éviter à tout prix. Plus une personne cherchera à se justifier, plus la rumeur sera confirmée et durera dans le temps. Une rumeur est comme une bulle, elle se forme et grossit, puis finit par éclater et disparaître, sans aucune intervention de notre part, jusqu'à ce que les gens oublient et trouvent d'autres occupations. Si on cherche à s'en défendre, l'effet inverse se produira et la rumeur deviendra incontrôlable, elle se transformera en feu de paille et se propagera de plus en plus fort et de plus en plus rapidement.

· La technique du 20/80 : cette technique consiste à affirmer 20% de la rumeur en donnant beaucoup de détails intéressants, tout en la transformant en positif, et cela aura l'effet de renier de manière tacite les 80% restants de la rumeur.

· La technique de la noyade : il s'agit de lancer soi-même en parallèle cinq ou six rumeurs, toutes différentes, pour noyer la rumeur initiale. Les personnes qui sont à l'écoute ne sachant qui croire ou ne pas croire, se perdant dans les rumeurs multiples, finissent par décrédibiliser la source et s'ennuyer ou même s'irriter très vite face à un flux d'informations contradictoires et non vérifiées.

35 www.google.com: Comment réagir face à la rumeur ?

36 www.google.com: L'impact d'une rumeur au travail sur une personne dépend de la réceptivité de la personne calomniée

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Au-delà de ces mesures préventives citées ci-haut, l'entreprise peut avoir une sorte de règlement interne, un code déontologique ou des règles de vie bien arrêtées, donnant lieu à des sanctions et pénalisations en termes de points sur l'évaluation annuelle par exemple, ou alors faire simplement intervenir dans les cas extrêmes un médiateur ou un facilitateur pour accompagner les concernés (personne calomniée et personne à l'origine de la rumeur) dont le rôle sera d'améliorer le relationnel des deux personnes impliquées, mais aussi veiller à ce que le problème ne se reproduise plus.

Dans leur travail intitulé «Quand on prêche le faux par la rumeur, quelles en sont les finalités?», Béatrice Bocquet et al, ont voulu connaître les finalités de « fausses rumeurs ». Ils ont montré que les « fausses rumeurs » obéissent à une logique forte dont ils ont présenté les mécanismes à travers quelques exemples appliqués à de nombreux domaines comme le marketing, l'Internet, la finance et la politique. Ils ont vu que les rumeurs sont nombreuses et que même si certaines sont « fausses » et n'ont pas de buts apparents, comme c'est souvent le cas sur Internet, elles sont de plus en plus utilisées à des fins commerciales. L'une des finalités les plus communes dans tous ces domaines est de déstabiliser un concurrent en attaquant son image. Cependant, une évidence demeure : les rumeurs seront toujours d'actualité, puisque les individus communiqueront toujours ensemble. Pour ceux qui penseraient que le secret peut résoudre le fléau des rumeurs en croyant que l'ignorance entraîne le silence, il faut préciser que le secret pourra éventuellement éviter la propagation de quelques rumeurs mais il n'arrivera jamais à en éliminer la totalité et pourra même en créer d'autres.

Nga Nkouma Tsanga Rosalie Christiane, dans son travail sur « Rumeur de marque et confiance du consommateur : facteurs explicatifs et implications managériales » a voulu identifier les facteurs déterminant la confiance vis-à-vis de la rumeur commerciale. Pour y parvenir, elle a menée une enquête auprès de deux cent cinquante consommateurs en vue de mieux cerner les principales raisons de la croyance à ce phénomène fuyant et d'en déduire des propositions managériales. Sa méthodologie de recherche est axée sur trois principaux éléments : le choix du terrain d'investigation, le type d'étude, les instruments de mesure et les outils d'analyse de données.

Au terme de cette recherche, elle prouve que les consommateurs prêtent attention aux rumeurs parce que celles-ci leur sont révélées par des personnes honnêtes et parce que les entreprises dont les marques sont rumorées ne les démentent pas toujours. Il ressort également que

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certains accordent une attention particulière aux rumeurs parce qu'ils ne font pas absolument confiance aux médias et d'autres à cause de l'indisponibilité des médias dans certaines zones. S'agissant des antécédents de la confiance, elle a pu observer trois catégories : les anticipations socio-hédoniques, les anticipations techniques et les anticipations relationnelles. La confiance, continue-t-elle, est d'abord caractérisée par des anticipations d'ordre socio-hédoniques ; il s'agit principalement du sentiment de partage des valeurs. Ainsi, la plupart des répondants (63,78%) développent une proximité psychologique qui favorise la croyance à la rumeur. La confiance à la rumeur est également précédée des éléments techniques tels que la réputation de la marque (56,1% des réponses obtenues) et le comportement de l'entreprise dont la marque est rumorée (50, 45% des déclarations). La familiarité des consommateurs avec la marque est en outre un vecteur clé constituant un terrain favorable au développement de la croyance à la rumeur la concernant (62, 23% des déclarations obtenues).

Cette recherche lui a permis, en outre, de mettre l'accent sur l'indispensable présence d'éléments relationnels favorisant la confiance. En effet, la plupart des répondants (89, 54%) admettent, unanimement, qu'ils sont sensibles aux informations rapportées par les membres de leurs groupes de référence à condition que ces derniers soient des personnes qu'ils jugent honnêtes. L'importance est également accordée aux informations qui leur sont rendues par des leaders d'opinions et des spécialistes (40,12% des déclarations obtenues). Les consommateurs bâtissent en outre leur confiance sur la relation qu'ils entretiennent avec la marque. En effet, elle a pu observer dans 59,12% de cas que les consommateurs qui maintiennent une vieille relation avec les marques rumorées ont souvent tendance à rejeter certaines rumeurs les concernant. Les variables relatives au contenu de la rumeur, poursuit-elle, semblent avoir une place déterminante dans la confiance vis-à-vis de celle-ci. En effet, la plupart des personnes interrogées déclarent qu'ils font confiance aux rumeurs qui semblent vraisemblables (86,07%) et qui collent avec les sujets d'actualité (79, 53%). Les résultats de cette recherche montrent également que la culture du consommateur est un facteur explicatif de la confiance portée sur une rumeur. En effet, elle a pu observer que les personnes les plus sensibles à la rumeur (50,23% des déclarations obtenues) sont des individus des modernes et non pas des traditionalistes. Pourtant, les connaissances a priori du consommateur sur la marque paraissent plus significatives dans la confiance en la rumeur la concernant. En effet, 61% des personnes

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interviewées ont déclaré qu'elles ne croient pas très souvent aux rumeurs qui viennent contredire leurs représentations.

En revanche, elle a pu constater que la satisfaction du consommateur est à la fois un antécédent et une conséquence de la confiance. L'expérience satisfaisante constitue un antécédent technique de la confiance (63, 39% de déclarations); le passage par une expérience de consommation directe de la marque ou le conseil d'une personne ayant expérimenté avec satisfaction la marque influence les prédispositions du consommateur à faire confiance à la rumeur portée sur cette marque. Par ailleurs, la satisfaction du consommateur constitue également une conséquence de la confiance accordée à une rumeur relative à une marque donnée (50,10% des réponses obtenues).

L'étude lui a permis de relever en plus un certain nombre de conséquences de la confiance en la rumeur. Il s'agit de l'engagement du consommateur vis-à-vis de la marque rumorée en cas de rumeur positive et vice versa. En effet, 51, 03% des répondants déclarent être prêts à continuer de consommer la marque malgré les rumeurs négatives ; 67,31% de non consommateurs ont déclaré se rapprocher désormais de la marque en cas de rumeur positive.

Thierry Libaert et Christophe Roux-Dufort, de leur côté, précisent, d'après une étude menée en 1988 sur cent quatorze entreprises, que celles-ci avaient connu au moins deux situations de crise déclenchée ou amplifiée par les rumeurs dans les trois années précédent l'étude . Pour Allan J. Kimmel, la même entreprise peut être la cible de plusieurs rumeurs (processus convergent) et plusieurs entreprises peuvent être victimes d'une même rumeur (processus divergent), pas nécessairement en même temps.

Les travaux sur la théorie de la dissonance cognitive ont été financés, à l'origine, par une bourse de recherche attribuée par la Ford Foundation en 1951, qui s'intéressait aux médias de masse et à la communication interpersonnelle. Historiquement, les premières recherches ont poussé l'équipe dirigée par Festinger à s'intéresser à la diffusion de rumeurs s'étant propagées en Inde en 1934 suite à un tremblement de terre. Plus précisément, les scientifiques cherchaient à comprendre pourquoi, après un grave séisme, une communauté dont les voies de communication ont été coupées du reste du monde faisait circuler des rumeurs annonçant une réplique du séisme encore plus désastreuse. Festinger et ses collègues, qui étaient intrigués par les mécanismes amenant des personnes rendues anxieuses par un événement catastrophique à s'attendre à un événement encore pire, supposèrent que ce phénomène

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devait reposer sur un mécanisme psychologiquement « utile ». L'équipe de chercheurs posa alors les bases d'une théorie : l'individu est à la recherche d'un équilibre cognitif qui, lorsqu'il est rompu, génère un état de tension, lequel motive à son tour l'individu à tendre vers un univers cohérent. Selon eux, suite à la survenue du séisme, les membres de la communauté auraient eu besoin d'informations sur les répliques potentielles de ce séisme afin de maîtriser leur environnement. Anxieux, sans que cela soit a priori justifié (du fait du manque d'informations), les membres de la communauté auraient développé une stratégie visant à réduire et justifier leur anxiété : donner de l'importance à des rumeurs allant dans le sens de la survenue d'une nouvelle catastrophe. Ainsi, l'individu rend son univers cohérent en trouvant des explications à son anxiété37.

37 Festinger L, & Carlsmith J M, Cognitive Consequences of Forced Compliance, Journal of Abnormal and Social Psychology, 1959.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway