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La problématique de l'eau dans les relations internationales: conflits ou coopérations


par Patient Germain Sewanou
UATM Gasa Formation - Master 2 2014
  

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PARAGRAPHE II: L'eau, un élément d'analyse des conflits autour du Jourdain

Si le bassin du Jourdain ne rivalise pas en taille avec celui du Nil, il est néanmoins le théâtre de conflits peut-être plus nombreux et plus violents. En effet, prenant sa source au Liban, le Jourdain sépare Israël des Etats arabes voisins, Syrie et Jordanie. Il borde précisément deux territoires fortement contestés : le Golan et la Cisjordanie, occupés par Israël depuis 1967.

La problématique de l'eau dans le bassin du Jourdain s'inscrit pleinement dans le conflit israélo-palestinien et israélo-arabe. Ainsi donc, Analyser le partage du Jourdain, c'est d'abord relater l'histoire de l'Etat d'Israël, qui se caractérise notamment par une conquête de l'eau (A), puis faire le point sur le partage de l'eau entre la Palestine et Israël (B).

A) Israël ou la conquête de l'eau

Le premier sommet des chefs d'États arabes en 1964 avait pour objet de réunir les Arabes contre le détournement des eaux du Jourdain par Israël. Notons que la maîtrise des ressources en eau n'est pas une donnée nouvelle dans l'histoire d'Israël. La nécessité de disposer des sources d'eau sur le territoire du futur Etat figurait déjà dans l'esprit de l'Organisation sioniste50.

Dès le 2 septembre 1953, l'Etat hébreu annonce le démarrage d'un chantier d'aménagement et de drainage du lac Houleh pour mettre à exécution ses stratégies de conquêtes. Ce plan prévoyait de drainer les marécages autour du lac Houleh vers le lac de Tibériade. Ce projet comportait la construction de deux stations de détournement des eaux du Jourdain. Le lac Houleh qui était au coeur de leur projet se trouvait dans une zone démilitarisée. Or, il était impossible aux Israéliens de drainer le lac Houleh sans porter préjudice aux paysans syriens situés au sud de ce lac. Ce qui suscitait la colère et la réprobation des Etats arabes et plus particulièrement de la Syrie. L'armée syrienne qui tentait d'empêcher le détournement des eaux du Haut Jourdain, riposta par des tirs sur les chantiers

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50 Mouvement créé le 03 Septembre 1897 par Théodore HELZ en vue de la création de l'Etat d'Israèl. Lequel Etat sera créé 50 ans plus tard en 1948.

Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr)

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ce qui amena à chaque fois une réplique israélienne. Les risques d'aggravation du conflit poussèrent les Nations Unies à adopter une résolution sur demande arabe, et particulièrement syrienne, exigeant qu'Israël mette fin à son projet.

En octobre 1959, les Etats arabes prirent connaissance du fait qu'Israël mettait toujours en oeuvre ce plan et des dangers qu'il comportait. La défense des eaux arabes commença au Caire le 8 décembre de la même année. Un projet, élaboré par des ingénieurs égyptiens et syriens, permit l'édification d'un barrage en Syrie pour détourner le fleuve Banias avant son entrée en Israël, ce qui mettait à sec le lac de Tibériade. La même année, le gouvernement jordanien demanda au Liban de détourner le cours du Hasbani vers les territoires syriens et jordaniens. Cette demande suscita la colère d'Israël. Le 6 janvier 1960, Madame Golda Meir, Ministre Israélienne des Affaire Etrangère en visite à Paris, déclara dans une conférence de presse pour commenter l'annonce du plan de détournement du Hasbani que «les tentatives de détournement des sources du Jourdain en Syrie et au Liban ne seraient pas seulement jouer avec de l'eau, mais avec le feu»51.

Après avoir manifesté leur opposition au projet d'Israël au Conseil de Sécurité de l'ONU, le conseil de la Ligue arabe décida à l'unanimité de déclarer la guerre à Israël s'il procédait au détournement des eaux du Jourdain vers le Néguev. Malgré les menaces arabes, Israël continua la construction du pipeline. L'ensemble des résolutions prises par la Ligue arabe demeurèrent lettre morte jusqu'au sommet arabe du Caire de janvier 1964. Ce sommet avait pour objet l'étude des mesures à prendre par l'ensemble des pays arabes pour assurer l'exécution des résolutions de 1961, à savoir coordonner un contre-projet arabe de diversion des eaux du Jourdain et de ses affluents car pour la Ligue arabe «la question du Jourdain est un aspect du grand problème de la Palestine et ne peut être traité isolément». La réaction arabe face à l'inauguration de la station de pompage du canal de Tibériade - Yarkoun - Néguev en 1964 fut immédiate. La décision prise à ce sommet fut le démarrage immédiat des chantiers hydrauliques. Très vite, ces chantiers furent lancés. Le 1er janvier 1965, un commando palestinien, de la branche du Fatah, lança des attaques sur les installations amenant le Jourdain vers le Néguev. Les Etats arabes et les

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51 AMIOT Hervé ; http://www.lesclesdumoyenorient.com/Eau-et-conflits-dans-le-bassin-du.html consulté le 17 mai 2014.

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commandos du Fatah menèrent de nombreuses opérations de sabotages contre des stations de pompages en Israël.

Face au démarrage des chantiers et aux opérations menaçantes de ses voisins arabes, la réaction israélienne fut prompte. Israël décida d'intervenir par tous les moyens, y compris militaires, pour empêcher la construction de tout ouvrage hydraulique sur les sources du Jourdain. Le 17 avril 1967, le barrage Khaled Ibn Al Walid construit par les Syriens et les Jordaniens pour recevoir les eaux du Yarmouk, du Hasbani et du Banias et épargné jusqu'au là, fut bombardé et complètement détruit. Le 6 juin 1967, la guerre de «Six Jours» éclata. Elle se solda par l'écrasement de toute l'armée arabe. Cette guerre permit à Israël d'occuper le Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie y compris Jérusalem Est, et les plateaux du Golan52. Même s'il a permis à l'Etat hébreu d'accentuer son emprise sur les eaux du Jourdain, cette guerre était considérée par les Israéliens comme une demi victoire, car un des plus importants affluents du Jourdain, le Hasbani, et le fleuve Litani tellement convoité sont restés en dehors de leur portée.

A l'issue de la guerre des Six jours, Israël s'emparait de territoires riches en eau: le Golan (les sources du Banias), qui fournit 20 % de l'eau « naturelle » d'Israël, et la Cisjordanie (Jourdain, Yarmouk et aquifères). Le 14 mars 1978, l'opération « Litani » se traduira par une occupation du sud-Liban à nouveau occupé après l'opération « Paix en Galilée » lancée en février 1982. Le barrage de Karaoun qui représente un réservoir de 220 millions de m3, est pris. Voilà pour la conquête des sources d'approvisionnement, sans que ce facteur de conflit l'emporte sur les autres.

La conquête de l'eau s'exprime aussi au travers le développement de ses infrastructures d'eau et désormais dans l'avance technologique que le pays a prise et mise en pratique pour produire de l'eau non conventionnelle.

Enfin, pour faire face à la pénurie, Israël s'est lancé dans un vaste programme de dessalement de l'eau de mer.

D'autres sources non conventionnelles comme la réutilisation des eaux usées sont mises en oeuvre. Les usages de l'eau en Israël sont les suivants : 6 % industriels, 41 % domestiques et 53 % agricoles. L'enjeu de l'eau n'est donc pas qu'un élément secondaire, face à d'autres questions plus importantes.

52 Ibidem

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B) Le partage de l'eau entre la Palestine et Israël

En Cisjordanie, la nappe phréatique dite « des montagnes » est la principale ressource hydraulique partagée. Elle se divise en trois bassins. Le bassin ouest, dont 70 % de la surface se situe du côté palestinien, est le plus productif avec une capacité de renouvellement de 362 millions de m3/an. La capacité estimée du bassin nord est de 142 millions de m3/an et celle du bassin sud de 172 millions de m3/an. Bien que ce dernier bassin se situe quasi exclusivement en Cisjordanie, l'exploitation israélienne représente 60 % des quantités extraites annuellement53. En outre, la Cisjordanie borde la rivière du Jourdain mais les Palestiniens n'y ont pas accès.

Dans la Déclaration d'Oslo du 13 septembre 1993, « Israël reconnaît les droits des Palestiniens sur l'eau en Cisjordanie ». De même, le volet « eau » de l'accord intérimaire de Taba signé le 28 septembre 1995 entre l'Autorité Palestinienne et l'État d'Israël (Oslo II) prévoit un partage des eaux qui s'applique jusqu'à la signature d'un accord permanent. Ainsi, le développement des ressources hydrauliques palestiniennes est limité.

La bande de Gaza est alimentée par la nappe côtière dont la capacité est estimée à 450 millions de m3/an, dont environ 55 millions de m3/an pour le territoire de la bande de Gaza. La situation y est critique. Gaza est une des zones les plus peuplées au monde avec 1,6 million de Palestiniens dont 70 % vit sous le seuil de pauvreté54. 170 millions de m3 d'eau sont pompés chaque année, ce qui est le triple de la proportion renouvelable (55 millions). L'OMS estime que 26 % des maladies à Gaza sont liées à la mauvaise qualité de l'eau55. Pour y faire face, les habitants de la bande de Gaza ont développé des puits et des systèmes de dessalement privés qui alimentent un marché parallèle de l'eau, où les prix pratiqués sont très élevés. Les territoires ne disposent aujourd'hui que de 18 % des ressources aquifères (3 aquifères de montagne et un aquifère côtier).

Depuis 1967, les Palestiniens n'ont plus accès à la mer Morte et ils sont géographiquement contenus de telle façon que l'aquifère de Cisjordanie alimente les Israéliens situés à l'ouest. Il convient de rappeler au préalable que

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53 MUTTIN Georges « Le monde arabe face au défi de l'eau : enjeux et conflits », Institut d'Etudes Politiques de Lyon, 2007, p 112.

54 Op cit, p 116

55 Idem

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les Accords d'Oslo ont divisé la Cisjordanie en zones A, B et C56. L'armée israélienne a transféré à l'Autorité palestinienne la responsabilité des affaires civiles, c'est-à-dire la fourniture de services à la population, dans les zones A et B. Ces deux zones, qui contiennent près de 95 % de la population palestinienne de Cisjordanie, ne représentent que 40 % du territoire. La zone C reste entièrement placée sous l'autorité de l'armée israélienne. Cette zone représente 60 % du territoire de la Cisjordanie, avec toutes les réserves foncières et l'accès aux ressources aquifères, ainsi que toutes les routes principales. L'article 40 de l'annexe III de l'accord d'Oslo II prévoit le transfert par Israël aux Palestiniens de tous les pouvoirs et responsabilités relatifs à l'eau et à l'assainissement, mais concernant les seuls Palestiniens, soit dans les zones A et B seulement. Or, les zones A et B ne sont pas d'un seul tenant, mais fragmentées en enclaves entourées par des colonies israéliennes et des routes réservées aux colons, ainsi que par la zone C. Cette configuration entrave le développement d'infrastructures performantes pour l'approvisionnement en eau et l'évacuation des eaux usées. La plupart des Palestiniens résident dans les zones A et B, mais les infrastructures dont ils dépendent se trouvent dans la zone C ou la traversent.

L'accord d'Oslo a créé aussi pour la gestion de l'eau en Cisjordanie un Commission Conjointe de l'Eau (JWC). Cette commission composée d'un nombre égal d'experts des deux parties est compétente pour traiter de toutes questions relatives à l'eau et à l'assainissement. Les pouvoirs de cette commission s'étendent sur le territoire de la Cisjordanie et ne concerne que les seuls Palestiniens. Israël conservant toute latitude de manoeuvre pour tout forage aussi bien dans la zone C, qui se trouve en territoire palestinien, que sur la proportion de l'aquifère occidental.

Cependant, le JWC n'est pas une agence de bassin parce qu'il n'a d'autorité que sur la Cisjordanie et les Palestiniens ne peuvent pas produire des données hors de cette zone.

Ces accords n'ont cependant pas remis en cause les ordonnances militaires israéliennes qui :

- transfèrent toutes les ressources hydrauliques de la Cisjordanie et de Gaza sous autorité militaire.

- imposent l'obtention de permis pour tous les travaux hydrauliques.

- déclarent que toutes les ressources hydrauliques sont dorénavant la

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56 Cf annexes

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Propriété de l'Etat, complétant ainsi la confiscation des puits privés.

Ainsi, les Palestiniens peuvent seulement creuser jusqu'à 300 mètres. À l'inverse, les puits des colons peuvent avoir une profondeur de 1500 mètres, et utilisent l'épaisseur entière des nappes phréatiques. En 29 ans, seulement 34 permis domestiques ont été accordés aux Palestiniens et trois permis agricoles.

De plus, Israël conduit une politique d'expansion territoriale tendant à s'octroyer les ressources en eau. On peut aisément constater que les colonies sont toujours installées à proximité d'une source57. Outre la question de l'expansion des implantations, c'est celle des conditions d'accès à l'eau qui apparaissent profondément inégalitaires. Les 450 000 colons israéliens installés en Cisjordanie utilisent autant, voire plus d'eau, que les quelque 2,3 millions de Palestiniens. Cette utilisation s'effectue clairement en violation du droit international humanitaire qui impose à une puissance occupante de sauvegarder et d'administrer ces ressources conformément à la règle de l'usufruit et de ne pas utiliser les ressources du territoire occupé dans l'intérêt de sa propre population civile. Le rapport d'Amnesty international de 2009 rend bien compte de la situation des palestiniens : « quelque 180 000 à 200 000 villageois palestiniens n'ont pas accès à l'eau. L'eau est souvent coupée même dans les villes et villages reliés au réseau d'approvisionnement. Les habitants de certains quartiers et villages ne reçoivent de l'eau qu'un jour toutes les quelques semaines. Conséquence, de nombreux Palestiniens n'ont d'autres choix que d'acheter de l'eau douteuse livrée à un prix beaucoup plus élevé. Ces dernières années, le chômage et la pauvreté ont augmenté et le revenu disponible s'est effondré dans les territoires occupés. Les familles palestiniennes doivent donc consacrer une part toujours plus importante de leurs revenus à l'approvisionnement en eau».

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57 Cf annexes

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein