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Discriminations et conflits, Contribution à l'étude de la « conscience de condition » de la population de Ngaba

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par Jean Pierre Mpiana Tshitenge wa Masengu
Université de Kinshasa - D.E.A en sociologie 2004
  

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2.3.4. Problèmes de transport.

Le problème de transport est parmi les complexes que l'on rencontre dans la ville de Kinshasa. En effet, l'immensité de la ville, le volume de la population, la structure et l'état de la voirie, la concentration dans un seul pôle de la quasi-totalité des services, la faiblesse et la vétusté du charroi automobile, etc., font du transport un calvaire pour la population de Kinshasa.

Le domaine de transport urbain à Kinshasa est organisé en deux réseaux : ferroviaire et routier.

1. Le réseau ferroviaire.

Le réseau ferroviaire est le monopole de l'Office National des Transports (ONATRA) et relie la partie est (N'djili, Kingasani et Masina, Lemba et Matete) à la partie ouest de la ville (Kitambo et Ngaliema), en passant par Gombe.

Le transport ferroviaire est limité et marginal, il assure à peine 1% du trafic. Dix services de trains, c'est-à-dire 5 aller et retour sont organisés par jour dont six sur le tronçon Kin-est/Kin-aéroport, deux sur la ligne Lemba/Kin-est et deux autres entre Bokassa et Matete.63(*)

Le déplacement par ce réseau est trop pénible. Tous les passagers restent debout tout au long du parcours après avoir attendu à la gare pendant au moins 45 minutes. L'état de rails, de trains et l'irrégularité des rotations ne rassurant personne, la plupart des habitants des Communes que dessert ce réseau préfèrent emprunter le réseau routier.

2. Le réseau routier.

Le transport sur ce réseau est conditionné par la structure et l'état de la voirie. En effet, « les mouvements de la population inter-quartiers affectent l'ensemble de l'agglomération. La configuration de la ville et l'emplacement des pôles d'activités situées au nord et au centre-est, font que certaines zones soient très appelantes et réceptrices. La zone de la Gombe, qui rassemble le port et des industries importantes, le centre des affaires et le centre administratif, reçoit chaque jour plusieurs dizaines de milliers de personnes, mais n'en envoie que très peu d'ailleurs. D'autres au contraire, soit par leur position à proximité d'une zone industrielle (kitambo), soit par leur situation périphérique (Bumbu, Makala, Kisenso, Kimbaseke), sont surtout émettrice. »64(*)

L'essentiel des mouvements de la population de Kinshasa s'effectue à travers 4 principaux axes reliant les cités au centre Ville que sont : le boulevard Lumumba, avenue de l'Université, avenue Kasa-vubu, avenue Pierre Mulele.

C'est dans ce domaine de transport routier que s'atteste la démission des pouvoirs publics. Il n'existe pratiquement plus d'entreprise publique de transport en commun. Les anciennes entreprises telles que Otcz, Sotraz, Tranzam, Citaz, ont disparu les unes après les autres sans donner satisfaction à la population kinoise. A ce jour, l'entreprise publique City train, avec un charroi automobile moins important (plus ou moins 6 bus en panne constamment), n'arrive pas à répondre à la demande de la population de Kinshasa en matière de transport.

C'est ainsi que s'est développé un service de transport en commun tenu par les particuliers. L'essentiel de ce service est assuré par un charroi automobile constitué de fula-fula, de bus, de taxi-bus et de taxis. Il constitue une source de revenus la plus sûre pour les propriétaires et s'intègre le plus souvent aux activités du secteur informel. « Cela va du particulier, propriétaire de un ou deux taxis, à l'homme d'affaires qui entretient plusieurs camionnettes, mini-cars ou taxi-bus, à l'entrepreneur ou à la société qui gère un parc de camions »65(*).

Il importe d'indiquer ici que dans la majorité de cas ce charroi accuse une vétusté impressionnante. Ce sont des vieux véhicules remis en marche ou les occasions importées de l'Occident. C'est dans ce domaine qu'il convient de constater le génie du Kinois qui réussit à faire fonctionner un véhicule par l'assemblage des pièces de véhicules différents. Un véhicule de marque Mazda peut fonctionner avec des pièces de Peugeot, de Toyota, de Land-Rover, etc. Les occasions d'Europe sont les résultats des transferts que font les immigrés congolais en faveur des leurs familles restées aux pays pour leur permettre de survivre.

Avec l'orientation unidirectionnelle de la structure et de la voirie urbaines (toutes les routes convergent vers le centre ville, lieu des affaires, de travail, des institutions de la République), on assiste à des scenarii rocambolesques à des heures de pointe : le matin lorsque les populations de la périphérie se dirigent vers le centre ville et le soir lorsqu'elles quittent le centre ville pour regagner leurs résidences.

L'affluence aux arrêts de bus est telle que l'arrivée d'un véhicule provoque une bousculade qui se solde de fois par des blessures, le déchirement des habits, des bagarres, des échanges des propos désobligeants, etc. Les passagers en partance n'attendent pas que le bus s'arrête pour qu'il soit évacué. Les uns accourent et s'entassent à la portière empêchant même à ceux qui arrivent de descendre, tandis que d'autres se glissent par les issues de secours ou passent par le coffre du véhicule pour trouver une place assise à bord du bus. Ce dans ce cafouillage que les chegues, ces enfants de rue, et autres malfrats opèrent en toute quiétude pour subtiliser aux passagers en lisse pour une place à bord du véhicule, un téléphone, de l'argent , le bijou ou tout autre colis précieux.

Les passagers qui prennent place à bord du bus ou taxis dépassent toujours sa capacité d'accueil. Le taxis prend à son bord 6 personnes dont 4 sur le siège de derrière et 2 sur le siège de devant au côté du chauffeur. Le taxi-bus quant à lui prend 20 personnes au lieu de 8 prévues par le constructeur. Les uns y trouvent une place assise alors que d'autres restent debout jusqu'au terminus. Les bus et les fula-fula prennent jusqu'à 80 personnes que l'on resserre au point de manquer un petit espace de mouvement de corps. Ils se confinent au point que le taxi devient simplement un étouffoir.

Ces difficultés de transport ont fini par créer un métier, celui des « chargeurs ». Il s'agit des enfants et adultes qui flânent autour des arrêts des bus. Au départ leur tâche consistait à aider le passager à faire descendre ou monter un bagage pesant à bord d'un taxi ou bus. D'où le nom de chargeur. Avec les difficultés des transports ils interviennent pour aider les chauffeurs à avoir la clientèle et aux passagers de trouver une place à bord du taxi ou bus. A des heures creuses, c'est-à-dire quand il n'y a pas une forte affluence des passagers, les chargeurs criaillent pour faire venir les passagers en indiquant la ligne empruntée par le taxi ou le bus. Aux heures de pointe, ils font réservation des places en faveur des personnes incapables ou qui répugnent de se bousculer pour trouver une place à bord de bus. En contre partie, ils reçoivent du chauffeur et du « passager-client » une somme d'argent selon la convenance de dernier. Généralement ils bénéficient de 50 FC.

Le coût de transport relativement moins coûteux (60 FC ou 0.20 $us) n'est pas à la portée de toutes les bourses. Ainsi, les militaires, les policiers, les fonctionnaires de l'administration publiques, les enseignants des écoles publiques, etc. grâce à leurs cartes de service qui servent de laisser-passer, bénéficient de la gratuité de transport en commun. Ils sont les moins aimés des chauffeurs et de leurs receveurs qui les appellent des « faux-têtes » (sic), c'est-à-dire des personnes qui ne payent pas.

Généralement, le transport se fait dans les conditions les moins sécurisantes. Les taxis-bus, bus et fula-fula roulent avec des portières ouvertes auxquelles s'agrippent les receveurs, les « faux-têtes », surtout les policiers et les militaires, et mêmes certains passagers qui n'ont pas trouvé de place assise dans le véhicule. C'est à l'approche d'un poste des policiers de roulage que le receveur ferme la portière qu'il ouvre aussitôt qu'il le dépasse.

Les carrefours et certains lieux de forte circulation sont placés sous la surveillance des agents de la police spéciale de roulage qui règlent la circulation. Ces agents harcèlent les chauffeurs en situation régulière et se font corrompre au grand jour par ceux qui sont irréguliers. En effet, tout chauffeur, quelle que soit sa situation administrative, est tenu de leur glisser sous la main une somme de 100 FC à chaque passage. Ils participent ainsi à rendre difficile le transport sur certaines lignes parce que les chauffeurs les redoutent et évitent de les emprunter sous peine de se faire dépouiller.

Le transport est aussi rendu difficile par l'état de routes dont le défoncement n'émeut aucune autorité publique. Il réduit le trafic sur certaines lignes parce que les chauffeurs les évitent, provoquent des accidents, créent des embouteillages à cause des pannes de véhicules qu'il entraîne. Par esprit mercantiliste, la plupart des chauffeurs pratiquent ce qu'on appelle à Kinshasa « demi-terrain ». Il s'agit pour eux, de sectionner en deux ou trois courses une ligne qui d'ordinaire ne fait l'objet que d'une seule course. Ce qui lui apporte une plus-value parce que les clients doivent payer trois fois pour une même ligne.

Toutes ces difficultés conduisent les agents des entreprises, les élèves, étudiants et leurs enseignants à arriver généralement avec un retard au service. Elles ont un impact sur la ponctualité, car à Kinshasa il est rare que l'on réponde au temps convenu à un rendez-vous. D'autre part, il importe de souligner que la part des piétons dans la ville de Kinshasa est considérable.

* 63 MWANZA WA MWANZA, Op-Cit, p.106.

* 64 PAIN, M., Op-Cit, p.172-173.

* 65PAIN, M., Op-Cit, p.174.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote