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Concurrence et Innovation, peut-on parler de corrélation ?

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par Pierre PREISSER
Université Paris 1 - DEA economie industrielle 2007
  

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III. Le brevet anticipé

L'incitation à se lancer dans une activité de R&D pour aboutir à un brevet anticipé, émerge clairement dans le modèle développé par Gilbert et Newberry, que nous allons reprendre.

Supposons qu'une firme en place sur le marché soit en monopole dans la vente ou la production d'un produit (le bien 1). Ce monopole peut être la conséquence d'un brevet déposé plus tôt, ou dû simplement au fait qu'il est le seul à avoir accès aux facteurs de production ou de distribution.

L'entrée dans une industrie monopolisée peut exclusivement avoir lieu à travers l'invention et le dépôt du brevet du seul produit brevetable, qui est un substitut du bien du monopoleur. Le coût d'invention du substitut (le bien 2) dépend seulement du retard espéré avant qu'une conception brevetable puisse être produite.

Dans leur représentation simpliste, la date de l'invention T est une fonction déterministe. La fonction de coût C(T), qui est identique pour toutes les firmes engagées dans l'activité de R&D pour produire le substitut est une fonction décroissante de la date de succès. Autrement dit, la date de succès est certaine et est d'autant plus rapprochée que l'effort d'investissement est élevé.

è L'agent qui valorise le plus l'innovation est assuré d'être le vainqueur de la course.

L'espace des stratégies de chaque firme est restreint par la dépense en R&D du bien 2 et le prix du bien proposé par les firmes. Posons Pj le prix du bien (j=1,2). Le bien 1 est uniquement vendu par la firme en place (i.e le monopole). Tandis que le monopoleur (i = m) ou un entrant (i = e) peuvent faire breveter le bien 2. La demande est connue avec certitude et elle est invariable dans le temps.

Avant que le substitut soit breveté, le monopoleur fait un profit m (P1). Si le monopoleur fait breveter le substitut, son profit sera m (Pm1, Pm2). Si par contre, c'est l'entrant qui dépose le brevet du bien 2, le bénéfice de l'ancien monopoleur devient m (Pm1, Pe2) et celui de l'entrant est e (Pm1, Pe2). Les profits sont indépendants du temps, ce qui suppose implicitement que toutes les dépenses d'investissement sont incluses et entièrement amorties.

Dans tous les cas, Pij (j = 1, 2 ; i = m, e) correspond au prix qui maximise le profit de la firme i qui produit le bien j , étant donné la structure dominante du marché.

Le monopole a le choix entre breveter la technologie de remplacement afin de retarder la concurrence ou bien autoriser l'entrée. Gilbert et Newberry permettent au monopoleur de choisir une date de brevet, sous l'hypothèse que les concurrents feront breveter le substitut à la date déterminée par la condition de libre entrée dans la course au brevet.

Le retour sur investissement attendu du brevet par le monopoleur correspond à la différence entre le profit de monopole avec le brevet et le profit lorsque l'entrée est autorisée. La firme devrait breveter le produit de remplacement et anticiper des participants potentiels chaque fois que cette différence excède le coût du brevet car elle y gagne.

Une simple comparaison des profits courants montre que, sous certaines conditions, le monopoleur gagnera toujours en dépensant plus dans l'activité de R&D que la valeur actualisée qu'un rival peut espérer gagner avec le substitut.

è Le monopoleur dépensera toujours plus que ses rivaux dans l'activité de recherche et développement, si l'entrée aboutit à une réduction des profits totaux en dessous du niveau de maximisation commun.

La démonstration de ce résultat est la suivante. Laissons r représenter le taux d'intérêt (le même pour toutes les firmes). La récompense de l'entrant potentiel dépend du prix pratiqué par l'ancien monopole qui produit le bien 1, Pm1, du prix pratiqué par l'entrant, Pm2, aussi bien que de la date d'entrée T. La condition de libre entrée dans la course au brevet a comme conséquence de dissiper les profits, aussi :

Si l'équation (1) est satisfaite pour plus d'une invention à la date T, la concurrence pour le brevet sélectionnerait le premier déposant.

Lorsque l'entrée se produit, le profit de l'ancien monopoleur devient :

Supposons maintenant que le monopoleur prenne la date d'invention définie par la condition de libre entrée comme celle décidée par l'équation (1) et envisage d'inventer avant cette date. Si le coût d'invention est continu à la date T, le monopoleur peut anticiper sur ses rivaux, c'est-à-dire, inventer à une date T-, avec arbitrairement petit, en dépensant une somme. La firme reste en monopole et gagne :

.

La différence entre les profits avec anticipation et profit avec entrée est lorsque et tendent vers zéro :

Notons que le prix de monopole du bien 1 avec entrée peut différer du prix de monopole de ce produit lorsque l'entrée est anticipée. En effet, le monopoleur n'a pas besoin de breveter le substitut technologique dans le cas où ce serait l'entrant qui le produit.

En remplaçant C(T) par sa valeur, on obtient :

Le profit de monopole provenant du brevet anticipé est strictement supérieur au profit de monopole réalisé avec entrée si :

Ø Le membre de gauche de l'équation (6) représente le profit maximum que peut atteindre le monopoleur en produisant les deux biens.

Ø À l'inverse, le membre de droite correspond au profit total de l'industrie lorsque le rival dépose le brevet du substitut.

Le profit du monopoleur excédera celui de l'entrant chaque fois que l'entrée aboutira à une réduction des profits totaux, pourvu que le monopoleur ne subisse aucun désavantage économique dû à la production du substitut par une société rivale.

è Il est clair que si la production du bien 2 par l'entrant n'a aucun effet sur les profits que réalise le monopole en produisant le bien 1, ce dernier n'est pas incité à se lancer dans une activité de R&D anticipé.

Le même argument est valable si la concurrence pour le brevet est moins intense. Dans ce cas, l'entrant potentiel anticipe un profit positif plutôt qu'un profit nul, comme le stipule la condition de libre entrée (1).

Kenneth Arrow a observé qu'avec une protection du brevet, l'incitation à investir dans la recherche et le développement est plus faible pour un monopole que dans un cadre de concurrence ; ce qui suggère que des firmes en monopole soient plus lentes que leurs concurrents pour développer de nouveaux produits ou procédés. Cela ne contredit pas les arguments développés dans la section I, étant donné qu'Arrow a supposé que l'entrée était bloquée dans le cas d'un monopole.

è Cette étude montre qu'autoriser l'entrée peut inciter le monopole à se lancer dans une activité de R&D anticipée s'il prévoit que la concurrence réduira le profit de l'industrie.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon