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Entreprises et zones d'activités du Haut Forez à l'Ouest lyonnais : état des lieux et perspectives avant la mise en service du barreau A89 Balbigny / La-Tour-de-Salvagny

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par Vincent VANDAELE
Université Jean Monnet - Saint-Etienne - Master 1 2007
  

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7.2.2 Délocalisation et redistribution des activités?

7.2.2.1 Des processus récurrents

La grande majorité des études visant à évaluer les effets socio-économiques d'une autoroute a mise en avant une réorganisation de l'activité économique orientée vers les diffuseurs, ainsi qu'une part importante de délocalisations dans les implantations d'entreprises.

Au sujet de l'A71, J. VARLET reste nuancé. A la question : l'autoroute est elle un facteur de concentration ? Il répond : « idée ni validé, ni rejetée, car ces mouvements spatiaux se déroulent sur la longue durée. Certes des entreprises se sont rapprochées des diffuseurs, mais un développement est notable également à bonne distance de ceux-ci. Il reste difficile de préciser le rôle véritable de l'autoroute174(*) ». Par contre, d'autres études sont beaucoup plus affirmatives quant au rôle polarisant des diffuseurs autoroutiers. Tout d'abord dans le cas de l'A89 (anciennement A72) entre Thiers et Noirétable, M. DUBOIT déclare que « l'on peut parler de polarisation des établissements industriels sur un échangeur autoroutier », « les diffuseurs représentent des points d'ancrage fort qui structurent le territoire. Ils ont induit un phénomène de cristallisation ponctuelle sous la forme d'implantations d'entreprises175(*) ».Les conclusions d'E. FAIVRE vont également en ce sens : concernant l'A36, il constate que « la barrière des dix kilomètres constitue une limite forte entre les territoires dynamiques et les autres. La diffusion spatiale de l'influence d'un accès autoroutier se cantonne aux communes situées à moins de dix kilomètres de ce dernier176(*) ». En ce qui concerne la localisation des zones d'activités, la proximité des diffuseurs est considérée unanimement comme valorisante. Concernant l'A71, J. VARLET déclare que les diffuseurs sont des « lieux de profonds bouleversements paysagers et économiques qui traduisent l'attraction très nette exercée par l'autoroute...La proximité d'un diffuseur est un atout motivant ou déterminant selon les cas177(*) ». P. BERION constate le même phénomène : « Globalement, une nette réorganisation géographique du parc de zone d'activités s'observe sur la période 1989 - 1998. Le développement du parc, tant en nombre qu'en superficie, se structure très nettement pas isochrone d'accessibilité : la croissance est spectaculaire à moins de cinq minutes d'un diffuseur, ensuite, son intensité se réduit en fonction du temps d'accès178(*) ». L'attraction des diffuseurs paraît donc indéniable. Dans la plupart des cas, la distance ou le temps d'accès semble être un facteur déterminant quant à la localisation des zones d'activités, et donc des entreprises. Cette polarisation explique que « les lieux situés entre deux diffuseurs ne jouissent d'aucune retombée positive, tout comme ceux qui cumulent plusieurs facteurs défavorables 179(*) ». L'autoroute engendrerait donc une influence inégale sur l'espace, les diffuseurs étant les points « d'ancrage » de l'activité économique. Mais ces implantations constituent-elles des créations d'entreprises, liées à un réel développement économique, ou au contraire l'autoroute engendre t'elle un « déménagement du territoire180(*) » plutôt qu'un aménagement ?

Concernant le poids des délocalisations dans la concentration d'entreprises autour des diffuseurs, les observations effectuées autour d'autres axes autoroutiers montrent qu'il s'agit d'un phénomène avéré, mais difficilement quantifiable et identifiable. En évoquant les gains d'emplois à proximité du diffuseur de l'A71, J. VARLET affirme : « qu'on se garde bien de considérer (les gains d'emplois) comme un excédent de création. Il apparaît que pour 2/5 des entreprises, l'implantation dans une ZA (proche d'un diffuseur) correspond à une création endogène ou exogène. L'autoroute [...] a accéléré un processus de migration d'établissements181(*) ». Concernant l'autoroute A36 (Dijon - Mulhouse), E. FAIVRE parvient à mettre en évidence un net différentiel relatif à l'évolution du nombre d'entreprises en fonction de leur distance à l'autoroute : « seuls les territoires situés à moins de dix kilomètres de l'A36 présentent des évolutions positives quant au nombre d'établissements qui y sont localisés entre 1980 et 2000. Plus finement, on remarque que cette dynamique est quatre fois plus forte à proximité immédiate des diffuseurs182(*) ». Ce constat ne confirme pas le poids des délocalisations. Toutefois, il paraît vraisemblable que la baisse du nombre d'entreprises localisées sur les territoires les plus éloignés de l'autoroute soit surtout le fait de délocalisations plutôt que de fermetures pures et simples, mais ceci est impossible à vérifier sans une méthodologie d'observation beaucoup plus fine qui s'attacherait à suivre les comportements spatiaux de chacun de ces établissements. L'exemple de l'entreprise Afix, évoqué par M. DUBOIT183(*) est significatif de ces comportements. Le patron de cet établissement « considère le site près de l'échangeur comme un emplacement privilégié, c'est d'ailleurs la principale motivation de leur venue sur la commune des Salles depuis Saint-Just-en-Chevalet », distante d'environ dix kilomètres seulement! Dans le cas de l'A71, J. VARLET évoque le ressenti et l'apport pour les entreprises que confère la proximité d'un diffuseur184(*). D'abord, c'est l'accessibilité permise par un diffuseur qui attire les entreprises, notamment pour les transporteurs qui gagnent du temps. Dans le cas des établissements d'hébergement, c'est la capture du flux de transit qui rend cette position intéressante. L'effet vitrine est également souligné pour les entreprises industrielles et commerciales. Sur le sujet, J. VARLET conclut : « l'attraction des diffuseurs est une réalité, mais elle s'exerce beaucoup plus à l'égard d'entreprises locales et régionales, pour une part moindre pour les entreprises extra régionales ». Dans une émission télévisée évoquant l'incidence du TGV Est185(*) sur le développement local, entre autres, un responsable de l'agence de développement économique de Champagne-Ardenne évoquait le phénomène de Nearshore, c'est-à-dire de la délocalisation intra régionale de certains établissements vers les communes desservies par la liaison grande vitesse. Cette notion paraît tout à fait adaptée dans le cas des autoroutes et de leurs diffuseurs, car les mouvements observés peuvent être qualifiés de délocalisations de proximité.

Toutefois, les diffuseurs ne doivent leur attractivité qu'à leur situation dans l'armature urbaine. En effet pour l'A39, E. FAIVRE souligne que « les plus forts gains d'établissements se situent au sein des principales villes. Plus finement, ce sont surtout les communes jouxtant les villes-centre qui sont les plus dynamiques. Ce mouvement de déconcentration [...] s'effectue en direction des futurs diffuseurs A39186(*) ». Plus loin, il ajoute : « L'attractivité des diffuseurs autoroutiers situés à proximité des villes est indéniable. Il s'agit surtout de ceux qui sont localisés dans le périurbain puisqu'ils orientent l'étalement urbain des activités économiques ». J. VARLET a constaté le même phénomène en ce qui concerne l'A71. Avec l'implantation d'un diffuseur de type urbain « la ville se dote d'un nouveau quartier d'activité, voir d'une nouvelle excroissance, et l'étirement de l'agglomération vers ce diffuseur est une réalité. Mais un accès autoroutier n'est pas toujours un lieu de développement, comme l'atteste le cas du diffuseur de Montluçon, situé à Bizeneuille, c'est-à-dire à douze kilomètres de la ville. Or, les implantations d'entreprises se sont réalisées entre l'autoroute et la ville. Le développement enregistré reflète simplement la structure de la hiérarchie urbaine 187(*)».

Ainsi, il semble que l'autoroute serait un révélateur des disparités régionales, même si J. VARLET exprime l'incertitude quant à ce phénomène. Concernant la concentration des activités en ville, il déclare : « l'opposition rural/urbain ne peut donner qu'une réponse positive, car peu de développement est constaté sur les espaces ruraux. Pour les villes, tous les niveaux urbains sont concernés : bourgs-centre, petites villes, villes moyennes et métropoles régionales, mais les contrastes sont accusés, car les villes de rangs supérieurs détiennent les quantités les plus élevées d'entreprises ». E. FAIVRE exprime clairement que « l'A36 accroît les inégalités entre les territoires. L'autoroute ne crée pas de développement, comme les faibles dynamiques autour des diffuseurs autoroutiers situés en milieu rural l'attestent. En revanche, elle participe à l'organisation spatiale des activités sur le territoire traversé, au même titre que d'autres processus ».

Les études visant à évaluer les effets territoriaux des autoroutes montrent donc que les diffuseurs ont un fort pouvoir d'attractivité pour l'activité économique, et ceci d'autant plus lorsqu'ils sont situés en ville ou à proximité d'un centre urbain. Toutefois, le développement économique directement initié par l'autoroute semble faible, voire inexistant, si ce n'est les implantations d'entreprises d'origine exogène à proximité des diffuseurs. Dès lors, l'effet polarisateur des diffuseurs révèle un phénomène de délocalisation de proximité, ou de nearshore. Ce phénomène, avéré, est toutefois difficilement quantifiable. Dès lors, il apparaît vraisemblable que des phénomènes similaires se produisent sur l'espace d'étude. Il conviendra donc d'identifier les territoires qui pourraient profiter des effets polarisants de l'autoroute, de ceux qui au contraire se révèleraient sensibles et qui pourraient être potentiellement affectés.

* 174 VARLET J., Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60, in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.

* 175 DUBOIT M., 2003, A72 et RN89 à l'Est de Clermont-Ferrand (entre Thiers et Noirétable), Observatoire A89, Clermont-Ferrand.

* 176 FAIVRE E., 2004, Autoroute et développement local. L'autoroute attire-t-elle des activités économiques ? Oui, mais...Document de synthèse, conseil Général de franche compté/ThéMA/Observatoire A39, 45p.

* 177 VARLET J., Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60, in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.

* 178 BERION P., La construction d'une grande infrastructure de transport et ses premiers effets territoriaux : le cas de l'autoroute A39 section de Dole à Bourg-en-Bresse, p.7 à 20, in VARLET J. (dir.), 2003, Autoroutes, Acteurs et Dynamiques Territoriales, revue Géocarrefour, volume 77- n°1, 112p.

* 179 VARLET J., Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60, in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.

* 180 Entretien filmé de LE CORRE S. sur le sujet : Les autoroutes en France : un outil d'aménagement ?, Canal Géo, à visionner sur le site :

http://www.canal-u.education.fr/canalu/affiche_programme.php?sequence_id=634646086&programme_id=1140704073&num_sequence=0&format_id=11085

* 181 VARLET J., Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60, in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.

* 182 FAIVRE E., 2004, Autoroute et développement local. L'autoroute attire-t-elle des activités économiques ? Oui, mais...Document de synthèse, conseil Général de franche compté/ThéMA/Observatoire A39, 45p.

* 183 DUBOIT M., 2003, A72 et RN89 à l'Est de Clermont-Ferrand (entre Thiers et Noirétable), Observatoire A89, Clermont-Ferrand.

* 184 VARLET J., Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60, in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.

* 185 C dans l'air, France 5, Le TGV Est - 22 mars 2007

* 186 FAIVRE E., 2004, Autoroute et développement local. L'autoroute attire-t-elle des activités économiques ? Oui, mais...Document de synthèse, conseil Général de franche compté/ThéMA/Observatoire A39, 45p.

* 187 VARLET J., Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60, in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci