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Le micro-crédit en droit français et en droit cambodgien

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par Vannak NHEAN
Université Jean Moulin Lyon 3 - DEA de Droit des affaires 2006
  

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B. Le cas du micro-crédit social

102. - Les arguments en faveurs du maintien du taux d'usure pour le micro-crédit social. Si le bien-fondé du principe même de prohibition de l'usure a souvent été remise en cause s'agissant des entreprises dans la mesure où celles-ci auraient moins besoin d'être protégées que d'avoir accès à des financements adaptés à leur situation, il est rarement contesté lorsqu'il concerne les particuliers. En se fondant sur les mêmes arguments notamment le risque élevé, le coût de l'opération et la viabilité, la naissance du microcrédit social nous conduit à se demander s'il faudrait supprimer l'usure pour ce dernier type de financement. En effet, les mêmes constats résultant de la réglementation de l'usure peuvent être retrouvés ici. Toutefois, plusieurs raisons permettent de maintenir la législation de l'usure pour le micro-crédit social, étant qualifié de micro-crédit à la consommation.

102-1. - La première raison est relative à la volonté même du législateur qui veut encourager la distribution du micro-crédit social à un taux d'intérêt bas afin de permettre à des personnes en situation de difficulté de réaliser leur projet d'insertion sociale, professionnelle, de cohésion familiale. Leur situation financière est très modeste, mais il leur serait possible d'emprunter à des conditions de prêt qui seront adaptées à la spécificité de leur situation. Une hausse des seuils actuellement fixés autoriserait sans aucun doute une distribution plus large du crédit et permettrait de toucher des foyers d'une solvabilité moindre que celle entrant aujourd'hui dans la cible des établissements de crédit. Cette mesure serait alors conforme à la politique incitative du législateur. Toutefois, les taux élevés qui devraient être appliqués représenteraient une charges supplémentaire pour les populations dont les ressources financières sont déjà très modestes. De même, un crédit trop onéreux serait ressenti comme inacceptable par l'opinion publique comme par ces emprunteurs eux-mêmes. Ils augmentent les dettes, ce qui risque de déboucher sur le surendettement. Sachant que la première critique qui est adressée au micro-crédit social est le problème du surendettement. Le gouvernement doit donc faire en sorte que le microcrédit social ne soit pas une cause de surendettement. C'est la raison pour laquelle le taux d'intérêt doit être bas. Le C0SEF a fixé le taux à 8%. Ainsi, il n'en demeure pas moins que l'usure constitue un instrument privilégié de lutte contre le surendettement. C'est là le principal argument invoqué pour justifier sa prohibition. L'Etat préfère prévenir les

situations de surendettement, en fixant un taux d'usure qui permet d'éliminer du marché les emprunteurs dont la couverture du risque excède le taux d'usure. Il s'agit d'un moyen d'exclure les individus dont le risque de surendettement est élevé. Ainsi, afin de lutter efficacement contre le surendettement et de protéger les plus faibles, la réglementation d'usure doit être maintenue.

102-2. - La deuxième raison tient au fait que la création de FCS qui garantit jusqu'à 50% du prêt accordé, diminue le risque de crédit. Plus le risque est élevé, plus le taux doit être élevé. Or, le risque du crédit accordé aux bénéficiaires du micro-crédit social est partiellement couvert par le Fonds de garantie. Il n'y a donc pas de raison d'imposer un taux d'intérêt élevé.

102-3. - La troisième raison tient à l'accompagnement obligatoire. Le coût de l'opération est élevé par rapport au montant des prêts qui sont accordés. Le taux d'intérêt doit permettre de couvrir ce coût d'opération. Toutefois, cet argument peut être facilement tenu en échec puisque l'accompagnement de l'emprunteur diminue forcément le coût de l'opération restant à la charge des banques. L'évaluation du projet et le suivi de l'emprunteur après l'octroi du crédit sont pris en charge par l'organisme d'accompagnement, les banques qui acceptent d'accorder directement le prêt ne font que décaisser le prêt.

103. - Conclusion. A la différence du micro-crédit professionnel, la destination du microcrédit social n'est pas de créer ou développer une entreprise. Il ne crée donc pas de revenus qui permet au bénéficiaire de payer le taux élevé de micro-crédit. En outre, il ne s'agit plus de question de la pérennité financière ou institutionnelle de l'organisme du micro-crédit puisqu'il est accordé directement par l'établissement de crédit. Ainsi, la protection des bénéficiaires du micro-crédit social, qui sont des consommateurs, doit être touj ours au premier plan, même si l'interdiction de l'usure est levée pour les crédits accordés aux entreprises. Cette mesure de suppression du taux d'usure s'inscrit dans une politique qui se préoccupe plutôt de la création d'entreprise, des emplois que de la protection des emprunteurs qui ne sont pas des consommateurs, car la création et la pérennité des entreprises concourent à la croissance de l'emploi et au dynamisme de l'économie. Renforcer le potentiel de croissance de l'économie française afin d'augmenter le taux

d'emploi et ainsi réduire le chômage implique de trouver la possibilité de financement qui est indispensable à la création et au développement de l'entreprise. Elle permet également de faciliter le développement du micro-crédit professionnel. Le gouvernement a pris conscience des demandes des organismes de financement de l'économie sociale. Cela traduit une volonté d'accorder implicitement une place importante au micro-crédit dans le droit positif, bien que la terminologie du micro-crédit ne soit pas reconnue juridiquement. Cette tendance en droit français est moins évidente que celle en droit cambodgien, s'agissant de la réglementation des opérateurs du micro-crédit, cela étant dit, puisque le micro-crédit ou plus largement la micro-finance constitue dans l'esprit du législateur français une activité subsidiaire des banques qui devront à terme s'impliquer activement dans ce nouveau créneau.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci