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Pertinence de l'approche projet adoptée par l'Initiative PPTE au Cameroun: Cas de la promotion des mutuelles de santé ou micro assurances santé

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par Rébecca Hortense ELLA-MENYE EKOTTO épouse BATINDEK BATOANEN
Institut de Formation pour le Développement (IFD) Yaoundé rue CEPER - Expert en Planification et Gestion de Projets 2007
  

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Section.2 - Epargne et système de santé au Cameroun

Dans son étude sur le développement des mutuelles de santé en Afrique, P. NDIAYE (2006)268(*), nous informe que l'accès aux soins de santé pour les populations africaines s'est fait en plusieurs étapes : Une phase de gratuité et une phase de partage des coûts. C'est dès cet instant que se pose le problème du financement des soins de santé et que l'Etat met en place une nouvelle politique de protection sociale à même de répondre aux besoins des populations.

§.1 - Problématique du financement de la santé au Cameroun

Le passage d'une situation de gratuité pour les soins de santé à une obligation de dépenses constitue pour les ménages un véritable handicap.

A - De la gratuité des soins au risque financier maladie

A son accession à l'indépendance en 1960, le Cameroun adopte, comme la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, la gratuité des soins comme mode de fonctionnement des structures publiques de santé, mais, très vite, les différentes crises pétrolières qui mettent fin à l'Etat providence présentent la nécessité de l'assurance santé.

A l'époque coloniale, l'accent était mis sur la médecine préventive269(*). Il était question de préserver la main d'oeuvre agricole importante pour les grandes exploitations coloniales. Pendant cette époque, les soins de santé sont donc dispensés gratuitement.

Le Cameroun comme ses voisins africains adopte donc naturellement à partir de 1960 la gratuité des soins. Mais, face aux difficultés croissantes de financement, d'accessibilité et d'équité dans le domaine de la santé dès le milieu des années 1970, la Conférence d'Alma Ata préconisa en 1978 une réforme fondamentale des systèmes sanitaires et érigea une stratégie d'accès aux soins de santé primaires pour tous. Cependant, il était difficile de garantir l'équité dans l'accès aux soins de santé jugés prioritaires. Aussi, l'Initiative de Bamako en 1987 lancée conjointement par l'OMS et l'UNICEF émergea dans ce contexte de couverture inégalitaire, de médiocre qualité des soins et de dégradation des infrastructures sanitaires. Elle privilégia le financement communautaire des soins de santé dans le cadre d'une politique de recouvrement des coûts dans les structures de santé publique.

Cette politique de recouvrement des coûts qui consistait au cofinancement par l'Etat et les populations du système de santé, et à l'accès aux médicaments génériques, a certes amélioré l'offre de santé au Cameroun, mais elle n'a pas été suivie d'un accroissement de la demande de soins, car « les plus démunis sont souvent dans l'incapacité financière de recourir aux structures sanitaires270(*) ». En effet, « une majeure partie de la population ne peut assumer la quote-part demandée dans les hôpitaux publics, privés et dans les pharmacies », précisent P. DEVELTERE, G. DOYEN, et B. FONTENEAU (2004)271(*). Ceci nous conduit à poser le problème du financement de la santé.

B - Difficile accès aux soins de santé pour les populations démunies

La nécessité de se prémunir contre les risques financiers liés aux soins de santé s'est faite ressentir. Seulement, les gouvernements des pays africains à l'instar du Cameroun, n'apportent qu'une réponse insuffisante au besoin de protection sociale des populations. En effet, la sécurité sociale (CNPS au Cameroun) qui n'intègre d'ailleurs pas dans ses prestations la couverture santé, protège uniquement les travailleurs du secteur formel et les fonctionnaires, et délaisse ainsi une partie importante de la population qui se regroupe dans le secteur agricole et le secteur informel. De même, les compagnies d'assurance privées financièrement inaccessibles pour le plus grand nombre, répondent en partie aux besoins d'assurance santé d'une minorité de salariés.

Face aux difficultés qu'elles rencontrent, les communautés organisent une solidarité autour de mécanismes informels d'entraide. Solidarité qui s'observe au Cameroun au sein des associations et tontines, dans lesquelles on trouve une rubrique « secours » qui a pour objectif la prise en charge d'une partie des frais médicaux engagés par l'un des membres à jour de ses cotisations. Mais, ces formules demeurent le plus souvent insuffisantes pour palier aux problèmes de financement des soins de santé272(*). En effet, la situation de crise d'endettement, dans les années 1990 et les plans d'ajustement structurel ont conduit à la dégradation du secteur de la santé au Cameroun, comme l'indiquent les indicateurs de taux de mortalité infantile de 1991 et de 1998, qui sont respectivement de 31,1 pour 1000 et 37,2 pour 1000273(*). La situation du Cameroun ainsi que celle des autres Etats africains est alarmante, c'est ainsi qu'en 2001, ces chefs d'État africains réunis à Abuja, s'engagent entre autres, à porter à 15% la proportion des dépenses publiques allouées à la santé dans leurs pays. Or, selon la Commission macroéconomie et santé, un pays doit dépenser au moins 34 dollars par habitant pour fournir une série de services de santé à sa population, conformément aux directives de l'OMS274(*).

Cependant, l'analyse des données de l'OMS sur l'évolution des dépenses par habitant en dollars dans 52 pays africains entre 1998 et 2002 indique que la majorité de ces pays dépensent moins. C'est le cas du Cameroun qui, de 1998 à 2002, a dépensé successivement 28, 31, 28, 28 et 31 dollars par habitant pour les soins de santé275(*).

La santé financée au départ par l'Etat, doit faire face dès les années de crise à un problème de ressources financières. On passe ainsi du système de recouvrement des coûts dans les formations sanitaires à un besoin crucial d'un mécanisme pouvant structurer la demande de soins. L'assurance maladie s'avère donc être l'outil nécessaire pour cette nouvelle approche.

L'Etat camerounais, inscrit à cet effet dans son programme une réforme du secteur santé et de la protection sociale.

* 268 P. NDIAYE : Développement des Mutuelles de santé en Afrique : Une analyse comparative des approches et de leurs impacts, Research Matters, juin 2006, p. 4

* 269 Site CEFOD, http://www.cefod.org , Santé, une réforme sans effet par F. BANHOUDEL MECONDO, août 2008

* 270 BIT/STEP 2000, Fonteneau 2000

* 271 CERA FOUNDATION : Micro assurances et soins de santé dans le Tiers Monde, publication série Horizons, juin 2004, p. 9

* 272 BIT/STEP 2000, Fonteneau 2000

* 273 DSRP, 2003 : Tableau 19, p. 100

* 274 Sommet extraordinaire de l'Union Africaine sur le VIH/SIDA, tuberculose et paludisme : financement de la santé en Afrique, Addis Abeba, Mai 2006, sur http://www.africa-union.org , consulté le 10 décembre 2008

* 275 Idem

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