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Le roman policier français : illustration et stratégie commerciale

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par Jean Daniel Chevrier
Université de Rennes 2 - Master 2008
  

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2.1.2 Les auteurs anglo-saxons traduits dans les collections françaises.

Le besoin de consommer américain, après la fin de la deuxième guerre mondiale, se matérialise entre autres dans l'apparition des premières oeuvres d'auteurs américains traduites dans des collections françaises. Déjà dans les années trente, certains auteurs noirs américains sont publiés chez Gallimard dans la collection « Chefs-d'oeuvre du roman d'Aventure ». Ainsi, en 1932, Dashiell Hammett avait publié The glass key, dont l'illustration est influencée par le style des Detective magazines. Proche du genre « faits divers illustrés », on montre en gros plan, dans un cercle formé par la tête d'une clé, une femme terrorisée. Ceci s'inscrivant dans le contexte de violence et de peur généré notamment par l'épisode de la prohibition. Il est intéressant de mettre en parallèle illustration originale, marquée par le contexte américain et sa réappropriation dans l'édition française chez Gallimard. Plus sobre, l'édition française se contente de suggérer l'orientation du texte en disposant des indices en première de couverture. La clé est toujours présente, dont on devine qu'elle est un élément important du roman et le serpent, qui ne figurait pas dans l'édition originale. Notons le passage à la photographie, dans les deux cas, dans un souci de réalisme.

Plus généralement, les collections françaises vont privilégier les auteurs dont le nom évoque l'Amérique. Toujours chez Gallimard, la « Série Noire » est crée en 1945 et ne publiera pendant longtemps que des auteurs anglo-saxons. Notons que dans le domaine de l'illustration de couverture, la tendance française est à l'édulcoration, quand l'édition originale est trop stigmatisée par le contexte. Voyons d'abord l'exemple d'un roman de Peter Cheyney, Sinister errand, publié en 1946 par les Presses de la cité. La similitude entre l'édition originale et l'édition française est frappante. Dans les deux cas, le titre en lettres blanches se détache sur fond noir ; le choix de la police est le même. L'illustration, assez sobre, ne donne aucune indication au lecteur. Pas de modification, car pas de stigmatisation. Mais dans cet autre exemple, le célébrissime roman de James Hadley Chase, No orchids for miss Blandish, 1938, l'illustration de couverture est radicalement modifiée par « la série noire ». S'inscrivant dans la mouvance de l'engouement pour tout ce qui vient d'Amérique, le livre est inspiré du contexte de violence américain. L'illustration de l'édition anglaise rappelle immanquablement les illustrations des Detective Magazine. L'histoire, celle d'une jeune héritière milliardaire, enlevée la veille de son mariage, dont la vie bascule en enfer, pourrait d'ailleurs faire la une des journaux spécialisés américains. L'illustration originale montre une jeune femme légèrement vêtue sur fond noir dans une pose alanguie. L'expression du visage est ambiguë, entre souffrance et invitation au plaisir ; comme dans les Detective Magazines, la femme n'est jamais tout à fait une victime, mais un être a double visage. La stratégie commerciale du roman de Chase reprend donc celle des éditeurs américains. L'image a elle seule annonce le texte qui bascule dans un univers de violence et de sexe. Publié dans la « Série Noire » en 1946, le traitement de l'illustration est tout à fait différent. Très sobre - nous verrons que la stratégie de Gallimard s'inscrit dans une démarche différente -, la couverture du roman de Chase se limite à un fond noir sur lequel se détache en haut, police blanche, le nom de la collection, le nom de l'auteur, et le titre tranche en jaune, dans une police plus large. Plus d'image chez Gallimard. Ceci n'est pas un hasard ou une négligence ; les collections françaises on joué une importance capitale dans le développement du roman noir français et la démarche commerciale de chacune repose sur l'illustration des couvertures.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault