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Rôle des langues dans la construction de l'identité des immigrés italiens et de leurs descendants

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par Sylvie ROBERT
Université Stendhal Grenoble 3 - Master 1 Français Langue Etrangère 2009
  

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I.1- Une situation plurilingue.

A- Coexistence de plusieurs langues au sein des communautés italiennes (dialectes/ italien)

Contrairement à la France, où les dialectes ont pratiquement tous disparu en raison de « la chasse aux patois » mise en oeuvre dès la fin du XVIIIème siècle, surtout dans le Nord du pays, en Italie, ils ont constitué le seul moyen de communication jusqu'en 1960, date à laquelle la télévision a fait entrer l'italien dans les foyers des Italiens. Ils subsistent aujourd'hui encore17, et si la plupart des jeunes ne connaissent que quelques mots de dialecte, ils le comprennent parfaitement. Dans certaines régions, deux dialectes coexistent en plus de l'italien, c'est pourquoi on peut effectivement parler d'une situation plurilingue et non pas bilingue.

L'unification linguistique de l'Italie n'existait pas au moment des premières vagues d'immigration. D'après le linguiste De Mauro, vers 1860, les italophones ne représentaient que 20 % de la population adulte. L'Italie a d'ailleurs été faite par un roi francophone qui parlait à ses soldats en piémontais. Ceux-ci n'arrivaient d'ailleurs pas à se faire comprendre dans les régions du sud de la Péninsule qu'ils avaient conquises ! L'italien était une langue littéraire, à laquelle la population n'avait pas accès. En outre, il n'y avait pas en Italie de sentiment national, c'est pourquoi Massimo D'Azeglio aurait déclaré après la proclamation de l'Unité italienne, « l'Italie est faite, il reste à faire les Italiens ». Des traditions culturelles très différentes opposaient le Nord et le Sud de la Péninsule ; l'analphabétisme et la pauvreté des méridionaux suscitaient souvent le mépris des septentrionaux.

Il était urgent de faire en sorte que les Italiens ne parlent qu'une seule langue ; le nouveau gouvernement, le fascisme, les militants antifascistes et les intellectuels de gauche, tous oeuvrèrent dans ce sens, par le biais d'une nouvelle littérature visant un large public. L'italien s'est donc peu à peu imposé comme un outil de communication. Mais son usage n'a pas marqué l'abandon des dialectes ni effacé l'attachement à la région natale.

17Cf. Annexe 2 : les dialectes italiens

Aujourd'hui encore, l'esprit de clocher - il campanilismo - est très vif, les Italiens se définissent d'abord par l'appartenance à leur région, voire à leur ville, les rivalités très fortes qui ont opposé dans le passé des villes voisines, comme Florence et Pise, subsistent encore.

Ces éléments nous permettent de comprendre les difficultés linguistiques auxquelles ont été confrontés les immigrés italiens : On imagine aisément la difficulté que représentait l'apprentissage du français pour ces immigrés qui n'avaient pas été - ou très peu - scolarisés dans leur pays, dont la langue maternelle n'était pas l'italien mais un dialecte incompréhensible pour les immigrés provenant d'autres régions !

L'absence de cohésion nationale explique que les méridionaux aient été victimes du racisme, non seulement de la part des Français, mais des Italiens du Nord qui les méprisaient et les considéraient comme des terroni, des paysans.

On comprend alors la nécessité pour ces immigrés provenant des régions méridionales de l'Italie de s'intégrer rapidement dans la société française, puisqu'ils étaient même rejetés par leurs compatriotes. Pour eux, la clef de l'intégration était une acquisition parfaite de la langue française.

Toutefois, il convient de nuancer notre propos : si ceci est vrai pour les Italiens du Sud de la Péninsule qui se sont installés dans le Nord ou le Nord- Est de la France, la situation a été bien différente pour les immigrés qui se sont installés en Provence. En effet, la Provence est la région la plus proche de l'Italie sur le plan géographique (climat, paysages), culturel (mode de vie, gastronomie...) et linguistique puisque le provençal reste en vigueur jusqu'à la seconde guerre mondiale et avait acquis dès le début du siècle un prestige littéraire qui l'avait élevé au statut de langue18. Nous verrons plus loin que cette proximité favorisera indiscutablement l'intégration des nouveaux venus.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry