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La guerre dans la "heimskringla" de snorri sturluson

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par Simon Galli
ENS-LSH - M1 Histoire et archéologie des mondes chrétiens et musulmans 2008
  

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Chapitre 1.

Conduire la guerre, entre idéal et

pratique

Comme l'a remarqué S. Bagge, la narration de la Heimskringla est essentiellement centrée sur les rois 1, et plus globalement sur les grands, les membres d'une artistocratie 2. Il me semble opportun d'adopter, pour commencer, la même approche, afin de plonger immédiatement dans un problème qui ne peut nous quitter : celui du point de vue de Snorri par rapport à notre sujet - son altitude, sa distance, son angle d'approche. Les rois étant les principaux protagonistes de Snorri, étudier leurs actes, leurs expériences, leur place par rapport au problème et à la pratique de la guerre, c'est exploiter la veine la plus riche.

La guerre des discours

Beauté physique et habileté aux armes : un idéal aristocratique

Mais, si l'on suit le récit de Snorri, cette stratégie a aussi ceci d'avantageux que les rois ne sont pas des êtres à part, malgré leur place particulière dans le récit. À la lecture des portraits de grands qui émaillent la Heimskringla, un élément ressort très fortement : l'omniprésence des qualificatifs ayant trait à la beauté, à la force, et à la prouesse 3. Prenons, pour nous en convaincre, les descriptions de trois rois fort importants dans la Heimskringla, d'abord Óláf Tryggvason :

Le roi Óláf était, en Norvège, le plus excellent des hommes accomplis dans toutes les disciplines [íþróttamaður 4] que nous connaissons. Il était plus fort et plus agile que tout autre, et de nombreux récits existent à ce sujet. Selon l'un d'eux, il escalada le Smalsarhorn et accrocha son bouclier au sommet de la montagne ; selon un autre, il aida l'un de ses hommes, qui avait auparavant escaladé la montagne, et ne pouvait à présent plus ni monter ni descendre. Le roi alla à lui, le prit sous son bras, et le ramena en bas. Lorsque ses hommes souquaient à bord du Serpent, le roi Óláf pouvait marcher sur les rames tout au long du navire. Il pouvait jongler avec trois dagues, de telle manière que l'une des trois était toujours en l'air, et il les rattrapait toujours par le manche. Il maniait l'épée d'une main aussi bien que de l'autre, et pouvait jeter deux lances à la fois. Le roi Óláf était de caractère très joyeux et était plein d'entrain. Il était amical et affable, impétueux en tout, particulièrement généreux, et s'habillait fort élégamment. Il était plus brave que tout autre dans les batailles. Lorsqu'il était en colère, il était fort cruel, infligeant des tortures à ses ennemis. 5

Ensuite, Óláf le Gros (digre ; il s'agit de saint Óláf) jeune :

En grandissant, Óláf Haraldsson n'acquit pas une haute taille, mais fut moyen, bien bâti, et posséda une grande force. Ses cheveux étaient châtain clair, et son visage large, avec un teint clair et vermeil. Ses yeux étaient extraordinairement beaux, clairs et perçants, de telle sorte que de les regarder lorsqu'il était furieux inspirait la terreur. Óláf était un homme fort accompli [íþróttamaður,

1 SVERRE H. BAGGE, Society and Politics in Snorri Sturluson's Heimskringla, cit., pp. 50-60.

2 Pour plus de détails sur cet élément, cf. Ibid, p. 123 ff.

3 S. Bagge a déjà procédé à une analyse du « roi idéal » selon Snorri Sturluson ; cependant, cette analyse étant faite dans une optique d'étude de la politique et de la société en général, j'ai jugé bon de procéder ici à une nouvelle analyse avec le couple guerre/paix comme élément directeur ; pour compléter ce tableau, cf. Ibid, p. 146 ff.

4 Le terme íþrótt à partir duquel est composé íþrótta-maðr (maðr : homme) est ambigu : selon R. Cleasby et G. Vigfusson, il désigne « [un] accomplissement, [un] art, [un] talent, dans les temps anciens not. les exercices physiques, mais également le talent littéraire ». L'on voit déjà ici toute la complexité des termes ; cependant, la suite du passage cité ici insiste nettement sur les exercices physiques. Cf. RICHARD CLEASBY; GUDBRAND VIGFÚSSON, An Icelandic-English Dictionary, Clarendon Press, Oxford, 1874, p. 320.

5 SNORRI STURLUSON, Heimskringla. History of the Kings of Norway, cit., p. 218 (OT ch.85).

à nouveau]. Il tirait fort bien, excellait à la nage, et nul n'était meilleur que lui au jet de la lance. Il était talentueux et avait un coup d'oeil sûr pour toutes sortes de travaux manuels, qu'il fabrique quelque chose pour lui ou pour d'autres. Il était surnommé Óláf le Gros. Il était, en paroles, audacieux et éloquent, tôt mature en tous domaines, aussi bien en force physique qu'en ruse ; et il se rendait sympathique à tous ses parents et connaissances. Il concourait avec tous dans les jeux, et voulait toujours être le premier en tout, comme il convenait à son rang et à sa naissance. 1

Enfin, Harald le Sévère (harðráði) :

Selon l'opinion de tous, le roi Harald avait dépassé les autres hommes en ruse et en ressources, qu'il doive agir dans le feu de l'action ou faire des plans à long terme, pour lui-même ou pour d'autres. Il était particulièrement adroit aux armes, et victorieux dans ses entreprises, comme cela fut rapporté précédemment. Comme le dit Þjóðólf :

Ses téméraires exploits emplirent de terreur

Souvent les habitants du Seeland.

L'audace amène la victoire - comme

Harald en est témoin - à la guerre.

Le roi Harald était un bel homme, d'apparence princière. Ses cheveux étaient blond clair ; il avait une barbe blonde, de longues moustaches, et l'un de ses sourcils était plus haut que l'autre. Ses mains et pieds étaient grands, et dans les deux cas, bien proportionnés. Il était haut de cinq alnir 2 . Il n'avait pas de pitié pour ses ennemis, et était enclin à punir durement tous ceux qui s'opposaient à lui. [...]

Le roi Harald était exceptionnellement avide de pouvoir et de possessions matérielles de toutes sortes. Il offrait des présents de prix à ses amis et à ceux qu'il estimait. 3

Ces portraits se combinent et se complètent bien. L'on en retire toute une série d'éléments tenant aux exploits physiques et guerriers : l'habileté aux armes est commune aux trois, mais l'on relève aussi la natation ou l'escalade. Néanmoins, notons tout de suite que ces traits cohabitent avec d'autres, tout aussi saillants : la belle apparence, l'intelligence, la cruauté.

Mais une phrase en particulier doit attirer notre attention : celle mentionnant que le jeune Óláf Haraldsson « voulait toujours être le premier en tout, comme il convenait à son rang et à sa naissance ». Elle indique un étalon essentiel auquel les princes se mesurent, la naissance, mais suggère surtout qu'il y a compétition. Et en effet, à la lecture de portraits d'autres grands qui, eux, ne sont pas rois, on ne trouve pas de différence fondamentale d'avec l'idéal exprimé plus haut. Qu'on se rappelle du deuxième texte cité en introduction, parlant de Grankel et de son fils Ásmund Grankelsson : Asmund est « un riche bóndi », « homme aux nombreux exploits dans le domaine des exercices virils », quant à son fils, « selon l'opinion de beaucoup, en termes de beauté, de force, et d'exercices virils, il était le troisième homme le plus exceptionnel de Norvège, Hákon, le fils adoptif d'Æthelstân, étant le premier, et Óláf Tryggvason le deuxième. » 4 Ainsi, un simple fils de « riche bóndi », donc d'un libre propriétaire sans titre autre, est classé troisième juste derrière deux rois de Norvège, et non des moindres, semblant par la même occasion surpasser d'autres souverains, notamment Harald à la Belle Chevelure (hárfagri). Cela donne l'image d'une élite, certes, mais d'une élite fort élargie ; notons au passage l'étalon adopté ici, « la beauté, la force, et les exercices virils » !

Et Ásmund Grankelsson n'est certes pas le seul à entrer ainsi en compétition avec des rois. Un autre
bel exemple en est le jarl 5 Hákon Sigurðarson, qui régna un temps en Norvège après la mort de

1 Ibid, pp. 245-246 (OH ch.3).

2 Une alin correspond à une longueur de bras, soit (et selon les cas) environ 40 ou 45cm, ce qui donnerait à peu près 2 mètres à Harald le Sévère.

3 Ibid, pp. 660-661 (HHarð ch.99).

4 Ibid, p. 364 (OH ch.106).

5 Le titre de jarl (pluriel : jarlar) est le plus haut, en-dehors de celui de roi, aussi pourrait-on traduire le mot par « duc » ou « comte » (earl en anglais, qui en est directement dérivé), quoique la traduction norroise de dux soit non pas jarl mais hertogi. Leurs fonctions autant que leur nombre ne sont pas clairement définies et semblent varier. Cf. lexique.

Hákon le Bon :

Il y avait une haine si féroce pour le jarl Hákon parmi les habitants du Trøndelag que nul n'avait le droit de l'appeler autrement que : « le mauvais jarl ». Et ce nom lui resta pendant longtemps. Mais la vérité est qu'il avait de nombreuses qualités propres au commandement : tout d'abord, un glorieux lignage, ensuite la ruse et la sagacité dans l'exercice du pouvoir, la vivacité de réaction [röskleik : adroit, habile, rusé, vif] dans la bataille, ainsi qu'une bonne fortune lui permettant de remporter la victoire et de tuer ses ennemis. Comme le dit Þorleif Rauðfeldarson :

Hákon, nous n'avons entendu parler sous

le ciel d'aucun jarl plus vaillant que

toi - mais plus haut parvint ta

gloire par les guerres - pour gouverner.

Neuf princes à Óðinn -

le corbeau se nourrit sur la chair des

hommes abattus - au loin s'étend ton

renom, en vérité - tu envoyas.

Le jarl Hákon surpassait tout le monde en générosité, et ce fut une grande infortune qu'un prince tel que lui doive mourir comme il le fit. Mais la raison en était principalement que le temps était venu où le culte païen et les idolâtres furent rejetés, et où le christianisme prit leur place. 1

L'on peut encore citer Ívar le Blanc, contemporain de Harald le Sévère, et son fils :

Il y avait un homme du nom d'Ívar le Blanc, un excellent lendr maðr 2 du roi. [...] C'était un homme exceptionnellement beau. Son fils était nommé Hákon. De lui, il est dit qu'il était supérieur à tous ses contemporains en Norvège pour ce qui est de la vaillance [fræknleik], de la force [afli], et de tous les accomplissements [atgervi]. Déjà dans sa jeunesse il se joignait à des expéditions guerrières et acquit beaucoup de gloire, portant haut son renom. 3

Immédiatement après lui, Snorri nous parle d'Einar Þambarskelfir (littéralement, « secoue-panse ») et de son fils Eindriði :

Eindriði avait l'agréable apparence et la beauté des parents de sa mère, le jarl Hákon et ses fils, et la stature et la force de son père, Einar, ainsi que les accomplissements [atgervi] dans lesquels Einar surpassait tous les autres. Il était le favori de tous. 4

Pour « exceller » et « surpasser tous les autres » dans ces « accomplissements » (íþrótt, atgervi, termes dont on a déjà signalé la polysémie) sans cesse évoqués, la compétition est donc rude ! L'on pourrait penser qu'elle n'a lieu que parmi les grands, les lendir menn, et notamment ceux qui peuvent se targuer d'une ascendance comparable à celle des rois, ce qui est le cas du jarl Hákon et de ses descendants, censés remonter, via Harald à la Belle Chevelure et les Ynglingar, à Óðinn lui-même. Cependant, dans le cas de Grankel, l'ascendance n'est pas évoquée, alors qu'il est explicitement comparé à des rois ; et, si l'on se souvient des deux bandits avec lesquels j'ai levé le rideau, eux non plus ne semblaient avoir besoin de nulle ascendance glorieuse pour se mesurer avantageusement à la suite d'Óláf le Gros, ni pour recevoir de ce dernier la promesse d'un « haut rang ».

Les rois de Norvège apparaissent ainsi dans l'ensemble du récit de Snorri, qui traite pourtant de leurs vies, comme des primi inter pares - les pairs en question étant nombreux, et les rois ayant parfois du mal à maintenir leur première place, même s'ils ont un avantage ; encore celui-ci varie-t-il selon la clarté de la succession, le nombre et la force de prétendants possibles... 5 Notons qu'ils ne disposent pas, par contre, du statut de monarque sacré dont peut se prévaloir un roi de France ou un empereur germanique à la même époque : dans la Heimskringla, le premier roi à être sacré et couronné par un archevêque en présence de tous les autres évêques de Norvège et d'un légat pontifical, est justement le

1 Ibid, pp. 192-193 (OT ch.50).

2 Au pluriel, lendir menn : littéralement « hommes possessionnés », propriétaires terriens jouissant d'un statut social assimilable à celui d'une aristocratie ; voir lexique.

3 Ibid, p. 609 (HHarð ch.39).

4 Ibid, p. 609 (HHarð ch.40).

5 Voir également à ce sujet : SVERRE H. BAGGE, Society and Politics in Snorri Sturluson's Heimskringla, cit., p. 135.

dernier du recueil, Magnús Erlingsson. Cela n'empêche d'ailleurs pas, six ans plus tard (1170) un prétendant au trône de lever une armée, les « Jambes de Bouleau » (birkibeinar), qui le nomme roi ; il n'est vaincu par Magnús que sept ans plus tard.

Cette caractéristique institutionnelle est importante, car elle explique que les rois de Norvège soient sans cesse sous pression, contraints d'affirmer et de démontrer leur pouvoir royal, y compris en matière de capacité guerrière. Ce qui explique que la poésie scaldique, outil de propagande pour les grands 1, mette en avant de tels traits, comme on peut le voir dans les quelques strophes citées ci- dessus ; et, les poèmes scaldiques étant l'une des sources de Snorri, ces descriptions se retrouvent dans la Heimskringla, sous forme de citations ou non. Savoir si Óláf Tryggvason, Óláf le Gros ou Harald le Sévère étaient véritablement grands, beaux et accomplis au maniement des armes n'est guère possible, ni d'ailleurs véritablement intéressant ; plus important est le fait que c'est ainsi que ces rois choisissent d'apparaître, ou sont décrits par ceux qui les louent ou les admirent. Seulement, les souverains ne sont pas les seuls à être le sujet des poèmes des scaldes - on l'a vu avec le jarl Hákon - et surtout, ces textes les placent sur un terrain où ils doivent faire face à la concurrence, plus ou moins sérieuse, de nombreux autres personnages.

D'ailleurs, posséder les traits qui correspondent à cet idéal aristocratique n'est pas suffisant à l'exercice réussi de l'autorité royale. Un exemple, celui des fils d'Eirík à la Hache Sanglante, résume bien le problème :

Eirík était un homme grand et beau, fort et très vaillant [hreystimaður], un guerrier éminent et victorieux, de disposition violente, cruelle, fruste, et taciturne. Gunnhild, sa femme, était très belle, rusée et adroite en magie, amicale en paroles, mais pleine de tromperie et de cruauté. Ceux qui suivent étaient les enfants d'Eirík et de Gunnhild. Gamli était l'aîné, ensuite venaient Guthorm, Harald, Ragnfröð, Ragnhild, Erling, Guðröð, Sigurð Slefa. Tous les enfants d'Eirík étaient beaux et prometteurs. 2

Ces derniers traits ressemblent décidément à des topoï... Mais Eirík, malgré ses qualités, ne parvient pas à obtenir la couronne contre son frère Hákon le Bon ; quant à ses fils, quoiqu'ils réussissent à l'obtenir, ils ne la gardent pas longtemps. Plus loin, il est dit d'eux :

Les fils de Gunnhild avaient été baptisés en Angleterre, comme cela a été dit. Mais lorsqu'ils accédèrent au gouvernement de la Norvège, ils ne réussirent pas à en convertir les habitants, et tout ce qu'ils firent fut de détruire les temples païens et de faire cesser les sacrifices ; et cela leur attira beaucoup de rancoeur. Il y eut de mauvaises récoltes pendant leur règne, car il y avait de nombreux rois, chacun ayant sa suite autour de lui. Ils demandaient beaucoup pour leur entretien, ils étaient fort voraces et ne respectaient pas les lois qu'avait établies le roi Hákon, sauf lorsque cela était à leur avantage. C'étaient tous des hommes très beaux, forts et de haute stature, et accomplis dans tous les domaines [íþróttamenn]. Comme le dit Glúm Geirason dans la drápa qu'il composa au sujet de Harald, le fils de Gunnhild :

Le bâton d'effroi

Des dents de Hallinskidi 3,

Lui qui souvent surpassait les rois

Pratiquait douze disciplines.

Souvent les frères étaient ensemble, mais parfois ils allaient chacun de leur côté. Ils étaient cruels

1 « La poésie panégyrique est propagandiste en ce sens que, à de rares exceptions près, elle met en avant une idéologie militaire, glorifie le dédicataire et ses hommes, et, parfois, appuie des revendications territoriales. » DIANA WHALEY, « Skaldic Poetry », in RORY MCTURK (ED.), A Companion to Old Norse-Icelandic literature and culture, Blackwell Publishing, Malden, 2007, p. 482.

2 SNORRI STURLUSON, Heimskringla. History of the Kings of Norway, cit., p. 95 (HHárf ch.43).

3 Les dents de Hallinskidi étaient en or ; le prince est leur « bâton d'effroi » car il distribue généreusement l'or. Pour cette strophe, je cite la traduction et reprends les explications de François-Xavier Dillmann dans SNORRI STURLUSON, Histoire des rois de Norvège : Heimskringla. Première partie, Des origines mythiques de la dynastie à la bataille de Svold, Gallimard, Paris, 2000, p. 207.

et courageux, de grands guerriers, et souvent victorieux. 1

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote