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La guerre dans la "heimskringla" de snorri sturluson

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par Simon Galli
ENS-LSH - M1 Histoire et archéologie des mondes chrétiens et musulmans 2008
  

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Fins et moyens : la générosité du prince

Si nous trouvons, comme dans le discours de Sigurð le Croisé, des éléments d'articulation, il n'est que logique de les chercher non pas seulement dans les paroles, mais aussi dans les actes et les systèmes touchant à notre sujet, à savoir au fait guerrier ; et surtout de rechercher si ces articulations ne peuvent pas en venir, d'engrenage en poulie, à refermer la coupure que semblent supposer aussi bien Régis Boyer que Peter Foote et David Wilson entre le roi de paix et de prospérité, et le roi viking, le roi de guerre.

Laissons à nouveau Sigurð le Croisé nous suggérer une voie de recherche : le prestige, et, surtout, le butin. Dans le cas de Sigurð le Croisé, le butin est un élément de jonction à plus d'un titre. D'une part, comme on l'a dit déjà, il découle de l'expédition guerrière, mais permet de la relier à un résultat matériel. D'autre part, justement, nous pouvons dire, ou du moins poser l'hypothèse, que c'est le butin qui fait le lien entre Jérusalem et la Norvège. Sigurð commence son offensive contre Eystein en disant : « c'est l'opinion des hommes [mál manna, littéralement : « parole des hommes »] que l'expédition au loin que j'ai entreprise a été assez digne d'un prince [höfðingleg, « princière, noble »]. » Cette « opinion » est un élément essentiel ; on la trouvait déjà au sujet d'Ásmund Grankelsson, qui était « selon l'opinion de beaucoup [...] le troisième homme le plus exceptionnel de Norvège... » 3. Or, dans le cas de Sigurð le Croisé, comment peut être apportée la preuve de ses combats bien loin de la Norvège, sur le chemin de Jérusalem ? Qu'est-ce qui peut les manifester aux yeux de ces « hommes », sinon ces « nombreuses choses de valeur, comme l'on n'en a jamais vu en nos contrées » ?

Mais peut-être Sigurð le Croisé est-il un cas quelque peu particulier, et mes suppositions sur les fonctions de son riche arroi, encore trop liées aux discours et aux symboles. Voyons, alors, si nous pouvons trouver au butin de guerre d'autres usages. Snorri décrit notamment la très impressionnante arrivée de Sigurð à Constantinople, au cours de laquelle il manifeste son opulence 4 ; et à plusieurs reprises, la mise d'un personnage est évoquée comme un trait princier. Une autre anecdote le suggère bien : au début de la Saga d'Óláf Tryggvason, Óláf, qui n'est pas encore roi de Norvège et mène des expéditions vikings par le monde, entend parler d'un ermite que l'on dit capable de prédire l'avenir. Désireux de tester les capacités de ce dernier, Óláf lui envoie un de ses hommes, « l'un de ses plus beaux et de ses plus grands, l'habillant de façon splendide »5, en disant à cet homme de se présenter comme étant Óláf Tryggvason. Voici donc comment tenter de faire passer quelqu'un pour un prince : le choisir beau, grand, et le bien habiller. Ce n'est d'ailleurs guère surprenant. Mais ajoutons qu'au

1 SVERRE H. BAGGE, Society and Politics in Snorri Sturluson's Heimskringla, cit., pp. 61-62.

2 D'ailleurs, l'idéal-type étant une construction sociologique, et non un élément trouvé tel quel, pourquoi ne pas imaginer que les locuteurs-acteurs eux-mêmes sont capables d'un processus comparable à celui décrit par Max Weber : « Un idéal-type est formé par l'accentuation unidirectionnelle d'un ou plusieurs points de vue et par la synthèse de très nombreux phénomènes individuels, diffus, discrets, plus ou moins présents et parfois absents, qui sont arrangés en fonction de ces points de vue accentués de manière unidirectionnelle pour former un construit analystique. » MAX WEBER, The Methodology of the Social Sciences, Free Press, New York, 1997, p. 88.

3 SNORRI STURLUSON, Heimskringla, cit., p. 364 (OH ch.106).

4 SNORRI STURLUSON, Heimskringla. History of the Kings of Norway, cit., pp. 697-698 (Msyn. ch.11-12).

5 Ibid, p. 170 (OT ch.31).

cours du mannjafnaðr entre Sigurð le Croisé et Eystein, ce dernier invoque l'apparence, à la fois physique et vestimentaire, comme qualité princière, voire comme devoir : « il n'est pas moins caractéristique qu'un homme soit beau. Et alors il est non moins facilement reconnu parmi la multitude. Cela aussi me semble princier, car des vêtements de prix s'accordent mieux avec un bel extérieur. » 1

Ce qui relie - très concrètement - cet impératif d'opulence, ou du moins cet objectif, à la pratique de la guerre, c'est la fréquence à laquelle nous voyons, dans la Heimskringla, des princes, des rois jeunes mais aussi plus âgés, et surtout des prétendants au trône partir en expédition viking - notamment pour acquérir des richesses. Óláf Tryggvason et Óláf le Gros, pour ne citer qu'eux, sont dans ce dernier cas. Le lien entre expéditions guerrières et train de vie princier est fait explicitement par Snorri, non pas dans le cas d'un roi certes, mais à propos d'un de ces grands princes que nous avons déjà cités nommément, Erling Skjálgsson :

Il se déplaçait toujours avec une grande foule [fjölmenni], tout à fait comme s'il s'agissait de la garde d'un roi [konungshirð]. Pendant l'été, Erling menait souvent des expéditions de pillage et amassait des biens, car il conservait le magnifique train de vie auquel il était habitué, quoiqu'il eût alors moins de sources de revenus, et de moindre qualité, que du temps du roi Óláf [Tryggvason], son beau-frère. 2

Mais, comme cet extrait le suggère justement, il ne s'agit pas seulement de se bien habiller soi-même ; il faut aussi, et peut-être surtout, entretenir sa hirð, corps à la fonction nettement - quoique, là encore, non exclusivement - guerrière. Óláf Tryggvason, alors qu'il est encore jeune et réside dans le royaume de Hólmgarð (Novgorod), donne un bon exemple de cette fonction du chef : « il entretenait lui-même une compagnie de guerriers, à lui donnés par le roi, à ses propres frais. Óláf était fort généreux avec ses hommes, et ainsi devint populaire. » 3

Il y a mieux encore que d'entretenir sa hirð : c'est de l'augmenter. Or, dans la Heimskringla, chaque fois qu'il y a un symbole matériel, un rituel qui intervient lorsque quelqu'un devient « l'homme » d'un roi, c'est d'un don qu'il s'agit 4. Il peut s'agir d'un bijou, généralement en or, ce qui renvoie aux nombreuses kenningar 5 qui désignent le roi comme « le libéral donateur du feu-des rivières » 6 (c'est- à-dire de l'or), ou « le jeune homme qui donne les anneaux d'or au rouge brillant » 7, entre autres. Les rois, en titre ou futurs, n'en ont d'ailleurs pas l'exclusivité : le jarl Eirí k Hakonarson est désigné comme « le dispendeur de trésors » 8 et comme « celui qui donne des bracelets » 9.

Surtout, il est important de noter que toutes les kenningar cités ci-dessus interviennent dans des strophes qui portent, exclusivement ou fortement, sur des activités guerrières, expéditions ou batailles. Certes, c'est là un des sujets majeurs de la poésie scaldique, ce qui doit nuancer la portée de ce fait. Reste que, dans un des poèmes les plus longs qui sont cités dans leur intégralité par Snorri, l'Austrfaravísur (« Strophes sur un voyage vers l'est ») du scalde Sigvat, l'on ne trouve, sur vingt- quatre strophes, aucune kenning similaire aux précédentes, et peu qui ont trait à la guerre, à part pour Bjorn le Maréchal, ami de Sigvat, qualifié de « rougisseur d'épées ». Mais dans ce poème qui relate l'ambassade en Suède entreprise par Bjorn et Sigvat sur ordre d'Óláf le Gros, ce dernier est désigné

1 Ibid, p. 703 (Msyn ch.21).

2 Ibid, p. 260 (OH ch.22).

3 Ibid, p. 161 (OT ch.21).

4 Pour une analyse de cette forme d'allégeance, cf. SVERRE H. BAGGE, Society and Politics in Snorri Sturluson's Heimskringla, cit.

5 Une kenning est une métaphore fixée, une paraphrase poétique, élément essentiel de la poésie scaldique.

6 Pour le roi Harald à la Pelisse Grise (Gráfeldar) ; SNORRI STURLUSON, Heimskringla. History of the Kings of Norway, cit., p. 153 (OT ch.14).

7 Pour le jeune Harald le Sévère ; Ibid, p. 581 (HHarð ch.5).

8 Ibid, p. 160 (OT ch.20).

9 Ibid, p. 262 (OH ch.25).

comme « le gardien du peuple », « fléau des brigands », « détenteur du pouvoir de la Norvège »1... Par contre, lorsqu'il s'agit de relater la bataille de Stiklestad, Sigvat désigne les guerriers comme « les dépenseurs du trésor du dragon » 2. La règle n'est certes pas absolue, ce qui n'est d'ailleurs guère étonnant : dans une strophe qui sonne comme un éloge funèbre, Sigvat dit d'Óláf le Gros : « Quel plus grand donneur d'anneaux a / gouverné les terres du peuple du nord ? » 3

La corrélation n'est donc pas totale, mais elle existe. Rattachons-y un autre élément qui permet en quelque sorte de boucler la boucle, du fait guerrier au don et du don au fait guerrier : la Heimskringla évoque souvent des dons d'épées de la part des princes. Il s'agit le plus souvent, là encore, soit d'un don signifiant l'entrée de quelqu'un dans la hirð d'un prince, soit de récompenser les services rendus par un membre de la hirð.

Nous pouvons donc ajouter aux traits qui composent le portrait du prince idéal, à ces pièces à partir desquelles différents puzzles peuvent être constitués, celles du prince pourvoyeur d'épées 4 et surtout du prince pourvoyeur d'or. Parler d'un « idéal princier du pillage » serait sans doute excessif, mais l'idéal du prince libéral distributeur de richesses est bien présent, et nous avons bien vu, avec le cas d'Erling Skjálgsson, que l'expédition guerrière est un moyen - point l'unique, certes - de permettre au prince d'exercer cette générosité. Ce moyen semble, sinon légitime, du moins tout à fait courant, même pour les rois en titre ; par exemple, il est dit des rois Harald et Guðröð, deux des fils d'Eirík à la Hache Sanglante, que « lorsque le printemps fut venu, [ils] firent savoir qu'ils comptaient partir en expédition viking à l'été, soit vers l'ouest soit vers l'est, comme ils en avaient l'habitude » 5. Nous voyons aussi très souvent le pillage pratiqué au cours d'opérations qui ne semblaient point l'avoir comme but premier. En voici un exemple éloquent, concernant Harald à la Belle Chevelure, parti en expédition dans les « Îles Occidentales » pour les purger des vikings qui les utilisent comme bases :

À partir [des Orcades] il fit voile jusqu'aux Hébrides et y mena des raids. Il tua nombre de

vikings qui auparavant avait avec eux hommes et vaisseux. Il livra là bien des batailles. Mais lorsqu'il

arriva à l'île de Man, à l'ouest [au sud], la population qui s'y trouvait avait entendu parler des

déprédations qu'il avait faites dans ces contrées [des Orcades], et tout le peuple fuit en Écosse, de

telle sorte que le pays tout entier fut vidé de ses habitants, et tout le bétail en avait été évacué

également. De telle sorte que lorsque Harald et ses hommes allèrent à terre, ils ne trouvèrent nul

butin. 6

Le glissement d'un objectif à l'autre, ou plutôt leur entremêlement, est remarquable. Pourtant, si l'on raisonne en termes binaires, faire la chasse aux vikings est l'acte d'un roi d'ordre, sinon de paix ; mais l'on ne peut guère en dire autant du fait de piller et de dérober le bétail de la population. Cela montre bien, à mon sens, la difficulté qu'il y a à raisonner en termes essentialistes, même lorsque l'on traite des buts que se donne et surtout devrait se donner un prince scandinave. Certes, Snorri y invite en quelque sorte, car il explique bien souvent le comportement et les politiques des souverains en termes de tempérament. L'on se souvient d'Óláf le Calme, « enclin à la tranquillité » 7 ; à l'opposé, les paroles suivantes sont mises dans la bouche d'un certain Halldór, qui compare les caractères d'Óláf le Gros et de Harald le Sévère : « Tous deux étaient particulièrement sagaces et adroits aux armes, avides de richesses et de pouvoir, de comportement impérieux, pas très affables, jaloux de leur autorité, et portés à infliger des peines sévères » 8 . Suivent les illustrations de cette affirmation : Óláf a converti le

1 Ibid, pp. 303-304 et 335-341 (OH ch.71 et 91).

2 Ibid, p. 512 (OH ch.226).

3 Ibid, p. 533 (OH ch.246).

4 La seconde n'est pas aussi bien attestée que la première ; cependant, à défaut de kenningar correspondantes, nous pouvons y rattacher le récit assez étonnant selon lequel, durant la bataille de Svolð, Óláf Tryggvason sortit du compartiment situé sous son trône des épées neuves qu'il distribua à ses hommes pour remplacer les leurs, émoussées par le combat ; Ibid, p. 238 (OT ch.109).

5 Ibid, p. 137 (HGráf ch.9).

6 Ibid, p. 77 (Hhárf. ch.22).

7 Ibid, p. 664 (OK ch.1).

8 Ibid, p. 662 (Hharð. ch.100).

pays par la force, Harald a mené de lointaines expéditions pour acquérir richesses et pouvoir. Si l'on considère cette explication par les tempéraments, alors la coupure opérée par certains auteurs modernes entre « roi de guerre » et « roi de paix » se justifie ; elle correspondrait assez, en apparence du moins, à la logique de Snorri...

Mais par ailleurs, lorsque Snorri sort de ces portraits, et même si nous demeurons dans le domaine des propositions d'idéaux - ou de contre-idéaux - princiers, il semble que la séparation, la cristallisation des éléments qui les composent est opérée par des locuteurs placés dans une situation bien particulière, grâce à une alchimie du discours, comme nous l'avons vu déjà avec le mannjafnaðr de Sigurð le Croisé et d'Eystein. Autre bel exemple, le discours prononcé contre Óláf le Gros par l'évêque Sigurð avant la bataille de Stiklestad : « Déjà dans sa jeunesse, il s'habitua à voler et tuer des hommes, et en faisant ainsi voyagea loin et longtemps » 1, déclare-t-il avant de poursuivre par une description des déprédations commises en Norvège même. Nous avons pourtant bien vu que nombre de futurs rois ou fils de grands cités dans la Heimskringla passent leur jeunesse de cette exacte façon, sans que cela semble choquer, ou dévier de ce que l'on attend d'eux ; au contraire, si nous avons des traces de jugements portés sur ces actions, ils sont plutôt positifs. Mais qu'il s'agisse de jeter l'opprobre sur un adversaire, et tout soudain l'argument est retourné, la jeunesse guerrière et aventureuse, de preuve d'excellence, devient la marque d'un brigand et d'un scélérat.

Je ne crois pas qu'il faille invoquer ici, plus que dans la France de l'an mil 2, l'idée d'un idéal clérical qui se heurterait à un idéal aristocratique. Globalement, si une chose telle qu'une « idéologie cléricale » existe, elle est fort peu représentée dans la Heimskringla ; et l'évêque Sigurð, en particulier, n'y a rien d'un homme de paix, d'une figure exemplaire représentant un quelconque idéal de « paix de Dieu » ; n'oublions pas qu'il s'oppose ici à un futur saint, et que, dans son discours, il fait référence à Knút le Puissant, mais jamais à Dieu. D'ailleurs le mannjafnaðr de Sigurð et d'Eystein nous a bien montré qu'un roi pouvait très bien faire lui-même une critique de l'aventurisme, si cela peut lui permettre de damer le pion à son adversaire. S'agirait-il, là encore, d'un effet dû à l'écriture de Snorri, membre de premier rang de l'oligarchie islandaise, et sans doute, au vu de sa biographie, rompu aux manoeuvres politiques et surtout à l'argumentation dans le cadre du complexe système légal islandais ? La question est encore et toujours insoluble et doit certainement jeter un doute sur nos conclusions. Mais là encore, pourquoi croire que Snorri est exceptionnel, et que ces magnats et gens de pouvoir qu'il dépeint dans la Heimskringla étaient, « en réalité », parfaitement obtus et incapables de brandir, si besoin, l'argumentum ad personam ? Pour ne citer que lui, le mannjafnaðr, dont Snorri nous donne un si bel exemple, et qui implique l'usage de ce type de rhétorique, n'a rien de spécifique à Snorri, ni à l'Islande, ni même, si on la replace dans la perspective plus vaste de la pratique du flyting ou joute verbale, à la Scandinavie 3. Il est probable que, « en réalité », les mots cités par la Heimskringla n'ont pas été prononcés tels quels, et même que les personnes que l'on y voit jouter verbalement entre elles n'étaient pas aussi habiles - ou aussi malhabiles, selon les cas - à cet exercice.

Mais tout cela ne nous permet aucunement de balayer la constatation de fond, à savoir celle de la présence d'un enjeu discursif, d'un enjeu social, qui pèse au moins sur les membres d'une élite relativement large, et qui les fait concourir, par ce que nous appellerions aujourd'hui la « communication », pour la première place au classement de l'excellence. Cela implique de forger, fondre, et reforger les idéaux, et la guerre, dans ce processus, n'est finalement ni essentiellement un idéal, ni essentiellement un élément secondaire ou négatif ; elle peut être utilisée comme argument ou contre-argument, dépeinte comme quantité négligeable ou comme preuve fondamentale, aussi bien, d'ailleurs, de l'excellence que de la scélératesse... Ce mécanisme démonstratif ne concerne pas

1 Ibid, p. 505 (OH ch.218).

2 Cf. les travaux de Dominique Barthélémy sur la paix de Dieu, notamment DOMINIQUE BARTHÉLEMY, L'an mil et la paix de Dieu : la France chrétienne et féodale, 980-1060, Fayard, Paris, 1999.

3 ERIC CHRISTIANSEN, article « Senna-Mannjafnaðr », in PHILLIP PULSIANO (ED.), Medieval Scandinavia : an encyclopedia, cit., pp. 567-569.

uniquement les aspects ayant à voir, de près ou de loin, avec la guerre. Si l'on reprend les traits saillants de l'idéal aristocratique, l'on voit bien qu'ils permettent tous une démonstration de l'excellence : la beauté physique, les beaux atours, la générosité... Le lien est d'ailleurs directement fait par Sigurð et Eystein au cours de leur mannjafnaðr 1. Ce qui distingue peut-être la pratique guerrière, ou du moins la pratique de la violence en général, c'est que cet argument semble particulièrement propre à être retourné, tordu, recomposé, comme le suggèrent bien les divers discours cités ci-dessus - ceux de Sigurð et Eystein, de l'évêque Sigurð, et ceux qui interviennent dans les portraits de rois et de fils de rois. En ce sens, l'on pourrait dire que l'image du prince guerrier est le pivot de la joute, l'endroit stratégique, potentiellement décisif mais également dangereux à tenir ; une arme puissante, mais périlleuse à manier...

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984