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Acteurs et mobiles de la guerre du rassemblement congolais pour la démocratie : une entreprise de prédation au nord kivu (inédit)

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par Paul VYASONGYA
Universite Catholique du Graben - Licence 2003
  

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I.3. PRÉSENTATION DU CHAMP D'ÉTUDE

I.3.1. Cadre géographique du Nord-Kivu

La province du Nord-Kivu est située au Nord-Est de la République Démocratique du Congo, elle est frontalière au Rwanda au Sud-Est et en Ouganda à l'Est. Dans sa configuration actuelle, sa superficie est de 60.470 km², soit un territoire plus étendu que le Rwanda (26.338 km²) ou le Togo (56.000 km²). La province du Nord-Kivu est découpée en territoires ruraux (Beni, Lubero, Rutshuru, Goma, Walikale et Masisi), seule la ville de Goma existait dans cette province, mais depuis mars 2003, deux autres villes ont été reconnues au Nord-Kivu, je cite : la ville de Butembo et celle de Beni. La première est reconnue par décret n° 042/2003 du 28 mars 2003 portant création d'une ville en R.D.C.

C'est une région montagneuse, volcanique, agropastorale et touristique, aux fortes densités sur les hautes terres (1000 - 2000 habitants par km²) notamment autour de Jomba, Masisi, Butembo, Masereka... ((*)1). 26 % de la superficie du Nord-Kivu sont constitués de parcs et réserves forestières et 11 % représentent des massifs montagneux incultes et des lacs. Cette province est à cheval sur l'Equateur et présente toutes les caractéristiques essentielles d'un climat équatorial. Elle se situe entre les monts Mitumba, Virunga et Rwenzori aux neiges éternelles. L'altitude varie entre 1000 et 5000 mètres et connaît des températures oscillant entre 15 et 24°C((*)2). Sur le plan culturel, son peuplement se rattache à la civilisation bantoue.

Son économie est dominée par les activités spécifiquement agro-pastorales et commerciales en plus des ressources minières très importantes (or, colombotantalite, cassitérite...). Nous y identifions également des réserves pétrolières dans la vallée de la Semliki dans le Graben et du gaz méthane dans le lac Kivu. Elle est une région dont l'intégration réelle au circuit économique national contribuerait sensiblement au développement du pays. C'est donc une région stratégique.

Enfin, du point de vue culturel, cette province comprend quatre grandes aires culturelles traditionnelles : Nande, Hunde, Nyanga et Hutu((*)3).

I.3.2. Le peuplement du Nord-Kivu

Les divers groupes de populations en présence au Nord-Kivu peuvent être distingués suivant plusieurs critères : ethnique, historique ou linguistique. Les ethnies importantes sont : les Hunde au Nord-Ouest du lac Kivu jusqu'au lac Edouard, dans les régions plus basses vivent les Tembo, à l'Ouest des Havu et les Yira ou Nande. Les Hutu de Rutshuru sont culturellement et politiquement rattachés au Rwanda septentrional((*)1). Nous aurons à y réfléchir dans le point suivant. Ce peuplement au Nord-Kivu remonte à une ère plus reculée que l'avaient signalé les auteurs du temps colonial et que ne l'ont repris les écrivains en carence d'esprit de recherche approfondie, tous l'ayant situé au XVI et XVIIe siècles. D'après A. MOELLE, les grandes lignes de migrations se sont faites dans la direction Nord-Est, Sud-Ouest. Les Bahunde et Bayira comprennent outre un fond de descendant d'anciens occupants (Bahera, Habombe, Bakira, Bahambo, Vitu, Batangi et Bamate)((*)2)

MASHAURI KULE T., historien de la nouvelle génération, contredit ces informations. Pour lui, ces peuples susmentionnés n'ont jamais eu à immigrer. Ils ont toujours été là. Par illustration, la région Yira (nande) faisait partie de l'empire de Kitara et leur massif montagneux de Rwenzori s'appelait le Kitara-Kya-Nzururu. A propos des Bahunde, Bashizi tel qu'épinglés par KABUYA LUMUNA affirme, qu'ils occupaient leur région actuelle au IXe siècle de notre ère. On peut ajouter que la légende et la tradition orale hunde fait remonter le récit à des temps immémoriaux, comme en témoigne le récit de MULINGITO du tremblement de terre qui suscita le lac Kivu. Ce que les auteurs ne disent pas, c'est que le royaume de Bunyoro, auquel on rattache les Bahunde et Banyanga, était lui-même une évolution du fameux empire de Kitara. Cet empire dépassait largement en superficie le modeste royaume de Bunyoro. Il en est de même de toutes les autres ethnies du Nord-Kivu. L'existence d'une ressemblance linguistique et de l'organisation politique et culturelle commune aux ethnies autochtones du Nord-Kivu est très éloquente à la matière.

Quant aux Bahutu de Rutshuru qui proviennent du Rwanda, MOELLER dit : «  Les Banyarwanda (Bahutu, Batutsi, Batwa) ne sont cependant pas vraisemblablement les premiers occupants de la région. Nous trouvons, en effet, dans celle-ci au Sud du territoire de Rutshuru un fond de population d'origine Bahunde venu de Mitumba à travers la plaine de laves et des plaines sablonneuses de la Rwindi et des plaines de la Rutshuru. » ((*)3)

Il faut noter que ces Banyarwanda établis au Congo, avant l'ère coloniale, et donc susceptibles de brandir leur nationalité d'origine, ne représente qu'une faible proportion de la population actuelle de ce territoire. En effet, cette partie reçut une forte dose d'immigrants Hutu en provenance du Rwanda entre les années 1914 et 1949, les années 1940 et 1950((*)1). A ce fait, le Commissaire de District GEVAERTS, cité par KABUYA LUMUNA, en parle ainsi en 1947 : « Actuellement le chef NDEZE et les grands notables du Bwisha sont d'accord pour céder des bonnes terres à leurs frères de race. » Quant à la chefferie de Gishari, le gouverneur de la province du Kivu, M. LIESNARD s'interroge et assure : « La création de la chefferie de Gishari a été une erreur politique. »((*)2) Ainsi, SEKIMONYO W.M., dans son explication de la recrudescence de la violence au Nord-Kivu, prouve que : « la lutte pour l'autochtonie et le pouvoir coutumier et moderne a toujours été la source de déchirement entre les ethnies du Nord-Kivu (Hutu, Nande, Tutsi, Hunde...) ((*)3) A ce sujet, Gaspard MUHEME démontre que la compétition inter-ethnique au Nord-Kivu se présente sous quatre éléments :

- Le conflit foncier (la terre)

- La domination politique (l'influence)

- Le pouvoir économique (l'argent)

- Le savoir intellectuel (le management) ((*)4)

De là, on se rendra compte que les guerres au Nord-Kivu découlent en grande partie des mouvements de population entre ses voisins.

* (1) NDAKIT KASEREKA F., Pluralisme politique au Zaïre/Congo et problématique de l'intégration nationale au Nord-Kivu. Mémoire, Lubumbashi, S.P.A., inédit, 1992, p. 57.

* (2) MAFIKIRI TSONGO, Mouvement des populations, accès à la terre et question de la nationalité au Kivu, L'Harmattan, Paris, 1996, p. 197.

* (3) NDAKIT KASEREKA F., op. cit., p. 57.

* (1) Roger MWANAWAVENE, Ethnicité et militarisation au Nord-Kivu, T.F.C., U.C.G., 1998-1999, p. 12.

* (2) Idem

* (3) Mgr KANYAMACHUMBI, Les populations du Kivu et la loi sur la nationalité, vraie et fausse problématique, Ed. select, Avril 1993, p. 92.

* (1) Ibidem.

* (2) KABUYA LUMUNA, La conquête de liberté en Afrique. Essai de sociologie politique, NORAF, Kin., p. 307.

* (3) SEKIMONYO W.M., «Le dialogue inter-congolais du Nord-Kivu s'impose », In La Référence Plus, 13 mars 2000, p. 1.

* (4) G.MUHEME BAGALWA, Ces guerres imposées au Kivu, Bruxelles A. Bruylant, p. 77.

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