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Acteurs et mobiles de la guerre du rassemblement congolais pour la démocratie : une entreprise de prédation au nord kivu (inédit)

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par Paul VYASONGYA
Universite Catholique du Graben - Licence 2003
  

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II.4.2. La mauvaise gouvernance en R.D.C.

L'an 1990 a marqué pour l'Afrique un tournant presque aussi important que l'a été 1960. En effet, les dirigeants africains ont pris des initiatives afin de partager le pouvoir avec d'autres secteurs de la société. Ainsi, dans plus de la moitié des Etats du continent, les réformes politiques ont fait l'objet de débats, tandis que, dans certains pays, on prenait officiellement les nouvelles stratégies de perpétuer son pouvoir au peuple. Partout, les dirigeants ont reconnu que la manière dont ils conduisaient la vie politique avait de l'importance et qu'il y avait place pour les améliorations. Grâce à la réforme de l'héritage structurel de puissances coloniales, ainsi qu'à la mobilisation des masses, on percevait la politique comme un moyen de servir le développement de la nation. Mais cette manière de l'envisager représentait aussi une tentation pour les dirigeants qui voulurent concentrer le pouvoir politique entre leurs mains. Le développement devint une opération commandée d'en haut, et la vie politique se vit de plus en plus confinée entre les mains d'un petit clan. Ce dernier a en quelque sorte kidnappé la vie politique à son seul profit et transformé les questions publiques en affaires privées, faisant de la responsabilité de l'Etat une parodie.

Non seulement les dirigeants politiques perdirent leur légitimité personnelle dans le processus, mais la politique en général en sortit ternie. Dans les années 1986, la plupart des peuples africains qui voyaient toujours, comme au spectacle, leurs dirigeants mettre les privilèges de leurs postes au service de leurs intérêts personnels, avaient fini par adopter un point de vue cynique sur la politique. Ce divorce entre les dirigeants et le peuple est, pensons-nous, des maux économiques et sociaux dont souffre l'Afrique. En bref, la formule politique adoptée au moment de l'indépendance par la majorité des Etats africains « un dirigeant, une idéologie, un parti unique » avait fait son temps.

En R.D.C. (ancien Zaïre), le processus politique enclenché en 1990 a, en effet, fait naître de grandes espérances. Les bouleversements, les remises en cause déjà intervenues sont tels que ceux qui vivent ces moments historiques sont portés à croire que rien ne pourra plus être comme auparavant. Mais la faillite de l'Etat et du régime de Mobutu n'avait pas permis un passage rapide de la dictature à une gestion démocratique participative. Parmi les causes endogènes de cette crise, nous pouvons rejoindre les analyses d'Honoré NGBANDA qui les présente d'abord sur le plan politique par la mise en place d'un système politique qui ne permet le plein exercice des libertés fondamentales des individus ou groupes d'individus, la centralisation du pouvoir entre les mains d'un individu ou d'un groupe d'hommes au détriment des institutions traditionnelles. Le favoritisme, le régionalisme et le tribalisme qui sont source des frustrations, l'insécurité des personnes et de leurs biens dus à la politisation de l'armée. Cette dernière a été au service de la famille politique plutôt qu'au service de la nation et de son peuple. Le clientélisme politique et la maffia politico-économique au sommet de l'Etat, l'égoïsme d'une classe politique en quête permanente de gain et de positionnement, l'impunité des crimes économiques, qui a installé la loi de la jungle.

Ensuite, sur le plan économique et financier : la dislocation du tissu économique national rendant toute planification impossible. Le délabrement de l'infrastructure routière, lacustre et ferroviaire, l'abandon presque total de l'agriculture, l'éducation, la santé, la communication..., le gain facile de l'exploitation artisanale et à tous les niveaux des pierres précieuses, le quasi-arrêt du secteur industriel secondaire et tertiaire à la suite de différents pillages. L'industrie minière réduit à sa plus simple expression à cause de la mauvaise gestion des ressources et du manque d'investissement de réhabilitation et de développement. L'insuffisance du portefeuille de l'Etat rongé et exsangue par des prédations de toutes sortes, l'incompétence, la voracité et la mauvaise gestion des mandataires. Une monnaie nationale qui a perdu tous ses attributs suite au déséquilibre de la balance des paiements et à l'utilisation excessive de la planche à billets. La naissance fatale d'une économie souterraine et informelle qui échappe totalement au contrôle de l'Etat, au profit d'une puissante maffia étrangère en milieux financiers internationaux et des investissements, d'où la faillite de l'Etat congolais((*)1).

II.4.1.1. Une opposition divisée

Lorsqu'on évalue la transition démocratique au Zaïre de Mobutu, on est vite frappé par la durée de celle-ci et par la carence manifeste de stratégies bien réfléchies de la part de l'Opposition. Partout en Afrique où l'on a parlé de processus de démocratisation, on constate que les pays ont soit achevé cette transition, soit que les acteurs ont tracé clairement le chemin à suivre. Par contre, au Zaïre (RDC), les incertitudes demeurent sur fond de désintégration de l'Etat et ces incertitudes vont grandissantes tant que le pouvoir en place bloque et sabote le processus de transition. Si l'on constate l'absence d'un renouvellement des élites politiques déterminées à rompre avec l'ancien système, on est navré de découvrir que celles-ci n'ont pas proposé pendant six ans des alternatives pouvant obliger le Maréchal Mobutu à revoir son diabolique plan du statu quo.

La première observation à prendre en considération est l'inorganisation de l'opposition. Lorsque, dans son discours sur le processus de démocratisation et dans son calcul que nous qualifions de machiavélique, le Maréchal Mobutu a proposé un multipartisme à trois, l'opposition a refusé cette proposition jusqu'à ce que l'idée d'un multipartisme intégral soit acceptée par le Maréchal Mobutu. On a assisté alors à un foisonnement déroutant de partis politiques, près de 400 partis ont été créés en l'espace de quelques mois. Ces partis venaient grossir le rang des opposants traditionnels et en même temps fragilisé l'U.D.P.S.

Avec l'enlisement des travaux de la Conférence Nationale Souveraine, deux familles politiques ont finalement été constituées. D'un côté les partis résistant au changement, groupés derrière le Chef de l'Etat ; de l'autre, les partis résolument engagés dans la voie du changement radical. L'U.D.P.S. qui a mené la lutte pendant près d'une décennie ne s'est pas organisée pour lutter seule contre le régime du Maréchal Mobutu et les partis fantômes qui venaient de se créer. Elle a préféré s'associer aux autres nouveaux partis aux objectifs flous et en acceptant l'idée de l'élargissement de l'opposition. L'U.D.P.S. a commis sa première grosse erreur, car plusieurs autres partis se sont servis d'elle pour revendiquer une parcelle d'autorité et gouverner le pays avec l'étiquette d'opposant. Parmi ces partis, nous citons l'U.FE.RI de NGUNZ KARL I BOND, l'U.D.I. de KENGO WA DONDO et le P.D.S.C. de ILEO SONGO AMBA..., qui, pour reprendre les arènes du pouvoir, ont créé de toute pièce une nouvelle plate-forme U.R.D. dans l'unique but de devancer l'U.D.P.S. de TSHISEKEDI.

Ces partis avaient d'abord adhéré à l'USOR pour des raisons stratégiques. En faisant usage de la ruse, ils ont brisé la cohésion de l'opposition affaibli la position de l'UDPS. Du reste, de très nombreux anciens collaborateurs comptaient parmi les fondateurs des partis créés dans la précipitation, sans fondement idéologique, sans but précis et qui se réclamaient de l'opposition. S'agissait-il d'une stratégie mise en place avec l'accord du Maréchal Mobutu ? Nous pouvons le croire. Etait-il pensable que des personnalités notoires comme MM. KENGO WA DONDO, NSINGA UDJUU, KAMANDA, piliers de l'ancien régime, deviennent des opposants crédibles après la dislocation du M.P.R. accepté comme tels dans les rangs de l'opposition traditionnelle ?

Quand les conflits ont éclaté au sein de l'opposition, l'UDPS n'a fait aucun effort pour rétablir l'ordre et chasser les convertis de dernière heure. Elle a laissé perdurer cette crise jusqu'à ce que l'idée d'une troisième voie soit suggérée. La nomination de M. KENGO qui s'est réclamé de l'opposition a brouillé les cartes, car l'UDPS a cessé dès lors d'être le seul parti de l'opposition pouvant exiger le poste de Premier ministre. Au lieu d'exiger la tenue des élections et de s'engager à les organiser au moment où la déception populaire était encore lisible, l'UDPS s'est contentée de reconnaître le gouvernement KENGO après avoir combattu. Si elle avait réussi à voler seule à la conquête du pouvoir avec tous les atouts accumulés lors de la traversée du désert, c'est puisque la population exprimait une adhésion totale, parfois aveugle, aux idées de ce parti. L'on pense que si elle avait accentué ses efforts, saisissant de cette opportunité, elle aurait mis fin au régime dictatorial. C'est parce qu'elle a trop attendu que l'espoir d'un succès s'est dissipé. Si stratégiquement la création de l'USOR était utile, cette plate-forme a desservi la cause de l'UDPS d'Etienne TSHISEKEDI((*)1). Contrairement à l'Opposition Roumaine contre CEAUSESCU qui n'avait que neuf jours pour mettre en déroute le régime tyran. Sans pour autant vouloir soutenir la solution roumaine, c'est-à-dire la mort du tyran, le cas Russe (URSS) de la lutte de BORIS ELTSINE contre Mikaël GORBATCHEV est éloquent. Suite à la longueur du temps, le leader Maximo du Zaïre finit aujourd'hui par nouer des relations contre nature. D'abord avec le rebelle Jean-Pierre BEMBA avant le dialogue inter-congolais à Sun City, puis avec le Rwanda de Paul KAGAME, enfin, il finira par s'opposer au Dialogue Inter-Congolais en créant un parti avec KATEBE KATOTO et le RCD/Goma qualifié de Parti pour la Sauvegarde du dialogue inter-congolais.

Ainsi, de 1990 à 1996, la transition zaïroise a travers de sérieuses difficultés parmi lesquelles la délicate résolution de la présence des forces rwandaises de l'APR/Interahamwe à l'Est, suite à la faillite de l'Etat.

* (1) Honoré GBANDA KOATUMBA, Ainsi sonne le glas ! Les derniers jours du Mréchal Mobutu, Paris, GUDEPE, 1998, p.

* (1) Fweley DIANGITUKA, Qui gouverne le Zaïre ? La République des copains, Paris, L'Harmattan, 1997, p. 257.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984