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Acteurs et mobiles de la guerre du rassemblement congolais pour la démocratie : une entreprise de prédation au nord kivu (inédit)

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par Paul VYASONGYA
Universite Catholique du Graben - Licence 2003
  

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II.4.1.2. La faillite de l'Etat congolais

L'une des causes de l'insécurité des nations, de la mégestion, des conflits et des guerres dans les pays du Tiers-Monde, c'est la faillite de l'Etat. Au fond, depuis quelques décennies déjà, l'Etat congolais a cessé virtuellement d'exister. Réduit à l'impuissance pour longtemps, il n'est plus capable de protéger le territoire national et d'assurer l'ordre public en son sein. Il devient ainsi une zone de « non-pouvoir » à la fois propice à toutes sorties. Notamment celles des pays voisins qui tirent prétexte de sa faiblesse pour intervenir militairement sur son territoire dans le but, disent-ils, de garantir leur propre sécurité.

Kigali, ayant fait de la présence des réfugiés hutu, une marchandise-conviction de sa présence au Congo, la « communauté internationale » lui a reconnu le droit de poursuite. Cette présence des réfugiés rwandais sur le sol congolais est un problème en soi, mais il devient préoccupant dès le moment où le gouvernement congolais fait preuve d'une incapacité à la gérer convenablement. D'autres pays de la région qui ont accueilli et hébergé des membres des milices hutu du Rwanda, comme la Tanzanie, ont vite résolu cette question. Ces éléments donnent simplement un aperçu du contexte interne au Congo qui a facilité l'exécution de ces interventions. Comme si l'armée et les forces de l'ordre congolaises étaient capables d'assurer l'ordre sur l'ensemble du territoire national et de protéger les frontières du pays. Et si l'action gouvernementale était basée sur un consensus interne et sur une diplomatie efficace, la menace que représentent les ex-FAR/Interahamwe pouvait être maîtrisée. Et l'alibi sécuritaire d'interventions militaires étrangères serait d'office écarté. C'est suite à cette fragilité du régime zaïrois et manipulé par le Rwanda et l'Ouganda que M. L.D.KABILA a bien compris que le pouvoir était dans la rue. Il a finalement décidé de prendre les armes, car c'est l'unique moyen d'accession au pouvoir. Mais jusqu'à nos temps le pays continue à traîner dans des transitions élastiques.

II.4.1.3. Difficile passage de la dictature à la bonne gouvernance

Parmi les facteurs déstabilisateurs de la bonne gestion de l'Etat congolais, bon nombre d'opinions pense que le régime de Mobutu a pu jouer un rôle déterminant dans la crise actuelle du pays. Au départ de la période de transition, le 24 avril 1990, le peuple congolais avait l'espoir d'un re-lancement politique, social et économique. Mais jusqu'aujourd'hui, c'est la frustration et la déception qu'on a ressentie d'année en année. Le discours d'ouverture de la démocratisation du pays par Mobutu concernait la mise en place d'un gouvernement de transition ayant comme objectif : l'exécution d'un programme d'urgence visant à répondre aux attentes de la population dans le domaine économique et social. Mais aucun des gouvernements qui se sont succédé depuis lors n'a répondu à ces attentes. Bien au contraire, ils n'ont fait, l'un après l'autre, qu'aggraver la débâcle du pays de façon sans cesse accélérée. Nombreux observateurs relèvent deux dangers en République Démocratique du Congo : « L'infantilisme de la classe politique »  et le risque d'un « retour au pouvoir dictatorial »((*)1). Après treize ans de transition à la recherche d'un développement des institutions , les échecs de la mauvaise gouvernance apparaissent. Il nous faut aller aux causes des échecs. C'est-à-dire que la transition doit être orientée vers des voies de « développement » qui mènent vers une progression sensible d'un mieux-être pour tous et pour chacun dans le pays.

Au premier rang de la conflictualité, nous pensons aux antagonismes et conflits qui s'étaient identifiés pendant la Conférence Nationale Souveraine. Ses membres iront de dérapage en dérapage, enfonçant chaque jour davantage le pays dans la spirale de la misère la plus sombre et dans la logique infernale de la guerre civile. Et c'est là que se sont opérés la rupture et le désengagement civils par rapport aux forces politiques. La population a en effet compris que si la misère était préparée par les hommes politiques, encore fallait-il qu'elle espère à ses discours. Parlant de la longue crise que traverse le Congo et la misère dont souffre la majorité de sa population, malgré les énormes richesses naturelles du pays, Mac GAFFEY écrivait en 1992 que les salaires sont si bas, comparés aux prix, que personne ne reçoit un traitement qui lui permette de vivre. Le pays est affligé de difficultés de transport et de communication insurmontables, il souffre de l'incapacité d'une administration corrompue, d'une industrie qui travaille bien en deçà de ses capacités et supporte une énorme dette extérieure((*)2). Voilà l'émergence d'une société à double visage, mieux à double « gouvernance », politique et civile évoluant chacune dans sa direction et selon ses règles propres. Voici en réalité l'apparition d'une société en rupture avec son cadre dirigeant et fonctionnel, donnant l'image d'un Etat comportant les trois composantes classiquement exigées par le droit international, à savoir un territoire, un gouvernement et une population, mais entre lesquelles les liens fonctionnels s'avèrent désarticulés. Tous les secteurs de développement de la République Démocratique du Congo se sont traduits à une désarticulation généralisée, le secteur de transport, de l'éducation, de la santé, de production des biens et des services. Même le secteur administratif n'avait pas échappé à la mégestion. En fait, les fonctionnaires ont développé différents mécanismes de privatisation de l'Administration publique, faisant ainsi fonctionner l'appareil administratif dans l'informel. De Mobutu à Joseph Kabila, cette pratique reste monnaie courante dans le secteur administratif.

Bien plus, le secteur judiciaire est à son tour victime de la mauvaise gestion. Pour faire face aux carences de la justice formelle, on voit se développer dans le pays plusieurs formes de justices parallèles. Elles appliquent des lois favorisant certains groupes d'intérêts et opérant une discrimination à l'encontre des intérêts de la majorité. Ainsi, les citoyens congolais résistent effectivement à un Etat qui n'a jamais su se faire l'expression de leur volonté ni satisfaire leurs besoins et ils construisent à leur usage une société qui répond à ces exigences.

Il y a également l'émergence d'une culture maffieuse, au sommet de l'Etat. Les ministres, les militaires et autres fonctionnaires se sont investis dans le commerce illicite. Des billets de banque sont imprimés et importés dans le pays, des munitions militaires vendues, de biens de l'Etat appropriés aux individus membres du gouvernement. Tout ceci confirme l'effondrement de l'Etat congolais depuis le lancement de la période transitoire complètement déresponsabilisée, oubliée par rapport à sa mission fondamentale du passage vers la démocratie. Examinons comment cette trajectoire a pu s'affronter à des multiples contentieux politiques de positionnement.

La période de 1990 à nos jours se caractérise par une lutte pour un Etat démocratique, elle a connu trois chefs d'Etat sans pour autant susciter des résultats positifs.

D'abord, le président MOBUTU n'avait pas voulu se dépouiller d'une partie de son pouvoir comme souhaitait la Conférence Nationale Souveraine ; puis L.D.KABILA (de mai 1997 à janvier 2001) qui n'avait pas ouvert l'espace politique à une démocratisation intégrale. Enfin, Joseph KABILA coopté par l'entourage de son feu père. Ce dernier suscite quelques espoirs malgré la présence de multiples tendances idéologiques rebelles dans cette transition à quatre présidences (pour le gouvernement représenté par ABDULAYE YERODI, pour le R.C.D. AZARIAS RUBERWA, pour le M.L.C. J.P. BEMBA et pour la Société Civile Z'AHIDI NGOMA).

* (1) XXX, R.D.C. : Dix ans de transition à la recherche du progrès, In Congo-Afrique, n° 344, Avril 2000, p. 195.

* (2) J. Mac GAFFEY, Initiatives de la base : l'autre cheminement social du Zaïre et la restructuration économique, In Gouverner l'Afrique, Vers un partage des rôles, Paris, Ed. Nouveaux Horizons, 1992, N° 11, p. 345.

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