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Acteurs et mobiles de la guerre du rassemblement congolais pour la démocratie : une entreprise de prédation au nord kivu (inédit)

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par Paul VYASONGYA
Universite Catholique du Graben - Licence 2003
  

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Chapitre troisième :

MOBILES D'EXPLOITATION DES RESSOURCES DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO.

L'histoire de la République Démocratique du Congo n'est que la longue suite de déprédations dont ses richesses naturelles et son capital humain ont fait l'objet, quels qu'aient été le régime ou le gouvernement en place. Depuis l'expropriation du bassin du Congo par le Roi Belge Léopold II, avec son système de « caoutchouc rouge », passant par le régime maffieux de Mobutu, aujourd'hui le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi ont exploité illégalement les richesses de la République Démocratique du Congo. Cette exploitation, le plus souvent appuyée par la force brutale, avait pour but l'enrichissement égoïste des Etats et des individus. Alors que les précieuses ressources du pays étaient pillées ou allaient à vau-l'eau, une économie informelle faite de troc, de contrebandes et de trafic de matières premières, s'est mise à prospérer jusqu'à devenir l'unique moyen de subsistance de la plus grade partie de la population. Cette économie a renforcé les liens ethniques et classiques et les structures coloniales entre les provinces et surtout au Nord-Kivu et les Etats voisins. Parmi ces Etats, nous citerons le Rwanda, l'Ouganda qui ont axé ce pillage dans les formes de confiscation, d'exploitation directe, monopole forcé et fixation des prix. Quant aux études internes, les factions : RCD/Goma, RCD/M.L.-Kisangani et Mayi-Mayi seront également mis en exergue dans ce pillage. La confiscation et l'exploitation directe des richesses y a atteint des proportions telles que la guerre en R.D.C. est devenue une « affaire » très lucrative. Avant de décortiquer les différentes exploitations illégales et leurs modalités, il importe d'examiner les structures préexistantes qui ont facilité le processus.

III.1. MOBILES D'EXPLOITATION EXTERNE

Au niveau externe, à part le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi, il est évident que plusieurs acteurs sont devenus prépondérants. Le seul véritable enjeu est celui du pillage des ressources congolaises en tenant compte de la manipulation des acteurs internes. Dans cette section, nous allons esquisser brièvement le contexte externe de l'exploitation des richesses de la R.D.Congo, car une année déjà après le déclenchement de cette guerre, le profit prédominait à la quête de bonne gouvernance. Parmi les acteurs déterminants, les pays agresseurs ont été les meilleurs médiateurs dans le trafic des minerais et autres ressources précieuses. Examinons en premier lieu le rôle du président rwandais Paul KAGAME.

III.1.1. Le Président Rwandais Paul KAGAME

Bien que sa position dans l'appareil d'Etat par rapport à l'exploitation des ressources naturelles de la R.D.C. et à la poursuite de la guerre ait évolué, son rôle est resté décisif. Ce rôle se situe sur trois plancs : le plan de ses relations avec les milieux d'affaires rwandais actifs en R.D.C., le plan du contrôle qu'il exerce sur l'armée et le plan des structures impliquées dans les activités illégales. Selon les experts Onusiens, le président KAGAME entretient des rapports étroits avec les hommes d'affaires rwandais de premier plan. Ainsi, par exemple, il entretient de bonnes relations avec le propriétaire de JAMBO SAFARI, M. Modeste MAKABUSA. Il est également proche d'Alfred KHALISSA, fondateur de la banque de commerce, de développement et d'industrie (B.C.D.I.) et ancien directeur de la banque de commerce et de développement (B.C.D.). Les mêmes sources ont déclaré aux experts que le président KAGAME est très proche de Tibère RUJIKIRO, dont le généreux appui financier au Front Patriotique Rwandais pendant la guerre de 1990-1994 est bien connu. M. RUJIGIRO est actionnaire de la Tristar Investment Company en entretien des rapports très étroits avec le F.P.R. Ce proche collaborateur du président KAGAME entretient lui-même des relations d'affaires avec Faustin MBUNDU, connu pour ses activités de marchand d'armes. Tous ces hommes d'affaires présentent une caractéristique commune : ils sont directement impliqués dans l'exploitation des ressources naturelles dans les zones sous contrôle rwandais. Chacun de ces hommes a, à un moment ou un autre, bénéficié des avantages du président sur les territoires congolais sous son contrôle.

Les experts de l'ONU prouvent qu'en septembre 1998, lors d'une réunion avec les représentants du R.C.D. et les officiers supérieurs de l'A.P.R., le président KAGAME, alors vice-président, avait informé les participants de la nécessité de lever des fonds à la hauteur de 50 millions de dollars des Etats-Unis pour atteindre Kinshasa en deux mois((*)1). Enfin, lorsqu'il a été confronté à la question de l'implication de l'Armée Patriotique Rwandaise dans l'exploitation des richesses de la R.D.C., le président KAGAME a déclaré, dans une interview à la Radio B.B.C., que certains citoyens rwandais exerçaient à titre privé des activités commerciales en R.D.C. Et ensuite il confirmait que la guerre en R.D.C. se finançait elle-même. Pris ensemble, tous ces éléments révèlent le degré auquel le président a connaissance de la situation, son approbation implicite de la poursuite de l'exploitation illégale des ressources naturelles du Congo et, d'une certaine façon, sa complicité ainsi que sa responsabilité politique et morale.

III.1.1.1. Stratégies de financement de la guerre par le Rwanda

L'armée rwandaise a bénéficié stratégiquement dans la guerre en R.D.Congo, car elle utilise cinq façons :

- la participation directe à des activités commerciales ;

- les ressources qu'elle tire des parts qu'elle détient dans certaines sociétés ;

- le paiement effectué directement par le RCD/Goma ;

- les impôts collectés par le « Bureau Congo » ;

- les prélèvements directement opérés par l'armée sur le pays((*)1)

Depuis 1998, le département des relations extérieures a reçu par l'intermédiaire de « Bureau Congo » des sommes non négligeables de divers comptoirs. Plusieurs comptoirs de diamants étaient en activité à Goma et ses environs. D'après nos enquêtes, les taxes sont payées directement au Bureau Congo en moyenne, un comptoir qui a un chiffre d'affaire de 4 millions de dollars des Etats-Unis par mois verse 200.000 dollars par mois au Bureau Congo((*)2). Tout diamantaire en action dans la partie R.C.D./Goma doit verser 5 % de la valeur de l'achat au « Bureau Congo » avant la transaction((*)3). En outre, l'armée rwandaise participe directement à des activités commerciales. Elle contrôle une part importante de l'extraction et de la vente de coltan par l'intermédiaire des sociétés Rwanda Métals et Grands Lacs Métals. L'essentiel des produits miniers extraits par des civils et des prisonniers sont vendus à des intermédiaires.

Les responsables locaux de l'armée rwandaise récupéraient le coltan et l'expédiaient dans des installations détenues par le gouvernement. Une bonne partie est expédiée à la Société Rwanda Métals et Grands Lacs Métals, contactent directement ou par l'intermédiaire du Bureau Congo, les clients : certaines des lettres adressées à des clients potentiels en Europe et aux Etats-Unis sont signées DAN, c'est-à-dire par le Directeur du Bureau Congo.

Les cours du coltan ont sensiblement augmenté entre fin 1999 et fin 2000. Période pendant laquelle l'offre était en baisse et la demande en hausse, et s'établiraient selon les estimations d'un spécialiste de l'ONU, l'armée rwandaise exporterait au moins 100 tonnes par mois par l'intermédiaire de Rwanda Métals((*)4). Pour le groupe d'experts, elle pourrait avoir obtenu 20 millions de dollars américains par mois simplement en vendant le coltan qu'en moyenne les intermédiaires paient environ 10 dollars par kilo aux petits négociants. D'après les experts et les négociants, si l'on se fonde sur les estimations les plus élevées en ce qui concerne les coûts (achat et transport du minerai), l'armée rwandaise a retiré au minimum 250 millions de dollars sur une période de 18 mois((*)1). Ce qui est suffisant pour financer les opérations militaires. Le coltan a permis à l'armée rwandaise de financer sa présence en R.D.C. et donc d'assurer la protection et la sécurité des individus et des sociétés qui extraient le coltan. Ces derniers en ont retiré un bénéfice qu'ils partagent avec l'armée qui, à son tour, continue de maintenir un environnement favorable à la poursuite de l'extraction du minerai. Les transactions financières entre banques rwandaises (BCDI et SONEX), les fournisseurs de l'armée et les organismes du RCD/Goma constituent un autre exemple de la façon dont le Rwanda finance la guerre.

La SONEX a été fondée en mars 1999 à Kigali. Elle appartient au RCD/Goma et est dirigée par M. Emmanuel KAMANZI, ancien responsable des finances du RCD/Goma. Il s'agit principalement du « bras » commercial et financier du RCD, par lequel transitent la plupart des affaires commerciales et financières. Elle a été fermée à la fin 2000, mais elle a eu suffisamment de temps pour installer un mécanisme de transfert de ressources du RCD vers Kigali. D'après les experts Onusiens, la BCDI a accordé à la SONEX à la mi-1999 un prêt de 1 million de dollars des Etats-Unis pour payer la facture de comestibles due à la société JAMBO SAFARI((*)2). La SONEX devait rembourser ce prêt avec l'argent provenant de la vente de coltan et de cassitérite. En février 2000, elle avait déjà remboursé entre 200 et 300 mille dollars. Le prêt accordé par la BCDI semble faire partie du mécanisme financier qui permet de transférer l'argent à Kigali, argent sur lequel certains membres du RCD prélèvent une part substantielle.

La même année, la SONEX a déposé une nouvelle demande de crédit, d'un montant de 10 millions de dollars américains, auprès de la BCDI à Kigali qui lui accorde un prêt de 5 millions. D'après l'un de ceux qui ont participé à cette transaction, ces 5 millions n'ont pas été en fait versés à la SONEX mais à la Citibank de New York avec ordre de payer les fournisseurs du RCD. Cette transaction financière est suspecte à de nombreux égards.

Tout d'abord, le Front Patriotique Rwandais est actionnaire de la BCDI par l'intermédiaire de la société Tristar. Ensuite, les fournisseurs du RCD sont essentiellement des sociétés rwandaises et les propriétaires sont proches de l'armée patriotique. Troisièmement, la transaction avec la SONEX est assurée par le commandant DAN, du « Bureau Congo », membre par alliance de la famille de M. KAMANZI, Directeur du département Finance et cerveau de l'ensemble de l'opération. Les prêts de la BCDI à la SONEX pourraient être des opérations soigneusement conçues, destinées à transférer de l'argent de la BCDI à l'armée rwandaise et à payer les fournisseurs de l'armée rwandaise par l'intermédiaire de la SONEX. Ce qui constitue un moyen parmi d'autres de financer la guerre sans utiliser le budget officiel. D'après nos enquêtes, environ 700.000 dollars ont déjà été remboursés par le R.C.D. Un document du RCD/Goma décrit en détail comment ces remboursements devraient être effectués avec l'argent retiré de la vente de coltan. Par ailleurs, une partie du million de dollars que Madame GULAMALI verse chaque mois au RCD en contrepartie du monopole sur le coltan pouvait également servir à rembourser le prêt à la BCDI.

* (1) Rapport du PANEL sur le pillage des ressources naturelles de la R.D.C., p. 40.

* (1) Rapport du Groupe d'experts mandatés par l'ONU pour enquêter sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la R.D.C.

* (2) Idem

* (3) Idem.

* (4) Idem.

* (1) F. MISSER et Olivier VALLEE, Du Scandale Zaïrois au Congo Démocratique, In Cahiers Africains, n° 45-46, Paris, L'Harmattan, 2001, p. 36.

* (2) F. MISSER et Olivier VALLEE, op. cit.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus