Acteurs et mobiles de la guerre du rassemblement congolais pour la démocratie : une entreprise de prédation au nord kivu (inédit)( Télécharger le fichier original )par Paul VYASONGYA Universite Catholique du Graben - Licence 2003 |
III1.1.2. Relation entre exploitation des ressources naturelles et Front non-officielLes dispositifs militaires de la guerre du RCD au Nord-Kivu présentent une faible intensité, et que les armées ne sont as face à face chaque jour, surtout que les batailles rangées et autres hostilités graves sont rares. Dans cette partie du pays, la guerre se déroule à trois niveaux : - D'abord, les rebelles du R.C.D. et leurs alliés contre les forces gouvernementales (2 août 1998-20 août 1998) ; - Ensuite les rebelles du R.C.D. et leurs alliés contre les Mayi-Mayi (d'une façon permanente) ; - Enfin, les rebelles du R.C.D./Goma et leurs alliés rwandais contre les rebelles du R.C.D./M.L.-Kisangani et leurs alliés ougandais. Aux origines de cette guerre du R.C.D. dite de rectification contre la dictature de Laurent Désiré KABILA, les acteurs du R.C.D. décriaient le clientélisme, népotisme et régionalisme du régime du vieux maquisard. Mais, ironie de l'histoire est venue se greffer la guerre ouverte entre alliés rwandais et ougandais suite au butin de la guerre et quête de leadership dans la région des Grands Lacs. En effet, cette guerre en RDC se poursuivra ainsi sur deux fronts : le front officiel et le front non-officiel. Le premier est celui d'une guerre classique mettant aux prises deux armées ou plus. Ce front va de Pweto à Mbandaka, selon une ligne irrégulière passant par diverses localités. Le front non-officiel est concentré à l'intérieur de zones contrôlées par les rebelles et leurs alliés ougandais et rwandais. L'analyse des batailles rangées et des accrochages recensés dans le milieu de 1999 et 2000, montre que : Dans l'ensemble, le nombre de batailles rangées comportant l'engagement d'une armée sur le front officiel est inférieur à celui des accrochages qui ont été de l'ordre de 96 entre 1999 et 2001((*)1). Le nombre de batailles rangées diminue au fil des ans. Au premier trimestre 2001, on n'en signale que huit le long de la ligne de front officiel. D'autres batailles importantes ont eu lieu dans les zones d'importance économique évidente. Au voisinage des gisements des minerais du Katanga et de la zone diamantifère de Mbuji-Mayi. Les spécialistes militaires estiment que l'objectif des Rwandais est de s'emparer des zones minières pour priver le gouvernement congolais de moyens de financement pour son effort de guerre. Ainsi, le désir de contrôler les ressources naturelles et leur exploitation expliquent la persistance de la guerre en R.D.C. Le nombre des accrochages entre les Mayi-Mayi et les forces rebelles a augmenté entre 1998 et décembre 2002. Au Nord-Kivu, on signale 177 combats((*)2). La zone des hostilités est généralement située près des gisements de colombotantalite et des zones aurifères. Cependant, on peut croire que la plupart des accrochages entre soldats rebelles et leurs alliés contre les Mayi-Mayi ont eu lieu dans de « ceinture des affaires ». Butembo et ses environs ont été également une zone « rouge » suite aux affrontements réguliers entre Mayi-Mayi et forces rebelles. Enfin, ayant subdivisé la province du Nord-Kivu en deux influences, d'une part, le RCD/Goma et ses alliés rwandais et, de l'autre, le RCD/ML-Kisangani et ses alliés ougandais, Kanyabayonga sera la frontière artificielle. Cette subdivision sera reconnue dans les accords de LUSAKA et le sous-plan de Luanda entre les deux factions rebelles. En effet, en juin 2003, cette frontière sera violée par le R.C.D./Goma suite aux intérêts économiques dont regorgent les territoires de Beni-Lubero, la poule aux oeufs d'or Pour les rebelles. Si le M.L.C. de Jean-Pierre BEMBA avait échoué d'assiéger ces deux territoires en décembre 2002, par l'opération « Effacer le tableau » conduite par le commandant DIDI WIDI MBUILU MASAMBA alias RAMSES VIII le Roi des Imbéciles, le R.C.D./Goma n'y parviendra pas après les accords de Bujumbura et de Beni. L'opération « Effacer le tableau » avait pratiqué les pillages, viols, massacres, cannibalisme et anthropophagie en Ituri en janvier 2003. Par contre les attaques du RCD/Goma contre le RCD/ML avaient conduit à un pillage systématique des bovins du territoire de Lubero. Voici un tableau explicite de ce pillage pratiqué par les militaires du RCD/Goma sous la conduite du Gouverneur de province du Nord-Kivu, Eugène SERUFULI. Tableau n° 8 : Pillage des bovins au Nord-Kivu par les militaires du R.C.D./Goma en juin-juillet 2003.
Source : Bureau ACOGENOKI, Butembo. Observation : Les moutons, les chèvres et d'autre matériels ne sont pas enregistrés. Dans ces données nous avons eu des témoignages de chargement du bétail par camion, du Sud du territoire de Lubero vers Goma ; d'autres traversent directement Luofu, Miriki pour attendre Masisi. Les camions sont chargés en présence du commandant de brigade chargé des opérations du RCD/Goma basé à KASEGHE. * (1) Nations-Unies, Conseil de Sécurité, Rapport du Groupe d'experts sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la R.D.C., Document S/2001/357, 12 avril 2001. * (2) Nations-Unies, Conseil de Sécurité, op. cit. |
|