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Acteurs et mobiles de la guerre du rassemblement congolais pour la démocratie : une entreprise de prédation au nord kivu (inédit)

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par Paul VYASONGYA
Universite Catholique du Graben - Licence 2003
  

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III.1.2. L'Ouganda de YOWERI MUSEVENI

Contrairement au Rwanda, l'Ouganda n'a pas mis en place de système extraordinaire pour financer sa présence en R.D.C. Il utilise le budget ordinaire de la défense, et le déficit est dans une large mesure comblée par le trésor. L'économie ougandaise a cependant bénéficié du conflit sous forme d'un développement des exportations qui, par contrecoup, a entraîné un surplus de recettes pour le trésor et a permis d'accroître le budget de la défense.

Les réexportations concernent les ressources naturelles importées de la R.D.Congo, reconditionnées ou étiquetées en tant que ressources naturelles ou produits ougandais et réexportés. C'est le cas d'une partie de l'or, des diamants, du coltan et du café, exportés par le pays. Ces réexportations ont très fortement contribué au financement de la guerre et ce, de trois façons :

Elles ont permis à certains hommes d'affaires, commerçants et négociants importants, d'accroître leurs revenus. Dans le secteur du café, les négociants de Kampala ont ainsi retiré un gain substantiel. D'après un expert du secteur qui vit en Ouganda, les exportateurs utilisent une astuce. Comme le café arabica produit au Bujumbura est de meilleure qualité que celui produit au Nord-Kivu (territoire de Beni), la différence de prix entre les deux pouvant, dans certains cas, atteindre un tiers. Les négociants y incorporent du café importé du Congo et le vendent comme du café meilleur. Ce qui leur permet d'obtenir un prix plus élevé. Beaucoup de négociants disent qu'ils profitent même doublement. Ils achètent du café en monnaie de singe en R.D.C., souvent avec des faux dollars US, le mélangent au café ougandais et le réexportent en tant que robusta ougandais, qui est de meilleure qualité que le Robusta congolais.

Deuxièmement, l'exploitation illégale de l'or en R.D.C. s'est traduite par une amélioration sensible de la balance des paiements ougandaise. Cette pratique a renforcé la confiance des donateurs multilatéraux et, en particulier, du FMI (qui s'intéresse davantage à la situation du Trésor) dans l'économie du pays.

Troisièmement, elle a permis d'accroître les recettes du Trésor sous forme des taxes sur les biens, les services et le commerce international. D'ailleurs, les statistiques du FMI concernant la situation budgétaire de l'Ouganda confirment cette évolution positive sur les trois dernières années. Une analyse détaillée de la structure et de l'évolution des opérations budgétaires montre que certains secteurs se sont mieux comportés que d'autres et qu'il s'agit pour l'essentiel de secteurs liés à l'agriculture et à la sylviculture en R.D.C. L'Ouganda applique des droits de douane sur les importations des grumes, de bois de sciage ou de planches, y compris lorsqu'elles sont destinées à être exportées vers le Kenya ou hors d'Afrique.

D'après les chiffres communiqués par l'OFIDA/Nord-Kivu, plus ou moins 1800 camions chargés des grumes, de bois d'oeuvre, de café, d'écorces médicales, de cassitérite, de thé sont entrés en Ouganda entre 1998 et 2003, soit une moyenne de 300 camions par an, tous enregistrés par les fonctionnaires des douanes de Kasindi, Bunagana et Ishasha((*)1)

Un autre système de pillage des ressources consiste à acheter des fournitures militaires à crédit. L'armée ougandaise s'est ainsi procuré des engins (buldozers), essences auprès de plusieurs sociétés privées, la dette qui en résulte étant considérée comme endettement congolais. Il y a également des « primes » qui sont des rackets autorisés et exercés par les soldats auprès de la population ou leur participation à des petites entreprises.

La situation en Ouganda peut être résumée de la façon suivante : les exportations se sont traduites par un accroissement des recettes fiscales et donc une augmentation des liquidités du Trésor. Les entreprises dirigées par des Ougandais qui ont bénéficié du complot conflictuel dans une certaine mesure au développement de l'activité économique dans des secteurs tels que l'industrie extractive (or et diamant). La croissance de ces secteurs s'est répercutée sur l'ensemble de l'économie, de sorte que, le PIB de l'Ouganda a augmenté en 1998, s'est à peu près maintenu au même niveau en 1999((*)2) Cette vigueur apparente à l'économie ougandaise a contribué à donner davantage confiance aux investisseurs ainsi qu'aux donateurs bilatéraux et multilatéraux, car ceux-ci ont maintenu leurs coopérations et leurs assistances en Ouganda.

Notons également que la famille du président MUSEVENI a, elle aussi, été très engagée dans des activités commerciales dans les zones occupées par l'Ouganda en R.D.C. Le général Salim SALEH et sa femme sont actionnaires des sociétés VICTORIA et TRINITY. Ils ont mené leurs activités avec assurance et sans entrave lorsque le président reçoit des informations et qu'il ne décide de ne pas y faire suite. Lorsqu'il nomme à des postes des individus qui exercent des activités criminelles en toute impunité, il devient plus qu'évident que le président s'est mis en situation de complicité;

III.1.2.1. Monopole et fixation de prix comme stratégie ougandaise

Les Ougandais se sont, non seulement livrés au pillage et à l'extraction des ressources, mais ils ont aussi exploité illégalement le système commercial. Dans certains cas, ils ont contraint les entreprises locales et certaines entreprises étrangères à fermer. Les méthodes utilisées variaient, allant du pillage au harcèlement des propriétaires. L'objectif final était d'obtenir le contrôle sans précédent de l'économie dans les régions Est du Congo. On remarquera que les biens de consommation qui sont sur terrain sont ougandais ou rwandais les cas spécifiques des produits manufacturés, de la bière ougandaise ont sérieusement concurrencé le marché congolais. N'est-il pas étonnant de voir le produit Coca-Cola ougandais venir déséquilibrer le champ d'action des produits congolais.

Les forces ougandaises et leurs alliés congolais exploitent également les cultivateurs locaux, auxquels ils imposaient des prix et des conditions de vente. Dans un cas, le café de Beni-Butembo s'achète à un prix dérisoire imposé par l'Ouganda et même l'huile de palme et les bananes sont achetées selon la volonté des Ougandais. Les vendeurs nous expliquent comment le café, le bois et l'huile de palme, pour obtenir vite le fonds, il faut accepter de vendre en shillings ougandais ; soit à des billets de 20 et 50 francs congolais piratés en Ouganda. Cette méthode n'a fait qu'enrichir les opérateurs ougandais dont ils usent pour s'accaparer des ressources naturelles. Selon les experts, le groupe Victoria, dont Salim SALEH est l'actionnaire principal, aurait participé à la fabrication de fausse monnaie congolaise. Ces billets servent à acheter les produits de cultures commerciales, principalement du café.

Cependant, l'exploitation illégale des ressources naturelles dépasse le cadre des ressources minérales et agricoles. Elle se poursuit aussi activement en ce qui concerne les transactions financières : les taxes, et les recours à une main-d'oeuvre bon marché.

Les banques et compagnies aériennes et d'assurances locales opérant à Goma, Butembo et Beni traitent directement avec Kigali ou Kampala. Un système de recouvrement des impôts, appliqué dans certains cas (pré-compte BIC) a été mis en place par les autorités rebelles en collaboration avec les Ougandais. D'après les rebelles, ces impôts servent à financer ou appuyer l'effort de guerre. En fait, une partie des fonds collectés est expédiée à Kampala en ce qui concerne le RCD/ML-Kisangani, passant par le commandant secteur de l'U.P.D.F., M. BURUNDI qui exigeait des paiements directs. Dans cette stratégie, les Ougandais utilisaient la montée des conflits de leadership entre les acteurs rebelles surtout dans le RCD/ML-Kisangani. Dans la gestion de cette faction, on ne savait pas identifier le véritable président entre Wamba dia Wamba, Mbusa Nyamwisi, Tibasima ou soit l'Ouganda. L'un était utilisé contre l'autre au nom de l'exploitation des ressources1(*).

* (1) Entretien avec Monsieur SAFARI, agent de l'OFIDA/Kasindi, Juin 2003, Agé de 32 ans.

* (2) Rapport du PANEL, op. cit., p. 32.

* 1 Nicaise KIBELBEL OKA, Qui dirige le RCD/ML ? : Wamba, Mbusa, Tibasima ou l'Ouganda ? In Les Coulisses, n° 85, Novembre 2000,p. 13.

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