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Acteurs et mobiles de la guerre du rassemblement congolais pour la démocratie : une entreprise de prédation au nord kivu (inédit)

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par Paul VYASONGYA
Universite Catholique du Graben - Licence 2003
  

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III.2. MOBILES D'EXPLOITATION INTERNE

Au niveau interne, plusieurs mobiles d'exploitations ont été mis en place par des acteurs des factions rebelles présentes au Nord-Kivu. Des contrats léonins ont été signés, des taxes ayant caractère de détournement ont été créées et tant d'autres stratégies permettant l'enrichissement des individus. Selon le Major BURUNDI, commandant secteur UPDF basé à Beni, les armes saisies aux forces armées congolaises étaient généralement données au M.L.C. et au R.C.D./M.L.((*)2) Ce qui justifie que ces mouvements rebelles dépendaient totalement de l'Ouganda. Analysons le cas du régime Kabila et l'A.F.D.L.

III.2.1. Le régime L.D. KABILA et l'A.F.D.L.

Depuis la chute du régime Mobutu, la R.D.Congo a « accueilli » des multiples forces étrangères (entreprises, militaires...). Les rebelles de l'A.F.D.L. appuyées par des militaires rwandais, ougandais et angolais se sont emparés des régions Est du pays. Au fur et à mesure de leur progression, L.D.KABILA avait signé des contrats avec un certain nombre de sociétés étrangères. De nombreux récits et documents indiquent que, dès 1997, une première vague de « nouveaux hommes d'affaires » parlant uniquement l'Anglais, le Kinyarwanda et le Kiswahili était déjà active dans l'Est de la R.D.C.((*)3) C'est alors qu'on a commencé à signaler des trafics fréquents des ressources naturelles. Au moment où éclate la guerre d'août 1998, Ougandais et Rwandais (officiers supérieurs et leurs associés) se rendaient parfaitement compte du potentiel des ressources naturelles que regorgeait l'Est du pays et savaient où les trouver. Ainsi, les forces ougandaises ont joué un rôle déterminant dans la conquête des régions de Butembo et Beni lors de la première guerre((*)1).

Pendant les deux guerres (A.F.D.L. et R.C.D.), la population de cette région a été dépouillée de tous ses stocks : stocks de minerais, de produits agricoles et forestiers et de bétails. Quelle que soit la nationalité du pilleur, le processus était le même : des troupes burundaises, ougandaises, rwandaises, les Mayi-Mayi et/ou les soldats du R.C.D. visitaient les fermes, usines et banques, se faisaient ouvrir portes et coffres par la direction. Ordre était ensuite donné aux soldas de charger des produits, des biens sur les véhicules de l'armée.

III.2.2. Le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (R.C.D./ Goma)

Ce mouvement rebelle a mis en place un système budgétaire principalement basé sur le secteur extractif. En se fondant sur les statistiques officielles du RCD/Goma, selon les enquêtes des experts, l'on déduit que la production d'or dans les zones contrôlées par le RCD/Goma s'est établie en moyenne à 60 kilos par mois soit 720 kilos par an en 1999 et à 100 kilos par mois en 2000((*)2).

En ce qui concerne le coltan, la production s'est élevée à 27 tonnes par mois en 1999 et à 29 tonnes par mois en 2000. Etant donné le nombre de comptoirs (19 pour le coltan), aux experts ouvriers d'en déduire que les recettes fiscales collectées par le RCD/Goma sont relativement importantes. Il est toutefois difficile d'en donner une estimation suite au système informel. Les informations tirées des documents et des individus donnent à penser qu'en plus des impôts prélevés et des revenus que lui procurent les parts qu'il détient dans la Société Minière des Grands Lacs (SOMIGL), le RCD/Goma perçoit un million de dollars américains par mois de la SOMIGL en échange du monopole de l'exploitation de coltan((*)3). La majorité des informations tirées des documents et des individus en ce qui concerne le RCD/Goma montrent clairement que ces rebelles et d'autres commerçants ont pillé les ressources de la R.D.C. Or, diamant et bois,... passent par Dar Es-Salaam pour faciliter la vente et leur donner une apparence de légitimité. Ils utilisent divers documents destinés à en cacher les propriétaires véritables. Par exemple, dans le cas de l'or et de diamant qu'ils vendent sur le marché international par l'intermédiaire de son réseau financier et logistique, il utilise des formulaires d'exploitation officiels congolais qui, d'après les timbres et des signatures auraient été délivrés à Kinshasa et à Lubumbashi. Ses représentants à Dar Es-Salaam coordonnent la réception, la réexpédition et la vente de l'or et des diamants. Les convois d'or transitent par l'intermédiaire de l'aéroport de DarEs-Salaam en direction de Sri Lanka ou d'autres régions du monde. Le diamant est déposé à la banque de Tanzanie avant d'être réexpédié vers la Belgique, les Pays-Bas et l'Afrique du Sud. L'or et le diamant sont vendus soit échangés contre les armes et des médicaments, soutien logistique en vue de la pérennisation des hostilités. Le bois provenant de la RDC est expédié par bateau depuis Dar Es-Salaam vers la Grèce et la Belgique. En ce qui concerne les exportations à destination de la Grèce, les opérations sont en partie arrangées par une entreprise d'import-export de Goma. Les expéditions d'or, de diamant et de bois sont également organisées en coopération avec une société probablement créée pour faciliter les opérations financières et logistiques du RCD/Goma. Il importe de noter que les activités susmentionnées sont menées par le RCD/Goma et qu'il ne s'agit pas des opérations effectuées par le gouvernement rwandais via Kigali. Pour Théodore MUGALU, Ambassadeur du Congo en Tanzanie, la R.D.C. est victime des agressions qui reposent sur la trilogie de la convoitise, du mercenariat et du collabo((*)1).

Enfin, le RCD/Goma est en mesure d'avoir accès à des moyens financiers pour acheter le matériel léger dont il a besoin et dispose à cet effet de propres réseaux et des contacts nécessaires. Cette autonomie croissante s'est concrétisée récemment par le fait que le RCD/Goma a demandé à ce que les sommes versées par les diamantaires au Bureau Congo soient réparties également entre Bureau Congo et lui-même. Au fur et à mesure que les groupes rebelles devront se procurer eux-mêmes leurs armes, ils devront trouver des ressources financières supplémentaires et par conséquent les affrontements pour le contrôle des zones riches. Cette situation crée ainsi un cercle vicieux liant intimement la poursuite de la guerre et l'exploitation des ressources naturelles par les rebelles.

III.2.2.1.Le pillage du coltan par le R.C.D./Goma

Le colombotantalite a été un des enjeux majeurs dans le pillage des ressources au Nord-Kivu : on trouve ce rare minerai à Punia, Kalima, Lugushwa et tout récemment à Masisi, Walikale et Kalehe. Dans la zone sous contrôle du RCD/ML-Kisangani, Lubero, Manguredjipa et Muhangi regorgent du coltan de très bonne qualité (parfois jusqu'à 40% de teneur en tantale). Selon l'arrêté départemental n° 008/RCD/DTME/2001 du 15 janvier 2001, la qualité de négociant s'obtient par l'achat d'une carte du négociant coûtant 50 dollars américains et valable pour 12 mois((*)1). Avant novembre 2000, cette carte coûtait 50 $US mais, dès janvier, elle coûte 1000 dollars américains. La vente du coltan aux comptoirs se fait après une analyse des échantillons pour déterminer la teneur en tantale et le coefficient par tantale varie entre 2 à 2,8 dollars américains. La commercialisation du coltan exige une licence pour 12 mois. Avant novembre 2000, les comptoirs ayant cette licence avaient le droit d'exporter les produits achetés sur le marché international en payant au trésor rebelle 8 % de la valeur de leur marchandise exportée((*)2). Selon une enquête menée auprès du responsable d'un comptoir à Goma, plusieurs des 19 comptoirs agréés dans la zone occupée par le RCD ont besoin d'au moins 100.000 $US (cent mille dollars américains) par semaine, un fonds de roulement minimal, pour pouvoir fonctionner comme il faut. Ainsi, les comptoirs agréés tournent à raison d'un chiffre d'affaire de 400.000$US (quatre cents mille dollars américains) par mois. Les comptoirs qui parviennent à acheter le coltan d'une valeur de 400.000 $US par mois doivent payer 8 % de ce chiffre d'affaire au trésor public rebelle, soit 32.000 $US (trente-deux mille dollars américains). Sur les 19 comptoirs accrédités, le trésor public devait théoriquement percevoir au moins 608.000 $US (six cent huit mille dollars américains) le mois.

A ce pillage systématique des minerais au Nord-Kivu, s'est greffé, toujours de la part du RCD/Goma, celui de cheptel. Le tableau ci-bas est très éloquent, bien que non exhaustif.

Tableau n° 9 : Pillage des bétails par les militaires du RCD/Goma en juin-juillet 2003.

Nom de la Ferme

Nombre de vaches pillées

Situation géographique

Mission catholique

95

Mbingi

Ferme KIRIVUTSI

200

Mambasa

Ferme KIKWERA

56

Mbingi

Ferme Mwami STUKA

150

Mbingi

Ferme KISINGIRI

75

Mbingi

Ferme MBANGA

60

Mbingi

Ferme KALIRA

11

Mbingi

Ferme SUNGUYA

56

Mambasa

Ferme KIPESE

63

Mambasa

Ferme KISYA

35

Mambasa

Ferme MUKOKOVYA

80

Mbingi

Ferme KAVUHIRO

256

Mbingi

Ferme KASINGIRI

55

Mbingi

Ferme KASUO

322

Mbingi

Ferme MIRIKI

455

Mbingi

Ferme VUTSOROVYA

125

Mbingi

Source : Nos enquêtes.

Observations :

Les moutons, les chèvres et d'autres biens matériels ne sont pas enregistrés. Dans ces données, nous avons eu des témoignages des chargements et déplacement du bétail par camion au Sud du territoire de Lubero vers Goma. D'autres traversent directement Luofu, Miriki pour atteindre Masisi. Les camions sont chargés en présence du commandant de brigade chargé des opérations du RCD/Goma basé à Kaseghe.

Certes, le RCD/Goma n'est pas le seul acteur dans le pillage, son dissident RCD-Kisangani·Mouvement de Libération n'est pas épargné.

* (2) Interview accordée à KAKULE VYASONGYA, le 24 juin 2000 à Beni par le commandant secteur de l'UPDF Monsieur BURUNDI.

* (3) Rapport du Groupe d'Experts mandatés par l'ONU pour enquêter sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la R.D.C. in Congo-Afrique n° 362.

* (1) Rapport de la Société Civile Grand Nord sur le pillage des ressources dans les territoires de Beni-Lubero.

* (2) Rapport des Experts des Nations-Unies sur l'exploitation des richesses de la R.D.C.

* (3) La SOMIGL ou institution de monopole in Pole institute, credap, n° 7, Goma, Septembre 2002, p. 17.

* (1) Théodore MUGALU, Interview avec Nicaise KIBELBEL OKA du 20 mai 2001 à Dar Es-Salaam,In Les Coulisses n°92, du 15 au 30 juin 2001, pp. 18-19.

* (1) Département de Mines, Terre et Energie du RCD/Goma.

* (2) Le coltan et les populations du Nord-Kivu, in Pole institute, CREDAP n° 07, Goma, Septembre 2002, p. 16.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams