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L'aide nord-sud: jeux et enjeux?

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par Abderrahim ENNADIR
SMBA Faculté de droit de Fès - Licence 2007
  

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CHAPITRE 2 :

PRIORITE POLITIQUE

Le principe de souveraineté des États résiste difficilement à l'observation empirique. Il n'est pas nécessaire qu'une société soit colonisée pour qu'on puisse démontrer qu'elle est dépendante d'une autre, il n'est pas suffisant qu'un État ait un siège aux nations unies pour qu'il revendique, audelà du formalisme juridique, l'exercice d'une pleine souveraineté, l'un des mécanismes qui oblitèrent la souveraineté des États aidés est l'aide liée. Ceci se traduit par l'hégémonie diplomatique (Section 1) des pays

donateurs et leur ingérence dans la politique interne des pays récipiendaires (Section 2).

Section 1 : hégémonie diplomatique

Les États du Nord produisent, certes, de la dépendance par le jeu même de leurs concurrences, mais aussi par l'effet de leurs stratégies politicodiplomatiques qui les conduisent à un processus d'accumulation de puissance (power). Au-delà, cependant, la relation de dépendance surgit de la confrontation même de leurs capacités avec celles des «États» en développement. La formule de CALLAGHY appliquée à ceux-ci, paraît tout à fait significative puisqu'elle les présente comme des «Léviathans boiteux1», soulignant, ainsi, le puissant déséquilibre qui s'instaure entre la1 prétention de l'État à agir partout dans l'ordre social et la réalité de sa faible performance.

Dans une perspective systèmo-fonctionnaliste, Immanuel

WALLERSTEIN relève que la logique de la domination internationale rend dysfonctionnelle l'apparition, à la périphérie*, d'un État dont la dynamique pourrait contrarier par son indépendance et sa souveraineté, les intérêts du capitalisme mondial. Conformément à un raisonnement assez proche, André GUNDER-FRANK tient l'État périphérique pour un fantoche, entretenant l'illusion juridique et politique d'une indépendance que le contexte économique rend de toute manière impossible2.

1- CALLAGHY (T), «The state as lame leviathan : the patrimonial adm. State in Africa», in ERGAS(Z), ed. The African State in transition, Basingstoke, Mac MILLAN, 1987, PP. 87-116, cité in «l'État importé», Bertrand BADIE, éd. Fayard, 1992, P. 23.

*- La nature déterminante des relations transnationales qui bousculent frontières et souverainetés, réunissent l'étude du pouvoir à l'échelle du pouvoir à l'échelle internationale et conduisent à découvrir l'existence d'un système capitaliste unificateur à l'échelle du globe, doté d'un centre et d'une périphérie.

2- Frank A. G., «Le développement du sous développement», Paris, Maspero, 1970, cité in «l'État importé», Bertrand BADIE, 1992, P. 31.

Les relations inter-étatiques sont très proches du modèle clientéliste. Celui-ci à été forgé pour rendre compte de situations internes et pour caractériser au sein d'une société un type de relations possible unissant les gouvernants aux gouvernés. Les liens sont alors définis comme personnels, créateurs de dépendance, reposant «sur un échange réciproque de faveurs entre deux personnes, le patron et le client, qui contrôlent des ressources inégales». La logique de l'échange, l'inégalité, tout comme la verticalité de la relation se transposent parfaitement dans l'étude des rapports inter-étatiques. Sa construction individuelle pose, en revanche, un certain nombre de problèmes qui pourraient rendre métaphorique l'usage de cette conceptualisation.

La dépendance suppose bien évidemment un «échange de faveurs» : «l'État-patron» alloue à «l'État-client» des biens indispensables à sa survie selon une procédure parfaitement identique à ce qu'on peut observer à l'échelle du fonctionnement interne des sociétés. En retour 'l'État-client' apporte les faveurs les plus diverses, que celles-ci concernent l'usage de son territoire ou celui du pouvoir symbolique qu'il détient en tant qu'État sur la scène internationale. L'aliénation du territoire à l'État-patron correspond, certes, d'abord, à ce qu'une abondante littérature avait autrefois nommé «pillage du Tiers Monde», et qui se ramène principalement aux matières diverses et variées dont regorgent les sous-sols des pays aidés. On sait aussi que cette aliénation peut s'inscrire dans les visées géopolitiques de l'État - patron et concerner alors l'octroi de bases militaires ou simplement de facilités pour traverser le territoire client.

Mais, il est remarquable qu'avec les temps modernes cette logique de l'aliénation tend à se diversifier jusqu'à l'outrance, comme la relève par exemple l'extension de la pratique de «l'État - poubelle» qui conduit le client à rétribuer son patron en lui laissant la libre disposition de son sol ou de son espace

maritime pour y stocker les déchets de ses sociétés industrielles et dernièrement l'implantation dans le territoire client de prisons qui sont contre les droits de l'homme (Guantanamo).

Dépossédé directement ou par le biais de réseaux sociaux qui échappent à son contrôle, «l'État - dépendant» peut être exposé à une captation de la fonction diplomatique qui est tout à fait au centre de la logique de dépendance. Cette captation constitue l'un des éléments, les plus évidents, puisque d'une part elle découle d'un déséquilibre de puissances et que d'autrepart elle aboutit à une aggravation progressive du démantèlement de la souveraineté de «l'État - dominé».

La captation de la fonction diplomatique se fait selon des modes plus informelles, ménageant à «l'État - dominé» une souveraineté de façade. Elle se distingue, alors plus clairement, de l'intervention dans les aménagements internes de l'ordre Socio-politique qui emprunte couramment d'autres voies. Marque juridique par excellence de la souveraineté des États, la diplomatie de «l'État - faible» est captée par celle de «l'État - fort» non plus par recours aux traités inégaux ou à la pratique des capitulations, mais par l'application banale de la logique clientèle : «l'État - dominant» s'érige en État - patron en s'imposant comme prestataire d'une ressource rare qui lui permet d'obtenir en contrepartie la participation ou le soutien de «l'État - dominé» et cleintélisé à son entreprise diplomatique, notamment au sein des institutions internationales ou dans le cadre de conflits militaires régionaux.

La domination ne s'arrête pourtant pas ici à une simple captation de la souveraineté diplomatique. Elle tend même a piller la politique interne des pays aidés.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand