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L'aide nord-sud: jeux et enjeux?

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par Abderrahim ENNADIR
SMBA Faculté de droit de Fès - Licence 2007
  

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DEUXIEME PARTIE :

UNE AIDE CONDITIONNEE :

MARGINALISATION DES INTERETS DES

PAYS AIDES

INTRODUCTION

La rareté accentue la dépendance des pays aidés à l'égard des pays aidants. Elle permet une généralisation du clientélisme1.

Ainsi, le tiers - monde se trouve marginalisé et exclu par les pays industriels. Cette marginalisation se manifeste soit au niveau politico - économique (chapitre 1) soit au niveau social (chapitre 2).-

1- WATERBURY, 1975, cité in «Les régimes politiques arabes», P. 425.

CHAPITRE 1 :

MARGINALISATION

POLITICO-ECONOMIQUE

Cette marginalisation se manifeste dans une exclusion économique (section 1) et une marginalisation sociale (section 2).

Section 1 : Exclusion économique

La libéralisation des échanges extérieurs s'est traduite par la concentration des activités commerciales auprès des pays riches, et la chute des recettes douanières des pays pauvres mis à l'écart. Les risques de l'aide au développement ont trait à la concentration des flux d'investissements directs étrangers dans certains secteurs et à l'accroissement des mouvements de spéculation financière, notamment dans les pays du sud.

Paragraphe 1 : l'inégalité des échanges

commerciaux

L'expansion des réseaux d'échanges s'inscrit dans un processus historique dominé par les grandes puissances industrialisées. La majeure partie du commerce mondial se déroule entre les pays de l'organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Les entreprises transnationales exploitent l'avantage compétitif des nations qui se manifeste dans l'excellence de leurs infrastructures matérielles, aussi bien que leurs institutions économiques, politiques et culturelles.

Parallèlement, une très grande majorité des pays pauvres demeure presque à l'écart des échanges commerciaux. Ces pays restent en marge des activités de l'économie mondiale, car ils n'offrent pas les conditions de sécurité, les infrastructures et les marchés favorisant le déploiement des modes de production et de consommation capitaliste. Dans le cas des économies en développement, le mauvais fonctionnement des marchés, qui est une caractéristique fréquente, peut soit entraver la formation des gains de l'échange, soit accroître les coûts d'ajustement auxquels les pouvoirs publics doivent faire face. Si le marché du travail est peut efficace par exemple, l'ouverture commerciale détruira des emplois sans en créer nécessairement de nouveaux, tout au moins pas rapidement. De même les coûts de la libéralisation sont d'autant plus élevés que le pays est mal armé pour compenser les perdants éventuels ou encore le chômage et le niveau d'inégalité des revenus sont élevés. Dans le monde en développement, l'inégalité de la répartition interne des bénéfices de l'aide au développement pose encore plus une problématique dans la mesure ou le mouvement de l'aide a lui-même des chances d'entamer les capacités distributives, déjà faibles, de ces États. La spécialisation internationale a, dans les faits, cantonné les pays du sud dans la production des matières premières. De plus le coût d'exportation des produits de base met ces pays en marge de l'entrée dans l'ère d'industrialisation. Les prix des produits importés et exportés par les pays du sud sont fixés par le Nord. Ainsi, l'expansion du trafic de perfectionnement explique partiellement le décalage entre la croissance de la production et celle des échanges.

L'ouverture des marchés à la concurrence des multinationales aura certainement des coûts à bas risque entrainant la faillite de plusieurs entreprises locales. S'agissant du Maroc en particulier, son économie est restée handicapée par l'étroitesse de ses bases d'exportations en raison des politiques

protectionnistes qui marquent ses échanges commerciaux. Le protectionnisme dans ce cadre revêt de multiples formes, allant des droits douaniers élevés jusqu'aux obstacles non tarifaires tels que les normes, les règlements et les autorisations de commercialisation. Les accords d'association avec l'Union Européenne et les États-Unis ainsi que l'adhésion à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) peuvent constituer des catalyseurs potentiels permettant de poursuivre la libéralisation des échanges et la restructuration industrielle. Pourtant, ils peuvent constituer une menace pour le développement.

Il en ressort donc que la structure spécifique des exportations des pays du sud, dont le Maroc fait partie, ne leurs a jamais permis de réaliser le développement commercial et de surmonter les handicaps à leur intégration dans les marchés internationaux. Ce qui explique la concentration des échanges dans les pays du Nord. Nonobstant, les pays du sud occupent encore des places relativement marginales dans l'ensemble des échanges internationaux. Par ailleurs, la politique commerciale des pays du Nord et le recours aux règles de concurrence, de compétitivité et de performance technique repoussent systématiquement les produits proposés par les pays du sud. De même, l'impuissance relative des grandes puissances à résoudre leurs problèmes économiques internes semble propulser l'économie mondiale dans une phase d'incertitude qui accentue la dépendance du Tiers Monde à l'égard des pays industrialisés.

Quand on pense que bon nombre de pays africains ne survivent que grâce à l'aide extérieure, on se rend compte que certaines attitudes d'indépendance ne sont que rodomontades. La coopération est le sérum des États-Nations Africains. Il suffit de les en priver pour que s'accélère leur déliquescence. Ainsi, un proverbe africain dit que «la bouche qui a mangé ne dit

pas vilenies». On ne saurait ni dire du mal ni manifester un esprit d'indépendance vis-à-vis de celui qui vous fait vivre. C'est ainsi que les États-Nations en Afrique sont réduits à développer des trésors d'imaginations pour plaire aux bailleurs de fonds. Opérations de charme, qui ne suffisent pas à masquer la mendicité chronique dans laquelle ils s'enfoncent1.

L'inégalité des rapports est tout aussi évidente. Elle est fondée, certes, sur une disparité des ressources, mais également sur une différence de localisation au sein de la scène internationale : comme dans l'ordre interne, le patron tient son rôle de sa présence au centre du système ou du moins de sa proximité et de sa facilité d'accès à celui-ci. La relation est dès lors inégale dans la mesure ou les risques d'abandon du partenaire n'ont pas la même gravité pour l'État- Patron et pour l'État- Client. Pour le premier, ils sont marginaux, la perte d'un client renvoyant à une simple diminution de son influence internationale ; pour le second, ils sont dramatiques, la perte d'un patron équivalant, en même temps, à l'asphyxie interne et à la mise au ban de la communauté internationale.

D'une manière générale, la force de la dépendance clientéliste est d'engendrer, au sein des sociétés assujetties, une catégorie dirigeante qui parvient à retirer du patronage dont elle jouit, dans divers registres, une position de domination dont elle se persuade assez vite et assez facilement qu'elle ne saurait être améliorée par la promotion d'une stratégie alternative de type nationaliste. Plus précisément encore, cette catégorie se trouve confortée dans sa position effectivement cliente dès lors qu'elle peut établir par expérience que son propre pouvoir se trouve réellement renforcé par l'exercice de son rôle de «domestication» de l'aide extérieure.

1- Hermann YAMEOGO, «Repenser l'État Africain», L'Harmattan, 1994, P. 100.

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