Paragraphe 2 : l'impasse financière
du Tiers Monde
Pour la majorité des investisseurs étrangers,
les économies instabilité politique et économique souvent
liée, des fluctuations de l'échange et à une offre
limitée d'instruments de transactions notamment auprès des
marchés financiers.
En plus, les aides financières des pays
industrialisés s'orientent, en effet, vers des projets
«pharaoniques», qui exigent d'énormes investissements, peu
productifs (grands barrages industriels, installations somptuaires, etc.).
Elles sont aussi destinées aux dépenses militaires, à la
consommation de produits courants de haut de gamme ou contribuent même
à la fuite de capitaux opérée par des membres des secteurs
privés ou gouvernementaux y compris certains chefs d'États
autoritaires1.
On reproche aussi à l'aide financière de couvrir
des dépenses de prestige destinées à s'attacher des
milieux dirigeant et de renforcer le pouvoir politique et économique de
la classe ou du groupe social dirigeant, au détriment d'une
réelle amélioration du sort des masses
déshéritées.
Malgré le caractère apolitique du FMI, celui-ci
suit les objectifs
politiques des pays donateurs. Comme le dit très bien
le secrétaire américain au trésor dans les années
80, Donald Reagan, «le FMI est une institution fondamentalement apolitique
... ce qui ne veut pas dire que les intérêts politiques et
sécuritaires des États-Unis ne soient pas servis par le
FMI».
Qui paie les violons choisit la musique ! On ne
s'étonnera donc pas qu'une institution internationale comme le FMI ait
tendance à servir en premier les
intérêts de ses membres les plus riches. Chaque pays
membre dispose de droits de vote proportionnels à sa
souscription1.
En effet, l'aide cherchait moins à résoudre les
difficultés qu'à les rendre supportables, en dissimulant les
causes réelles du sous-développement. En plus, l'aide qui devait
être consacrée en priorité aux investissements productifs,
est dans une trop forte proportion détournée de son objet, par
exemple par les salaires extravagants des fonctionnaires internationaux et
d'une foule d'intermédiaires.
L'apport d'un CARDOSO est notamment décisif lorsqu'il
montre comment les relations de dépendance peuvent être
modulées en fonction des stratégies des détenteurs du
pouvoir au centre du système international.
La construction d'une hégémonie
américaine a ainsi rompu avec le modèle impérial propre au
19ème siècle. Abandonnant la production agricole aux pays
périphériques pour confier au centre l'oeuvre de production
industrielle. Cette division du travail a été bousculée
par les États-Unis qui ont, au contraire, innové en concevant des
formules de dépendance par «enclavisation», organisant et
contrôlant directement, au sein du monde en développement, des
lieux d'investissements et de productions à faible coût.
L'ordre politique s'en trouve transformé : le pouvoir,
dans les sociétés périphériques, perd un peu plus
sa fonction délibérative, les enclaves échappent davantage
à sa souveraineté, l'hypothèse de l'incorporation se
trouve aggravée2.
La faillite des États africains réside dans le
fait qu'ils se sont satisfaits de cultures d'exportations implantées par
les anciens colonisateurs. Attitude imprévoyante qui ne pouvait que
renforcer leur dépendance. En effet, les colonisateurs ont certes
opéré un transfert de la
1- Susan GEORGES, «Jusqu'au cou: enquête sur
la dette du Tiers Monde», La Découverte, 1989, P. 84.
2- Bertrand BADIE, «L'État
importé», Fayard, 1992, P. 20.
«souveraineté» au profit des nouveaux
États mais avec cette nuance de grande importante qu'ils aient pris soin
de définir par avance ce que les pays africains allaient produire et de
mettre en place les moyens de communication et d'approvisionnement qu'ils
utiliseraient pour le transport de ces productions vers les métropoles.
Aujourd'hui, 50 ans après l'indépendance, il est souvent plus
facile d'entrer en communication à partir de l'Afrique avec Paris
qu'avec Nairobi ou Abidjan.
Par conséquent, l'État Africain donne aux pays
industrialisés plus qu'il ne reçoit d'eux. Ce qui le laisse dans
une position marginale et dominée par l'occident. Ainsi, la
marginalisation économique conduit à une marginalisation
politique.
|