Section 2 : exclusion politique
Le développement, en tant qu'absence de processus de
développement, peut être relié à des causes
politiques. Parmi celles-ci, on peut évoquer : l'existence de structures
très hiérarchisées, de type féodal, aboutissent
à une concentration quasi-totale du pouvoir entre un petit nombre de
mains. Ces structures, particulièrement fréquentes dans le monde
islamique tendant à bloquer ou à ralentir les adaptations
économiques et sociales indispensables. Dans la mesure où une
évolution économique et technique s'avère
inévitable, elles contribuent à l'établissement de
relations de dépendance avec l'extérieur en vue de conserver les
privilèges acquis.
Dans presque tous les pays en voie de développement, on
voit d'autre part s'établir des régimes politiques très
centralisés et très personnalisés. Les régimes
militaires, les systèmes à parti unique, sont le plus souvent des
variantes d'une organisation politique dans laquelle un seul homme
détient la quasi-totalité du pouvoir que - le
général (ou maréchal) président - soit pro -
socialiste ou pro capitaliste ne change généralement que peu de
choses au respect qu'il peut avoir de ses adversaires. Ces systèmes,
comme tous les systèmes autoritaires et dictatoriaux trouvent bien
sûr leur justification au niveau de l'unité nationale
préservée et des intérêts du peuple, par
définition, défendus. Il ne saurait être question de poser
en principe la carence des milieux politiques du Tiers Monde qui
possèdent, au contraire, un petit nombre de leaders et de responsables
remarquables, mais il faut bien constater que le système peut parfois
produire des pseudo - élites. Dans certains cas,
l'hérédité est l'unique facteur de sélection, dans
d'autres, l'absence totale de formation peut difficilement être
compensée. De toute manière, le système exclut la
mobilité sociale, la possibilité de critiques et de fructueuses
remises en cause, l'existence d'une opposition constructive.
En effet, les mécanismes de l'aide rendent de plus en
plus difficile l'instauration de régimes ayant une véritable
vocation démocratique. Les programmes d'ajustement économique
tels qu'ils se présentent sont en euxmêmes anti-populaires et
antidémocratiques. D'ailleurs, les nouveaux régimes civils qui
ont succédé aux dictatures militaires, n'ont qu'une marge de
manoeuvre assez restreinte pour maîtriser le problème des
obligations extérieures1.
L'aide a surtout été utilisée pour
maintenir le statu quo et permettre à une classe de dirigeants sans
appui auprès de leurs populations à rester au pouvoir pour servir
leurs intérêts personnels et ceux des donateurs.
Plus encore, l'État périphérique est
conduit à identifier ses propres structures à celles de
l'État-patron, comme l'indique la première vague de partis
uniques de mobilisation mise en oeuvre par les États Africains
«progressistes» sur le modèle des pays de l'Est, mais comme le
révèle également
1- Jorge BULA, «Violence,
démocratie et développement dans le Tiers Monde»,
L'Harmattan, 1990, P. 91.
l'appel lancé par les patrons occidentaux à
leurs clients en vue de se conformer à leur propre histoire de
démocratisation. L'apport de l'État-patron à
l'État-client atteint ainsi l'identité même du second,
alors que la contribution apportée en échange n'a qu'un effet
périphérique. C'est précisément là où
se situe l'élément décisif de dépendance.
Après avoir vu la marginalisation politique et
économique du Tiers Monde grâce à l'aide reçue.
Cette marginalisation a engendré des répercussions
néfastes sur le développement social des pays aidés.
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