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Regards sur la traduction juridique du développement durable

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par Cyrille Emery
Université du Maine - Master 2 recherche en géographie 2010
  

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A. Développement durable : des définitions multiples

Il est admis en général que la première occurrence des termes << développement durable >> date de 1980 Dans un document intitulé << stratégie mondiale de la conservation >>, des organismes internationaux, dont le programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), énoncent que, << pour que le développement soit durable, il doit prendre en considération des facteurs sociaux et écologiques ainsi que des facteurs économiques, la base des ressources vivantes et non vivantes et les avantages et les inconvénients à long et à court termes des mesures de rechange possible. >> Mais d'autres définitions de cette notion existent, à commencer par celle issue du Rapport Bruntland en 1987, qui est communément admise.

Le concept de développement durable repose à la fois sur des facteurs environnementaux et sur des facteurs économiques et sociaux qui en sont inséparables. On distingue en général la << soutenabilité forte >> et la << soutenabilité faible >>.

5 P. Lascoumes, L'Eco-pouvoir, environnements & politique, Paris, La Découverte 1994, p. 3.

6 J. Commaille, << Droit et politique >> in Dictionnaire de la culture juridique, Paris, Lamy et PUF, 2003, p. 480.

L'exemple du marché public de restauration scolaire de Strasbourg A.1. Une définition polysémique

Il n'existe pas à proprement parler de définition unique du développement durable au niveau international. En 1989, un membre de la Banque mondiale, John Pezzey, recensait 37 acceptions possibles des termes «sustainable development»7. Toutefois, on s'accorde en général sur la définition issue du Rapport Bruntland en 1987 : << Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs >>.

Mais la notion même de << développement durable >> est parfois critiquée. Elle ne rendrait pas compte en effet, de toutes les nuances contenues dans la notion anglosaxonne de << sustainable development >>, ou << développement soutenable >>. La notion de développement durable peut effectivement être prise, en anglais, dans le sens d'une croissance économique qu'il s'agir de faire durer, alors qu'il s'agit au contraire d'adopter un mode de croissance plus respectueux de l'homme et de son environnement, et non pas de faire << durer >> la croissance pour elle-même. En dépit de ces critiques, les termes de développement durable sont aujourd'hui couramment utilisés.

La notion de développement durable contient deux perspectives : l'une inter générationnelle et l'autre intra générationnelle. On appelle encore ces deux axes, la solidarité horizontale (entre même générations), et la solidarité verticale (entre générations successives). Ainsi entendue, la notion de développement durable contient à la fois l'idée selon laquelle nous devons laisser aux générations futures de quoi subvenir à leurs propres besoins, et celle qui vise à permettre à toutes les populations d'une même génération de parvenir à disposer d'un minimum de ressources et de droits (ce qui concerne plus particulièrement les pays en développement ou les pays émergents.)

Enfin, la notion de développement durable s'appuie traditionnellement sur trois piliers : économique, social, environnemental, ce dernier étant souvent mis en exergue. Dans la mise en Ïuvre des politiques de développement durable, on distingue généralement la << soutenabilité >> forte et la << soutenabilité >> faible.

7 Pezzey (J.), Economic analysis of sustainable growth and sustainable development, World Bank, Environment Department, Working Paper n 15.

Regards sur la traduction juridique du développement durable A.2. Les trois piliers du développement durable

Définissant une solidarité inter et intra générationnelle, le développement durable repose sur trois piliers (ou volets).

Le premier volet s'intéresse à l'environnement. Il est lui-même abordé sous trois angles complémentaires : le climat (atmosphère et interactions, avec les océans notamment), la biodiversité (diversité des espèces animales et végétales) et les ressources naturelles (eau, ressources dites fossiles et naturelles). Le volet environnemental est celui qui identifie le mieux le concept de développement durable, mais l'on aurait tort de le limiter à cet aspect.

Deux autres volets sont en effet indissociables : l'économique et le social. Sur ces deux plans, le développement durable (ou soutenable) reste, il faut le rappeler, l'une des formes possibles du développement, mais il y en a d'autres. Dans le modèle issu du Rapport Bruntland, il ne s'agit pas de refuser la croissance économique comme moteur du développement. La croissance est en effet indispensable pour permettre, d'une part, l'émergence des pays pauvres et, d'autre part, pour soutenir l'innovation technologique et scientifique. Celle-ci doit en effet permettre à l'humanité de dépasser les limites physiques inhérentes aux ressources que dispense la planète. Ainsi comprise, la croissance économique est envisagée sous la forme de deux défis indissociables et elle est assortie d'une limite. Premier défi de la croissance : aider l'émergence des pays en développement. Deuxième défi : stimuler l'innovation. La limite : ne pas affecter de manière irréversible le capital de ressources naturelles disponible sur terre.

Le volet social, enfin, vise à répartir équitablement les fruits de cette croissance Ç soutenable È, en permettant aux populations d'une même génération de disposer au moins du minimum de droits (les droits de l'Homme) et du minimum de ressources nécessaires pour sortir de la pauvreté (eau, énergie, alimentation). Il s'agit également de faire en sorte que, d'une génération à l'autre, la répartition de ces droits et de ces ressources s'améliore.

Ainsi entendu, le développement durable est un véritable défi lancé à l'humanité tout entière.

Le'gende : Les trois piliers du de'veloppement durable

Pour Ludovic Schneider, il conviendrait d'ajouter à ce schéma un quatrième cercle relatif à la gouvernance8.

A.3. La soutenabilité forte et la soutenabilité faible

Parmi ceux qui soutiennent le concept de développement durable, il existe encore des nuances. On distingue en effet les partisans de la Ç soutenabilité forte >> et les partisans de la Ç soutenabilité faible >>.

Pour les tenants d'une soutenabilité faible, il est possible de poursuivre dans la voie de la croissance tant que les ressources détruites par l'économie sont substituables entre elles. Ainsi, pour l'économiste Robert Solow9, si la croissance épuise les ressources en pétrole, une nouvelle ressource énergétique, dégagée par l'augmentation des marges sur l'approvisionnement en énergie, prendra le relais. Et ainsi de suite. Il n'y a donc pas de limite à la croissance, du moins tant qu'il se trouve des ressources substituables. L'innovation technologique peut en outre prendre le relais des ressources non renouvelables : ainsi en va-t-il du nucléaire, une nouvelle forme d'énergie due au

8 Schneider, L., Le développement durable territorial, Paris, éditions Afnor, décembre 2009, p. 6.

9 Solow, R., Growth Theory : An Exposition, Oxford University Press, 2000.

progrès scientifique. Les partisans de cette thèse vont jusqu'à affirmer que la croissance économique est bénéfique pour l'environnement. Gene Grossman et Alan Krueger, professeurs à Princeton, tentent de démontrer que la < courbe de Kuznets >> est applicable au phénomène de la pollution10. Ainsi, pour ces auteurs, après une période d'augmentation, la pollution finit par atteindre un point culminant, puis par décroitre. Cela s'explique selon eux parce que, à partir d'un certain niveau de pollution, la substitution de ressources ou de process moins polluants devient rentable, et qu'elle est donc préférée par les agents économiques.

Les tenants de la < soutenabilité forte >> estiment, pour leur part, qu'un grand nombre de ressources ne sont pas substituables entre elles, à commencer par l'eau. Ils considèrent que la croissance économique ne doit pas affecter le capital de ressources naturelles disponible sur terre. Ils constatent que l'empreinte écologique de l'homme ne cesse de s'étendre, et que la < courbe de Kuznets >> n'existe pas pour la plupart des déchets et des pollutions ayant un caractère global11. L'économie doit donc s'adapter, en se soumettant à une régulation ou à une réglementation appropriée. On en revient à la question du droit.

Mais il ne faut pas oublier les adversaires du développement durable. Certains, partisans d'une sorte de théorie du complot, estiment que la planète n'est nullement en danger et que le concept est exploité à des fins politiques ou commerciales. Pour d'autres, au contraire, le développement durable est un alibi démagogique pour ne rien faire. Ce sont les partisans de la décroissance ; ils estiment que la planète ne peut plus supporter le pillage dont ses ressources font l'objet. Pour eux, il n'est plus question de développement durable, c'est-à-dire au fond de < croissance durable >>, mais bien d'une décroissance durable. Telle est la thèse de l'économiste Nicolas Georgescu-Roegen12.

Ë défaut d'une définition juridiquement admise, on peut sans doute s'en tenir pour le moment à la définition politiquement admise : < Le développement durable est un

10 Grossman et Krueger, Environmental Impacts of a North American Free Trade Agreement, Cambridge MA, 1991.

11 Voir par exemple, Robert Underwood Ayres, professeur à l'Insead (Fontainebleau). Selon lui : < It is possible to have economic growth - in the sense of providing better and more valuable services to ultimate consumers - without necessarily consuming more physical resources. This follows from the fact that consumers are ultimately not interested in goods per se but in the services those goods can provide. The possibility of de-linking economic activity from energy and materials ("dematerialization") has been one of the major thèmes >>.

12 Voir La décroissance. Entropie, écologie, économie, Paris, éditions Sang de la terre, trad. par J. Grinevald et I. Rens, 1979.

développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs >> (Gro Harlem Bruntland, Notre futur à tous, ONU CMED 1987). Au regard de ce qui précède, on voit bien qu'une telle définition est très incomplète.

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