CHAPITRE I : LE MILIEU PHYSIQUE
Le milieu physique regroupe un certain nombre de facteurs
naturels tels que le climat, le substratum géologique, le relief, les
sols, le couvert végétal, l'hydrographie etc. La dynamique de ces
éléments conditionne les activités économiques de
l'homme. C'est pourquoi, nous avons dans ce chapitre, analysé
l'influence de ces éléments physiques sur l'ensemble des
activités menées par les ménages dans la zone
d'étude.
I. LA SITUATION GEOGRAPHIQUE
Les zones d'étude Goundi et Réo se situent dans
la province du Sanguié appartenant à la région du
Centre-Ouest. Cette province qui tire son nom du mont Sanguié, est
limitée au Nord par la province du Passoré, au Sud par les
provinces des Balés et du Mouhoun, à l'Est par celles du
Boulkiemdé et de la Sissili et à l'Ouest par la province du
Nayala. La province du Sanguié se subdivise en 10
départements.
Sur le plan administratif Goundi et Réo relèvent
du département de Réo. Réo, chef lieu du
département de Réo et de la province du Sanguié est
situé à 15km au Nord-Ouest de Koudougou, chef lieu de la province
du Boulkiemdé. Il est traversé par la Nationale 21 reliant
Koudougou à Tougan.
Le village de Goundi est situé à environ 10km
à l'ouest de la ville de Koudougou et à 7km au Sud de Réo.
Il est traversé par la Nationale 14 reliant Koudougou à
Dédougou.
17
II. LE CLIMAT
Le département de Réo est sous l'influence du
climat soudano-sahélien caractérisé par l'alternance de 2
saisons bien marquées :
- La saison sèche qui s'étale de mi-novembre
à mi-mai est la période de l'activité
maraîchère. Elle se subdivise en deux grandes périodes. De
mi-novembre à fin février : c'est au cours de cette
période que l'activité maraîchère bat son plein,
compte tenu de la disponibilité en eau et de l'humidité dans les
bas-fonds. La période allant de mars à mi-mai marque la fin de la
saison sèche et de la campagne maraîchère. Dans l'ensemble,
l'activité est beaucoup ralentie eu égard au tarissement des
points d'eau.
- La saison humide allant de mi-mai à novembre
connaît une reprise des précipitations. Les plus fortes pluies
sont enregistrées en juillet et en août. Cette saison est
consacrée aux travaux champêtres pour les cultures
vivrières avec cependant une faible activité
maraîchère réservée à certaines
spéculations comme l'aubergine et les choux.
Afin de mieux cerner les effets du climat sur les
activités agricoles, nous avons analysé trois
éléments atmosphériques à savoir les
précipitations, les températures et les vents.
1. Les précipitations
Le département de Réo est localisé entre
les isohyètes 700 et 900 mm. La moyenne pluviométrique annuelle
calculée sur une période de 30 ans (1974 à 2004) à
partir des données de la station de Réo est de 738,25 mm. Cette
moyenne est en dessous de la moyenne pluviométrique de la zone
estimée à 800 mm. Néanmoins, cette pluviométrie
offre une possibilité de pratiquer une gamme variée de cultures.
Des variations sont observées dans la quantité d'eau recueillie
et leur répartition d'une année à l'autre.
L'évolution en dent de scie des précipitations annuelles (cf.
graphique N°1) montre cette irrégularité. Selon le
même graphique, la tendance des précipitations est à la
baisse au fil des années.
1200
1000
400
800
600
200
GRAPHIQUE 1: EVOLUTION INTER-ANNUELLE DES
PRECIPITATIONS ET DES NOMBRES DE JOURS DE PLUIE DANS LA PROVINCE DU SANGUIE
DE 1974 A 2004
0
40
80
70
60
50
30
20
0
10
années
précipitations
nombre de jours de pluie
Linéaire (précipitations)
Source : Direction de la Météorologie
Nationale
De même, les nombres de jours de pluie
enregistrés au cours de cette période varient d'une année
à l'autre. La moyenne calculée est de 52 jours. La courbe de
variation des nombres de jours de pluie indique de 1980 à 1991 une
baisse relative des jours arrosés. Les jours les moins arrosés
sont observés en 1991 et 2003. Les plus arrosés sont
enregistrés en 1976 et 1979. Dans l'ensemble la tendance est à la
baisse.
Le nombre de jours de pluie et les quantités d'eau
recueillie varient d'une année à l'autre. Les jours pluvieux ne
sont pas fonction de la pluviosité annuelle. En effet, d'une
part, les pluies sont rares et étalées sur une
longue période avec des poches de sécheresse. Cela pose un
problème d'évaporation au cours de la saison pluvieuse
réduisant la disponibilité en eau pour les cultures
maraîchères. D'autre part, elles sont abondantes et
concentrées sur une période courte. Cela peut poser le
problème d'utilité des eaux dans le cycle normal des plantes
cultivées en saison pluvieuse. Néanmoins, leur tendance à
la baisse montre une pluviométrie capricieuse rendant difficile le
calendrier des activités agricoles.
2. Les températures
32
30
28
26
24
22
20
GRAPHIQUE 2: VARIATIONS INTER-ANNUELLES DES
TEMPERATURES MOYENNES DANS LA PROVINCE DU SANGUIE DE 1974 A 2004
années
température
Linéaire (température)
saisons. Ainsi, en saison pluvieuse, les températures
moyennes sont comprises entre 26°C et 29°C ; au cours de la saison
sèche, elles oscillent entre 36 et 40°C. L'amplitude thermique est
de 9,12°C. Les écarts thermiques mensuels faibles permettent de
dégager 4 périodes au cours de l'année :
> De décembre en février, la période
est relativement fraîche et sèche avec des températures
minima absolus de moins de 16°C en décembre. La température
moyenne est de l'ordre de 24°C. De telles températures sont
favorables au développement des légumes.
> De mars à juin ; c'est la période la plus
chaude de l'année avec des températures moyennes de 30°C.
les maxima absolus peuvent atteindre 42°C à l'ombre.
> De juillet à septembre ; cette période
correspond à la seconde période fraîche où des
fléchissements sont observables durant les mois d'abondantes pluies.
Globalement les températures moyennes atteignent 25°C.
> La seconde période chaude de l'année est
observée d'octobre à novembre où on a de
légères augmentations lorsque les précipitations
diminuent. La moyenne thermique est de 28°C.
Le graphique des températures annuelles
enregistrées de 1974 à 2004 montre qu'elles varient d'une
année à l'autre avec cependant une légère
augmentation à partir de 2002. Le même graphique permet de voir
que la tendance générale des températures est à la
hausse.
vitesse du vent (Iv
4,5
2,5
3,5
0,5
1,5
4
2
5
3
0
1
GRAPHIQUE 3: VARIATION DU VENT DANS LA PROVINCE DU
SANGUIE DE 1990 A 2004
mois
vitesse du vent
3. Les vents
Deux types de vent dominent le régime éolien au
niveau de la zone d'étude avec des variations au cours de la saison (cf.
graphique 3):
> Pendant la saison sèche, les vents frais et secs
de direction Nord-Est et Sud-Ouest dominent largement ; ce sont les
alizés continentales chauds ou l'harmattan. Ces vents atteignent une
vitesse moyenne de 3,97 km/h. Pour les cultures maraîchères, le
rôle néfaste de ces vents se traduit par l'accroissement des
besoins en eau surtout en début de saison sèche.
> Pendant l'hivernage, ce sont les alizés maritimes
ou pseudo-mousson, vents frais et humides qui dominent notamment entre les mois
de mai et d'octobre. La vitesse moyenne observée dans la zone est de
3,34 km/h. Pour les cultures maraîchères de saison pluvieuse, ces
vents sont à craindre non seulement pour leur violence pendant les
pluies, mais surtout parce qu'au-delà d'une certaine vitesse (7,2 km/h),
ils augmentent dangereusement la respiration des plantes en renouvellant sans
cesse l'air autour des feuilles (Bertrand A, 1982). Par ailleurs, la vitesse
est considérablement réduite entre août et octobre (1,90
km/h).
Les périodes intermédiaires avril-mai et
novembre-décembre se caractérisent par des incursions alternantes
d'harmattan et d'alizé maritime avec des vitesses atteignant parfois
4,20 km/h surtout lors de la transition vers la saison pluvieuse.
III. LE SUBSTRATUM GEOLOGIQUE ET LE RELIEF
La province du Sanguié s'étend sur le bouclier
africain. Les formations géologiques qui parcourent cette province date
du précambrien inférieur (granite), moyen (massif de roche
vertes, schiste, grès), tertiaire (roche volcano-sédimentaire) et
du quaternaire (migmatiques gneissiques à biotite, cuirasses
ferrugineuses, alluvions).
Sur ces structures géologiques s'est
développé un paysage relativement plat. Mais cette platitude est
par endroit rompue par des bas-fonds, des ravines peu encaissées et des
reliefs résiduels. Les reliefs résiduels sont des affleurements
granitiques dégagés par l'érosion différentielle
à l'image du mont Sanguié, le point le plus culminant de la
région avec ses 521m. Ce relief est situé à l'Est de
Réo. C'est d'ailleurs ce dernier qui a donné son nom à la
province. D'autres reliefs résiduels sont constitués de roches ou
de cuirasses ferrugineuses mises en place au quaternaire. Dans l'ensemble le
relief a une altitude moyenne de 300m (BUNASOLS 1995).
Sur le plan géomorphologique, les formations sont
constituées de collines et butte de roches vertes localisées au
Nord de Réo, de dépressions périphériques au
Sud-Ouest de Réo. On rencontre également des croupes à
peine marquées, des dépôts alluviaux qui bordent le long
des cours d'eau et des vallées. Les vallées, comme celle qui
longe le village de Goundi du Nord au Sud, sont drainées seulement en
saison pluvieuse. Elles sont sinueuses et se présentent en forme de auge
avec des versants à pentes douces. Ces vallées sont faiblement
encaissées et l'eau y coule à fleur de sol. Celles situées
au bas du mont Sanguié, collectent les eaux et matériaux
provenant de ce relief. Sur ces unités morphologiques se sont
développés des sols dont l'aptitude agricole varie d'un endroit
à l'autre.
IV. LES SOLS
Les processus de pédogenèse dominants dans la
région sont de types ferrugineux. Ces processus y ont mis en place des
sols majoritairement ferrugineux tropicaux peu lessivés et
lessivés, et des sols peu évolués.
Dans la partie Nord de la province, les sols sont de type
ferrugineux peu évolué sur matériaux
gravillonnaires. Ces sols ont un horizon de couleur brun
jaunâtre foncé à brun jaunâtre. La texture limoneux
argilo-sableux contient des graviers ferrugineux. Le taux
élevé
de graviers, la faible teneur en eau et en
éléments chimiques constituent un handicap à une
exploitation à des fins agricoles. Le potentiel de fertilité de
ces sols est faible et ils sont sensibles à l'érosion à
cause de leur faible profondeur.
Dans la partie centrale jusqu'au Sud, dont fait partie le
département de Réo, l'horizon pédologique est
dominé par des sols ferrugineux tropicaux (lessivés et
peu lessivés) sur matériaux argilo-sableux à
sablo-arbileux. Ces sols se caractérisent par une richesse en oxyde et
hydroxyde de fer qui leur donne une couleur ocre. Le potentiel agricole est
moyen. Ils sont pauvres en matières organiques et en
éléments chimiques. Par conséquent, ils nécessitent
un amendement organique pour leur amélioration et se prêtent bien
aux cultures maraîchères. Ces sols constituent l'essentiel des
terres de Goundi et de Réo.
Dans les vallées et dépressions à
Réo et à Goundi où s'accumulent des matériaux
d'apports divers, se développent les sols bruns eutrophes et les
vertisols. Ces sols se caractérisent par un humus à
forte activité biologique. Ils sont profonds (>120cm) avec une
texture limono-argileux. L'argile qui les constitue est de type
montmoriollinite. Dans les vertisols, cette proportion d'argile est beaucoup
plus élevée (>30%). Ces sols de moindre superficie
localisés dans les dépressions, ont résulté du
processus de pédogenèse vertique. Ces deux types de sols sont
chimiquement les plus riches. Mais leur mise en valeur est entravée par
leur texture lourde surtout les vertisols. Leur exploitation nécessite
l'utilisation de moyens mécaniques. Ils présentent une bonne
valeur agronomique pour la culture du maïs et du sorgho.
Dans les bas-fonds à Réo et à Goundi
dominent les sols hydromorphes. Ces sols, de
couleur gris à gris clair sont profonds (>120cm). Leur texture est
fine, argilo-limoneuse à argileuse. Le taux de concrétion
ferro-maganique est faible. Ces sols se caractérisent par une forte
teneur en argile. Ils ont une capacité de rétention en eau
très élevée faisant d'eux des sols lourds. Ils sont
beaucoup plus favorables à la riziculture pluviale ou irriguée.
Il en est de même pour les cultures maraîchères et les
patates douces en fins de saison pluvieuse.
V. L'HYDROGRAPHIE
La province du Sanguié est entièrement dans le
bassin versant du fleuve Mouhoun.
Le Mouhoun qui constitue le cours d'eau principal de ce
bassin versant traverse le département de Dassa, longe ceux de
Ténado, Pouni et Zawara et forme une frontière
naturelle avec les provinces du Mouhoun et des Balés. Son
débit est fortement lié aux conditions thermiques et
pluviométriques.
L'ensemble des cours d'eau intermittents qui constitue le
réseau hydrographique peu dense de la province sont tous des affluents
du Mouhoun. Ces cours d'eau sont alimentés par les eaux
pluviales.
Ces affluents sont du Nord au Sud, le Wenar qui
arrose le département de Godyr et de Didyr, le Vranso
alimentant les départements de Kordié, Réo, Kyon, et
Ténado. Au centre, le Marigot de Koudougou traverse
Ténado et Zamo. Au sud, le Bolo arrose le département de
Zawara (cf. carte N°2)
25
Le régime hydrique de ces cours d'eau est calqué
sur les précipitations dont les variations influent sur leur volume.
Ainsi, les périodes de crue correspondent aux mois de juillet,
d'août et le mois de mai en début de la période hivernale.
Ces cours d'eau cessent de couler à partir du mois de janvier formant
des chapelets de mares. Il se développe ainsi des activités de
maraîchage et d'abreuvement du bétail aux abords des mares
permanents. Ces activités agro-pastorales provoquent une
dégradation continue des forêts galeries qu'elles abritent.
Par ailleurs, l'ensemble de ce réseau a permis la mise
en place de nombreuses retenues d'eau comme les barrages de Guido, de Dioro
à Goundi et de Goumedyr à Réo. Il existe aussi des
rivières et marigots saisonniers.
Pour ce qui est des eaux souterraines, il faut noter que les
réserves ne sont pas négligeables. Elles sont estimées
à 465 mm selon le Ministère de l'Agriculture de l'Hydraulique et
des Ressources Halieutiques ( MAHRH). La recharge des nappes est estimée
à 38 mm/an (INSD, 2001) ; ce qui présente un atout pour
développer les cultures maraîchères à partir des
puits.
VI. LA VEGETATION
Le Burkina Faso, par la nature de son climat, sa flore et sa
végétation est inclus dans la région
phytogéographique soudano - zambezienne. Cette région est
divisée en domaines phytogéographiques sahélien et
soudanien.
La province du Sanguié appartient au domaine
phytogéographique soudanien. Celui-ci s'étend au sud du
13ème parallèle avec une durée des saisons
sèches qui varie entre 6 et 7 mois. Le Sanguié dans ce domaine
fait partie du secteur Nord-soudanien situé à l'Ouest entre
12°25' et 13° de latitude nord et à l'Est entre 10°52' et
13° de latitude nord.
La végétation dans le Sanguié est du type
savane arborée en général. Les principales espèces
existantes qui constituent la strate arborescente sont Vitellaria paradoxa,
Parkia
biglobosa, Lanea microcarpa, Andasonia digitata, Tamarindus
indica, Fiadherbia albia, etc.
On observe des différences d'une zone à l'autre.
Au Centre et au Nord, la forte concentration humaine et
l'exploitation agricole ont transformé le couvert végétal
en un vaste tapis de steppe. Le tapis graminéen y est dominé par
les Andropogonées et Cypéracées. Les Andropogonées
sont représentées par Andropogon gayanus, Cymbopogon
proximus, Heterepogo contortus, etc.
La strate ligneuse au centre et une partie du sud montre une
prédominance arbustive parmi laquelle les Combretacées sont bien
représentées. Cette strate est très lâche et
comporte des arbustes dont la hauteur varie entre 4 et 6 m. Les espèces
dominantes sont : Acacia audrogeoni, Acacia gourmaensis, Acacia Senegal,
Bombax costatum, Combretum micranthum, Ximenia americana, etc.
On note dans la partie Sud, le long du fleuve Mouhoun et de
ses affluents des galeries forestières où subsiste une
variété d'espèces ripicoles sahéliennes dont les
plus importantes
sont : Kaya senegalensis, Daniellia oliveri, Mytrgyna
inermis, Diospyros mespiliformis avec
des hauteurs atteignant 7m. De même, sur les sols lourds
et compacts du Mouhoun, le tapis herbacé est dominé par des
espèces sahéliennes (Schoenefeldia gracilis, Cymbopogo
Schonanthus)
Le Sanguié compte également quelques
forêts classées dont celle de Tiogo qui s'étend sur 30 000
ha, de Koalio avec 29 611 ha, de Laba qui couvre 17 800 ha et de Baporo avec 85
657 ha de superficie. On rencontre dans ces forêts des formations qui
constituent les reliques des forêts denses sèches climatiques
d'autrefois (Guinko S. 1984).
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