VII.3. Les contraintes majeures de la
culture
Le poivron est d'autant plus sensible à une grande
variété de maladies que sa culture a lieu en saison humide
où les dégâts sont les plus importants. Il est de plus
passible de nombreuses attaques d'insectes et de parasites, et d'accidents
physiologiques.
VII.3.1. les problèmes phytosanitaires
VII.3.1.1. les maladies virales
D'après Poulos (1987), une trentaine de virus
différents sont supposés attaquer les Capsicum et les
maladies qui s'en suivent sont en général sous les tropiques, les
plus importantes en terme de gravité des dégâts. Elles
surviennent souvent en complexe dans une même culture et dans une
même plante.
· La mosaïque du tabac : elle est
provoquée par le TMV (Tobacco Mosaic Virus) appartenant au type des
tobamovirus. C'est un virus qui se transmet par contact. La maladie est
caractérisée par une mosaïque du feuillage, vert clair
à blanc (Gébré-Sélassié et al.,
1994) et l'apparition de plages mal colorées sur les fruits, ou des
réactions nécrotiques plus ou moins graves selon les stades
végétatifs et les variétés sur les feuilles et les
tiges (Messiaen et al, 1991). La croissance des plantes est ralentie,
les fruits sont marbrés, de maturation irrégulière avec un
aspect souvent bosselé (fig.5)
(Gébré-Sélassié et al., 1994).
La lutte passe par l'utilisation de semences garanties sans
virus, c'est à dire avec une observation rigoureuse des règles
prophylactiques ; désinfection des semences, trempage des graines
contaminées dans une solution à 10 % de phosphate trisodique
pendant 30 minutes. Mais aussi l'utilisation de variétés
résistantes qui reste à l'heure actuelle le moyen le plus
efficace et le plus économique.
· La mosaïque du concombre : c'est une maladie
causée par le CMV (Cucumber MosaicVirus) qui se transmet par
différentes espèces de pucerons (fig.6) sous le mode non
persistant, c'est à dire qu'il est transmissible immédiatement
après la prise de nourriture du vecteur. Et la capacité de
transmettre est de courte durée, quelques minutes selon
Gébré-Sélassié et al. (1994). Elle se
manifeste par des symptômes de ring-spots nécrotiques sur les
feuilles (fig.7) adultes au moment de l'infection, puis une mosaïque
chlorotique et déformante du feuillage ultérieur (on parle de
forme filiforme). Les fruits déjà formés au moment de
l'infection présentent des dessins creux en forme d'anneaux et des
lignes sinueuses qui les déprécient et les rendent sensibles aux
coups de soleil (fig.8). Par contre la fructification ultérieure est
annulée (Messiaen et al., 1991).
Une lutte attentive sera nécessaire contre les pucerons
vecteurs de cette maladie, ceci dès le stade de la production des
plants. (Laumonnier, 1979)
Figure 5 : Symptômes du TMV sur
fruit
Figure 6 : Pucerons sur les
feuilles
Figure 7 : Symptômes de CMV sur une
feuille
Figure 8 : Symptômes de CMV sur les
fruits
D'autres types de virus adaptés suivant les climats et
les continents ont été également
évoqués :
§ Le virus Y de la pomme de terre (PVY) des
régions tempérées, méditerranéennes et
subtropicales de l'Ancien et du Nouveau Monde.
Transmis selon le mode non persistant par de nombreuses
espèces de pucerons. Il se manifeste soit par une mosaïque verte le
long des nervures (`'vein banding'' en anglais), soit par une nécrose
commencant par les nervures et gagnant parfois les pétioles, les tiges
et les fruits. Les feuilles, les fleurs et les fruits les plus atteints tombent
(Gébré-Sélassié et al., 1994).
§ Le Pepper veinal mottle virus (PVMV) africain
Il est encore appelé virus de la panachure du poivron.
Il cause de très sévères déformations du
feuillage ; les feuilles sont très petites, cloquées, avec
une mosaïque verte sur cloques et nervures. Les plants sont rabougris
(Déclert, 1990).
§ Le Tobacco etch virus (TEV) plus spécialement
Nord américain,
§ Le Pepper mottle virus (PMV) du sud des Etats-Unis,
§ Le Chili veinal mottle virus (CVMV) qui sévit
dans le sud-est asiatique,
§ Le virus du flétrissement de la fève ou
Brood bean wilt virus (BBWV) au sud de l'Italie et du Maroc,
§ La mosaïque de la luzerne ou Alfalfa mosaic virus
(AMV)
Dans tous les cas, la plupart des symptômes
d'infestations virales sont des tâches, des marbrures, des
déformations et décolorations des feuilles, la production de
feuilles anormales ainsi qu'une croissance générale rabougrie
(Agromisa, Agrodok n°13 )
VII.3.1.2. les maladies fongiques
· Oïdium : son agent causal Leveillula
taurica a une évolution très rapide marquée par un
feutrage blanc à la face inférieure des feuilles qui
coïncide avec une nécrose en `'point de tapisserie'' (Messiaen et
al, 1991) aboutissant à leur dessèchement et à
une défoliation des plantes (Déclert, 1990). La croissance des
fruits ralentit et la floraison s'arrête. C'est une maladie très
développée par temps chaud en l'absence de pluies. Mais elle est
cependant favorisée par une humidité assez élevée
(70 à 80%) surtout la nuit. Dans les conditions du Sénégal
où elle est considérée comme la principale maladie (CDH,
1986), elle est très redoutée en saison sèche. La
détermination biologique de cette maladie peut se faire par
détection et identification des conidies à la loupe binoculaire
ou par examen microscopique de ruban adhésif appliqué sur la face
inférieure des taches. Les aubergines et la tomate en sont des plantes
hôtes.
· L'anthracnose des fruits : son agent causal est
soit Colletotrichum capsici, soit Colletotrichum nigrum et
elle a des dégâts importants par temps de pluie.
Les symptômes consistent selon Déclert (1990) en
de larges plages de pourritures humides en général sur
l'extrémité ou les flancs des fruits, colorées en brun et
progressivement déprimées. Selon les cas, elles se couvrent d'une
mince gelée rose orangée, masse de conidies d'acervules (cas de
C. nigrum) ou de ponctuations noires en disposition circulaire et
concentrique (cas de C. capsici). Les fruits tombés sur le sol
constituent une source importante de contamination.
· La cercosporiose : elle est causée par
Cercospora capsici en saison de pluies. Sur les feuilles jeunes, on
observe de petites taches grises, arrondies, qui mesurent 2 à 5 mm de
diamètre et deviennent irrégulières,
délimitées par une marge fine, brun foncé et
prolongées par un halo jaune clair. Les tissus nécrosés se
percent par petites plaques. Les feuilles jaunissent, se dessèchent et
tombent. Les répercussions sur la production sont
généralement faibles. (Déclert, 1990)
· La corynesporiose : provoquée par
Corynespora cassiicola en saison des pluies et sous hygrométrie
et température élevées, elle se distingue par des petites
taches foliaires brunes, arrondies à irrégulières, de 4
à 6 mm de diamètre se rapportant à Corynespora.
Elles se caractérisent par leur marge épaisse, constituée
de plis très rapprochés lui donnant un certain relief. Le centre
de la tache se crevasse, mais la trouaison n'est pas totale, les tissus
nécrosés restant en général attachés au
pourtour de la tache. Limitées aux feuilles âgées, les
attaques ne sont pas importantes. (Déclert, 1990)
· Le dépérissement des rameaux : son
agent causal est Choanephora cucurbitarum par temps pluvieux. En
dessous des extrémités, les rameaux jeunes sont atteints de
pourriture brune ; ils se recouvrent d'un duvet clairsemé hyalin
abondant, surmonté de pulvérulence noire (fructification du
champignon parasite, aisément identifiable à la loupe).
Les rameaux atteints s'affaissent, pendent et se
dessèchent. La production des fruits est sévèrement
réduite.
Amaranthus spp, Solanum melongena, le gombo,
le haricot, la laitue, la pastèque sont des plantes hôtes du
pathogène. La lutte devrait consister en la pulvérisation de
bouillies de Captane ou de Thirame (30-40 g/dal) (Déclert, 1990)
· Le dépérissement à
sclérotes : son agent est Sclerotium rolfsii. Les feuilles
jaunissent, se flétrissent et tombent. On observe souvent, au voisinage
immédiat du collet, la présence de petites mèches blanches
soyeuses, plus ou moins agrégées aux particules de terre, et de
petits sclérotes blancs à beiges (brunissant avec le temps).
Les racines sont l'objet d'une pourriture sèche
très importante. Selon le degré d'infestation du sol en
sclérotes (cultures précédentes), les plantations peuvent
être fortement décimées. (Déclert, 1990)
· Le mildiou des fruits : causée par
Phytophthora capsici en saison des pluies. Il se distingue par une
pourriture blême se développant sur la partie apicale du fruit, et
qui apparaît moins déprimée et moins ridée que pour
l'anthracnose.
Les fruits atteints tombent sur le sol, où ils
achèvent leur décomposition.
L'identification de Phytphthora peut-être
rapidement obtenue avec la technique des pastilles de pétunia.
La protection des fruits est assurée par des
pulvérisations de bouillies de Captafol (30-40 g/dal), de Dichlofluanide
(10-20 g/dal) ou d'émulsions de Triforine (10-20 ml/dal).
(Déclert, 1990)
· La moisissure des feuilles : elle est
provoquée par Cercospora unamunoi sous hygrométrie
élevée. La moisissure se manifeste par des lésions
chlorotiques diffuses, subcirculaires à allongées, ayant pour
dimension 3 à 12 mm. Elles se distinguent de celles de l'oïdium par
l'examen de la face inférieure des feuilles, où se trouvent des
taches nécrosées, brun grisâtre, circulaires à
arrondies, mesurant 2 à 10 mm et entourées d'un halo vert clair.
Une plage finement pulvérulente brun olivâtre les recouvre. Les
feuilles atteintes s'enroulent, se dessèchent et se détachent.
Les fruits sont petits et difformes. (Déclert, 1990)
· La stemphyliose : causée par
Stemphylium sp. en saison sèche, cette affection se
caractérise par la présence de petites taches foliaires
arrondies, de 2 à 3 mm de diamètre, grises et annelées de
noir, avec une marge en bourrelet épais ; le centre se fend et se
troue ultérieurement. Les dégâts sont peu importants.
(Déclert, 1990)
· Les taches foliaires blanches : causées par
Mycosphaerella sp, cette affection se caractérise sur les
jeunes feuilles au sommet de la plante par des petites taches, blanches
à grisâtres, mesurant 2 à 4 mm, de contour
irrégulier à anguleux, entourées d'une marge brune, et en
général, localisées au centre de la feuille, le long de la
nervure principale.
Les parenchymes nécrosés se détachent,
créant une trouaison du feuillage. Les dégâts ne sont pas
importants.
Dans le cadre de la lutte, la pulvérisation de
bouillies de Mancozèbe ou de Zirame peut-être recommandée.
(Déclert, 1990)
· Les taches noires duveteuses des fruits : elles
ont pour agent causal est Curvularia sp sous hygrométrie
élevée. On observe une tache noire veloutée sur le flanc
des fruits, recouvrant une plage de pourriture à évolution lente.
Les dégâts ne sont ni importants, ni fréquents.
(Déclert, 1990)
· La fonte de semis : causée par Pythium
aphanidermatum sur sol contaminé ou détrempé.
Déclert (1990) décrit un dépérissement des
plantules, débutant par le flétrissement
généralisé du feuillage. Le plus souvent le collet
apparaît anormalement aminci. Rapidement les collets brunissent, les
plantules versent et disparaissent en quelques jours sous l'effet d'une
macération totale. Arrachées, les racines apparaissent
anormalement courtes et effilochées.
VII.3.1.3. les maladies
bactériennes
· Le flétrissement bactérien : c'est
une maladie importante causée par Ralstonia solanacearum. Ses
symptômes sont un jaunissement et un flétrissement des plus
vieilles feuilles basales. La caractéristique de cette maladie est le
brusque et rapide dessèchement par temps ensoleillé suite
à une période pluvieuse (fig.9).
On peu diagnostiquer la maladie en coupant les racines ou les
tiges. Les plantes affectées produisent une sève sombre et les
tissus radiculaires internes sont colorés en brun.
Les moyens de lutte sont une meilleure prise en compte de
`'l'effet précédent''...
· La moucheture bactérienne : elle est
causée par Xanthomonas axonopodis p.v vesicatoria
décrit en 1994 par Bouzar et al. (Bassim et al.,
2004) , ses symptômes consistent en l'apparition de petites
formations véreuses sur les feuilles et les fruits, que d'autres
pathogènes peuvent utiliser pour infecter les fruits. Les saisons
très pluvieuses favorisent l'infestation qui réduit
considérablement la fructification et la qualité des fruits.
Les rotations culturales et le traitement de semences à
la chaleur (25 minutes à 50° C) sont de bons moyens de lutte
préventive.
Figure 9 : Plante affectée par le
flétrissement
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