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Lutte armée et renaissance de la démocratie en RDC de 1998 à  2006

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par Pacifique Kahimbira Second
Université de Kisangani (RDC) - Licence 2008
  

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II.2.5. Les mouvements Maï - Maï

Comme nous avons signalé ci -haut en passant, les Maï - Maï font partie de la résistance populaire contre les forces d'occupation étrangère, notamment les forces Rwandaises et Ougandaises.

Il convient de révéler que « l'origine de ce vocable « maï - maï » remonte à un événement passé survenu dans l'histoire de la République Démocratique du Congo lors des révoltes des Balubakat vers les années 1958, les combattants balubakat ont recouru à des pratiques fétichistes qui consacrait le cri de guerre « mema ma lualaba » qui signifiait l'eau de la rivière Lualaba. Selon la croyance populaire, ce cri de guerre avait un pouvoir magique pour tout guerrier qui le lançait. Car les armes de l'ennemi allaient couler sur lui comme l'eau de Lualaba, sans aucun effet nuisible »48(*).

Tout compte fait, cette pratique fut amplifiée lors de la grande rébellion de Pierre MULELE en 1964. Les combattants Mulelistes, lors de tous les affrontements, recouraient au cri de guerre de « mayi - Mulele » pour évoquer la puissance des eaux capable d'éteindre les armes de l'ennemi avec le nom de Mulele. Ainsi, l'eau était considérée comme l'incarnation de la force mystique du leader de la rébellion, Pierre Mulele.

Nous sommes en 1966, quand Kabila avait fait le retour pour l'organisation de ses maquis dans les montagnes de Fizi, les combattants, une fois de plus, avaient adopté le cri de guerre « maï - maï » qui signifie « rien que de l'eau », en d'autre termes, les armes de l'ennemi ne deviendraient que de l'eau sur le corps de celui qui lancerait ce cri.

Ainsi donc, comme nous pouvons le constater à travers tous ces soulèvements aux résolutions, les fétiches qui occupent une place centrale dans la morale du combattant, n'avaient qu'une seule référence principale « l'eau » car selon l'acceptation générale, personne ne peut se passer de l'eau. Par conséquent, tout homme évoquant comme philosophie de guerre, devient invulnérable aux armes de l'ennemi quelqu'en soit la nature.

Notons que le phénomène mayi - mayi reste enraciné dans les contradictions locales au Kivu, en Afrique des Grands Lacs, et dans le nouvel ordre mondial qu'il serait biaisé de n'y voir qu'une réalité récurrente ne s'enracinant que dans les problèmes fonciers et identitaires caractéristiques de la province du Nord Kivu et dans une certaine mesure, du Sud Kivu. Les mayi - mayi ne sont aucunement une réalité particulière isolée de la marche actuelle du monde et de l'Afrique.

L'usage de la violence milicienne à des fins politiques, économiques et culturelles n'est pas une exclusivité congolaise et Kivucienne. Le Libéria, la Sierra Leone, l'Egypte, la Somalie, l'Ouganda, le Rwanda, la République Centrafricaine, le Congo Brazzaville, le Côte d'Ivoire, l'Algérie, la Palestine, le Liban, la Colombie, illustre cette réalité »49(*).

Dans la région des Grands Lacs africains, la République Démocratique du Congo (RDC) au mieux le Congo Kinshasa avec ses deux guerres dites de libération connues successivement en 1996 - 1997 et 1998 - 2002 constitue un cas particulièrement intéressant pour l'étude du phénomène de « milicianisation ».

Essentiellement dans la partie orientale du pays, ce phénomène se manifeste à travers l'existence de milices actives diverses dont les « maï - maï ». Ces derniers sont présents au Nord et au Sud - Kivu, au Maniema, au Nord - Katanga et en Province Orientale. Dans le district de l'Ituri (en province orientale), érigé en province pendant la rébellion du RCD d'obédience Ougandaise, se trouvent des milices ethniques (Hema et Lendu) dont le foisonnement semblait contraster avec les avancées du processus de pacification du pays50(*).

C'est dans ce contexte que, lors d'une émission télévisée par Alexis BALINGI (journaliste à la Radio Télévision Amani R.T.A. privée appartenant à l'église catholique) à l'occasion du 45é anniversaire de l'assassinat de Patrice Emery Lumumba (le premier premier ministre du Congo indépendant) le 17/01/2006, Willy Mishiki, présenté comme le président des Patriotes Maï - Maï, déclare en toute solennité que les maï maï avaient des amis patriotes dans la plupart du pays de proche et moyen orient citant notamment Afghanistan, l'Irak, l'Iran, et le Pakistan. Il a souligné cependant, que son mouvement a pour idéologie, le patriotisme démocratique qui s'oppose à l'intégrisme. Il conclue en disant : « nous sommes appelés à conquérir, à exercer le pouvoir dans ce pays » (Kisangani à partir de 22h.). C'est au cours de l'émission du 18 janvier 2006 organisée par la même chaine catholique, qu'il réaffirma sa position en disant : « l'Algérie, l'Afghanistan, l'Iran, l'Irak et le Liban sont des pays où vivent des véritables patriotes mais intolérants ; ils glissent facilement dans l'intégrisme, l'extrémisme, l'intolérance ; et que le mouvement maï - maï est démocratique » (Kisangani, de 21h°° à 22h25).51(*)

Eu égard à ce qui précède, nous pouvons dire que les maï maï ont joué un rôle important dans les différentes luttes armées que la République Démocratique du Congo a connues.

Pour conclure ce chapitre, il est important de préciser que les différentes luttes armées menées par certains mouvements congolais en vue de conquérir le pouvoir, constituent une violence politique à partir de laquelle les crises de légitimations de l'Etat et de légitimité du pouvoir, de gouvernance et de rationalité qui sont appréhendées comme les causes principales de ces luttes, alors que l'absence de démocratisation de la lutte pour le pouvoir d'Etat en est la variable dépendante.

Cependant, en regardant bien cette réalité, le constat est que : la violence politique en République Démocratique du Congo était conduite à l'ombre de l'ingérence étrangère et du réalisme des relations internationales. Néanmoins, nous pensons que faute de victoire militaire, les belligérants étaient contraints à signer des accords à travers lesquels la paix civile est conçue comme un contrat pour une société démocratique et un Etat de droit.

C'est autour des ses différents accords que nous considérons comme le berceau de la démocratie en République Démocratique du Congo et autres conséquences de luttes armées que portera notre troisième chapitre.

* 48 Honoré NGBANDA NZAMBO ; Crimes organisés en Afrique et occidentaux, éd. DUBOIRIS, Paris 2004, p. 276 - 277.

* 49 Mwaka Bwenge, « les milices mayi - mayi à l'Est de la République Démocratique du Congo : dynamique gouvernementalité en situation de crise », in Revue africaine de sociologie, 7 (2), 2003,

* 50 : AMURI MISAKO : L'on sait combien les initiatives de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) ont longtemps trainé en Ituri, les logiques des organisations non gouvernementales (ONG), de l'union européenne (Opération Artemis), de la réalité locale relative à la réinvention du quotidien dans les espaces anétatiques (inclavés et échappant à l'emprise de l'Etat).

* 51 Willy Mishiki cité par AMURI MISAKO : les milices maï - maï au Maniema (Août 1998 - juin2003) : un monde d'affirmation politique des masses rurales : mémoire de D.E.S (inédit) en SPA, FSSAP, UNIKIS, 2007 - 2008.

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