L'analyse de variance et la comparaison des
résultats des moyennes des clones en plantation industrielle et en essai
montrent des différences significatives entre les différents
clones. Au sein des plantations industrielles mais également au sein des
essais, la croissance varie d'un clone à un autre.
En terme de hauteur individuelle moyenne, le
classement par ordre croissant des clones obtenu en essai (18-52 ;18-50, 18-85
et 18-72) est le même qu'en plantation industrielle (18- 52 ; 18-50 ;
18-85 et 18-72). Le clone 18-52 se comporte bien dans les deux types de
plantation. Pour la circonférence individuelle moyenne, le classement
des clones en essai (18- 52 ; 18-50 ; 18-85 et 18-72) n'est pas identique
à celui obtenu en plantation industrielle (18- 85 ; 18-52 ; 18-72 et
18-50). Le clone 18-50 qui se comporte mieux en essai en terme de
circonférence, est en dernière position dans le classement
observé en plantation industrielle.
Ce clone est probablement plus sensible aux conditions
difficiles des plantations industrielles (mauvaises préparations des
terrains avant planting, mauvais entretiens, etc.).
Cette forte croissance en hauteur et en
circonférence du clone 18-52 par rapport au clone 18- 50 a
été observée dans la plupart des tests clonaux de
l'U.R.2P.I où ces deux clones sont utilisés comme témoin
(Saya, 2007 ; Communication personnelle ; U.R.2P.I, 2006 b). De même
Nouguier (1997), lors de l'analyse du test clonal R86-10 observe que le clone
18-52 a une plus forte croissance (Hauteur et circonférence) que les
clones 18-50 et 18-72.
Le classement des volumes individuels moyens des
clones en essai (18-52 ; 18-50 ; 18-85 et 18-72) n'est pas le même que
celui observé en plantation industrielle (18-85 ; 18-52 ; 18-50 et
18-72).
En ce qui concerne la productivité moyenne, le
classement observé dans les deux types de plantation est identique.
(18-52 ; 18-50 ; 18-85 et 18-72).
Les résultats de la productivité en
essai se rapprochent de ceux obtenus lors de l'analyse commune des tests
clonaux (U.R.2P.I, 2006 b). Ils relèvent que la productivité
à 4 ans du clone 18-52 est en moyenne de 23,03 m3/ha/an,
celle du 18-50 est de 20,35 m3/ha/an, celle du clone 18-85
égale à 19,60 m3/ha/an et celle du 18-72 égale
à 17,31 m3/ha/an. Dans les conditions de nos observations
avec des âges variant entre 4 et 5 ans, ce classement a été
maintenu; le 18-52 est le plus productif parmi les quatre clones en
essai.
Le 18-72 bien qu'ayant une forte mortalité
(s'approchant du 18-52) en plantation industrielle, présente la plus
faible croissance en hauteur, en circonférence, en volume et en
productivité ; c'est le moins productif des quatre clones
étudiés.
IV-4 Comparaison de la croissance en essai et en
plantation industrielle
Les résultats de l'étude comparative de
la croissance des clones en plantation industrielle et en essai montrent des
différences significatives sur toutes les variables
étudiées (hauteur, circonférence, volume et
productivité) en faveur des essais. La nature de plantation influence
fortement la croissance des clones.
La croissance (hauteur, circonférence, volume
et productivité) tous clones confondus en
parcelles industrielles est
donc inférieure à celle obtenue en tests clonaux. Les 18-52,
18-50 et
18-72 présentent la plus forte croissance en
essai qu'en plantation industrielle. La hauteur individuelle moyenne du clone
18-85 est plus élevée en essai qu'en plantation industrielle.
Cependant bien qu'ayant la plus grande circonférence individuelle
moyenne en essai, il se comporte pratiquement de la même façon
dans les deux types de plantation. Ce même comportement a
été observé pour le clone 1-41 de l'hybride
naturelle PF1 (Saya, 2007, communication personnelle) qui
présente une croissance en plantation industrielle pratiquement
semblable à celle obtenue en essai.
Le ratio productivité essai /
productivité plantation EFC montre que la productivité en essai
est deux fois plus importante qu'en plantation industrielle. La production
moyenne des clones en essai est de 25,76 #177; 9,39 m3/ha/an alors
qu'en plantation industrielle elle est de 13,41 #177; 6,32
m3/ha/an.
Ces résultats de forte croissance des clones
en essais (parcelles multiclonales) par rapport aux plantations industrielles
ont été aussi observés par Chatelperron (1982) et par
Delwaulle (1985) qui pensent que les parcelles multiclonales présentent
une meilleure production par rapport aux parcelles monoclonales.
De même Makita (2006) montre que les
résultats obtenus en parcelles de recherche sont nettement plus
élevés par rapport à ceux obtenus en plein champ. Ce
dernier qualifie l'expérience en milieu contrôlé (essais)
comme expérience intensive, tandis que celle organisée en plein
champ est qualifiée d'expérience extensive.
Les tests clonaux sont établis avec des soins
particuliers et suivant un protocole défini pour permettre la
comparaison la plus fine possible des clones étudiés (CTFT,
1984).
Les peuplements forestiers sont fortement
dépendants des ressources et de la structure du sol qui sont des sources
importantes d'hétérogénéité d'origine
exogène (Goreaud, 2000). La plupart des tests clonaux sont
installés sur des terrains plus ou moins plats (souvent en plateau) ; ce
choix de terrain réduit en partie
l'hétérogénéité du sol. Cependant, le
gestionnaire des plantations qui doit avant tout mieux gérer son espace,
est contraint de planter même sur des terrains avec un certain
degré de pente qu'on trouve d'ailleurs dans la plupart des parcelles du
massif EFC. L'étude réalisée par Nzobadila-Kindiela (2002)
montre que la production obtenue sur les bas-fonds et les plateaux est
nettement meilleure à celle obtenue sur les pentes. En effet, la
topographie influence l'accès à la lumière et le drainage
du sol peut également être un facteur
d'hétérogénéité important (Pélissier,
1995 cité par Goreaud en
2000). L'évaluation de la productivité
en plantation industrielle EFC montre qu'il y a des différences de
croissance entre niveau topographique (Haut et bas de pente). Cette
différence de croissance est due au niveau d'altitude
légèrement plus élevé en haut de pente.
La non maîtrise de la dévitalisation des
souches en plantation industrielle, entraîne une concurrence
nutritionnelle (lumière, éléments nutritifs, etc.)
très forte entre les vieilles souches des clones d'Eucalyptus et les
nouveaux clones plantés. Cette forte concurrence des arbres en
plantation industrielle est renforcée par un recrû herbacé
important, entraînant une baisse de la productivité des
clones.
La diminution de la productivité est
également due aux incendies qui provoquent la réduction de la
masse foliaire, donc de la capacité photosynthétique (Deleporte
et al., 2003), la destruction partielle du mat racinaire situé
sur la litière qui joue un grand rôle dans l'alimentation hydrique
et minérale des Eucalyptus. Les feux provoquent également le
stress du cambium (Hamel et al., 2004). Des intensités moyennes
de feu provoquent immédiatement une forte baisse de croissance, alors
que des incendies intenses entraînent la mort sur pied des
différents individus. Chaque année, des incendies parcourent une
grande partie des plantations industrielles (Deleporte, 2002). Cependant en
tests clonaux, les entretiens et le bon suivi ont fait que seuls quelques tests
clonaux ont été victimes de feu.
La croissance d'un clone varie d'une parcelle
à une autre. Cette variabilité de croissance aux seins des
parcelles a été observée depuis longtemps lors des
analyses des tests clonaux (Martin, 1990 ; Nouguier, 1997 et Saya, 2007,
communication personnelle). La différence de croissance d'une parcelle
à une autre est due aux variations de la fertilité des parcelles,
aux compétitions différentes et à l'historique des
parcelles (victime d'incendie ou pas, fertilisations, entretiens).