CHAPITRE UN
« L'intelligence territoriale »
Le désengagement des Etats, souvent accompagné
de politiques de régionalisation, renvoie vers les acteurs et
décideurs locaux la responsabilité de concevoir, constituer et
utiliser les informations capables de soutenir leur action.
A cet effet s'introduit l'intelligence territoriale qui est
une pratique qui permet aux acteurs locaux de se responsabiliser sur les
décisions portant sur le développement de leur territoire. Le
terme de l'intelligence territoriale n'est pas un terme bien défini par
les théoriciens de l'économie, où l'on trouve diverses
tendances dans l'interprétation du concept.
Dans le but de cerner le concept de l'intelligence
territoriale, nous allons présenter deux concepts qui lui sont fortement
liées : le développement durable et l'intelligence
économique, ensuite quelques unes de ses définitions et enfin ses
objectifs.
1. Approche de l'intelligence territoriale
L'intelligence territoriale devrait trouver sa place entre la
planification stratégique à moyen terme et les exercices de
prospective menés par les régions. Elle doit permettre d'ajuster
en continu les éléments du plan stratégique et influencer
les données prises en compte pour la formulation des exercices de
prospective.
1.1 Concepts en relation avec l'intelligence
territoriale
Pour mieux cerner la notion de l'IT, nous proposons un
ensemble de concepts qui lui sont intimement rattachés. Dans une
première approche, on distingue le mot de l'intelligence qui fait
référence à la capacité de réponse dans un
délai précis, et en le mot territoriale qui suggère la
limitation géographique d'un espace. En somme, l'IT signifie la
capacité d'un territoire d'rtre flexible aux mutations qu'il subit, de
permettre aux différents acteurs qui le composent d'échanger
mutuellement les intérêts qui s'y retrouvent dans ce
territoire.
1.1.1 Intelligence économique
Selon sa définition, l'intelligence économique
est la maitrise et la protection de l'information utile pour les
décideurs. L'IE est une démarche qui repose sur les étapes
suivantes1 :
o Définir les besoins en information ;
o Collecter l'information ouverte ;
o Ne pas négliger l'information «informelle»
;
o Hiérarchiser et traiter l'information recueillie ;
o Diffuser l'information à point nommé ;
o Mesurer la satisfaction des destinataires ;
o Protéger les données sensibles et le
savoir-faire ;
o Influer sur l'environnement ;
o Bannir définitivement la naïveté tout en
évitant de verser dans la paranoïa ;
o Obtenir l'adhésion de tous.
1 . .
Voir Apr en Deux-Sévres, L'intelligence
économique, Document N°73 - Juillet 2008
Selon certains auteurs2, on parle aussi
d'intelligence économique territoriale. C'est une forme d'intelligence
économique appliquée à un territoire. Dans cette
conception, le territoire est considéré comme une organisation,
celle-ci pratique les commandements cité ci-dessus afin de survivre et
de préserver ses sources d'énergie. Dans notre cas
d'études, on s'intéresse à ce volais mais ce n'est pas le
tout, notre conception s'étend aux acteurs sociaux et culturels.
1.1.2 Développement durable
Un développement durable est « un
développement qui permet la satisfaction des besoins présents
sans compromettre la capacité des générations futures
à satisfaire les leurs3 »
o Dimension intergénérationnelle
o Quels besoins futurs ?
o Le mode de développement actuel est-il durable ?
Les trois piliers du développement durable : le pilier
environnemental, le pilier social et enfin, le pilier économique.
1.2 Définitions
L'intelligence territoriale met les infrastructures
matérielles et immatérielles au service de la reconversion
perpétuelle du territoire. La reconversion est basée sur
l'exploitation optimale des informations sociétales, industrielles et
technologiques et leur impact sur le développement futur d'une
région. Au niveau endogène, pour certaines régions,
l'intelligence territoriale débouchera sur le développement de
nouvelles niches d'excellence, pour d'autres, elle conduira à
l'intégration de nouveaux savoirs ou à l'utilisation de nouvelles
technologies dans des industries ou savoir-faire régionaux existants.
2
Voir Yannick Bouchet, dispositif d'IET & gouvernance
hybride, Université J. Moulin, Lyon 3, P05.
3
Voir : Rapport Bruntland, Commission Mondiale sur
l'Environnement et le développement, 1987.
1.2.1 Definition 1
« l'intelligence territoriale est l'ensemble des actions
de l'intelligence économique conduite de manière
coordonnée par des acteurs publics et privés (marchands ou non
marchands) localisés dans un territoire, afin d'en renforcer la
performance économique et, par ce moyen, d'améliorer le
bien-être de la population locale »4
Les propos précédents définissent
l'intelligence territoriale à travers le concept de l'intelligence
économique. En d'autres termes, les acteurs d'un territoire font de
celui-ci un territoire intelligent s'ils coordonnent entre eux de façon
mutuelle toutes leurs pratiques d'intelligence économique.
De façon plus claire, l'IE maximise le profit interne
à l'organisme qui le pratique alors que l'IT tente d'atteindre
l'intér~t général des acteurs du territoire qui sont : les
organismes toutes catégories confondues ainsi que la population
locale.
1.2.2 Definition 2
« un processus informationnel et anthropologique,
régulier et continu, initié par des acteurs locaux physiquement
présents et/ou distants qui s'approprient les ressources d'un espace en
mobilisant puis en transformant l'énergie du système territorial
en capacité de projet. De ce fait, l'intelligence territoriale peut ~tre
assimilée jà la territorialité qui résulte du
phénomène d'appropriation des ressources d'un territoire puis aux
transferts des compétences entre des catégories d'acteurs locaux
de culture différente »5.
Cette définition met l'accent sur les acteurs
du territoire qui sont dotés de ressources et qui se font des
transferts de compétences.
4 Voir : Christian Marcon, l'intelligence
économique, Ed DUNOD, Paris 2006, cote 658.4/115 P : 99
5 Voir : Yannick Bouchet, dispositif d'IET &
gouvernance hybride, Université J. Moulin, Lyon 3, p 03.
1.3 Objectifs de l'intelligence
territoriale6
L'aspect que nous voulons saisir de la ville, ici, est une
caractéristique qui
relève de l'évidence : la ville est source de
richesses ; tout en sachant que la nature de
la richesse évolue. En effet de la révolution
industrielle jusqu'au milieu du XX° siècle,
c'est sa dotation en facteurs naturels qui fait qu'une
région est riche ou pauvre et c'est l'opulence de la région
qui fait la prospérité de la ville. Mais depuis la seconde
guerre mondiale, la dotation naturelle a été minorée
par le poids écrasant d'un nouveau
facteur : le facteur humain dont une partie évolue en
capital humain.
1.3.1 Aider la gouvernance du territoire
Dans les perspectives de l'analyse de la croissance, on
retrouve celle des institutions qui gouvernent la décision publique.
L'analyse des politiques propres à déclencher le
développement dans un pays ou dans une région donnés
n'est pas nécessairement d'une difficulté
insurmontable. En revanche, mettre en oeuvre ces politiques peut se
révéler impossible du fait de la structure de décision
publique dans le pays considéré parce qu'elles peuvent aller
à l'encontre des intérets de ceux qui
A cet effet, on trouve que l'un des objectifs de l'IT et du
SIIT, est de donner
une aide à
1.3.2 Anticiper les mutations
Une stratégie territoriale, s'appuyant sur un processus
d'intelligence économique territoriale, transforme le territoire en un
collectif local apprenant et
oblige à une approche de politique générale
du territoire avec tous les acteurs référents.
C'est en effet aux politiques ainsi qu'aux acteurs
référents de proposer la construction
d'une territorialité sur le long terme.
Il s'agit, par exemple, d'une volonté collective de
pérenniser les emplois et de
s'engager dans le développement durable. Parce qu'elle
a la responsabilité de la
6 . .
Voir L'intelligence territoriale au service du
développement des territoires et des pôles de
compétitivité, Séminaire à
Strasbourg du 8 au 10 décembre 2009, P 01.
10
gestion des biens collectifs (y compris l'information mise
à disposition par les acteurs), la collectivité locale a une
vision systémique de la territorialité qui lui permet de
gérer la congruence des besoins des parties prenantes.
1.3.3 Dotation en information des acteurs
Face à la mondialisation actuelle7, la
recherche et la diffusion d'information stratégique devient une
nécessité pour les entreprises comme pour les territoires.
L'intelligence économique territoriale construit un
système d'information permettant aux acteurs locaux de devenir plus
efficace. Dès lors, l'information est porteuse d'efficience pour les
parties prenantes.
Le critère ultime d'efficience fait intervenir le
débordement de l'organisation sur son environnement : l'organisation
efficiente modifie son milieu à son avantage, et contribue ainsi
à modeler ce milieu. Dans cette perspective, l'intelligence territoriale
pose le problème de la gestion des articulations et les
transferts d'information (mais aussi données et savoirs) entre acteurs.
Elle renvoie à la description des enchevêtrements entre les
différentes échelles spatiales que ce soit aux niveaux des
firmes, des services publics ou parapublics.
7 Voir : Yannick B, dispositif d'intelligence économique
territoriale & gouvernance hybride, Université J. Moulin, Lyon 3.
2. Faire confiance à l'intelligence
territoriale
La mondialisation, la compétition économique,
la promotion des entreprises, le développement durable, la
compétition entre territoires ont un impact direct sur les acteurs du
développement économique d'un territoire et sur leur
compétitivité. Pour l'anticiper, en atténuer le choc et/ou
en saisir les opportunités, les acteurs territoriaux ont misé sur
l'intelligence économique territoriale.
Force est cependant de constater que les
collectivités n'en sont pas toutes encore à
généraliser l'emploi de la démarche d'Intelligence
territoriale (IT), dont le bien fondé n'est plus à
démontrer auprès des bénéficiaires.
Les interventions publiques traditionnelles, dans le domaine
du développement économique, ne doivent-elles pas rechercher
aujourd'hui de nouvelles modalités de management au regard d'une
concurrence toujours croissante des territoires. Les méthodes
empruntées au management des entreprises, telles que le marketing,
ouvrent de nouvelles voies, davantage dans « leur esprit » que dans
un plaquage systématique des concepts.
2.1 De l'économie de production à
l'économie de développement
Le passage d'une économie de production à une
économie d'environnement pose l'accès à l'information et
à la production de connaissances incontournables des futurs choix
stratégiques des dirigeants d'entreprises et des décideurs
publics. Or les liens entre les initiatives d'entrepreneurs et les
stratégies élaborées par les élus politiques
restent encore souvent partiels, et interrogent sur la performance et
l'efficacité du territoire.
L'appui au développement économique des
collectivités locales prend, de façon classique,
différentes formes :
12
2.1.1 Aide aux acteurs de
développement
L'intervention publique se traduit par de l'aide au foncier,
à l'immobilier, à certains investissements, voire même par
un renforcement du haut de bilan. Les services économiques (CCI, Agences
de développement économique...) apportent conseil et appui
technique.
La production de richesse, la création d'emplois
relèvent du développement économique. Ils s'appuient sur
la production et la mobilisation de ressources locales dans l'objectif d'un
accroissement durable des richesses produites, pour le renouvellement du tissu
économique.
2.1.2 Attractivité des investisseurs
Un développement exogène est basé sur
l'attractivité du territoire et l'accueil d'investisseurs
extérieurs. Dans la wilaya de Bejaia, on prend par exemple la zone
industrielle de Taherachte (Akbou) caractérisée par la forte
condensation de l'industrie
toutes filières confodues. Ainsi cette zone
géographique détient une forte attractivité
des fonds et investisseurs étrangers. Améliorer
l'image, asseoir la notoriété d'un lieu,
ont été le cheval de bataille de nombreuses
collectivités.
d'emplois et de taxes professionnelles. Aujourd'hui la
multiplication de ces démarches de communication a créé
une banalisation des messages. Leur efficacité n'a de plus pas
été prouvée.
2.1.3 Image de marque
Les acteurs d'un territoire s'intéressent à
leur territoire, et lient de plus en plus la santé de leurs
organisations à celle de leur espace d'accueil. La complexification de
l'environnement général les appelle à vouloir
réduire les incertitudes de leur « environnement local ». Ceci
est d'autant plus vrai qu'il existe une réelle dépendance
localisation n'est pas forcément liée à des
critères économiques.
2.2 Le territoire, source de valeur
La production de richesse8, la création
d'emplois relèvent du développement économique. Ils
s'appuient sur la production et la mobilisation de ressources locales dans
l'objectif d'un accroissement durable des richesses produites, pour le
renouvellement du tissu économique. Nous considérons le
territoire comme un système local. Un produit n'a de valeur que s'il
correspond à une demande (existante ou latente). Les différentes
approches théoriques expliquant le dynamisme d'un territoire gr~ce
à la valorisation de ressources spécifiques porteuses
d'externalités, qui s'appuient notamment sur des stratégies de
coopération/coordination/concurrence abordent peu la perspective de
l'offre.
Dans ce sens, nous définirons la valeur comme un
ensemble construit de ressources spécifiques, s'appuyant sur un ancrage
territorial, porteuse de valeur marchande car répondant à un
besoin ou une demande. Cela sous entend l'intégration d'une notion
d'évolutivité de la valeur puisqu'elle s'adapte aux mutations des
demandes du marché.
La question centrale pour le décideur public doit ~tre
comment s'aborde et se vit la construction et l'analyse de la valeur
plutôt que porter sur la démarche d'analyse de marché. Cela
implique une co-construction de la valeur avec les acteurs locaux, qui
deviendront par ailleurs, et d'autant plus, clients du territoire car
s'appuyant sur cette valeur à leur propre profit.
2.2.1 L'entreprise territoriale
Le projet du territoire est celui de l'entreprise
territoriale 9. La culture d'un patrimoine propre, d'une vocation
singulière, originale est à la racine d'un service visant non
seulement ceux qui habitent le territoire mais aussi la clientèle de
l'économie territoriale mondialisée. La mise en valeur du
patrimoine que constitue le
8 Voir : Myriam Bros-Clergue, Différencier les
territoires : quels outils de management?, Université Toulouse II-Le
Mirail, juin 2004, P02.
9 Roger N, l'économie de territoire, juillet
2000
14
territoire n'est donc pas à concevoir comme une simple
exposition mais comme un service à la fois matériel et
immatériel.
Il s'agit donc pour le développement du territoire de
concevoir un projet d'entreprise avec son marketing, ses financements, son
management, sa production, ses équipements, etc. Il ne s'agit pas de
calquer n'importe quel modèle d'entreprise d'autant plus que nous sommes
sur le territoire démocratique d'une communauté de vie et de
devenir.
Cependant rien n'empêche d'en retenir des
rationalités pour construire une communauté entreprenante
à l'échelle du territoire. Dès lors, les entreprises
classiques peuvent concourir elles-mêmes au projet de territoire,
à l'entreprise territoriale, dans la mesure même de leur
engagement dans le bien commun. L'entreprise territoriale créant une
dynamique et une économie nouvelle entraîne ipso facto la
redynamisation d'une "économie de proximité" en même temps
que la participation à une économie territoriale.
2.2.2 La valeur support d'un produit
territorial
L'attractivité d'un lieu10 se construit
à la fois sur des facteurs économiques, géographiques,
humains, historiques. Tous les acteurs, les services d'une collectivité,
participent directement ou indirectement à l'attractivité d'un
lieu, à la perception que l'on en a. La notoriété des
entreprises locales, l'image des décideurs locaux, de la main d'oeuvre,
l'environnement culturel, touristique, patrimonial, participent à
l'élaboration de l'image, et à la perception que le « client
» a du territoire. Les démarches de construction et de gestion
d'une image commune aux collectivités et aux acteurs économiques
se développent alors et s'entretiennent.
L'attractivité repose sur une valeur, non seulement en
terme d'image, mais aussi en termes de ressources propres au territoire. Pour
attirer et accueillir des
10
Voir : Myriam Bros-Clergue, Différencier les territoires
: quels outils de management?, Université Toulouse II-Le Mirail, juin
2004, P08.
entreprises, il n'y a pas de solutions miracles. La
collectivité s'appuie sur la connaissance de la cible, c'est à
dire les entreprises qui pourraient etre intéressées par la
valeur du territoire, et sa traduction dans l'adaptation de l'offre
(capacités d'accueil, environnement, tissu local, formations...). Ainsi
la phase de diagnostic auprès des acteurs économiques locaux peut
etre l'occasion de connaître la perception qu'ils ont de leur territoire,
et de recueillir les données permettant de définir une cible en
fonction de leur relations fournisseurs/clients, de leur environnement
général (technologique...).
2.2.3 Le marketing territorial
La valeur d'un territoire11 doit s'inscrire à
deux niveaux : la reconnaissance par
L'élu peut faire appel aux techniques de marketing
pour susciter la mise en place de « lieux » de discussions, la
diffusion de l'information, susciter l'adoption de valeurs par les acteurs
économiques. Dans ce sens le marketing territorial vise à
mobiliser et à accompagner le développement, dans l'objectif
d'établir des relations capables de construire des ressources
spécifiques. Cette démarche collective où chacun devra
faire appel à l'image partagée du territoire, nécessite de
faire passer l'idée que la démarche vise un progrès pour
tous, avant qu'il n'en soit un pour chacun.
Le territoire doit alors être envisagé comme un
ensemble stratégique, une construction d'acteurs qui s'organisent autour
d'une (ou des) valeur(s) partagée(s) dans un objectif de
développement économique.
Cela ne s'inscrit pas dans une approche ponctuelle mais dans
le temps. Le marketing suppose des allers-retours continuels entre la logique
d'offre et la logique de demande. Il implique d'intégrer des
compétences d'interface, de veille, de communication dans les structures
de développement telles que agences d'urbanismes, agences de
développement, services économiques. C'est à cette
condition que les acteurs privés s'inscriront dans la dynamique
locale.
11 Voir : Myriam Bros-Clergue, Différencier
les territoires : quels outils de management?, Université Toulouse II-Le
Mirail, juin 2004, P06.
16
3. Cas de pratique de l'intelligence
territoriale.
Le présent et dernier point de ce premier chapitre
présente des cas réels de la pratique de l'intelligence
territoriale. Les deux cas qui seront présentés montrent l'apport
de la pratique de l'intelligence territoriale sur le dévellopent des
projets de territoire.
3.1 Gestion de l'environnement à
Madagascar12
Madagascar est une île au large de l'Océan
Indien à l'est de l'Afrique, d'une superficie de 587.051 km2 et long du
nord au sud de plus de 1.600 km et large d'est en ouest de 570km. Le climat est
de type tropical avec une large gamme de bioclimats très
différents : du tropical chaud au tempéré frais, du
subéquatorial au montagnard accusé, du semi-désertique du
Sud au saturé d'humidité des côtes Nord-Est.
La population se chiffre à 16.641.000 en 2003 et
croît à un taux annuel de 2,9% ; près des trois quarts de
cette population habitent en milieu rural. Le produit intérieur brut est
de 29.843 milliards de Fmg en 2001 soit l'équivalent de 5.291 millions
de US$. La contribution du secteur primaire dans le PIB est de 29,8%, celle du
secteur secondaire de 13,5% et celle du secteur tertiaire de 51,4% (MEFB,
Août 2003).
Administrativement, le pays est subdivisé en 6
provinces, 111 Fivondronana (sous-préfectures) et 1558 communes dont
1513 rurales. Le pays, avec un revenu per capita de moins de 300$ et l'encours
de la dette extérieure de plus de 4,6 milliards de dollars à la
fin 2002 (MEFB, Août 2003), est classé parmi les pays les moins
avancés (PMA) et les pays pauvres très endettés (PPTE).
3.1.1 Les enjeux environnementaux à
Madagascar
Madagascar est reconnu dans le monde par
l'originalité, la richesse et l'exceptionnel endémisme de sa
biodiversité. Ces spécificités sont dues aux contextes
géologiques, physiques et géographiques propres au pays. Son
insularité précoce l'a
12 Voir : RAKOTOARIJAONA J-R, Système
d'informations, aide à la décision et lutte contre les feux de
brousse.
mis à l'abri des invasions d'espèces nouvelles et a
permis à sa faune et à sa flore, soit
milieux du pays tout en restant isolé du reste du
monde. Du point de vue géographique, l'allongement en latitude et
l'échelonnement d'altitudes se traduisent par bioclimats très
variés auxquels correspondent des formations naturelles et des
écosystèmes qui leur sont particuliers.
Cet environnement exceptionnel et ces ressources naturelles
sont en danger du
fait des pressions très importantes. On peut citer trois
facteurs naturels de dégradation
de l'environnement : la sévérité des
conditions climatiques, la vulnérabilité du sol
ferralitique aux agents de l'érosion, l'escarpement des
reliefs et même la fragilité de la biodiversité malgache.
Les autres facteurs sont anthropiques et sont liés à la
croissance démographique, à l'utilisation des ressources
naturelles et aux conditions socioéconomiques.
La mauvaise performance économ
estimations récentes situent à 80,9% la
proportion des malgaches vivant en dessous du seuil de pauvreté (INSTAT,
EPM 2002). La mesure de l'indice de développement humain classe
Madagascar 149ème sur 175 pays en 2001 (PNUD, RMDH 2003). De
manière globale, la pauvreté est essentiellement rurale car plus
de 86% de la population rurale sont pauvres. Ce sont les ménages
agricoles et notamment les petits
3.1.2 Politiques de gestion de l'environnement à
Madagascar
Partant de ces constats, Madagascar a ratifié les
principales conventions internationales relatives à l'environnement et
souscrit aux initiatives de développement durable comme les
déclarations de Rio, de Johannesburg et l'Agenda 21. Madagascar a
adopté en 1990 la Charte de l'Environnement Malagasy, qui définit
la Politique Nationale de l'Environnement et spécifie ses principes
généraux et les dispositions la traduisant en termes
opérationnels dans le cadre du développement global de
18
Madagascar. Cette politique vise à rétablir un
équilibre durable et harmonieux entre les besoins de
développement de l'homme et les soucis écologiques.
La mise en oeuvre de la politique environnementale est
assurée à travers un plan national d'action environnementale
(PNAE), premier du genre en Afrique, d'une durée de 15 ans
subdivisée en 3 programmes 95 de 5 ans chacun. Le PNAE a pour objectif
essentiel de réconcilier la population avec son environnement en vue
d'un développement durable. Le PE3, troisième et dernière
phase du PNAE, devrait être mis en °oeuvre effectivement à
partir de 2004. Après le PE3, « les actions environnementales
devraient se faire de manière automatique et naturellement
gérées et générées par les
Collectivités de base, les Ministères, les ONG, etc. ».
Différents instruments de gestion de l'environnement
sont développés et mis en oeuvre dans le cadre du PNAE : le
transfert de gestion, les aires protégées et sites de
conservation, la gestion intégrée des zones côtières
(GIZC), la gestion conservatoire des eaux et des sols, la gestion durable des
ressources forestières, la mise en compatibilité des
investissements avec l'environnement (MECIE), la planification
régionale, la sécurisation foncière Ces instruments sont
appuyés par d'autres mesures ou activités visant essentiellement
la réduction des pressions sur les ressources naturelles comme les
activités de développement ou alternatives, les
activités de sensibilisation, d'éducation ou de
renforcement de capacité. Enfin, le PNAE comprend aussi des volets
d'instauration de la bonne gouvernance environnementale.
3.1.3 Système d'information de l'ONE
Parmi les conditions de réussite de cette politique
environnementale, la charte de l'environnement insiste sur le besoin
d'intégrer l'environnement dans notre processus de planification
à moyen et long termes ainsi que la nécessité
d'améliorer les outils de maîtrise de l'évolution de
l'environnement, notamment l'utilisation des techniques modernes comme la
télédétection et l'introduction d'indicateurs prenant en
compte l'évolution de notre capital naturel dans le temps et dans
l'espace.
Le système d'informations environnementales basé
à l'ONE est conçu comme l'outil de suivi de l'état de
l'environnement et de son évolution, qui devra permettre
environnementales, d'évaluer les impacts environnementaux
des différentes politiques et activités économiques, et
d'orienter la politique des décideurs et les activités des
o rassembler les informations sur l'environnement à
travers un oeuvrant dans le domaine de l'environnement et des autres domaines
connexes ainsi
o concevoir et développer les indicateurs permettant un
meilleur suivi de l'environnement selon le modèle
Pression-Etat-Réponse ;
o diffuser les informations auprès des décideurs
des opérateurs et du public par l'édition, entre autres, de
rapports périodiques sur l'état de l'environnement ainsi que
d'autres publications présentées sous différentes formes
(lettres d'information, fiches pédagogiques, affiches etc.) ;
o gérer les observatoires sectoriels et les bases de
données y afférentes ;
o produire des informations et analyses géospatiales
concernant l'état des écosystèmes naturels à
partir de l'exploitation des images satellite ;
o élaborer un système statistique devant aboutir
à une comptabilité de l'environnement pouvant etre
éventuellement intégré à terme dans la
comptabilité économique nationale.
3.1.4 Les acteurs du SIT
o Le Ministère de l'environnement, des eaux et forets,
représente l'Etat
o L'ONE est mandaté par le Ministère de
l'environnement, des eaux et forets pour coordonner les différents
systèmes de données sur l'environnement et gérer
20
o Les autorités nationales, les principales
institutions environnementales nationales et les bailleurs de fonds du
Programme environnement sont réunis au sein d'un comité de
pilotage leur permettant d'orienter et suivre l'avancement de chantier de mis
en oeuvre du système d'information.
o Les réseaux et associations de réseaux de
systèmes d'informations environnementales.
3.1.5 Système d'informations et lutte contre les
feux de brousse
Les feux de brousse constituent une des causes de
dégradation de l'environnement, la DGEF estime à 650.000ha par an
la superficie ravagée par les feux. Les feux sont essentiellement dus au
renouvellement de pâturage, à des opérations de nettoiement
incontrôlées et d'extraction minière, au
mécontentement populaire, à de pur vandalisme ou à des
raisons liées au vol de bétail.
Dans le but de diminuer les feux de fort, trois types
d'activités sont menés : la sensibilisation et la motivation de
la population à lutter contre les feux de brousse ; le renforcement de
l'application des lois contre les feux de brousse et le suivi satellitaire des
feux.
Le système présenté ici s'avère
rtre un outil incitatif indispensable pour l'éradication des feux de
brousse et contribue fortement à la promotion du développement
durable. En effet, il n'y aura pas de développement durable si on
continue de détruire les capitaux naturels au rythme actuel.
Il est noter toutefois que l'ONE fait face continuellement
à des contraintes matérielles, financières et techniques.
Des renforcements des capacités sont ainsi nécessaires. Dans la
mesure où cette lutte contre les feux est un travail de longue haleine,
la participation des nationaux et des institutions nationales est primordiale.
Sans cela, les impacts de ce genre d'action ne pourront ~tre durables.
3.2 Port de Rotterdam13
Dans le cas de Rotterdam, ce qui est remarquable, c'est la
capacité de ce port à
de l'intégration dans des réseaux, à
celle territoriale qui relève du politique (de l'Etat comme de l'UE),
à articuler le développement local avec la demande
régionale de la mégalopole européenne au mondial. Le
risque avec l'accentuation et la multiplication des contacts lointains est de
détacher Rotterdam de sa base territoriale, laissant de
côté le reste des Pays Bas.
3.3.1 Présentation du site
Rotterdam est situé dans le double delta du Rhin et de la
Meuse, sur un bras
fluvial écoulant les eaux du Rhin et qui lui est
directement relié. Dès l'époque médiévale
(création moitié du 12ème siècle), c'est une petite
ville de pécheurs qui s'étend sur la rive droite de la Meuse, au
même niveau que la mer, elle est protégée des eaux par une
digue. Aujourd'hui, la ville de Rotterdam compte plus de 600 000
hab. et son agglomération
dépasse d'un million.
C'est en fait un pôle industriel au service de la
Randstatt. Ainsi, ce port représente la plus grande zone de
concentration industrielle des Pays-Bas. Il s'est d'ailleurs
spécialisé dans le trafic de pondéreux (charbon, fer et
pétrole) alimentant les industries qui leur sont liées
(pétrochimie par exemple). Mais c'est aussi un grand port pour les
produits alimentaires et depuis les années 1970, il connaît une
diversification
des produits et une augmentation de la valeur des produits
transbordés.
3.3.2 Position actuelle du port de Rotterdam
Rotterdam est un complexe portuaire gigantesque s'étendant
sur plus de 40 km d'est en ouest, c'est le 1er port du monde depuis les
années 1930.
Le trafic en terme de poids ne cesse de progresser avec comme
conséquence la
croissance du chiffre d'affaires du port de Rotterdam. Remarquons
tout de même que
13
Pour toutes les informations du point 3.3 Voir: Annabelle S,
Mondialisation, territoires et aménagement, Collège Longchamp,
mars 2005.
22
Rotterdam est avant tout un port d'importations. Presque la
moitié du tonnage des importations correspond à l'entrée
de produits pétroliers dont l'Europe n'est pas productrice mais
très fortement consommatrice.
En 2004, le CA a augmenté de plus de 12%, bien plus que
les économies européennes et c'est le secteur du transbordement
plus que les transports en euxmêmes qui voit leur chiffre d'affaires
explosé. A Rotterdam la valeur ajoutée directe et indirecte
générée par le 1er port du monde représente 7% du
PIB néerlandais, et 315000 emplois.
3.3.3 Mutations subies par le territoire
La mondialisation entraîne l'explosion des
échanges de biens manufacturés à moyenne et haute VA entre
les grands pays industrialisés, en particulier entre les pays de la
Triade dont font partie les Pays-Bas. Le trafic maritime mondial en
bénéficie très largement , en volume, l'augmentation est
de 67% entre 1970 et 2000, soit +2,3% par an. Ce trafic maritime
représente d'ailleurs 98% des échanges intercontinentaux en
volume mais il se concentre dans certains ports.
Les dynamiques économiques (le rôle de 1er ordre
de l'UE dans les échanges internationaux) et techniques (le
développement des échanges par conteneurs) participent aux
logiques d'emboîtement d'échelles et de polarisation de flux. Du
coup, le dispositif logistique est très hiérarchisé : aux
échelles mondiales, la flotte mondiale
assurent des lignes régulières et une rapide
rotation des flottes : Hambourg Rotterdam en Europe ; aux échelles
nationales et locales cela débouche sur la créatio
de très vastes complexes portuaires intégrés
se faisant une rude concurrence.
Les porte-conteneurs utilisés sur mer depuis 1966,
s'imposent de plus en plus
comme le moyen par excellence pour le transport maritime
international, représentant
la moitié du transport maritime des marchandises diverses.
Ils sont un des éléments de
la mondialisation dans la mesure où le transport via
porte-conteneurs est pensé à l'échelle mondiale, ce
système pouvant s'adapter à tous les moyens de transport du monde
grâce à la forme et la capacité standard des conteneurs.
Dans un contexte de forte concurrence européenne et de
croissance mondiale forte et continue du trafic, le transport maritime
représente 98% des échanges intercontinentaux en volume et la
part affectée aux porte-conteneurs ne cesse d'augmenter passant de 8% du
trafic portuaire en tonnage en 1980 à 24% en 95 mais correspondant
à 80% de la valeur totale des marchandises transportées par mer_
l'activité des conteneurs à l'échelle locale et
régionale (en termes d'emplois, d'activités économiques,
d'aménagements) est essentielle.
3.3.4 Réponses du territoire aux
changements
Les ports doivent s'adapter au gigantisme car la taille des
plus grands navires est passée en 10 ans de 4000 EVP à 8000 EVP.
Du coup cette évolution laisse de côté les ports qui ne
peuvent s'adapter. Seuls ceux ayant une dimension continentale se
développent.
Rotterdam avec les chenaux les plus profonds du monde est bien
placée pour recevoir de plus en plus de porte-conteneurs (plus de 6
millions d'EVP en 1998 contre 3,5 M pour le 2d port Hambourg)
Rotterdam en 1999 polarisait plus de 30% du trafic
porte-conteneur sur le Northern Range européen (par rapport à
EVP). Les conteneurs représentent 20% du trafic total du port. Mais la
concurrence est rude avec les ports européens (des temps d'accès
au port plus courts) asiatiques (ils reçoivent un trafic de
porte-conteneurs supérieurs et ont un hinterland de plusieurs centaine
de millions d'hab.)
Le développement et l'aménagement du port sont
une priorité depuis 1945 (reconstruction d'une ville très
largement détruite), mais prend une nouvelle ampleur avec la
mondialisation et donc la concurrence des autres ports européens
(Anvers) et asiatiques (Singapour, HK, Pusan et Shanghai).
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Avec le développement de la taille des navires depuis
40 ans, de nouveaux bassins sont creusés sur la rive méridionale
plus en aval avec la création dans les années 60 d'une grande
zone portuaire à l'extrémité Ouest du chenal pour
accueillir le déchargement des superpétroliers et le stockage du
pétrole, réalisée à partir de 1956 et qui a permis
au port de Rotterdam de devancer les capacités portuaire de celui de
New-York.
Dès 1965, de nouveaux aménagements sont
entrepris. Le but est de toujours s'adapter aux demandes et à
l'extension des capacités portuaires. Maasvlakte I et Maasvlakte II, ont
comme particularité d'rtre des extensions sur la mer et non un
remblaiement des terres sous le niveau de la mer. Le 1er projet a permis au
port de voir sa superficie passer de 3 000 à 10 000 hectares, tandis que
dans le cadre du projet Maasvlakte, la priorité est donnée aux
porte-conteneurs.
3.3.5 Apport du port pour le territoire de
Rotterdam
La mondialisation des façades maritimes fait
apparaître de nouveaux acteurs, les opérateurs portuaires, aux
activités s'internationalisant et qui ont comme objectifs de
contrôler un certain nombre d'infrastructures à travers la
planète pour bénéficier de leurs marchés. Ainsi les
opérateurs de Rotterdam contrôlent des infrastructures dans les
ports latino-américains et asiatiques. Le local rejoint le mondial.
En plus des aménagements portuaires, d'autres se
développent à l'initiative des FMN comme des collectivités
territoriales dans un souci de concilier développement économique
et protection environnementale (ex : Des aménagements urbains et de
nouvelles activités font rapidement évoluer le paysage urbain
avec la multiplication des tours de bureaux vers la gare centrale et la
réalisation de logements de qualité au bord du fleuve).
Améliorer les communications terrestres avec par
exemple la ligne de fret ferroviaire vers Cologne et Düsseldorf mais aussi
pour attirer d'autres activités comme les services financiers de
multinationales qui choisissent un pôle régional pour
s'implanter
Enfin, la protection de l'environnement rentre en compte dans
les différents projets d'aménagement avec par exemple, des
réserves naturelles créées au sud du port.
Ainsi, la volonté de Rotterdam de s'adapter à la
mondialisation du transport maritime entraîne une série
d'aménagements portuaires et urbains qui transforme l'organisation de
cet espace ; le plus frappant étant l'étendue de l'espace
portuaire, avec le gain de terrains sur la mer grâce aux polders,
accueillant des fonctions d'entreposage et de redistribution articulant les
échelles régionales, continentales et mondiales.
En conclusion à ce chapitre, on dira que la pratique
de l'intelligence
territoriale est la solution idéale sur les plans
économique et social pour les acteurs
territoriaux afin de promouvoir un développement sain
et durable. L'IT est un objectif qui peut être compromis avec le
désengagement de l'un des acteurs du territoire.
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