II- GÉNÉRALITÉS SUR LA GALE SARCOPTIQUE
OVINE :
1. Définition et synonymie :
La gale sarcoptique chez les ovins est une dermatose d'origine
parasitaire prurigineuse,
contagieuse, provoquée par le parasite (sarcoptes scabiei
variétés ovis).Cette gale affecte les
régions dépourvues de laine : Face, régions
axillaires, chanfrein et autour des lèvres, oreilles,
ventre, même elle pourrait toucher la mamelle et le scrotum
et les extrémités des membres.
La gale sarcoptique a d'autres synonymes, Selon sa localisation
principale elle est
appelée : « la gale de la tête », Les
animaux atteints se grattent jusqu'au sang donc les
téguments s'arrachent et la tête n'est plus qu'une
vaste plaie plus au moins foncée d'où vient
l'appellation : « Noir museau »
En anglais elle s'appelle « sarcoptic mange » ou bien
« sarcoptic scab ».
En Algérie, elle est dénommée « jrab
erass ».
2. Importance économique :
Si ce type de gale, est du point de vue médical, une
affection bénigne, son pronostic
économique est particulièrement sérieux cela
tient en premier à son caractère de contagiosité.
On note différents effets agissant sur :
a. La reproduction et la lactation et les qualités
maternelles :
La gale sarcoptique peut atteindre le scrotum du bélier et
compromettre sa fertilité, les lésions
entrainées par le grattage et les surinfections
microbiennes qui s'en suivent, peuvent perturber
le contrôle de la température testiculaire et par
conséquent l'endommagement de la formation
des spermatozoïdes. (Boumédiane Berrag, Juin
2000).
Photo n°1: Gale sarcoptique (scrotum de
bélier) (Personne,2006)
Chez les brebis infestées par Sarcoptes scabiei
variétés ovis, une diminution de la
sécrétion lactée de 22,4 % par rapport
à celle relevée chez les moutons débarrassés du
parasite. Fthenakis et son équipe démontrent en
2001 que le poids des agneaux issus de brebis
galeuses est inférieur à celui observé chez
ceux issus de brebis saines. La même constatation a
été faite par Sargison et al. (1995a) concernant la
gale psoroptique. (Fthenakis et al.2000)
La gale sarcoptique affecte également la
prolificité des brebis notamment leur potentiel
d'ovulation. Il en résulte une diminution du nombre de
produits par portée (Fthenakis et al,
2001).
La résistance des brebis en périodes de gestation
ou d'allaitement se trouve diminuée,
ceci a pour conséquence l'augmentation de la population de
parasites (Coop et Kyriazakis,
1999) et l'accélération de transmission aux agneaux
nouveau-nés.
De même, les petits issus de mères galeuses
s'infestent dans les 30 jours qui suivent la
naissance, alors que ceux issus de brebis saines contractent la
maladie 30 jours plus tard.
(Berriatua et al, 1999).
b. La croissance des agneaux :
Le GMQ dépend du niveau d'infestation. Ainsi, il existe
une différence dans le gain de
poids entre les agneaux traités et ceux naturellement
(infestés par la gale sarcoptique).Ces
différences peuvent atteindre 15 % (Fthenakis et al.
2000).
b. La dépréciation de la valeur de la peau
:
Les pertes économiques directes liées aux parasites
cutanés (sarcoptes scabiei variétés
ovis) sont essentiellement liées à la
dépréciation des peaux et de la laine par les lésions
parasitaires, les lésions de grattage, les surinfections
(Berlioz, 2004)
Les peaux affectées donnent des cuirs de mauvaise
qualité (Jordan-Lloyd, 1937 ; Aten et
al, 1955 ; Bwangamoi, 1969).
Le produit tanné prend un aspect désagréable
et rude avec présence de nombreux tunnels
et trous dans les endroits sévèrement
touchés (Green, 1956, 1957; Ibrahim et Abu-Samra,
1988).
3. Morphologie : Sarcoptes scabiei variété
ovis
Rostre court et carré
Pattes courtes
Ecailles triangulaires
Epines
Photos n°2: Sarcoptes sp femelle
(Losson)
Photo n°3: Sarcoptes sp
màle (Losson)
_ Sarcoptes scabiei variété ovis a
été traitée en détail par Brumpt (1949) et Brumpt
et al,
(1967).
Sarcoptes scabiei var. avis est un acarien dont la taille varie
entre 200 à 250 ìm chez le mâle
et de 350 à 500 ìm chez la femelle. Le corps est
ovalaire, formé par la soudure du prosoma et
de l'opisthosoma.
Il est transparent, de couleur rougeâtre chez le mâle
et gris perle chez la femelle. Le rostre est
cané, les pattes sont relativement courtes
constituées de six articles, les antérieures se
projettent au-delà de la bordure du corps sans toutefois
dépasser le rostre et les postérieures ne
dépassent guère le bord postérieur du corps.
Les ventouses ambulacraires sont portées par des
pédicules non articulés longs et égaux aux
pattes.
Le mâle est muni de ventouses au niveau des
première, deuxième et quatrième paires de
pattes alors que la femelle ne les porte qu'aux deux
premières paires (photos n°2,3). Des
soies tarsiennes (extensions flagelliformes) remplacent les
ventouses absentes sur les paires
postérieures.
4. Biologie (cycle évolutif) :
Les sarcoptes vivent sur la peau ou dans l'épiderme. Ils
se nourrissent principalement de
débris cutanés et de sérosités (Van
Neste, 1985).
L'accouplement a lieu à la surface de la peau. Les
femelles fécondées creusent à l'aide de
leurs chélicères et des sécrétions
salivaires des galeries sinueuses (2 à 3 mm par jour) dans
l'épaisseur de l'épiderme jusqu'à
proximité du corps muqueux de Malpighi. Le parasite se
maintient à une profondeur telle que le fluide nutritif
qu'il tire des cellules épidermiques
détruites soit constamment accessibles (Van Neste, 1985).
Chaque femelle pond de distance
en distance des oeufs ellipsoïdes et grisâtres
à raison de 4 â 6 par jour et ce pendant 1 à 2 mois.
Les oeufs sont pondus au stade morula (Levasseur, 1993).
De chaque oeuf sort au bout de 2 à 8 jours une larve
hexapode qui regagne la surface de la
peau (Mouezhi, 1977 ; Pouplard et al, 1990 ; Bussiéras et
Chermette 1991) et creuse une
poche de mue où elle se transforme au bout de 4 à 6
jours en une protonymphe octopode;
celle- ci donne une tritonymphe octopode qui devient soit un
sarcopte mâle mature soit une
femelle impubère qui après une nouvelle mue devient
pubère et s'accouple à la surface de
l'épiderme. La femelle fécondée grandit et
devient à la suite d'une nouvelle mue, ovigère.
Celle-ci est munie d'un orifice de ponte appelé tocostome
(Brumpt et al, 1967).
Il faut signaler ici la présence chez le mâle d'un
organe de copulation, appelé sternite,
lâchement uni aux épimères des pattes
postérieures (Bussiéras, 1977).
Le cycle évolutif dure 10 à 26 jours (Craplet, 1964
; Bussiéras et Chermette , 1991;
Levasseur , 1993). Cette durée peut varier lorsque
différentes paramètres extérieurs
augmentent ou diminuent le métabolisme des parasites.
La longévité des mâles est courte ; ils
meurent rapidement après l'accouplement (Murray,
1996).
5. Survie et infestivité :
Ce sujet est très important car la survie en dehors de
l`hôte permettrait à l'acarien d'échapper
aux traitements acaricides et compliquerait la mise en place d'un
plan d'éradication.
La survie des sarcoptes en dehors de l'hôte varie suivant
les conditions de température et
d'humidité et peut aller de quelques jours à trois
semaines (Soulsby, 1982).
Nous n'avons pas trouvé dans la littérature des
études sur la résistance dans le milieu extérieur
de Sarcoptes scabiei variété ovis. Nous nous
contentons de rapporter les observations faites
sur la variété suis. Ainsi, les basses
températures et les forts taux d'humidité en réduisant
la
dessiccation, favorisent une meilleure survie des parasites.
Les femelles ne résistant que quelques heures à
45°C et à 45% d'hygrométrie alors qu'elles
survivent huit jours à 10°C et à 25 %
d'humidité et 19 jours à la même température et
à 97 %
d'hygrométrie. Elles meurent après 10 minutes
à 50°C. Celles qui résistent cinq minutes à
cette température, creusent directement des galeries dans
la peau si elles sont mises en contact
avec l'hôte.
A l'extrême, la congélation a toujours un effet
létal, les femelles qui arrivent à résister une
heure à 25°C ne sont pas infestantes et ne
pénètrent pas la peau de l'hôte (Arlian et al, 1984;
Arlian, 1988).
6. Spécificité de l'hôte et
infestations croisées :
Sarcoptes scabiei creuse des galeries intra-épidermiques
et effectue la totalité de son cycle
parasitaire à ce niveau. Il parasite plus de trente
espèces ou sous espèces de mammifères
(Fain, 1968). C'est un acarien cosmopolite qui parasite les
animaux domestiques, sauvages et
l'homme (Kral et Schwartzmann, 1964; Fain, 1968 ; Fain, 1978 ;
Soulsby, 1982).
Les études réalisées pour déterminer
des caractères morphologiques propres à chacune des
variétés de cette espèce se sont
révélées difficiles les seuls caractères objectifs
permettant
d'établir leur diagnose microscopiquement sont le nombre
de paires d'épines dorsales, ventrolatérales
et la taille de la souche elle-même (Arlian, 1989). A titre
indicatif, Sarcoptes scabiei
var. suis possède sur sa face dorsale dix paires
d'épines trois paires de cônes en partie
antérieure, sept paires d'épines en partie
postérieure. Au centre se trouvent des spinules. La
taille de cet acarien varie en fonction du sexe du parasite et de
son stade de développement. A
l'âge adulte, la femelle mesure environ 0,5 mm alors que le
mâle ne dépasse pas 0,25 mm de
long.
En outre, chaque souche est bien adaptée à une
espèce animale. Toutefois, cette spécificité
n'est pas absolue. En effet, ces acariens Sont capables, tout de
même, être à l'origine
«infestations croisées».
L'infestation expérimentale de la chèvre et du
dromadaire par Sarcoptes scabiei variété .ovis a
été réalisée avec succès par
Abu-Samra et al. (1984) et Nayel et Abu-Samra (1986)
respectivement, celle du mouton du sud par Sarcoptes scabiei
variété caprae (Ibrahim et Abu-
Samra, 1987). Dans les deux cas, les lésions
étaient très marquées.
D'autre part, les ânes domestiques ont été
expérimentalement infesté par Sarcoptes scabiei
variété caprae (Abu-Samra et al, 1985).
La transmission naturelle de Sarcoptes scabiei
variété ovis par contact entre moutons, chèvres,
dromadaires, ânes, bovins et lapins a été
étudiée par Fayed et al. (1991).
Un foyer important de gale sarcoptique chez des chèvres
naturellement infestées par une
souche ovine de Sarcoptes scabiei a été
décrit par Ibrahim et Abu-Samra (1985).
Chakrabarti et al, (1981) ont signalé un intense prurit,
chez des animaux domestiques et des
ouvriers infestés par Sarcoptes scabiei
variété bubalis contenu dans l'eau. Cette infestation n'a
pas abouti à la formation de galeries dans la peau.
Arlian et al. (1984 , 1988 ) n'ont pas réussi a
transférer Sarcoptes scabiei variété canis sur des
souris, des rats, des porcs, des bovins, des chèvres et
des moutons, hôtes habituellement
parasités par Sarcoptes scabiei, par contre ce passage a
été possible sur des lapins de
laboratoire de la Nouvelle Zélande. Ils ont
également constaté que les sarcoptes de l'homme
et du porc ne pouvaient pas être transférés
sur les mêmes lapins. Le fait que Sarcoptes scabiei
variété canis a infesté le lapin de
laboratoire alors que ceux de l'homme et du porc n'ont pas
pu. Ceci constitue une preuve évidente de l'existence de
différences entre les souches.
La spécificité parasitaire peut être due
à l'influence de facteurs liés à l'hôte ou de
leur
interaction. Ainsi, l'intervention de certains facteurs
empêche une souche donnée de proliférer
et de survivre en dehors de son hôte habituel.
Des souches de Sarcoptes scabiei arrivent à
reconnaître leurs hôtes grâce à l'odeur
dégagée
par ceux-ci ou à leurs températures corporelles.
Mais l'odeur peut ne pas constituer un facteur
de spécificité pour une souche comme Sarcoptes
scabiei variété canis (Arlian et al, 1984b,
l988'). En effet, isolés du chien, ces acariens sont
également attirés par l'odeur des lapins,
chèvre, veau, souris et rat (Arlian, 1989). Aucune de ces
espèces ne peut être infestée de façon
permanente. Dès que ces acariens pénètrent
dans l'épiderme de l'hôte, il est probable qu'il y
aurait intervention de certains facteurs limitants : besoins
physiologiques de chaque souche,
capacité de l'hôte à développer une
réponse immunitaire, antigénicité du parasite pouvant
induire une réponse immunitaire chez l'hôte et la
résistance de l'acarien.
L'homme s'infeste occasionnellement par les souches animales,
lorsqu'il manipule ou vit
avec des animaux galeux (Smith et Claypoole, 1967 ; Thomsett,
1968 Labie et al, 1975 Fain,
1978 ; Haarlov et Moller-Madsen, 1982). Les signes cliniques
liés aux infestations naturelles
et expérimentales sont identiques.
Estes et al. (1983) ont démontré lors
d'expériences de transfert que Sarcoptes scabiei
variété
canis peut creuser des galeries intra-épidermiques,
s'alimenter et produire des oeufs dans la
peau de l'homme. 24 heures après l'infestation, il se
déclare un prurit violent et apparaissent
des lésions vésiculeuses ou pustuleuses. Ces
lésions sont temporaires et l'infestation guérit
d'elle- même. Des acariens morts sont trouvés un
à trois jours après, au centre de chacune de
ces lésions.
La capacité des souches de Sarcoptes scabiei à
développer des infestations passagères et de se
reproduire sur des espèces hôtes autres que leurs
hôtes habituels laissent penser que les hôtes
temporaires peuvent être considérer comme des
réservoirs assurant la transmission de ces
acariens à leurs hôtes habituels (Arlian et al, I
988a).
7. Pathogénie :
La pathogénie des sarcoptes dépend de la
combinaison de différentes actions, les sarcoptes
exercent une action traumatique et irritative à l'aide de
leur rostre, de leurs épines et de leurs
soies sur l'épiderme. Cette action est surtout
manifestée lors de creusement des tunnels par
les femelles ovigères. Il en résulte un prurit
suite à l'irritation des terminaisons nerveuses.
Les parasites sont à l'origine également d'une
action toxique et antigénique provoquée par
les produits du métabolisme (salive et déjections).
Si bien que le prurit apparaît beaucoup
plus rapidement et plus violemment lors de réinfestation
avec libération d'histamine
(Bussiéras et Chermette, 1991).
L'action spoliatrice a été confirmée par la
présence dans les coupes histopathologiques de
zones de lyse cellulaires qui apparaissent sans l'afflux de
cellules phagocytaires. Ces zones
servent de nourriture pour les parasites.
8. Étude anatomo-clinique :
Il faut signaler que la gravité des lésions ainsi
que l'acuité de la symptomatologie de la gale
varient énormément d'un individu à l'autre.
Il y a là le terrain, la sensibilité ou la résistance
naturelle qui conditionnent l'allure du combat
Hôte-Parasite.
8.1. Localisation
Cette affection ne se développe que sur les parties
cutanées dépourvues de laine
essentiellement au niveau de la tête -noir museau- (photo
n° 4).
Elle se montre d'abord à la lèvre
supérieure, au pourtour des naseaux. Plus tard, elle s'étend
à la face, au chanfrein, aux joues, aux paupières
et par exception sur l'espace intermaxillaire
(Newmann, 1892; Lernaire, 1938). «Ce n'est que lorsqu'elle
est ancienne qu'elle
s'étend entre les ars, sous le ventre, autour des
articulations et au niveau des extrémités des
membres» (Chabert, in : Newmann, 1892).
Photo n°4: Gale sarcoptique du mouton
(Personne 2006)
8.2. Signes cliniques :
Elle débute par un prurit violent. Il en résulte un
besoin de grattage irrésistible, augmentant
lorsque le troupeau est échauffé par la marche. Par
sa fréquence et sa violence, ce prurit est
véritablement un signe de la gale sarcoptique, car s'il
existe aussi dans d'autres dermatites,
nulle part il est aussi intense.
Les malades cherchent par tous les moyens possibles à
satisfaire ces frénésies de grattage, ils
utilisent les objets environnants tels que les rebords des
râteliers, les murs voisins et plus
rarement leurs membres postérieurs (Newmann, 1892).
Si on passe la main sur la région prurigineuse, on peut
constater la présence de petites
papules vésiculeuses. Ces dernières ont une
durée éphémère car, sous l'action des grattages,
elles sont rapidement écorchées et laissent suinter
de la sérosité qui en se desséchant,
forment de petites nodosités dures et adhérentes
à la peau. On peut voir des sillons sur les
oreilles lorsque la maladie y débute.
La pullulation de parasites et leur extension
généralisent le mal sur de larges surfaces. Ainsi
les lésions gagnent la face, le chanfrein, les joues et le
front qui sont recouverts de croûtes
d'abord légères, devenant plus tard
épaisses, nombreuses, blanchâtres ou grisâtres, dures et
adhérentes.
Au cours des grattages, elles se teintent de sang et deviennent
brunes noirâtres (Newmann,
1892).
La peau s'épaissit, se ride, se plisse et le fond montre
des fentes, des gerçures saignantes
d'abord, puis on voit des cicatrisations plus ou moins
avancées (Guy, 1950).
D'après Delafond et Newmann (1892), les oreilles peuvent
présenter des kystes sérosanguinolents
du fut de l'irritation due aux frottements.
Parfois, il peut se déclarer une conjonctivite grave qui
détermine une ophtalmie purulente et
la perte de l'oeil ou bien un oedème palpébral dont
l'aspect symptomatique ou lésionnel est
caractéristique dépilation, bouton de gale et
prurit (Grall, 1975).
9. Immunité :
L'immunité vis à vis de Sarcoptes scabiei a fait
l'objet de nombreuses recherches à partir
des années 70.
9.1. Immunité à médiation cellulaire
:
La réponse de l'hôte vis à vis des
antigènes de Sarcoptes scabiei se caractérise par des
infiltrations péri-vasculaires surtout de lymphocytes et
à un degré moindre d'histiocytes, de
neutrophiles et d'éosinophiles qui envahissent le derme,
les glandes sudoripares et peuvent
s'étendre jusqu'à la couche graisseuse sous
cutanée (Hejazi et Mehregan, 1975 ; Ackerman,
1977 ; Fernandez et al, 1977 ; Falk et Lide, 1981 ; Falk et
Matre, 1982).
L'importance de ces infiltrations varie selon le niveau
d'infestation et l'intensité des lésions,
Ce sont les lymphocytes «T» qui prédominent. Le
fait que le rapport de lymphocytes «T»
sur lymphocytes «B» est plus élevé dans
les infiltrations que dans le sang périphérique, cela
reflète le mouvement sélectif des lymphocytes
«T» au niveau du derme (Falk et Matre,
1982).
Les lymphocytes «T» ont un rôle majeur dans les
réactions d'hypersensibilité retardée
survenant de la peau. Leur accumulation dans le derme
révèle que ce type de réaction
s'observe lors d'une atteinte par la gale sarcoptique alors que
leur présence dans les lésions
montre l'importance de la réponse immunitaire à
médiation cellulaire dans la pathogénie de
cette affection (Falk ei Matre. 1982).
Sheahan (1975) a prouvé que l'injection intradermique d'un
extrait brut de S. scabiei à des
porcs sensibilisés entraîne des réactions
d'hypersensibilité immédiate et retardée ressemble
fort à une réaction locale d'anaphylaxie.
9.2. Immunité humorale :
Il est connu que les antigènes de Sarcoptes scabiei
suscitent une réponse immunitaire
humorale. Mais peu de travaux ont été
réalisés sur cette question.
Des sérums provenant de lapins et de porcs
immunisés ou infestés naturellement renferment
des Anticorps spécifiques aux antigènes des
Sarcoptes scabiei (Arlian et al., 1985a; Arlian et
al, 1988; Sheahan,1975 ; Van Neste et Salmon, 1978 ; Wooten et
Gaafar, 1954a, b)
L'immuno-électrophorèse croisée (CIE) a
permis d'identifier neuf antigènes communs à S.
scabiei variété ovis et à S. scabiei
variété Cunuculi. (Arlian et al, 1985a).
Hancock et al. (1974) ont signalé que les taux des IgA
circulants sont nettement plus faibles
chez les sujets galeux que chez les sujets normaux.
Dans le cas de la gale humaine, les patients ont
présenté des taux sériques élevés en lgM
et
en IgG (Hancock et al, 1974 et Falk, 1980). Cependant Allevato et
al. (1987) n'ont pas
trouvé de tels résultats. Ceci explique que ces
isotypes n'ont probablement qu'un rôle
mineur dans le contrôle de l'infestation.
Quant aux IgE, ils augmentent durant les premières
semaines de l'infestation et leur rôle
protecteur a souvent été évoqué
(Galosi et al, 1982).
La précision du rôle des IgE pose un problème
de spécificité. Lors de la gale sarcoptique
humaine, Hancock et al. (1974) en examinant 100 patients,
trouvèrent 99 qui présentèrent
des taux normaux d'lgE, alors que différents auteurs
misent en évidence des titres élevés des
IgE chez 15 % des patients pour Araujo-Fontaine et al. (1977), 20
% pour Falk (1980). 42 %
pour Falk et Bolle (l980'), 45 % (Falk et Boue, 1980b) et 65%
(Larregue et al, 1976).
En outre, l'immuno-électrophorèse croisée a
permis d'identifier quatre Ag communs à
Dermatoaphagoïdes farinae et Sarcoptes scabiei (Falk e! al..
1981).
Le prurit reste l'élément essentiel
caractérisant une réponse efficace contre le parasite: il est
généralement absent dans la gale Norvégienne
ou hyperkératosique (Fain, 1968); affection
contractée par des individus souffrant de troubles
neurologiques divers (Prakken et Van
Vioten, 1949 ; Chouvet et al, 1979; Davis et Moon, 1990a) ou
soumis à une thérapeutique
immunosuppressive (Paterson et al, 1973).
10. Diagnostic :
Le diagnostic de la gale sarcoptique repose sur l'examen clinique
des animaux et sur la
confirmation microscopique de la présence du parasite.
D'autres agents peuvent donner des lésions cutanées
semblables à celles apparaissant lors de
l'infestation par Sarcoptes scabiei variété ovis et
convient de les différencier.
10.1. Diagnostic clinique :
La gale sarcoptique du mouton peut être reconnue
cliniquement par la constatation des trois
symptômes cardinaux (prurit violent et fréquent,
papules, croûtes) et par sa localisation à la
tête. En cas de doute l'examen dermatoscopique permet de
l'infirmer ou de la confirmer.
10.2. Diagnostic différentiel :
Il convient tout d'abord de distinguer la gale sarcoptique, de la
gale psoroptique et
chorioptique qui peuvent être associées
(localisation et identification des lésions).
- La gale psoroptique ou la gale de la toison,
due à Psoroptes communis var. ovis est
une gale généralisée affectant toutes les
zones à laine. Elle débute en général par la
ligne
médiane supérieure, le garrot et le dos pour
s'étendre ensuite au cou, aux flancs et à la croupe
(Mouelhi, 1977).
- La gale chorioptique ou la gale des membres,
due à Chorioptes bovis :
Elle affecte d'abord les paturons puis gagne en remontant, les
autres parties du membre,
dépassant rarement le genou et le jarret. (Mouezhi,
1977).
La peau s'épaissit, suinte, se recouvre de croûtes
jaunes, gluantes, formant un véritable
manchon autour des membres. (Bussiéras et Chermette,
1991).
La gale sarcoptique peut être distinguée
également de :
- Ecthyma contagieux :
C'est une maladie plus contagieuse. Elle atteint surtout les
agneaux avec une évolution rapide
et formation de croûtes en forme de « clous »
à la face interne de la cavité buccale. Elle sévit
surtout en été (Guy, 1950).
- La teigne:
Elle apparaît chez les ovins qui sont en contact avec les
veaux malades. Les lésions se
caractérisent par la présence de placards
croûteux bien délimités, blanchâtres, indolores et
non
prurigineux.
- La dermatite staphytococcique :
Les animaux présentent des lésions
nécrotiques, suppurées et disposées d'une façon
remarquablement symétrique au niveau de la tête
(Person et Espinasse, 1983), un aspect
particulièrement repoussant et dégagent une odeur
butyrique très forte.
- La dermatite ulcéreuse :
C'est une maladie virale, transmissible par la monte. Elle se
rencontre seulement chez les
moutons adultes. Elle débute par des ulcérations et
croûtes du tégument de la région périanale,
des membres et des organes génitaux.
- La séborrhée :
Elle est encore appelée « fausse gale ». Les
lésions s'étendent sur la nuque et même sur le
thorax et sur les épaules.
- L'eczéma facial :
Enzootie automnale qui se manifeste principalement chez les
agnelles élevées en plaine sur
des pâtures cultivées non fauchées. Elle se
traduit cliniquement par l'apparition, sur les
régions sans laine et dépigmentées, d'une
séquence en deux étapes la première brutale et
courte associe érythème, oedème, photophobie
et prurit. La température rectale est d'environ
40,5°C et les fréquences cardiaques et respiratoires
sont augmentées. Les symptômes
généraux se dissipent avec la mise à l'abri.
Au cours de la seconde, d'évolution lente,
apparaissent les lésions alopéciques,
sciéreuses. lichenoïdes et croûteuses. Ces
symptômes
sont ceux d'une photosensibilisation liée à une
insuffisance hépatobiliaire, consécutive à
l'ingestion d'herbe fortement contaminée par un champignon
microscopique Pithomyces
chartarum.L'intérêt diagnostique et pronostique du
dosage de la GGT sérique est souligné
(Bezille et at, 1984).
|