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La gale sarcoptique et psoroptique chez les ovins

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par Abdessamed Dr Lachichi
Centre universitaire d'El Taref (Algérie) - Docteur vétérinaire 2009
  

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III- GALE PSOROPTIQUE OVINE :

1- Définition et synonymie :

La gale psoroptique du mouton est une ectoparasitose hautement contagieuse et caractérisée

par un prurit intense et un délabrement cutané marqué. Elle est le résultat de l'infestation par

un acarien du genre Psoroptes.

Cette infestation est à l'origine de dermatite superficielle chronique, exsudative et

prurigineuse, de forte irritation, et peut concerner l'ensemble des zones lainées de l'animal

atteint. Une diminution de la croissance chez les jeunes, un net affaiblissement de l'état

général et même la mort peuvent être observés dans les cas les plus graves. Cosmopolite, la

gale psoroptique ovine a ainsi des répercussions cliniques,économiques et environnementales

considérables (B. Losson, 2002b).

Elle est determinée par la multiplication d'acariens psoroptiques du genre Psoroptes, espèce

Psoroptes communis variété ovis ; à la surface de la peau, cachés sous des productions

épidermiques réactionnelle (Kezzai Rabah, 1985, Mouezhi Abdallah 1977).

C'est une gale humide, localisée aux régions à laine (d'ou le nom de `gale de la toison), à la

différence de la gale sarcoptique ou «noir museau» qui atteint les zones dépourvues de laine

(Ben Chikh Med Cherif1987),

Psoroptes ovis est l'agent responsable de cette dermatose également dénommée gale du

corps, de la toison ou de la laine,psoroptose, gale épizootique, gale de la toison, rogne, ou

encore ovine psoroptic mange, psoroptic scabies, ou psoroptosis, en anglais.

En Algérie, elle est appelée communément «El djrab» avec la gale sarcoptique du mouton

(Kezzai Rabah, 1985)

2 - Importance :

L'importance que revêt la gale psoroptique ovine n'est plus à démontrer.

Chaque année, et notamment pendant les hivers pluvieux, elle a un retentissement

économique élevé dans les exploitations agricoles.

2 -1- Importance économique :

L'importance économique est principalement marquée par les baisses de production qu'elle

entraîne (B. Losson, 2002a ; P. Bourdeau, 1997).

En effet, comme toutes les gales, la gale psoroptique, en raison du prurit, entraîne une forte

agitation des animaux, responsable d'une baisse de consommation et de conversion

alimentaire, d'où une perte de gain pondéral chez les adultes infestés jusqu'à de nets

amaigrissements et des retards de croissance chez les plus jeunes (L.J. Pangui, 1994 ; P. Autef

et L. Réhby, 1998 ; D. Mites, 1993 ; N. Sargison,1995).

Une augmentation des troubles métaboliques et des avortements a également pu être associée

à cette parasitose.

La gale psoroptique chez le mouton a enfin une incidence défavorable sur la production

laitière : des chutes brutales atteignant jusqu'à 15 % de la production journalière ont pu être

observées tant chez les ovins que chez les bovins (L.J.Pangui, 1994).

Un autre préjudice important de la gale psoroptique est la gravité des pertes pour

l'industrie des peaux, du cuir et de la laine (L.J. Pangui, 1994 ; D. Mites, 1993). On constate

une baisse spectaculaire de la production de laine, par ailleurs de moindre qualité (P. Autef et

L. Rehby, 1998). Les lésions de gale endommagent la peau des animaux et sont donc

responsables d'une forte dépréciation du cuir : c'est le plus grave défaut d'origine parasitaire

rencontré par le mégissier.

La qualité de la laine est, de plus, altérée ce qui entraîne une dépréciation de la valeur

marchande de la toison des moutons parasités (Kezzai Rabah, 1985, Newsom et Narsh H.).

Enfin des surinfections ou l'apparition d'abcès sous-cutanés peuvent dévaloriser les carcasses

et nécessiter des saisies.

Les retombées sont donc directes en terme de production mais doivent être additionnées

au coût des traitements, de la prévention et des campagnes d'éradication, de la réparation des

dégâts matériels consécutifs au prurit et aux pertes en temps et main d'oeuvre dans leur

réalisation. L'ensemble des pertes financières reste donc difficile à évaluer, en particulier dans

les pays en voie de développement, mais on peut estimer la diminution de marge brute par

brebis de 17 à 28%.

La gale psoroptique pénalise ainsi l'ensemble de la filière et dévalorise l'image de

touteproduction (P. Autef et L. Rehby, 1998)

2.2. Une importance médicale:

L'importance des gales n'est plus à démontrer et se situe à plusieurs niveaux, même si

elle est encore souvent sous-estimée.

Sur le plan médical, la gale psoroptique est une dermatose très contagieuse : après

l'introduction d'un animal atteint, l'ensemble du troupeau est rapidement conquis par les

parasites.

Par ailleurs, il s'agit d'une dermatose grave, responsable de mortalité (D. Mites,

1993) : sous sa forme généralisée, elle provoque le délabrement de l'état général des animaux

et peut entraîner la mort chez certains individus. Dans certaines régions infestées, de 25 à 30

% des troupeaux ont pu être décimés.

Par ailleurs, la gale psoroptique ovine, associée à la Fasciolose ou à la sous-alimentation,

petit entraîner un taux de mortalité très élevé, allant jusqu'à 100% de l'effectif (Blood

Henderson).

2-Morphologie :

Pédicule long

et articulé

Ventouse

Pédicule long

et articulé

Photo n° 5: Psoroptes ovis sp femelle

(Nemson)

Rostre

Pattes antérieure

Pattes postérieures

inégales

Photo n°6 : Psoroptes communis variété ovis sp màle

(Benakhla).

Photo n°7 : Vue ventrale d'une adulte femelle Psoroptes ovis (D.S. Kettle,

1995)

Psoroptes communis variété ovis :

La gale psoroptique chez le mouton préoccupe la communauté scientifique et fait l'objet

de nombreuses investigations depuis de très nombreuses années.

Les premières observations historiques de cette parasitose chez le mouton ont été réalisées par

Salmon et Stiles en 1903,alors qu'en 1807 on associait déjà un acarien à cette maladie. Le

parasite s'est vu être dénommé Psoroptes ovis par Herring en 1835 et son cycle de vie était

décrit par Gerlach en1857 (D.J. O'Brien, 1999).

Tous les membres portent des épimères. Ce sont les plus gros acariens psoriques, juste

visibles à l'oeil nu en présence d`une source lumineuse quand ils meurent sur fond noir

(Kezzai Rabah, 1985). .

Psoroptes Communis variété ovis reste à la surface de la peau à tous les stades (Bomby (P) al,

1984; Newsom et Narsh H).

Cet acarien se caractérise :

- formé d'une seule pièce, il est constitué de la soudure du céphalothorax ou Prosoma, et de

l'abdomen ou Opisthosoma.

La femelle mesurant 700 à 800 microns, possède un corps arrondi à l'arrière; elle est

nettement plus grande que le mâle. Ce dernier mesure 500 à 600 microns, et son corps est

tronqué (Benakhla et al, 1985; Gurrero Cristina. Molina et J.Euzeby).

-La partie antérieure du céphalothorax porte une dépression dans laquelle se trouve le rostre

ou gnathosoma constitue par l'union des pièces buccales (Kezzai Rabah, 1985).

- par un rostre

Celui-ci est long et pointu, d'où sa capacité à la piqûre, à entamer la peau et de s`en nourrir.

Ces deux chélicères sont allongées et pointues. Il est en outre constitué de l'union de deux

mâchoires, deux joues, deux palpes et une lèvre inférieure (Benakhla al, 1985).

- par des pattes:

Les larves portent toujours 3 paires de pattes (hexapodes). Les adultes et les nymphes portent

4 paires de pattes (octopodes) (Brumpt, et al, 1949).

Elles sont longues et composées de 6 articulations. Elles dépassent nettement le rostre pour les

paires antérieures, l'abdomen pour les 2 paires postérieures (Kezzai Rabah, 1985).

D'autre part, les pattes I et II (1ère et 2ème paire de pattes) portent à leur extrémité, chez toutes

les formes évolutives une griffe puissante (Ben chikh Med cherif al, 1987),

Les pattes III sont terminées par 2 très courtes soies chez les femelles pubères, et portent deux

longues soies à leur extrémité chez les femelles ovigères,

Chez le mâle, la quatrième paire de pattes est plus courte que la troisième tandis que chez la

femelle, les deux paires sont de même longueur (Benakhla A al, 1985).

La quatrième paire de pattes porte doux courtes soies aux extrémités chez les femelles

pubères par ailleurs, alors que chez le mâle, les pattes IV n'ont ni soies ni ventouses

(Benakhla al, 1985 ; Ben Chikh Med Cherif 1987).

Suivant le sexe les pattes portent des ventouses ou ambulacres, on forme de cloches au bout

d'un long pédicule à trois articles.

On les trouve sur la premières la deuxième et la troisième paire de pattes chez le mâle; sur la

premières la deuxième et la quatrième paire de pattes chez la femelle ovigère (Gurrero

Cristina. Molina et J.Euzeby ; Kezzai Rabah, 1985).

*Autres caractéristiques :

P. ovis présente un corps ramassé, globuleux et non segmenté. Les pièces buccales

composées de chélicères courts et larges forment avec les pédipalpes un tout appelé rostre, en

forme de triangle isocèle (B. Losson, 2002b, 1997), situé à l'extrémité antérieure du corps. Ce

sont des parasites de petite taille (0,2 à 1,5 mm), à peine visibles à l'oeil nu, au tégument

mince et peu sclérifié. Les formes adultes et les nymphes possèdent quatre paires de pattes

insérées sur des épimères, tandis que les larves sont hexapodes (L.J. Pangui, 1994). Le

dimorphisme sexuel est bien marqué. Ces parasites sont dépourvus de stigmate, la respiration

étant assurée au travers de la cuticule.

D'apparence blanc-nacrée et globuleuse, les Psoroptidés vivent à la surface de

l'épiderme des mammifères et sont caractérisés par un corps ovalaire pourvu de pattes

longues en deux groupes, toutes visibles sur la face dorsale. Les pattes sont terminées par une

ventouse en forme de cornet de glace, portées par des pédicules longs et triarticulés, comme

nous pouvons l'observer sur la photo n°7. Les mâles portent à leur bord postérieur deux lobes

abdominaux en avant desquels se trouvent sur la face dorsale deux ventouses copulatrices.

Les femelles présentent des tubercules copulateurs (L.J. Pangui, 1994 ; P. Bates, 2000b).

4. Cycle évolutif :

Les psoroptes ne pénètrent pas dans les couches superficielles de la peau comme les

sarcoptes : il vivent à la surface de l'épiderme, à la base des poils ou à l'abri sous les croûtes,

en marge des lésions. (L.J. Pangui, 1994 ; D. Mites, 1993 ; C. Lewis, 1997)

Leur nutrition est assurée par les débris cellulaires disponibles à la surface de la peau

(cellules kératinisées) et les fluides tissulaires (sang, lymphe) qui s'écoulent après ponction ou

abrasion de l'épiderme par leur rostre (L.J. Pangui, 1994 ; O.M. Radostits et al., 1994) : en

effet, P. ovis, est muni de longs chélicères acérés capables de percer et d'irriter la peau, et de

structures lui permettent d'aspirer l'exsudat cutané (B. Losson, 2002b).

Alors qu'il avait été suggéré que l'acarien se nourrissait exclusivement de lipides cutanés

chez le mouton (B. Losson, 2002b), il semble actuellement admis par de nombreux auteurs

que P. ovis

« broute » la peau au niveau de la périphérie humide des lésions, ingérant ainsi les exsudats

séreux et sécrétions cutanées (B. Losson, 2002b). Les lipides de la couche cornée

constitueraient notamment une source majeure de nutriments, en particulier dans les stades

précoces de l'infestation, (certainement complétés par des exsudats séreux et hémorragiques

inflammatoires pour les stades plus tardifs) (D. Mites, 1993). Ces lésions de l'épiderme sont

suivies de la formation de croûtes, sous lesquelles vivent et se développent les parasites (O.M.

Radostits et al., 1994).

Le cycle évolutif se déroule entièrement sur l'hôte Tous les stades, Psoroptes communis

variété ovis se déroulent à la surface de l'épiderme, dans ou sous les croûtes

La femelle ovigère, de 750 ìm de long, dépose ses oeufs à la surface de la peau, en

marge des croûtes épidermiques (L.J. Pangui, 1994). Ovales, blancs et nacrés, les oeufs

mesurent environ 250 ìm et écloront en 1 à 3 jours (D.S. Kettle, 1995 ; R. Wall et al., 1999).

Le cycle complet d'oeufs à adultes dure de 9 à 19 jours (Gurrero Cristina. Molina et

J.Euzeby),

Cette durée d'éclosion est prolongée si les oeufs ne sont pas en contact direct avec la peau

(R. Wall et al., 1999).

Les larves qui en émergent, de 330 ìm de long, sont hexapodes et présentent des ventouses

aux extrémités des paires I et II, la paire III se terminant par deux longues soies. Ces larves

muent alors en protonymphes puis en deutonymphes octopodes et aux caractéristiques

morphologiques similaires aux femelles adultes : on observe une ventouse terminale sur les

paires I, II et IV, la paire III présentant toujours deux longues soies.

Les paires III et IV sont alors plus courtes et moins épaisses que les deux premières et on

observe déjà les tubercules copulateurs. La dernière mue donne naissance aux adultes, le mâle

étant nettement reconnaissable par sa paire de ventouses copulatrices et de lobes postérieurs

pourvus de 2 longues et 3 plus courtes soies. La paire III est la plus longue, la IV est la plus

courte et les paires I et II sont les plus robustes. Des ventouses coiffent les paires I, II et IV.

pourraient survivre jusqu'à presque 3 semaines (O.M. Radostits et al., 1994) .

Après une période de léthargie les nymphes muent et se distinguent en adultes mâles et

femelles qui s'accouplent immédiatement (Kezzai Rabah al, 1985, Mouezhi Abdallah 1977).

Les conditions idéales de développement exigent une certaine humidité et des

températures douces à fraîches. Par ailleurs, ces acariens sont sensibles à la dessiccation :

quand les conditions climatiques sont défavorables, c'est-à-dire à la saison chaude (tonte de

fin de printemps et été), les psoroptes peuvent cependant survivre à l'abri dans des zones

protégées : les zones périnéales, inguinales et interdigitées, dans les fosses infra-orbitaires, les

conduits auditifs, à la base des cornes, ou encore dans les replis du scrotum (O.M. Radostits et

al., 1994 ; R. Wall et al., 1999). Ces conditions détermineront ainsi le caractère saisonnier de

cette maladie : la gale psoroptique se manifestera principalement en automne et hiver, liée non

seulement à l'augmentation d'activité des acariens, mais aussi au développement plus rapide

des parasites sur des animaux en milieu clos et confiné (O.M. Radostits et al., 1994), alors

qu'elle régressera spontanément en été, lorsque la population parasitaire est restreinte et

occupe les refuges.

5. Dynamique d'une population de P. ovis:

Pendant quand les conditions du milieu deviennent défavorables, des acariens arrivent à

survivre chez l'hôte dans des endroits privilégiés tels que les fosses infra orbitaires, les plis

inguinaux, les plis de peau, prés des cornes, au niveau du fourreau (Mezziche Alla 1978)

On observe une croissance exponentielle de la population de Psoroptes ovis sur son

hôte. La phase de début est discrète, la population initiale est réduite : on parlera de phase de

latence pour la période de 20 à 25 jours pendant laquelle les femelles adultes arrivées sur

l'hôte pondent, puis le temps que les premières larves écloses se développent et que ces

nouveaux adultes pondent à leur tour. Durant les 10 premiers jours on assiste même à une

diminution de la population, avec la mort d'un certain nombre d'adultes du groupe de départ

avant le développement des premiers oeufs. La structure des âges est stabilisée après 20 à 30

jours. La population commence alors à croître progressivement (+ 11 % par jour, la

population est multipliée par deux tous les 6,3 jours) et atteint un pic près de 40 à 50 jours

après l'infestation initiale. Jusqu'aux trois quarts du corps de l'animal peuvent alors être

atteints à ce stade, à partir duquel deux issues sont possibles pour l'animal touché : soit il

meurt, trop affaibli par la maladie, soit sa réponse immunitaire est suffisante pour affecter la

fécondité et la survie des acariens et est responsable du déclin de la population. Les psoroptes,

dispersés sur le corps de l'animal, ne survivent que dans les sites protégés, comme la fosse

infra-orbitaire ou le conduit auditif. Le mouton se rétablit et la laine repousse. La population

d'acariens peut alors spontanément disparaître ou bien l'animal pourra abriter de petites

populations survivantes jusqu'à deux ans après l'épisode initial, pendant lesquels la parasitose

reste asymptomatique. Des variations considérables dans la chronologie rapportée ci-dessus

peuvent évidemment être observées, suivant la réponse immunitaire de l'hôte, la pathogénicité

des parasites, ou encore selon des facteurs environnementaux, comme les conditions de vie du

mouton ou la longueur de la laine (R. Wall et al., 1999).

La pathogénicité des parasites serait en effet très variable selon les souches de

psoroptes : dans un essai de R. Wall et al. (1999), elle a été quantifiée par les différentes

durées nécessaires aux lignées pour générer des lésions de taille prédéterminée sur des

animaux infestés expérimentalement. S'il est supposé que les lésions de taille plus importante

sont liées directement à la présence d'un plus grand nombre de parasites, les différences de

pathogénicité sont sans doute liées soit à une meilleure fécondité, soit à de meilleures qualités

de survie.

Cet essai, par la mise au point d'un modèle de croissance d'une population de

psoroptes, a permis d'évaluer à 52 % la mortalité minimum nécessaire par période de deux

jours pour stopper la croissance de la population parasitaire.

Néanmoins, malgré une durée de survie potentiellement longue, l'acarien ne conservera

son caractère infestant que pendant des durées qui restent très inférieures à celle de sa survie

possible en dehors de l'hôte : même si l'on considère qu'il peut survivre jusqu'à une

quarantaine de jours, il perdra son caractère infestant après deux semaines et les risques de ré

infestation seront alors minimes. On retiendra donc une période critique de survie de 12 à 16

jours, durée qui reste le plus fréquemment mentionnée dans la littérature scientifique.

Tous les éléments précédents contribuent à notre compréhension de la vie et de la

survie de P. ovis aussi bien sur son hôte qu'en vie libre (Les Psoroptes pouvant vivre jusqu'à

42 jours sur le mouton, mais ne dépassent pas 10 jours en dehors de l'hôte.)les derniers

paramètres étantd'importance fondamentale dans la connaissance de l'épidémiologie de la

gale du mouton, et en particulier dans l'évaluation de la transmission de cet acarien et de la

probabilité d'une contamination à partir de l'environnement. Tous ces paramètres sont à

prendre en compte dans la mise en place d'un contrôle efficace de cette parasitose.

Pendant quand les conditions du milieu deviennent défavorables, acariens arrivent à survivre

chez l'hôte dans des endroits privilégiés tels que les fosses infra orbitaires, les plis

inguinaux, les plis de peau, prés des cornes, au niveau du fourreau (Mezziche Alla 1978).

6. Epidémiologie :

La gale psoroptique a historiquement concerné la plupart des pays d'élevage ovin.

Soumise à déclaration obligatoire et objet de campagnes successives d'éradication dans les

pays où les intérêts de l'industrie lainière ou du cuir étaient mis en jeu, Elle été éradiquée

d'un certain nombre de pays, comme la Nouvelle Zélande, l'Australie (en 1884), le Canada

(en 1924), la Scandinavie (en 1927), et les Etats-Unis (en 1973) mais elle est encore une

maladie d'actualité dans nombre d'entre eux (D. Mites, 1993) : L'Europe, le Moyen Orient,

l'Afrique et l'Amérique du sud y sont à l'heure actuelle encore confrontés (C. Laguerre,

2001).

La gale psoroptique est une parasitose très contagieuse, qui se propage rapidement au

sein des troupeaux : le cycle de P. ovis étant relativement court, la croissance de la population

parasitaire est rapide sur son hôte. La transmission se fait le plus souvent par contact direct,

facilitée par la promiscuité des animaux dans des troupeaux en général de gros effectif. Après

l'introduction d'une population de psoroptes dans un cheptel, l'ensemble du troupeau peut

être touché en quelques semaines : le taux de morbidité (nombre d'animaux malades par

rapport au nombre total d'animaux en contact avec le parasite) est très élevé.

La gale psoroptique est une maladie hivernale, diagnostiquée d'avantage en automne et

en hiver (de septembre à avril) (B. Losson, 2002b).

Dans la plupart des cas de la gale psoroptique on observe une évolution sur un mode

épizootique, soit après l'introduction d'un porteur, soit après l'évènement favorisant la

résurgence de l'affection, jusqu'alors latente et asymptomatique.

6.1. Sources de parasites:

Les sources de P. ovis sont nombreuses, Les animaux porteurs asymptomatiques ou

présentant des signes cliniques seront les principales sources de parasites. Ces porteurs

asymptomatiques seront de véritables « bombes » à retardement s'ils sont introduits dans un

élevage indemne. Soit ces animaux sont des porteurs latents en phase subclinique (ils vont

alors développer la maladie), soit, après un épisode clinique, ils abritent des psoroptes dans

certains refuges de la peau de

l'animal (plis cutanés) déjà évoqués précédemment.

P. ovis peut également être présent dans l'environnement, qui présente une multitude de

refuges pour l'acarien. Alors que de nombreux auteurs ont pu présenter des résultats très

divergents concernant sa durée de survie en vie libre, on considèrera que le parasite peut

rester infestant de 12 à 15 jours en dehors de son hôte.

Tous les supports inertes du milieu ayant été en contact avec les animaux peuvent donc jouer

le rôle de sources secondaires : les clôtures, les murs, les brins de laine répandus sur les aires

de parcours des moutons, les véhicules de transport...(L.J. Pangui, 1994)

En terme d'animaux porteurs, il ne faudra pas oublier les autres espèces pouvant

héberger P. ovis, en particulier les bovins. Cependant, la relation entre les infestations ovines

et bovines n'est pas claire. Selon les auteurs, deux espèces (ou sous espèces) se

distingueraient plus ou moins par leur spécificité d'hôte (D.S Kettle, 1995).

6.2. Les modes d'infestation :

6.2.1 Transmission directe :

Les animaux se contaminent le plus souvent par contact direct avec des animaux

porteurs (O.M. Radostits et al., 1994 ; L.J. Pangui, 1994 ; B. Losson, 2002b). Les

regroupements d'animaux d'origines différentes, lors de transhumance, de rassemblements

commerciaux ou de transport, sont des occasions très propices à cette transmission.

L'introduction d'un nouvel animal dans un cheptel peut évidemment être le point de départ

d'une flambée de gale. La Grande Bretagne et la Hongrie sont deux exemples de la

réintroduction accidentelle de la maladie par l'importation de quelques animaux porteurs,

après des campagnes d'éradication pourtant couronnées de succès.

Comme nous l'avons d'ores et déjà évoqué, l'hypothèse de la transmission inter espèce

reste controversée, certains auteurs évoquant des souches de P. ovis spécifiques aux ovins

d'une part, aux bovins d'autre part.

6.2..2 Transmission indirecte

La contamination ou la transmission sont également possibles indirectement à partir

d'objets qui ont été en contact avec les porteurs et donc souillés par des parasites (L.J. Pangui,

1994). Les bâtiments d'élevage (litière, enclos, murs...), tout le matériel en contact avec les

animaux (matériel de tonte en particulier), tous les éléments du milieu extérieur, comme les

clôtures, toutes les zones en contact avec des brins de laine souillés éparpillés par le vent

(dissémination passive) (O.M. Radostits et al., 1994), les véhicules de transport, sont autant

de possibilités de transmission de la gale psoroptique chez les ovins.

L'intermédiaire peut également être un être vivant mais non réceptif au parasite :

l'éleveur, le vétérinaire, mais aussi d'autres animaux comme le chien ou les oiseaux peuvent

parfois véhiculer la maladie, d'un animal à l'autre ou d'un élevage à l'autre.

6.3. Facteurs favorisants et réceptivité :

Une forte densité d'animaux dans les bâtiments d'élevage, et ainsi la promiscuité entre

animaux malades et sains favorise la transmission et donc la propagation rapide au sein du

troupeau (L.J. Pangui, 1994). Toutes les occasions de rassemblements d'animaux (concours,

foires, transhumance, achats, transports, clôture commune ou endommagée...) seront des

conditions favorisantes du contact entre les animaux et donc de l'infestation.

De manière générale le manque d'hygiène des animaux et dans le milieu, la

malnutrition et les maladies intercurrentes, seront des conditions fragilisantes pour les

animaux, qui favoriseront le développement des acariens (L.J. Pangui, 1994). On rencontrera

les cas les plus sévères chez des animaux présentant déjà un mauvais état général, de

mauvaises conditions d'entretien et en conséquence, une immunité déficiente.

L'évolution de P. ovis ne peut se réaliser que sur un hôte réceptif et sensible, la

réceptivité et la sensibilité de cet hôte dépendant de plusieurs facteurs.

6.3.1.Facteurs intrinsèques

6.3.1.1 La race

Les races à forte production lainière présenteraient des conditions de développement et

de survie beaucoup plus favorables pour les acariens (humidité et température à la surface de

la peau), la tonte mettant les parasites dans des conditions beaucoup plus défavorables.

Il a également été évoqué que les races à peau plus fine seraient plus sensibles à

l'infestation.

Cependant on considère qu'il n'y a pas de prédispositions particulières en fonction de la

race (L.J. Pangui, 1994).

6.3.1.2. Le sexe

De même, aucune prédisposition liée au sexe n'est mise en évidence (L.J. Pangui,

1994).

6.3.1.3 L'âge

Les individus de tout âge peuvent être infectés par P. ovis. Il semble cependant que les

adultes soient plus fréquemment touchés, les agneaux présentant une toison très courte

défavorable au développement des parasites. On rencontre également par ailleurs des cas très

sévères chez les jeunes (description des agneaux « léopards »).

6.3.2 Facteurs extrinsèques

6.3.2.1 La malnutrition

Une alimentation particulièrement déficiente en vitamine A et en sels minéraux

favoriserait le développement des acariens sarcoptiformes sur les animaux (L.J. Pangui,

1994).

6.3.2.2 Les maladies intercurrentes

Les dysendocrinies et d'autres maladies cutanées, telles que la phtiriose et les

dermatomycoses, peuvent accentuer les lésions de gale (L.J. Pangui, 1994).

6.3.2.3 Conditions d'élevage

Les animaux sont plus réceptifs et présenteront une expression plus sévère de la maladie

dans des élevages mal entretenus (L.J. Pangui, 1994 ; O.M. Radostits et al., 1994). En effet,

les souillures par l'urine et les fèces, la mauvaise hygiène cutanée, sont de véritables sources

d'irritation pour la peau : les animaux sont alors plus sensibles.

7. Aspects clinique et lésionnel et comportemental:

Photo n° 8 : Gale psoroptique du mouton (personne,2006)

7.1 Les lésions :

Les lésions cutanées peuvent être observées sur toutes les parties du corps, et sont

localisées aux zones particulièrement lainées (J. Kaufmann, 1996); l'atteinte des flancs, des

épaules et du garrot semble cependant la plus caractéristique, et surtout la plus spectaculaire,

lorsque les lésions sont très étendues (D. Mites, 1993).

Les lésions débutantes sont de petites papules de quelques millimètres de diamètre (de 1 à 5-

6 mm), d'aspect blanchâtre ou jaunâtre sur des zones érythémateuses, et laissant exsuder des

sérosités qui agglomèrent les fibres de laine à proximité et qui, en se desséchant, constituent

des croûtes jaunâtres (O.M. Radostits et al., 1994).Les symptômes débutent sur la ligne

supérieure du dos et du garrot, puis gagnent les flancs, les côtes et la croupe; plus rarement le

sternum et l'abdomen (Ben chikh Med cherif1987).

L'attention peut être attirée sur la région par l'ébouriffage de la laine due au grattage

(Benakhla et al, 1985).

En tombant, ces croûtes entraînent la chute de la laine. La toison paraît alors

déguenillée, la laine s'arrachant facilement par touffes entières. Lorsque la maladie évolue et

progresse, les exsudations séreuses augmentent et les lésions s'étendent. Elles couvrent les

épaules le cou, le thorax, la région dorsolombaire et les flancs (N. Sargison, 1995). Les

principaux dommages à la surface de la peau seront en réalité causés par les nombreux

autotraumatismes et morsures que l'animal peut alors s'infliger pour se soulager : le prurit est

violent, l'animal se frotte à tous les supports solides disponibles (clôtures, abreuvoirs,

arbres...), s'arrache la laine, ce qui a pour effet d'accélérer la chute de la toison et

d'augmenter l'irritation de la peau, siège d'inflammation, de contusions, d'éraflures, jusqu'à

des lésions de nécrose superficielle (D. Mites, 1993). De larges zones peuvent être dénudées

et sur des lésions plus anciennes, la peau s'épaissit et se plisse, elle peut être excoriée,

lichénifiée et est nettement plus susceptible aux infections secondaires (R. Wall et al., 1999 ;

O.M. Radostits et al., 1994 ; D. Mites, 1993 ; N. Sargison, 1995). La toison peut renfermer un

grand nombre d'éléments parasitaires, qui peuvent alors agglutiner les fibres en masse.

Les lésions histologiques sont similaires chez toutes les espèces et sont compatibles

avec une pathogénie d'hypersensibilité, avec une prédominance des éosinophiles, des

mastocytes et des lymphocytes parmi les cellules inflammatoires présentes en superficie du

derme. L'oedème est souvent marqué et on observe une hyperplasie des glandes sébacées (D.

Mites, 1993). On parlera donc de dermatite superficielle, péri-vasculaire, avec prédominance

de réaction d'hyperplasie et exsudative. Les parasites sont présents aussi bien sur et sous la

surface de « desquamation » (D. Mites, 1993).

7.2 Symptômes

La période d'incubation de la gale psoroptique varie de deux à huit semaines

(N. Sargison, 1995), selon la période de l'année, le cycle complet étant de 10 à 14 jours dans

des conditions idéales et les premiers signes cliniques pouvant apparaître dès l'amorce de

croissance de la population parasitaire.

De façon typique, dans un troupeau atteint, de nombreux animaux sont affectés et

présentent des démangeaisons et une toison dépouillée : le prurit peut affecter plus de 90%

des individus (N. Sargison, 1995). Certains peuvent être très amaigris et faibles, la mort est

même constatée dans certains cas. Par ailleurs, dans d'autres troupeaux, la maladie évolue de

façon très discrète, avec un faible niveau d'incidence et des lésions minimes. C'est le cas dans

des troupeaux où les animaux sont très résistants grâce à une très bonne alimentation ou dans

des conditions climatiques défavorables au développement des psoroptes, ou encore dans les

élevages où un traitement a été mis en place mais pas de façon optimum (survie d'une petite

population de parasites). Dans ces situations, la clinique est absente ou très fruste et la

recherche des cas latents doit être attentive. (O.M. Radostits et al., 1994)

La phase précoce de la maladie est caractérisée par une population restreinte d'acariens

et des lésions très discrètes. Au début de l'affection, les moutons sont nerveux, se frottent les

épaules et les flancs contre différents objets, et présentent une toison souillée et des

mouvements fréquents de la tête. A ce stade, il n'est pas possible de différencier cette maladie

d'autres affections ectoparasitaires, comme des myiases ou des phtyrioses, ou même non

parasitaire (tremblante). Certains animaux infestés sont même cliniquement tout à fait

normaux, et peuvent alors aisément introduire le parasite au sein d'un troupeau indemne.

La toison paraît humide et la laine est décolorée par endroits à force de léchage. Chez

les plus jeunes, on parlera d' « agneaux léopards » : les agneaux peuvent présenter, dès l'âge

de huit jours (d'où la difficulté de traitement), des tâches blanches à divers endroits du corps,

liées à des plages de décoloration de la laine par léchage (laine blanchie par la salive).

(C. Brard et al., 1994)

Dans les cas plus avancés, le prurit s'intensifie, les lésions apparaissent : de larges

portions de la toison commencent à tomber, la peau est à vif, souvent sanguinolente. Les

croûtes caractéristiques, écailleuses et jaunâtres, ressemblent à des flocons de maïs et sont

observées surtout à la périphérie des lésions. On retrouve des touffes de laine sur les clôtures

suite au prurit, qui favorise l'apparition de plaies et d'abcès de surinfection. A ce stade, les

animaux commencent à maigrir, on observe des crises épileptiformes. Les animaux

s'affaiblissent, deviennent cachectiques. L'état des animaux peut alors rapidement se dégrader

vers la mort.

Tous les tableaux cliniques peuvent exister au sein d'un même troupeau, depuis

l'animal cliniquement normal jusqu'au mouton atteint d'une gale généralisée, selon le statut

immunitaire et de résistance de la victime.

7.3 Effet de la maladie sur le bien-être et le comportement des animaux :

Le développement des lésions de gale est associé à l'apparition d'un certain nombre de

comportements anormaux, comme de l'agitation, des mouvements de frottement sur clôtures,

des morsures des flancs, qui expliquent l'apparition de multiples éraflures sur l'ensemble du

corps, en particulier les zones des lésions. Ces comportements s'accompagnent de la

décoloration de certaines zones de la toison, de pertes de laine, qui concernent au départ des

zones restreintes des épaules et des flancs, mais qui peuvent progresser et affecter une large

partie du corps (M.J. Corke et D.M. Broom, 1999).

Le temps total consacré au pâturage ne semble pas significativement affecté par

l'infestation. On note cependant une augmentation de la fréquence de pâture, expliquée par les

multiples interruptions par les activités d'auto-traumatisme de l'animal : frottements,

éraflures, morsures initiés par l'infestation et le prurit détournent le comportement normal des

animaux atteints. Ces comportements d'automutilation sont observés exclusivement pendant

la maladie, et le prurit peut persister jusqu'à 14 jours après l'application d'un premier

traitement (M.J. Corke et D.M. Broom, 1999). Les pertes de laine peuvent être favorables à la

victime des acariens dans la mesure où le parasite est exposé à des conditions de climat qui lui

sont défavorables. Mais si les lésions et les parasites persistent, les pertes extensives de laine

sont très préjudiciables à la survie du mouton et favorisent l'extension de la maladie aux

autres animaux.

Des comportements réflexes de la bouche, caractérisés par des mordillements, le

claquement des lèvres et accompagnés d'une protrusion de la langue, sont décrits. Cet état

d'hyperesthésie et de réflexe de mordillement peut être associé ou non à des stimuli externes

sensitifs comme le frottement des lésions (M.J. Corke et D.M. Broom, 1999 ; N. Sargison,

1995). L'observation de toutes ces réactions n'est cependant pas significative. On admettra

par ailleurs que l'ensemble des comportements de stéréotypie parfois rencontré dans les cas

de gale psoroptique est d'avantage un révélateur de la diminution du bien-être des animaux

touchés qu'un élément du diagnostic de la parasitose (M.J. Corke et D.M. Broom, 1999).

Dans certains cas, des syndromes épileptiformes sont également observés (M.J. Corke

et D.M. Broom, 1999) : les animaux tombent en position sternale ou latérale, en opisthotonos

par accès de 5 à 10 minutes (N. Sargison, 1995).

8. Evolution :

L'évolution de la maladie est fonction de la saison, du milieu dans laquai vivent les animaux

et des soins qui leur sont procurés (Mouezhi Abdallah 1977).

L'évolution de la maladie est continue (augmentation rapide du nombre de parasite) :

après l'amorce des lésions, on est témoin d'une aggravation irréversible si les conditions

restent favorables à la multiplication des acariens. Après un certain stade, la régression de la

population parasitaire est spontanée lorsque les conditions de survie ne sont plus optimales

(une peau lichénifiée gène la nutrition, surpopulation...) et on observe le rétablissement de

l'animal : La guérison peut cependant n'être qu'apparente car l'hébergement d'une population

de parasites survivants peut conditionner une recrudescence de la maladie, en profitant d'un

retour à des conditions favorables pour coloniser à nouveau le corps de l'animal.

En fonction de la résistance des animaux (immunité, conditions d'entretien,

alimentation, hygiène) les expressions cliniques peuvent être très variées, et vont de

l'infection asymptomatique, où la réaction inflammatoire ne sera pas suffisante pour

engendrer des lésions, à la maladie grave, chez des moutons déjà affaiblis, où les lésions

seront très étendues, jusqu'à généralisation et mort de l'animal.

Dans un troupeau atteint, de nombreux animaux sont affectés étant donnée la

contagiosité de cette parasitose et la tendance des élevages ovins à la très grande promiscuité

entre les animaux. Dans certains troupeaux, où les animaux sont plus résistants, la maladie

évolue de façon très discrète, jusqu'à l'apparition d'un évènement (en général plusieurs)

favorisant et déclencheur de l'expression clinique. On assiste alors à une flambée de gale

psoroptique dans le troupeau.

Ainsi, dans la plupart des cas, on observe une évolution sur un mode épizootique, soit

après l'introduction d'un porteur, soit après l'évènement favorisant la résurgence de

l'affection, jusqu'alors latente et asymptomatique.

Après la manifestation de la maladie dans un cheptel, des épisodes cliniques et de

guérison apparente spontanée peuvent alors se succéder, au fil des années, des saisons, et de

l'apparition de conditions plus ou moins favorables au développement de la population

parasitaire toujours présente au sein du troupeau (climat, tonte, maladie intercurrente, carence

alimentaire...).

9. Pathogénie :

La pathogénie observée dans la gale psoroptique est la conséquence des actions

traumatiques, irritatives, phlogogène, antigénique et favorisant les infections, des psoroptes

sur la peau des animaux infestés.

Les psoroptes migrent à la surface de la peau avec une préférence pour les zones

couvertes et protégées par les poils ou la laine. Les adultes ponctionnent l'épiderme pour en

aspirer la lymphe nourrissante et créent ainsi, par ces traumatismes, une inflammation locale à

l'origine de démangeaisons et de l'exsudation de sérosité qui, en s'accumulant, forment des

croûtes en séchant (L.J. Pangui, 1994). Les parasites sont plus actifs en marge des lésions

croûteuses, qui s'étendent donc en périphérie (O.M. Radostits et al., 1994). L'apparition des

lésions cutanées n'est pas le résultat de l'activité proprement dite des acariens mais serait

associée à une réaction d'hypersensibilité de type 1 (mécanisme des allergies) de l'hôte visàvis

d'antigènes de P. ovis (produits d'excrétion et de sécrétions parasitaires, comme la salive,

les matières fécales qui sont riches en guanine) (R. Wall et al., 1999 ; M.J. Corke et D.M.

Broom, 1999 ; B. Losson, 2002b ; D. Mites, 1993 ; P. Bourdeau, 1997 ; N. Sargison, 1995 ;

C. Lewis, 1997). L'inflammation qui en résulte augmente la température et l'humidité locale,

favorable aux parasites qui se nourrissent des exsudats produits sur place. Ainsi, les acariens

ne peuvent s'établir et proliférer sans réaction inflammatoire de la part de l'hôte (B. Losson,

2002b). Le prurit constant résultant de cet état d'allergie interrompt les périodes de pâturage,

des surinfections bactériennes ou des myiases contribuent par ailleurs à la dégradation de

l'état de l'animal (D. Mites, 1993).

Le contact initial de l'hôte avec P. ovis est suivi d'une période de latence d'environ

20 jours. Si les acariens sont peu nombreux et n'induisent pas de réaction inflammatoire, la

maladie ne peut pas se développer. Dans le cas contraire, la lésion s'installe et s'étend. Les

parasites se retrouvent en périphérie, où l'exsudat séreux est abondant. Lorsque toute la

surface de la peau de l'animal est touchée, la phase de régression s'enclenche et les

populations parasitaires déclinent rapidement, parfois jusqu'à leur extinction. En revanche

quelques survivants continuent à habiter certaines zones protégées et parfois envahissent à

nouveau le corps de l'animal lorsque les conditions redeviennent favorables.

Le développement de l'affection s'accompagne de l'apparition d'anticorps spécifiques.

Les titres sont directement proportionnels à l'étendue des lésions. Après traitement, la

décroissance est très lente, sans doute en raison de la persistance des antigènes au sein de la

toison (B. Losson, 2002b). Cette réponse immunitaire de type humorale serait ainsi

responsable d'une certaine résistance des animaux soumis à une seconde infestation une

année après la première : les lésions sembles moins étendues, la croissance de la population

est ralentie (la phase subclinique est prolongé). Il convient cependant de tenir compte des

modifications des caractéristiques cutanées pendant cette année d'intervalle (croissance des

animaux) et après la première infestation, ces modifications pouvant influer et gêner

également l'alimentation des nouveaux parasites (P. Bates, 2000b).

La gale psoroptique est donc une dermatite de type allergique et les conséquences

pathogéniques de l'infestation seront :

- le prurit : premier signe de la gale, le prurit est dû, d'une part à l'action irritative des

parasites sur les terminaisons nerveuses cutanées, et d'autre part à la réaction

d'hypersensibilité provoquée par les substances antigéniques libérées par les acariens. Sévère,

le prurit est responsable d'agitation et de comportements anormaux, de réduction de gain de

poids chez les animaux en croissance.

- l'altération cutanée et la perte de laine: dues au grattage et aux morsures des animaux

eux-mêmes à cause du prurit, mais aussi à la macération résultant de l'exsudation.

- la favorisation des surinfections bactériennes : la peau altérée devient perméable aux

germes résidents ou accidentels entrant en contact avec la peau, tandis que la macération

tégumentaire crée un milieu propice à la prolifération de divers germes.

- une adénite : concernant les noeuds lymphatiques drainant les zones les plus lésées

(L.J. Pangui, 1994).

10. Diagnostic :

L'établissement d'un diagnostic précis avec l'identification du parasite est essentiel,

d'une part afin de pouvoir envisager une conduite à tenir adaptée, mais d'autre part afin que

l'éleveur puisse être certain de l'origine de l'affection qui touche son troupeau, et s'implique

pleinement dans un traitement souvent contraignant. La démarche diagnostique doit être

rigoureuse et fondée sur la combinaison de l'observation des signes cliniques et de l'isolement

de l'agent à proximité des lésions (C. Lewis, 1997).

10.1. Diagnostic clinique :

L'examen du comportement des animaux est la première étape d'une suspicion

clinique : en phase de début, lorsque les lésions sont encore très discrètes, on peut confondre

la gale psoroptique avec une atteinte par des poux ou des agents de myiases. Ensuite, la laine

tombe et les croûtes typiques sont faciles à observer. Prurit, pertes de laines, lésions

croûteuses et exsudatives, papules et croûtes jaunâtres sont alors autant de signes évocateurs

de gale psoroptique chez le mouton. Chez les plus jeunes, les « agneaux léopards » devront

permettre de suspecter la parasitose (B. Losson, 2002b).

Certains préconisent de faire courir les brebis afin de repérer les animaux qui se grattent

le plus et de sélectionner les moutons qui subiront un examen plus approfondi (recherche des

lésions à la surface de la peau). Les prélèvements seront réalisés chez ces derniers, au niveau

des zones périphériques des lésions. En observant bien les animaux, surtout si l'attaque de

gale est récente, un praticien expérimenté peut repérer le parasite à l'oeil nu en écartant les

mèches de laine (B. Losson, 2002b).

La stimulation mécanique manuelle des zones touchées peut entraîner un mouvement

réflexe caractéristique des lèvres (« rire du mouton » ou encore dénommé « nibble reflex »

chez les anglais, littéralement « réflexe de grignotage ») et dans certains cas une crise

d'épilepsie. Cependant ces observations ne constitueront pas des éléments spécifiques

suffisant au diagnostic.

Dans les cas où la clinique est absente ou très fruste, la recherche des cas latents peut

être facilitée en plaçant les animaux dans un espace confiné où les parasites retrouveront des

conditions d'activité plus favorables, permettant ainsi l'apparition de cas cliniques de

démangeaisons (O.M. Radostits et al., 1994). Ces animaux devront être alors examinés

individuellement, à la recherche de papules et de croûtes à la surface de la peau. Une attention

spéciale devra également être portée aux conduits auditifs, à la base des cornes, aux fosses

infra orbitaires, aux zones périnéale et scrotale (O.M. Radostits et al., 1994).

On peut associer à l'observation des lésions des constats épidémiologiques : grande

contagiosité, cas cliniques plutôt en saison hivernale lorsque les moutons sont en bergerie et

régression spontanée en été, introduction d'un nouvel animal ou contact lors d'un

rassemblement.

10.2. Diagnostic différentiel :

Il conviendra d'envisager le diagnostic différentiel avec toutes les maladies pouvant

présenter du prurit, des pertes de laine, des lésions de dermatites exsudatives et croûteuses et

des modifications comportementales. Le diagnostic de plusieurs maladies infectieuses et

parasitaires, ainsi que certaines réactions allergiques ou de photosensibilisation devra être

écarté.

La gale psoroptique devra en premier lieu être consciencieusement différenciée des

autres infestations ectoparasitaires, autres gales et acarioses ainsi que les affections dues aux

insectes. Généralement la distinction est facile, le différentiel étant basé sur l'observation de

la répartition et de l'apparence des lésions, puis sur la mise en évidence des agents parasitaires

responsables.

Parmi les gales et autres acarioses :

Les autres gales (sarcoptique et chorioptique) seront des éléments essentiels du

diagnostic différentiel, les lésions cutanées (peau indurée et croûteuse) pouvant être très

proches macroscopiquement des lésions de gale psoroptique. L'identification des acariens

sera donc l'argument essentiel du diagnostic différentiel.

La gale sarcoptique ou gale du museau à Sarcoptes scabei (J. Brugère-Picoux, 1994 ;

N. Sargison, 1995) : les lésions sont localisées aux zones dépourvues de laine, principalement

à la tête, autour des yeux et au niveau des oreilles puis sur les pattes. Les acariens creusent des

galeries dans les couches superficielles de l'épiderme, à l'origine d'un prurit intense. Les

lésions cutanées exsudatives qui en résultent se recouvrent d'une croûte brunâtre (d'où la

dénomination de « noir du museau »), et s'accompagnent d'hyperkératose et d'alopécie

exacerbées par les excoriations auto infligées.

La gale chorioptique ou gale des pattes à Chorioptes bovis (J. Brugère-Picoux,

1994) : elle est essentiellement localisée aux pâturons, sous la forme d'une dermatite

exsudative. La peau s'épaissit et devient plissée. Les lésions peuvent s'étendre à tous les

membres et à la région inguinale, entraînant une chute de laine. L'atteinte du scrotum est

fréquente chez le mâle et peut entraîner une stérilité. Cette affection est beaucoup moins

contagieuse que les autres gales et circule souvent à bas bruit dans un troupeau. Elle reste

rare.

La trombiculose (J. Brugère-Picoux, 1994 ; N. Sargison, 1995) : les larves de

Trombicula automnalis sont responsables d'un érythème automnal. L'irritation est le plus

souvent localisée aux membres et à la face (zones en contact avec le sol et les herbes), mais

peut affecter l'ensemble du corps, responsable d'excoriation et de pertes de laine. On peut

aisément observer les parasites, petites taches orange de 0,2 à 0,4 mm de long.

La psorergatose à Psorergates ovis (N. Sargison, 1995) : ces acariens présentent des

pièces buccales acérées qui leur permettent de pénétrer à la surface de la peau du tronc,

causant là aussi un prurit sévère : la peau est squameuse et hyperkératosée. Les frottements

incessants sont à l'origine d'excoriation et de pertes de laine. Cette affection n'est cependant

pas rencontrée en France, elle n'est présente qu'en Australie, en Amérique et en Afrique.

Les infestations par les tiques : les tiques se localisent aux parties délainées du corps

et ne pénètrent généralement pas la toison. Les moutons présentent du prurit, de l'anémie,

parfois des retards de croissance si les individus sont jeunes. Les parasites sont visibles à

l'oeil nu. (C. Brard et al., 1994, N. Sargison, 1995)

Parmi les affections dues aux insectes :

Les phtirioses (N. Sargison, 1995) : depuis l'interruption des programmes de

balnéations systématiques et obligatoires, on a pu observer une augmentation nette de

l'incidence des phtirioses. Les principaux agents rencontrés sont Bovicola ovis, parmi les

Mallophages (poux broyeurs), et Linognathus pedalis parmi les Anoploures (poux piqueurs).

L'infestation par Linognathus pedalis est limitée aux zones sans laine des membres. Une

charge élevée en parasites peut être responsable d'une anémie et de débilitation. Les poux

broyeurs sont plus communément mis en évidence. Ils colonisent les zones couvertes de laine

du dos et des flancs et se nourrissent de débris cutanés. Même de petites populations de poux

broyeurs peuvent alors causer un prurit intense et la morbidité dans un lot peut atteindre près

de 100%, les animaux de tous âges étant affectés. Les individus atteints présentent donc des

démangeaisons, du squamosis et des dépilations apparaissent suite à l'usure et à la cassure des

poils. Comme dans le cas de P. ovis, le cycle de développement complet du parasite se

déroule sur l'hôte (14 à 21 jours) ; la transmission se faisant également essentiellement par

contact direct, l'incidence est plus forte pendant les saisons froides où les animaux sont

confinés et les populations parasitaires plus nombreuses dans une toison d'hiver plus longue.

L'observation des colonies de poux permettra d'établir le diagnostic de certitude.

B. ovis est donc un élément important du diagnostic différentiel de la gale psoroptique

puisque les deux parasitoses apparaissent chez des animaux non baignés, pendant les mois

d'automne et d'hiver, et sont toutes deux responsables d'un prurit intense. Les zones

d'alopécie sont cependant plus extensives dans le cas de la gale, où les lésions restent

beaucoup plus caractéristiques. La confirmation du diagnostic de phtiriose est basée sur

l'identification des poux. De type broyeur ou piqueur, toutes les espèces de poux sont visibles

à l'oeil nu mais leur identification précise nécessite généralement un examen microscopique.

La mélophagose à Melophagus ovinus ou « faux poux du mouton »: elle se traduit par

des démangeaisons, une irritation cutanée et parfois des retards de croissance suite à

l'inconfort des animaux. Cette parasitose est observée plutôt au printemps et en été. En

écartant des mèches de laine, les parasites sont visibles à l'oeil nu : on peut aisément observer

les adultes et les pupes, en particulier en région du cou, des épaules, et sur la ligne du dos.

(C. Brard et al., 1994)

Les myiases : les animaux atteints de myiases peuvent présenter un prurit localisé.

Attirées par les souillures de la toison (région postérieure et jarrets maculés par les

excréments, l'urine, le liquide amniotique et les lochies) et les plaies, les mouches pondent et

les larves nées de l'éclosion se développent, provoquant de larges plaies au dessus desquelles

la laine est grisâtre et poisseuse. En écartant la laine dans ces zones, on observe les asticots

(C. Brard et al., 1994). Contrairement aux gales, ces parasitoses sont observées durant la belle

saison.

Parmi les maladies infectieuses :

La dermatophilose (O.M. Radostits et al., 1994 ; N. Sargison, 1995 ; C. Brard et al.,

1994 ; L. Rehby, 1994): il s'agit d'une affection commune et grave, causée par une bactérie

de la famille des Dermatophilaceae (ordre des Actinomycetales et sous-ordre des

Micrococcineae) : Dermatophilus congolensis (J.P. Euzéby, 2000). Parasite de l'épiderme

fragilisé des mammifères Dermatophilus congolensis est à l'origine d'une dermite exsudative,

parfois sévère, accompagnée de la formation de croûtes constituées à partir d'un exsudat

séreux et responsables d'une coloration jaune de la laine.

Chez les ovins, deux formes cliniques prédominent : une forme se traduisant par des

lésions siégeant sur les parties laineuses ("lumpy wool disease") et caractérisée par des croûtes

diminuant la valeur marchande de la toison. La santé des animaux est peu altérée sauf si les

lésions couvrent une vaste surface. Chez les agneaux, l'infection peut conduire à la mort. Une

autre forme est caractérisée par de petites croûtes apparaissant sur les membres ("strawberry

footrot"), augmentant de surface puis devenant verruqueuses (J.P. Euzéby, 2000).

Les croûtes formées par l'accumulation de l'exsudat humide sont aussi compactes que

celle de la gale. Elles agglutinent les poils entre eux et peuvent être responsables de chute de

laine et de l'apparition de zones alopéciques. Alors que les lésions peuvent paraître très

similaires, la maladie se différencie de la gale psoroptique par la répartition des lésions, le

degré moindre de formation des croûtes et l'absence de prurit (sauf dans les cas les plus

sévères). La peau reste par ailleurs souple et non indurée, même sous les croûtes. La

coloration jaune et indélébile de la laine est par ailleurs assez caractéristique. Le diagnostic de

dermatophilose est confirmé par recherche directe de la bactérie sur des échantillons de

croûtes récoltés au niveau de lésions typiques et circonscrites, après broyage et coloration, ou

éventuellement par culture et identification de l'actinomycète à partir de prélèvements de

laine jaune et de croûtes.

La tremblante (J.P. Ganière, 2000) : appartenant au groupe des maladies dégénératives

du système nerveux central dues à un « agent transmissible non conventionnel » dénommé

prion, la tremblante des petits ruminants, à l'origine de troubles nerveux, peut se manifester

par une forme prurigineuse : le prurit, modéré au début, et débutant à la tête et à la région

dorsolombaire, s'intensifie peu à peu et s'étend à l'ensemble du corps. L'animal se gratte

furieusement le dos et l'arrière train contre les mangeoires et les clôtures. La toison est très

délabrée, la laine devient rêche et ébouriffée, puis est arrachée par plaques. L'issue est fatale

et l'animal présente généralement d'autres troubles nerveux et locomoteurs caractéristiques

(hyperexcitabilité, démarche ébrieuse, chutes au sol...). Le « rire » du mouton est là aussi

observé lors de stimuli tactiles. Cette affection est plus rare : même si dans certaines régions

d'élevage la tremblante peut concerner parfois une grande partie du troupeau, cet état ne sera

observé que chez un petit nombre d'animaux simultanément ou ponctuellement dans un lot.

Les teignes ovines (N. Sargison, 1995): elles sont de plus en plus fréquentes et

semblent être à l'origine transmise par les bovins. Les lésions siègent essentiellement au

niveau de la face, des oreilles et des flancs : rondes à ovales, bien délimitées, grisâtres, en

légère surélévation, elle peuvent parfois s'accompagner d'érythème, d'exsudation et de

formations croûteuses et se développer sur l'ensemble du corps. La contagion peut être rapide.

Les teignes ne causent cependant que très rarement du prurit et les prélèvements permettent

de mettre en évidence des poils teigneux ou éventuellement de réaliser des cultures (la

présence de nombreux contaminants fongiques peut cependant rendre très difficile et

empêcher l'isolement des dermatophytes).

Mais aussi :

La photosensibilisation (N. Sargison, 1995; L. Rehby, 1994): le phénomène de

photosensibilisation est une conséquence de la présence de substances photo-dynamisantes au

niveau de la peau, qui, en présence de soleil, provoquent des dermatites sévères. Il peut être

primaire, par introduction d'un pigment photodynamique dans la circulation sanguine,

alimentaire par exemple (ingestion de Millepertuis ou de Sarrazin), ou secondaire à un

processus hépatotoxique. La photosensibilisation se manifeste par des troubles rapides,

comme de l'oedème des oreilles, de la face du dos, des pattes, du scrotum et du périnée (où la

peau est fine). Les tuméfactions sont sévères, le prurit est permanent et intense. L'oedème est

alors suivi de suintement de sérosités, qui, en séchant, forment des croûtes jaunâtres. Dans la

plupart des cas, les signes cliniques sont restreints à des zones non pigmentées et dépourvues

de laine, sur la tête ou les membres, et ne peuvent donc pas être confondus avec des lésions de

gale psoroptique.

Les réactions allergiques : elles peuvent, elles aussi, être responsables de l'apparition

de dermatites prurigineuses, lésions qui devront être différenciées de celles de la gale

psoroptique. Ces réactions ne concernent par ailleurs que des cas isolés.

La coccidiose : Chez les agneaux d'aspect « léopard », il ne faudra pas oublier de faire

le différentiel avec la coccidiose : en effet, ces mêmes taches peuvent êtres observées sur les

flancs d'agneaux atteints de coccidiose, par succotement de la laine suite à des épisodes de

coliques. Dans ce dernier cas, les taches sont cependant moins nombreuses et bien localisées

au niveau des flancs. La coccidiose ne touche par ailleurs que les jeunes et est généralement

associée à des diarrhées.

10.3. Diagnostic térapeutique :

Dans un second temps et dans les cas graves, on peut faire appel à un diagnostic

thérapeutique, surtout si la suspicion est étayée par de nombreux arguments en faveur de cette

affection, bien que l'on n'en ait pas la preuve absolue (B. Losson, 1997). Cependant, les

traitements antiparasitaires n'étant pas spécifiques d'une affection, le succès du traitement mis

en place ne sera pas une réelle confirmation de l'hypothèse diagnostique.

10.4. Diagnostic expérimental :

10.4.1.Identification du parasite par examen du produit de raclage :

Le diagnostic de certitude passe nécessairement par la mise en évidence du parasite. La

recherche des acariens se fait sur un prélèvement par raclage cutané (à l'aide d'un bistouri à

lame mousse ou d'une curette de Volkmann) réalisé à la périphérie des lésions exsudatives, et

non aux endroits délainés, très croûteux et hyperkératosiques. Il convient de repérer des

lésions récentes, éventuellement à des endroits où l'on provoque le phénomène de grattage, et

de racler au niveau d'un pli de peau avec l'instrument jusqu'à la rosée sanguine (afin de

pouvoir rechercher toutes les ectoparasites envisagés lors du diagnostic différentiel) (J-M.

Gourreau et R. Chermette, 1997). Des échantillons doivent être prélevés au niveau de

plusieurs sites. Certains manipulateurs préfèreront appliquer préalablement un peu d'huile de

paraffine à la surface de la peau avant de collecter le produit, directement sur les lames

destinées à l'observation (N. Sargison, 1995). Le produit de raclage doit être examiné le plus

rapidement possible après la collecte. Si l'expédition vers le laboratoire est nécessaire, le

prélèvement doit être accompagné d'un morceau d'ouate humidifié. Lors de l'examen,

l'échantillon peut être soumis à un réchauffement modéré (dans les mains ou sous une lampe)

pour augmenter l'activité des acariens éventuellement présents (B. Losson, 2002a; B. Losson,

1997). Le prélèvement est alors examiné à la loupe binoculaire (observation globale de

prélèvements de taille plus importante) ou au microscope entre lame et lamelle avec des

objectifs X10 à X40, après avoir ajouté une goutte d'eau ou d'huile de paraffine qui permet de

repérer les parasites en mouvement. Les acariens peuvent être récoltés pour être examinés

plus en détail et identifiés. La définition du genre est en général aisée. Le produit de raclage

peut également être éclairci dans une solution aqueuse de KOH à 10% ou de lactophénol.

Cela facilite l'examen, mais ne permet pas d'évaluer la viabilité des parasites, ce qui est

important lors du suivi de l'efficacité d'une thérapeutique (B. Losson, 2002b). Les adultes de

P. ovis mesurent de 0,5 à 0,6 mm et sont en particulier caractériser par le présence de

pédicules triarticulés portant des ventouses en forme d'entonnoir sur la première et le seconde

paire de membres (N. Sargison, 1995).

Photo n°9 : aperçu au microscope électronique à balayage de Psoroptes ovis (P. Bates,

2000b)

Un diagnostic négatif ne permet en aucun cas de conclure, les prélèvements et les

observations devant être multipliés. La qualité et la localisation du prélèvement peuvent tout

simplement être à l'origine de l'échec de la recherche. Il semble en effet plus difficile de

mettre en évidence les parasites dans les cas associés à une forte réaction d'hypersensibilité

cutanée. Une recherche positive, surtout si elle est orientée et étayée par des arguments

cliniques et épidémiologiques, permet d'établir l'étiologie de l'affection. Cependant, la mise

en évidence du parasite ne doit pas écarter la possibilité de la présence d'un autre agent. Il

n'est en effet pas rare que plusieurs agents de gale soient associés (P. Bourdeau, 1997). Il ne

faut donc pas hésiter à confirmer le résultat par de nouveaux examens sur le même animal ou

sur d'autres animaux malades.

4.2 Tests sérologiques :

Le diagnostic d'une infestation de P. ovis est ainsi traditionnellement basé sur

l'observation clinique et la détection microscopique des acariens. Nous avons cependant

constaté que les symptômes cliniques ne sont que peu caractéristiques et que de nombreuses

autres affections doivent être considérées dans le diagnostic différentiel. Par ailleurs,

l'examen microscopique des produits de raclage cutané ne présente qu'une sensibilité faible

(18 à 67 % selon la sévérité et l'extension des signes cliniques) et il convient de répéter le test

afin d'en assurer le résultat. Ces méthodes classiques peuvent ainsi paraître insatisfaisantes.

De plus, alors que les épisodes cliniques de gale sont observés le plus souvent au cours de

l'hiver, les infestations se font beaucoup plus discrètes durant les mois d'été, lorsque les

conditions sont moins favorables au développement, que les populations peu nombreuses se

réfugient dans des sites anatomiques plus inaccessibles. Ces formes subcliniques de gale

psoroptique peuvent alors jouer un rôle important dans l'épidémiologie de la parasitose et

passent souvent inaperçues. Il semblerait ainsi intéressant de disposer de techniques

diagnostiques plus fines : alors que des anticorps sériques spécifiques dirigés contre des

extraits de psoroptes ont été mis en évidence, des tests ELISA pour la détection de ces

anticorps ont été mis au point.

L'étude menée par H. Ochs et al. (2001) a permis d'évaluer la valeur diagnostique et

l'intérêt d'une telle technique. Le test ELISA semble présenter une grande spécificité

diagnostique, dans des troupeaux qui présentent souvent simultanément plusieurs affections

parasitaires, bactériennes et fongiques entrant dans le diagnostic différentiel de la gale. Il

existe cependant des réactions croisées chez des animaux présentant des infestations à

Chorioptes bovis, mais aucune réaction croisée n'a été observée avec des sérums issus de

moutons infestés par des poux, des tiques et des mélophages. Les résultats de l'ELISA

doivent donc être interprétés avec prudence dans des régions où la fréquence des infestations

chorioptiques est élevée (H. Ochs et al., 2001). On ne dispose par ailleurs pas de données

concernant d'éventuelles réactions croisées lors d'infestations sarcoptiques.

La sensibilité moyenne du test ELISA est élevée : 93,7 % (18 à 67 % pour la technique

microscopique). Elle a été déterminée avec des sérums de moutons cliniquement atteints et

originaires de troupeaux où des psoroptes vivants ont été observés. Il semble par ailleurs qu'il

y ait une corrélation entre les titres en anticorps relevés et la progression des symptômes chez

les animaux infestés. Par ailleurs, des niveaux détectables d'anticorps spécifiques chez des

animaux infestés expérimentalement ont pu être mis en évidence deux semaines avant que les

signes cliniques ne soient manifestes, et des moutons cliniquement sains peuvent présenter

des titres en anticorps élevés, ce qui témoigne alors de l'existence d'infestations

asymptomatiques. Ce test permet donc d'établir un diagnostic plus précoce et plus sensible.

En revanche, la réponse en anticorps chez des animaux traités décline lentement et de façon

continue mais persiste également pendant plusieurs semaines après la disparition des signes

cliniques. Ce phénomène devra être pris en compte dans les études séro-épidémiologiques et

les valeurs être interprétées avec prudence (H. Ochs et al., 2001).

Ainsi, l'ELISA peut-elle être une méthode pratique et plus sensible pour un diagnostic

de routine de gale psoroptique dans des troupeaux avec présomption de signes cliniques. Au

sein d'un même troupeau, elle peut être réalisée sur des échantillons d'animaux issus de

différents lots : dans les lots où les signes cliniques évoquent déjà la gale, elle permettra

d'établir un diagnostic de certitude, dans les lots où aucun signe n'est enregistré, elle peut

permettre de faire un diagnostic précoce ou de révéler des atteintes asymptomatiques. La

totalité des animaux des lots positifs ou ayant été en contact avec le même milieu devra,

quoiqu'il en soit, être traitée. Il peut également être intéressant d'utiliser cette technique dans

des études séro-épidémiologiques prospectives ou dans des programmes de surveillance et de

lutte mais les valeurs devront toujours être interprétées avec prudence, en considérant les

éventuelles réactions croisées et la prolongation de la réponse après guérison clinique (H.

Ochs et al., 2001).

La méthode d'immunoblot est également une méthode sérologique qui peut être

intéressante dans le diagnostic précoce et différentiel de la gale (R. Grogono-Thomas et al.,

1999).

Ces méthodes diagnostiques ne sont cependant pas disponibles en Algérie à l'heure

Actuelle.

11.Pronostic :

Le pronostic médical est grave, avec affaiblissement d'une grande partie des animaux

atteints et parfois de la mortalité. Il faut mettre en place une thérapeutique et une prophylaxie

rigoureuses sous peine de « blanchir » les animaux et non d'éradiquer définitivement la

parasitose du troupeau.

Economiquement, le pronostic est par ailleurs très grave à l'échelle de l'élevage : pertes

de croissance, diminution de lactation, avortements éventuels, mortalité par complication

septique des plaies de grattage, saisie des carcasses, dévalorisation des peaux en mégisserie,

pertes de production de laine, sans oublier le coût des traitements et de la prophylaxie à mettre

en place (C. Brard et al., 1994).

Compte tenu de la gravité du pronostic, des mesures thérapeutiques doivent donc être

mises en place aussi vite que possible afin d'enrayer le phénomène et de limiter les pertes.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote