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Capacité de réponse des IMF face au besoin de financement des catégories sociales défavorisées de Mbour

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par Amadou BA
Ecole Nationale des Travailleurs Sociaux ( ENTSS) - Diplôme d'Etat en Travail Social (DETS) 2010
  

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1.3. Revue de la littérature

Dans le cadre de notre étude, nous avons consulté des documents qui traitent du thème de la microfinance et des femmes. Nous ressortons ici leur quinté sens pour le mettre en rapport avec des aspects de notre recherche.

Le Groupe Consultatif d'Assistance aux plus Pauvres (CGAP, 2004) a établi un document intitulé « Mettre en place les systèmes financiers adaptés aux besoins des pauvres» ; Ce document adopté en 2004 par le G8, retient onze principes majeurs pour lutter contre efficacement contre la pauvreté :

1- Favoriser la création et soutenir le développement d'institutions viables et permanentes qui visent l'accès à des services durables ;

2- Etre à l'écoute des clients et s'engager à leur fournir des services adaptés 

3- Appliquer des taux d'intérêt sur les prêts permettant aux IMF de couvrir leurs charges ;

4- Développer de bons systèmes d'information de gestion (SIG) qui fournissent à temps des informations statistiques et financières fiables

5- Etablir la transparence dans la diffusion des informations financières

6- Favoriser la mobilisation de l'épargne ;

7- Etablir et favoriser une gouvernance efficace au sein des IMF ;

8- Encourager les gouvernements à créer un environnement macro-économique favorable au développement de la microfinance ;

9- Investir davantage dans l'assistance technique pour l'émergence d'institutions et leur capitalisation ;

10- Eviter de "réglementer à la hâte" et établir au besoin un cadre réglementaire incitatif.

11- L'importance de la capacité des activités financières et des services d'information.

Ce document du CGAP nous a permis de comprendre que la microfinance ne peut exploiter tout son potentiel que si elle est intégrée dans le système financier général d'un pays mais que les pouvoirs publics ne sont jamais de bons prêteurs ; ils doivent créer un environnement décisionnel propice.

Le CGAP nous a enfin permis de bien percevoir la nécessité de recourir à d'autres types d'assistance lorsqu' il s'agit de populations démunies qui ne disposent pas de revenus ni de capacités de remboursement.

Il aborde un aspect important de notre étude à savoir la capacité institutionnelle et humaine des IMF.

Le CGAP, par contre, ne parle nullement des femmes encore moins de leurs besoins de financement. Ceci nous aurait apporté un plus.

Isabelle GUERIN (2002), dans un document de travail intitulé Microfinance et autonomie féminine, s'interroge sur le rôle de la Microfinance comme outil d'émancipation et de promotion de la condition féminine dans les pays du Sud à partir d'une enquête menée principalement au Sénégal.

Afin d'évaluer ce rôle de façon plus large, le critère retenu est celui de l'étendue de la capacité de ces femmes à faire le choix de mener différents types de vie.
Pour elles, le droit au crédit s'apparente bien souvent à un droit collectif à travers un prêt collectif, pour des questions d'efficacité (coûts de transaction et partage de l'information), ce qui implique une dimension sociale et relationnelle qu'il faut prendre en compte dans le processus d'autonomisation.

L'étude cherche à révéler les forces (comme le rôle joué par le groupe pour la d'auto-sélection et même l'incitation) en limitant les problèmes d'asymétrie d'information et donc les risques) et les limites (apparition de liens de dépendance, déstabilisation des réseaux, défaillance de l'outil de gestion) d'un tel système.

L'étude conclut sur des recommandations en direction des prêteurs afin que les dérives du prêt collectif ne se produisent pas.

Ce document de GUERIN nous a éclairé sur le rôle que joue le groupe dans les prêts collectifs concernant les femmes organisées tout nous révélant les limites et dérives qui pourraient être liées à ce rôle. Cet aspect est important pour nous dès lors que nous notre étude s'intéresse aussi bien aux femmes individuellement prises qu'à leurs organisations.

L'auteur n'insiste toutefois pas sur les besoins spécifiques aux femmes de même que sur les services que les IMF leur proposent.

Joseph Gnamie (2008), dans son mémoire de fin d'étude soutenu à l'ENEA en et qui porte sur le thème : « Analyse de la satisfaction des femmes membres d'une institution de microfinance par rapport aux politiques d'épargne et de crédit : cas de la mutuelle d'épargne et de crédit de Cambérène », nous aborde cette question. En fait, elle montre que les besoins des femmes objet de son étude, n'ont pu être satisfaits par l'institution mutualiste dont elles sont membres. Ce qui fait que leur effectif a stagné entre 2004 et 2006 du fait de plusieurs facteurs parmi lesquels : des conditions d'ouverture contraignantes, des taux et frais de dossiers élevés, faiblesse des montants octroyés...

Selon l'auteur, cela est du au fait que l'institution n'a pu diversifier ses sources de financement. Elle conclue en montrant que la satisfaction des membres d'une Institution de microfinance (IMF) dépend de la diversité de ses sources de financement et des conditions d'accès au crédit.

Cette étude nous a permis d'avoir un aperçu sur les besoins des femmes membres d'une IMF et de voir l'importance des conditions d'accès et de la diversité des sources de financement pour la satisfaction de la clientèle.

Elle ne nous a pas fourni toutefois des informations sur la manière dont l'institution de microfinance répond au besoin de financement des femmes.

Michel LELART dans son ouvrage intitulé De la finance informelle à la microfinance, affirme que les IMF, contrairement aux banques classiques, font de la finance sur mesure, elles proposent des services de proximité, elles s'adaptent aux besoins de leur clientèle qui se sent proche d'elle et qui même parfois participe à leur gestion. Selon l'auteur, le secteur de la microfinance a beaucoup évolué durant ces dernières années et il s'organise de plusieurs façons (associations, réseaux, fédérations...). Le secteur se modernise progressivement et son évolution pourrait le pousser à se rapprocher des banques avec lesquelles elles pourraient nouer des relations plus étroites. Il précise toutefois que cette évolution pourrait prendre du temps car la microfinance a émergé lentement et progressivement en passant des formes traditionnelles de tontines à la finance informelle avant de passer à son état actuel.

L'auteur nous explique comment la finance informelle a donné naissance au microcrédit qui, à son tour, a évolué pour générer la microfinance. Il établie ensuite une typologie des institutions de microfinance qu'il classe en trois catégories :

- La microfinance par les mutuelles

- La microfinance par les ONG

- La microfinance par les banques

Dans cette dernière, il distingue deux stratégies qui sont :

· L'adaptation des banques à la microfinance

· La modernisation des IMF qui ont poussé certaines d'entre elles à adopter un statut de banque commerciale. C'est le cas de la bancosol en Bolivie qui, créée en tant qu'ONG en 1987, est aujourd'hui la première banque commerciale ciblée par les micro - entreprises.

Ensuite, LELART s'interroge sur le devenir des institutions de microfinance quand au regard de l'importance des fonds qu'elles embrassent. Les plus pauvres bénéficient - ils de ces fonds ? Les clients des IMF sont -ils de moins en moins pauvres ? Autant de questions que se posent l'auteur qui affirme que ce qui est important, ce n'est pas le nombre de clients touchés mais c'est surtout les changements qui comptent. Et dans ce sens, il précise que dans les pays du sud, il apparaît nettement que ce sont les femmes qui sont plus souvent les clientes des IMF ; l'argent qu'elles empruntent leur permet non seulement d'améliorer leur situation matérielle mais surtout de renforcer leur position dans leur couple et dans leur famille. Toutefois, certaines privilégient les dépenses de consommation ou plus simplement, ne contrôlent pas l'argent qu'elles empruntent. Et l'exercice d'une activité peut même être source de conflits dans le couple. Selon lui, ces facteurs ont même poussé la Grameen Bank à revoir sa stratégie....

Enfin, LELART recense dans son ouvrage les différents problèmes que rencontre la microfinance de nos jours. Parmi ces problèmes, il en retient trois qui lui semble d'une certaine importance : la nécessité d'une réglementation adaptée, le besoin de financement qui contribue à intégrer les IMF dans les systèmes financiers nationaux et enfin le souci de soumettre ces institutions à une bonne gouvernance.

L'ouvrage de Michel LELART revêt une grande importance pour notre étude. En effet, il nous a permis de connaître l'histoire et l'évolution de la microfinance à travers les quatre continents. Il nous a également permis de maîtriser la composition, l'organisation, les acteurs ainsi que les forces et faiblesses actuels de la microfinance.

Enfin, notre attention a été aussi attirée sur les risques que pourrait comporter pour une femme, une amélioration de son statut par le microcrédit sans que certains préalables soient réglés. D'ailleurs, à ce niveau, l'ouvrage aurait pu nous apporter plus si l'auteur s'était penché sur les solutions à apporter à de tels risques mais aussi sur les besoins spécifiques des femmes et les services proposés par les IMF pour les satisfaire.

Abdoulaye OUEDRAOGO (1998), dans son mémoire de fin d'étude soutenu à l'ENTSS et relatif à «  la participation des groupements féminins au développement de la collectivité locale », identifie le rôle déterminant des femmes dans le processus de développement à la base. Il met en relief la contribution des groupements féminins dans le développement locale en tant que levier du développement alternatif. Il précise que le groupement constitue un cadre où les femmes peuvent acquérir une autonomie financière et un prestige social et que les retombées peuvent avoir des bénéfices indirects sur la collectivité. Il fait ressortir aussi les entraves liées à la participation des femmes au développement, tels que : manque de matériel, problèmes d'écoulement des produits locaux, accès à la terre, l'analphabétisme, manque de formation.

A ces obstacles, s'ajoutent les aléas climatiques, le manque de confiance des femmes en leurs capacités et possibilités. Ce qui limite parfois les activités auxquelles est destiné le crédit.

Le travail de l'auteur nous a été d'une grande utilité dans le sens où il met en exergue les groupements de promotion féminine et analyse les obstacles à leur fonctionnement et leur participation au développement.

Il n'insiste toutefois pas sur les besoins spécifiques de ces groupements ainsi que les réponses que leur proposent les institutions de microfinance.

Daouda SAKHO (2004), dans un article intitulé « le SIG et la microfinance », paru dans le magazine M&D, en, démontre que « les principales lacunes des Mutuelle d'Epargne et de Crédit (MEC) sont l'inexistence d'outils de gestion performants et sécurisés des systèmes, une fois mis en place », l'info. Etant entendu que les MEC gèrent un grand nombre de donnés essentielles à leurs activités, l'information doit y avoir une importance capitale. Une gestion particulière des donnés doit être établie. Elles doivent être stockées, traitées et plus encore présentées de manière pertinente aux utilisateurs de manière à ce qu'ils puissent prendre des décisions éclairées. Les animateurs et gestionnaires du système, face au rythme accéléré de croissance des MEC, à l'exception de certains grands réseaux, n'ont pas eu le temps de travailler efficacement pour empêcher les fraudes, détournements et sécuriser ainsi les dépôts.

De plus, ils pensent plus au nombre de membres qu'à la qualité.

En définitive, l'auteur nous indique, qu'à l'instar du contrôle interne et de la gestion des ressources humaines, les systèmes d'information et de gestion sont fondamentaux pour la performance d'une IMF.

L'utilité de cet article de SAKHO pour notre étude est qu'il nous renseigne sur le fait que la mise en place d'un système d'information et de gestion efficace a une grande incidence sur les résultats d'une institution de microfinance notamment dans son offre de services aux sociétaires.

Toutefois, il ne nous permet pas d'appréhender la cible de l'institution en général et celle féminine en particulier surtout en ce qui concerne ses besoins de financement.

Fatou SARR (1998), dans son mémoire de maîtrise portant sur  « la Politique de développement et la marginalisation des femmes », soutenu à l'I.P.D.S.R, nous éclaire sur la notion de genre dans le développement des pays africains. Selon l'auteur, l'approche genre permet d'examiner la position participative des femmes dans les grands enjeux du développement au regard de leur nombre et de leur responsabilités limitées. Elle illustre ses propos en mettant en évidence l'importance d'un meilleur accès et contrôle des ressources ainsi qu'une meilleure participation sociale et politique des femmes.

Elle propose des outils d'analyse afin d'appliquer l'approche en tenant compte des réalités sociales africaines.

L'intérêt de cet ouvrage pour notre étude est qu'il nous a donné une idée plus précise de la situation de la femme africaine ainsi que de sa participation au développement. Elle nous propose également des outils d'analyse de la situation de la femme. Toutefois, ce document nous serait d'avantage utile s'il nous avait ressorti les besoins spécifiques des femmes en matière de financement ; ce qui nous permettrait de mieux voir si les réponses des institutions de microfinance répondent à ces besoins.

Sylvie Brunel (2000), ex - présidente de Action contre la faim, dans un article intitulé : « Micro crédit : Fiction et Réalité », paru dans Aventure N°90 (AUTOMNE), montre pour sa part que ce ne sont pas les plus démunis ou « les vrais pauvres » qui peuvent tirer profit du micro- crédit. Elle indique que ces personnes se trouvent toujours dans une situation d'échec ou de renoncement voir d'auto- exclusion qui ne les rend pas à même de saisir les opportunités offertes pars le microcrédit. Ce qui fait qu'un bon nombre d'institutions de microcrédit, soucieuses de leur viabilité financière, éviteront de prendre les risques qu'implique le financement des plus pauvres.

Néanmoins, des efforts spécifiques sont parfois réalisés pour atteindre ces femmes. Dans ces cas, la nature et la taille de leurs activités déterminent le niveau peu élevé de leurs crédits. Les bénéfices générés sont alors insuffisants pour qu'elles puissent franchir durablement le seuil de pauvreté. L'expérience montre que même si leurs revenus augmentent très nettement au cours de leurs premières années, ils plafonnent ensuite très vite, voir s'essoufflent.

Brunel s'intéresse aussi à la hauteur du taux d'intérêt. Elle affirme qu'à la Grameen Bank, des taux de 20% sont la règle, justifiés par des coûts de transactions importants. Ces taux avoisinent ceux des usuriers.

Cet article nous permet de voir les limites pour l'accès des pauvres dans les Institutions de microfinance vu le niveau souvent inadéquat des conditions d'octroi des prêts d'avec les possibilités de ces populations.

Elle n'aborde toutefois pas dans son analyse, des questions spécifiques aux femmes telles que leurs problèmes, leurs besoins ou leur accès au financement...

Marc Pilon et Patrice Vimard (1998), Communication à la Chaire Quételet,

Louvain-la-Neuve, portant sur « Structures et dynamiques familiales à l'épreuve de la crise en Afrique subsaharienne», dégagent l'impact sur les structures familiales des différentes crises (économique, sociale, sanitaire, politique) qui frappent l'Afrique de l'Ouest depuis vingt ans. Analysant d'abord les dynamiques des familles africaines à l'épreuve de ces crises, les auteurs soulignent en premier lieu que les systèmes de parenté ont une fonction structurante particulièrement forte dans cette région du monde. Ils montrent en second lieu la diversité des évolutions des familles selon les groupes sociaux. Se référant en effet à des études menées en Côte d'Ivoire entre 1975 et 1998, les auteurs révèlent que dans les milieux les plus aisés (catégories dites « modernes » (ouvriers, employés, cadres...), on observe une relative stabilité des structures familiales avec un renforcement des solidarités (élargissement de la famille avec intégration d'individus étrangers au noyau familial central). En revanche, dans les catégories les plus démunies, on assiste à un relatif émiettement du tissu familial et, surtout, à une multiplication des familles monoparentales et à un accroissement du nombre de femmes chefs de ménage. Ces effets engendrés par la crise économique sont renforcés par l'épidémie du sida et l'ampleur du problème des réfugiés, aujourd'hui sept fois plus nombreux en Afrique que dans les années 1970. Les auteurs soulignent que « l'évolution globale des familles africaines depuis le début de la crise économique se caractérise tout autant par son élargissement à une parentèle extra - nucléaire, par nécessité d'activer les solidarités familiales face aux difficultés, que par l'accroissement de la famille monoparentale, synonyme d'instabilité conjugale liée en partie aux problèmes économiques. Selon eux, Cette évolution se traduit en définitive par un recul sensible de la nucléarisation des ménages. Celle-ci va de pair avec le rôle croissant des femmes dans la structuration familiale et sociale.

En Afrique subsaharienne, cette transformation plurielle des structures familiales est doublement orientée par l'individualisation, résultant de l'ordre économique dominant, et par un « solidarisme » d'ordre culturel. Cette pluralité, suscitée par une crise elle-même multidimensionnelle, correspond à une multiplication et à une diversification des contraintes (économiques, sociales, culturelles, politiques) qui s'exercent sur les familles et encadrent les projets familiaux des individus.

Ceci oblige les chercheurs, d'après les deux auteurs, à reconsidérer les théories de la transition familiale sous un angle d'approche inédit et, ainsi, à abandonner l'idée d'une transformation uniforme d'un modèle familial dominant au profit de la mise en évidence d'une transformation plurielle.

Cette communication présente un intérêt certain pour notre étude car elle nous permet d'appréhender les mutations structurelles intervenues dans les familles africaines du fait de la crise, les raisons de ces mutations ainsi que leurs conséquences notamment sur les femmes.

Elle ne donne toutefois pas des informations sur les caractéristiques de ces femmes, sur leur situation dans les familles ainsi que sur les stratégies de prise en charge de leurs problèmes. Ceci constitue des limites de ce document par rapport à notre étude.

Adjamagbo Agnès et Antoine Philippe (2004), « Etre femme autonome  dans les capitales africaines : le cas de Dakar et Lomé », IRD.

Dans cette étude de l'IRD, les auteurs montrent que l'urbanisation intense, la croissance démographique, le chômage, la crise de l'économie ont induit des bouleversements importants dans les ménages urbains africains.

Parmi les mutations en cours, la participation croissante des femmes aux activités génératrices de revenus compte parmi la plus lourde de conséquences en termes de rapports entre les hommes et les femmes. Si le travail des femmes en Afrique est loin d'être un phénomène nouveau, leur domaine d'intervention s'élargit considérablement.

Selon eux, la mise en perspective de deux capitales ouest-africaines aux caractéristiques socioculturelles différentes mais soumises à des aléas économiques identiques permet, tout en soulignant la particularité des processus en cours, de mettre en évidence la similitude des enjeux concernés.

Ils affirment que la nouvelle configuration des rôles économiques masculins et féminins dans les ménages urbains passera forcément par une indépendance accrue des femmes. Mais les réalités demeurent différentes soit qu'on se trouve à Dakar ou à Lomé. À Dakar, les auteurs nous révèlent que l'autonomie féminine est socialement mal tolérée dans le sens ou elle est définie par le fait de vivre dans un logement que l'on possède ou dont on paie le loyer et de n'être pas mariée. Ainsi, peu de femmes aspirent à ce mode de vie qui menace les fondements du patriarcat. En fait, la stigmatisation de cette forme particulière d'autonomie est très liée à la forte valorisation sociale et morale du mariage et plus généralement à la place qui est faite aux femmes dans la société. Si bien que le modèle féminin socialement valorisé à Dakar demeure avant tout celui de la femme mariée vivant dans l'aisance matérielle et qui bénéficie de la générosité du mari lui permettant de consacrer ses propres revenus à des dépenses autres que celles relevant du quotidien. La représentation des rôles conjugaux, à laquelle les femmes adhèrent les premières, érige la dépendance de l'épouse vis-à-vis de son mari en une valeur conjugale intangible ; une évidence sociale aucunement avilissante dans la capitale sénégalaise. Citant Jeanne Nanitelamio, ils affirment que : « les Dakaroises sont imprégnées par l'idéal de « la femme au foyer » ; la nécessité du travail n'intervient que lorsque le soutien familial ou conjugal est difficile ou impossible » (Nanitelamio, 1995 : 284).

Contrairement à ce que l'on observe à Lomé, la norme oppose mariage et travail pour les femmes. Cet idéal est fatalement menacé par la crise économique qui sévit depuis de nombreuses années au Sénégal et qui conduit à un désengagement croissant des hommes de leurs responsabilités familiales. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant qu'une majorité de femmes qui vivent seules et ne sont pas mariées soient veuves. En effet, même si la pression pèse sur les veuves pour qu'elles se remarient, le décès du mari, événement forcément subi, est de nature à gommer tout soupçon de moeurs légères. L'autonomie ainsi acquise est donc à la fois mieux tolérée par l'entourage et plus vivable pour l'intéressée.

L'indépendance résidentielle des jeunes célibataires, à l'inverse, est une situation d'autant plus mal perçue qu'elle peut se présenter comme un choix délibéré qui, en bravant la norme, remet en question les fondements essentiels de l'institution familiale que constituent le mariage et la maternité.

Si le veuvage est la voie royale de l'autonomie à Dakar, la réalité est différente à Lomé. Certes le mariage constitue aussi pour les Loméennes un événement important garant d'une respectabilité sociale. Mais sa valeur sociale ne suffit pas à supplanter celle accordée à l'activité économique, fortement ancrée dans les usages sociaux et rendue de surcroît cruciale en ces temps difficiles. Le fait que les modes de formation des unions aient évolués en intégrant cette donne marque certainement la singularité de Lomé par rapport à Dakar.

À Lomé, les choses se posent en effet en termes différents. La valeur sociale accordée au travail rémunéré des femmes est plus prononcée. Citant Coquery-Vidrovitch (1994), les auteurs nous disent que celle -ci trouve ses racines dans l'histoire du développement du commerce dans le pays. Le commerce de tissu, secteur de prédilection de la réussite économique des femmes dans la capitale togolaise, constitue aujourd'hui encore le principal levier de l'économie nationale. Il confère par ailleurs aux femmes un poids politique incontestable. Il existe certes une hiérarchie prononcée entre la riche commerçante, appelée « nana benz », impliquée dans le négoce au niveau international et la petite revendeuse tenant une modeste échoppe sur le marché local. Mais la dextérité des femmes togolaises dans le domaine du commerce a fortement contribué à ériger le travail féminin en valeur sociale reconnue. Si avec la scolarisation croissante des femmes, les filles de commerçantes répugnent de plus en plus à prendre la relève maternelle, il n'est pas abusif de dire que l'oisiveté ne se pose guère comme une éventualité chez une jeune togolaise. Mariée ou non, qu'une femme travaille ne recèle rien de dévalorisant, bien au contraire. En outre, contrairement à l'idéal prôné à Dakar, le mariage, n'est pas vécu comme l'occasion de laisser le mari faire seul ses preuves de bon pourvoyeur des besoins du ménage. La contribution de la femme est valorisée et même encouragée. Ces formes d'expression poussées à l'extrême entraînent souvent une séparation très nette des intérêts économiques des époux au sein des unions. Dans ces conditions, vivre hors des liens du mariage, dans un logement que l'on prend en charge tout en exerçant une activité est une situation bien plus facile à vivre.

En ces temps de crise économique à laquelle s'adjoignent, au Togo, des troubles sociaux particulièrement agités, le rôle économique des femmes est devenu plus crucial que jamais. Si les hommes ne peuvent plus assumer seuls les charges de la famille, il faut bien que les femmes les relayent.

Les Togolaises ont fait leur entrée en masse sur la scène de l'économie productive informelle, à une époque où leurs maris trouvaient leur compte dans le salariat encore florissant du secteur formel. Aujourd'hui que les hommes ont perdu leur emploi elles sont toujours présentent, mais leurs responsabilités se sont considérablement accrues. De par leur histoire, les Loméennes sont probablement mieux préparées pour faire face aux défis qui se posent aujourd'hui à elles.

Pour Adjamagbo et Antoine Philippe, le chômage, la diminution du pouvoir d'achat, le déclin général des conditions de vie à Dakar ont rendu caduques les espoirs d'ascension sociale que les femmes ont coutume de mettre dans le mariage. La désormais nécessaire recherche de revenus pour relayer les chefs de famille est une condition relativement nouvelle à laquelle les dakaroises sont certainement moins bien préparées que leurs homologues togolaises. L'un des signes de cette relative vulnérabilité des femmes, face aux nouveaux défis qui se posent à elles, se lit dans la rapidité avec laquelle les divorcées se remarient à Dakar, alors même que souvent l'incapacité financière du mari est la cause de la rupture de leur précédente union. La logique ici est simple : si le précédent mari n'a pas su tenir ses engagements, le prochain fera probablement mieux

Alors que la fréquence du divorce, caractéristique de Dakar, peut laisser penser à une prise de distance face au mariage et à une tendance à l'émancipation féminine, la rapidité du remariage souligne la solidité de l'institution matrimoniale et nuance les mutations structurelles. Certes, sous la pression des aléas économiques, les cadres sociaux définissant la place de l'homme et de la femme dans la société se fragilisent mais ils demeurent encore tenaces et si le rôle des femmes change, leur statut progresse en revanche péniblement.

Les deux auteurs concluent en disant que quel que soit le cas, les évolutions à venir montreront comment les femmes négocient la transition. À Lomé, comme à Dakar, l'élargissement du rôle des femmes signifie aussi trop souvent des charges encore plus lourdes à porter, sans que les retombées économiques et sociales ne permettent de conclure à un progrès réel de la condition des femmes. Nul doute que les situations varieront en fonction de facteurs liés à l'appartenance sociale, au niveau d'éducation mais aussi à la volonté des politiques d'accompagner ces changements. La voie de l'autonomie est ouverte mais son chemin est encore long.

L'un des apports de cette étude de l'IRD à notre recherche est le fait qu'elle nous renseigne sur les contraintes culturelles à l'autonomie féminine à Dakar où, contrairement à la ville de Lomé, le mariage constitue le facteur essentiel de la valorisation sociale de la femme malgré la crise qui diminue aujourd'hui les capacités économiques des hommes pour une prise en charge de tous les besoins de leurs épouses.

Cette étude aurait pu nous apporter plus si les auteurs avaient abordé d'autres aspects de la question relatifs notamment aux caractéristiques socio- économiques des femmes de Dakar, à la nature de leurs charges dans le ménage et ainsi qu'à leur dynamique communautaire en cours.

Josette Nguébou Toukam et Muriel Frabré - Magnan « Les enseignements de la tontine »

Le mot  « tontine » viendrait de Laurenzo Tonti,Napolitain qui inventa ce genre d'opération. En Afrique la tontine prend une signification sociale, théorique et pratique. Les tontines sont des associations de personnes souvent liées par un point commun (membres d'une même famille, d'un même quartier, ou encore d'une même ethnie), qui font des versements réguliers en nature et en argent et dont le total est distribué à tour de rôle aux membres de l'association.

Les auteurs nous rappellent l'objet des tontines qui peuvent être : argent (« finance solidaire »), travail (on cultive mon champs, demain le tien)...Ils expliquent également le principe et le mode de fonctionnement de ces tontines.

La tontine existait déjà dans l'Afrique précoloniale donc avant même l'introduction de la monnaie mais le mécanisme de l'achat est beaucoup plus récent. Elle joue un rôle très global dans les sociétés africaines : à la fois moyen d'épargne et de financement de projets mais aussi et surtout lieu de création de lien social et de solidarité. En fait, la tontine est en Afrique bien plus qu'un contrat. En effet, il y'a la parole donnée comme dans tout contrat mais la tontine est bien plus qu'un échange de droits et d'obligations. La participation à une tontine implique une coopération, une solidarité avec les membres du groupe même en dehors de l'objet précis du contrat de tontine. On est ainsi tenu de se soucier du sort des autres. Elles constituent même une forme de sécurité sociale en cas de décès, maladie...

Par ailleurs, ils nous montrent que la tontine ne tient que par la confiance et le respect mutuel. « La parole donnée » prend ici tout son sens. Là, ils mettent en opposition la logique du droit et celle de la tontine qui est en réalité constitutive d'un ordre qui n'est pas fondamentalement celui du droit. Elle n'entre pas dans ce qui relève de l'Etat car ce n'est pas l'Etat qui est garant de la parole donné. La sanction sociale (réprobation par tous, parfois reproche silencieux, parfois mise en quarantaine...) qui prévaut dans les tontines est considérée comme beaucoup plus grave que toute autre forme de sanctions judiciaire ou étatique. précisent les auteurs.

En concluant, les deux auteurs nous disent qu'il y'a autant de leçons à apprendre ou à réapprendre de l'Afrique.

Les deux auteurs nous ont fourni dans leur étude beaucoup d'informations sur les tontines concernant leur signification, leur objet et leur valeur sociale en Afrique. Elle présente toutefois des limites pour notre étude dans le sens où elle n'insiste pas sur des aspects importants pour nous comme l'engagement des femmes défavorisées dans les tontines et son impact sur leurs conditions de vie ainsi que le rapport entre ces tontines et les institutions de microfinance.

Bernard Taillefer (1996), dans un ouvrage intitulé « Guide de la banque pour tous », montre que depuis plusieurs années, des expériences souvent réussies de petits crédits à destination des populations démunies se sont multipliées dans divers pays du monde (Grameen Bank au Bengladesh, Bancosol en Bolivie...) et notamment dans les pays africains. Ces multiples initiatives vont des grands réseaux d'épargne et de crédit aux tontines de villages en passant par les banques populaires, caisses d'épargne et de crédit, banques villageoises...L'auteur affirme que ces initiatives sont généralement les héritiers de deux traditions : l'une initiée à la fin du XIX ème siècle en Allemagne par Raiffeisen et au Canada par Desjardins, l'autre il y'a une vingtaine d'année au Bengladesh par Mohamed Yunus avec comme lien commun de sortir les populations défavorisées de la pauvreté. Il aboutit à un constat pour dire que partout dans le monde, des femmes et des hommes ont su s'organiser seuls, massivement, pour tenter d'apporter des solutions à leurs problèmes et que les êtres humains, même pauvres, même illettrés, peuvent s'organiser pour prendre en charge leurs besoins.

Il nous explique qu'aujourd'hui, en Afrique, des millions de personnes, en situation de survie, exclues du système classique bancaire, sont en attente de financement, condition de leur développement. C'est le cas des femmes africaines, qui depuis la dévaluation du Francs CFA qui a provoqué des déflatés, des ?conjoncturés?, sont obligées de se lancer dans des activités de petit commerce pour payer la scolarité des enfants, les frais de santé et les dépenses courantes du ménage.

L'auteur demande une relecture des expériences de Raiffensen , Desjardin et Yunus pour trouver l'outil nécessaire pour sa communauté ou pour un public déterminé d'autant plus qu'informe -t-il, tous ceux qui ont monté des systèmes financiers pour les pauvres n'étaient pas banquiers. Ces derniers ne le peuvent pas parce qu'ils sont dans une logique de profit et non de service.

Taillefer explique aussi en termes simples le fonctionnement de la banque mutualiste et les contraintes de la gestion de l'argent. Puis, il parle des mécanismes de gestion de l'épargne, du crédit et du contrôle de l'ensemble de l'édifice bancaire. Il présente également les différents types de systèmes mutualistes : mutuelles de solidarité (caisses d'épargne, mutuelles...), banques communautaires qui appuient et contrôlent les mutuelles, les sociétés d'investissement, les réseaux. Les différents outils de gestion de ces structures des populations défavorisées sont aussi passés au peigne fin (capital, épargne, prêts, organes, sécurité...) ;

Enfin, l'auteur demande de sortir de ce cadre en montrant que l'épargne et le crédit seuls n'ont jamais développé personne. « Il faut dépasser le cadre des outils de financement pour atteindre celui des moyens vivre dans une dynamique communautaire de développement » dit -il. Et à ce niveau, il n'y a qu'une racine du développement : la production.

L'ouvrage de Taillefer présente un grand intérêt pour notre étude. En effet, ce guide pratique de la microfinance nous des informations détaillées sur la création et le fonctionnement d'une IMF après nous avoir retracé les grandes expériences du mouvement mutualiste à travers le monde.

L'un des points faibles de cet ouvrage pour nous, réside dans l'insuffisante corrélation entre les institutions de microfinance et les activités des femmes surtout dans la lutte contre la pauvreté.

Darombaye DJERAREOU (2006), dans son mémoire de maîtrise soutenu à Institut de Formation et de Recherche en Population Développement et Santé de la Reproduction (I.P.D.S.R), intitulé « Micro finance et renforcement des capacités des femmes au Sénégal : Rôle du crédit accordé par la FDEA au groupe des femmes défavorisées de HLM Montagne », décrit d'abord les caractéristiques sociodémographiques des femmes défavorisées membres de cette institution (âge, niveau d'étude...). Elle montre ensuite que la majorité de sa cible est composée de jeune avec un niveau d'étude relativement bas, s'activant majoritairement dans le secteur informel. Son étude indique que les revenus générés par leurs activités sont utilisés pour la famille, les cérémonies sociales, l'épargne et l'investissement. Elle aboutit ainsi à la conclusion qui montre que les petits crédits reçus de la FDEA sont bien à l'origine de changements et d'impacts socio- économiques sur les femmes défavorisées.

Le travail de Darombaye dans son mémoire de maîtrise est celui qui nous a présenté le plus d'intérêt dans notre recherche. Il nous a permis d'avoir beaucoup d'informations sur la situation socio-économique des femmes défavorisées, sur leurs charges, sur leur appréciation des services d'une IMF et sur l'utilisation qu'elles font de leurs revenus.

Ce mémoire présente toutefois des limites pour nous en ce qui concerne surtout l'étude de la satisfaction des femmes défavorisées par rapport aux services des IMF.

Susy Cheston et Lisa Kuhn(2002), étude intitulée « Le renforcement du pouvoir d'action des femmes par la microfinance ».

Dans ce document, les deux auteurs démontrent que même si la microfinance n'abaisse pas toutes les barrières contre le pouvoir d'action des femmes, les programmes de microfinance, quand ils sont bien conçus, peuvent apporter une

contribution importante au renforcement de ce pouvoir, notamment chez les femmes défavorisées. Ils commencent par examiner des théories en faveur du ciblage de cette catégorie sociale par la microfinance et les conséquences qui en résultent en termes de renforcement de leur pouvoir d'action. A partir d'études et d'expériences menées en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, ce document montre l'impact de la microfinance sur les femmes en termes à la fois de pouvoir d'action et d'accroissement du bien-être. Tout en reconnaissant qu'il n'existe pas d'indicateurs universels permettant de mesurer le renforcement du pouvoir d'action, le document présente certains types de changements qui sont importants et significatifs quelque soit la culture. Les auteurs s'appuient sur une étude de cas détaillée de l'organisation Sinapi Aba Trust (SAT), partenaire d'Opportunity International au Ghana. A partir de cette étude et des expériences d'autres IMF, ils identifient une variété de facteurs et de stratégies qui peuvent apporter une contribution significative au renforcement du pouvoir d'action tels que la formation en gestion, les discussions sur des questions sociales, l'aide et le conseil, la prise de décision et le leadership, la gestion et le contrôle d'une IMF. Ils étudient également comment la contribution économique des femmes au foyer et à la communauté renforce leur pouvoir d'action. Les auteurs de cette étude proposent aussi certaines stratégies tirées de l'expérience d'IMF à travers le monde pour soutenir le renforcement du pouvoir d'action des femmes ainsi que leurs résultats, en insistant sur celles qui sont les plus prometteuses. Les auteurs terminent enfin en ressortant des axes stratégiques pour l'amélioration des conditions de vie des femmes défavorisées.

L'étude de Cheston et kuhn nous permet de savoir pourquoi le ciblage des femmes par les IMF et quels sont les changements que peut apporter le pouvoir d'action des femmes. Elle nous indique que la microfinance renforce le pouvoir d'action des femmes en particulier celui de leur contribution dans leur foyer. Toutefois, les auteurs ne donnent pas la parole aux femmes afin qu'elles ressortent leur difficultés mais aussi les limites des institutions de microfinance pour le renforcement de leurs capacités.

La Commission Economique pour l'Afrique (CEA, 1999) a présenté à la sixième conférence régionale africaine sur les femmes, à mi-parcours de la plate - forme de Dakar et du programme d'action de Beijing, un rapport d'évaluation portant sur « Le rôle vital de la femme dans la famille, la culture et la socialisation ».

Dans ce rapport, la commission montre d'abord que les femmes sont confrontées à des contraintes et obstacles qui ont pour noms : urbanisation croissante, crise de modernisation, culture de consommation, pauvreté, relations de pouvoir inéquitables...Ainsi, les femmes jouent un rôle crucial au sein de la famille et des sociétés africaines mais n'ont généralement aucun pouvoir.

Le rapport affirme que certaines pratiques culturelles favorisent la propagation de maladies comme le VIH/SIDA ; l'accès à l'information des femmes impact aussi sur l'exercice de leurs droits ainsi que sur leur capacité de négociation et de communication.

Le document a insisté sur la nécessité d'analyser les structures et les dispositifs institutionnels qui favorisent l'assujettissement des femmes pour pouvoir la combattre efficacement (environnement national, législation, économie, politique).

Enfin, la CEA propose plusieurs recommandations parmi lesquelles :

- Encourager la paix et la stabilité, conditions premières du bien-être continu des sociétés et des familles, dans tous les pays.

- Eliminer dans toutes les institutions sociales, au moyen de l'éducation, les attitudes culturelles négatives et les pratiques traditionnelles néfastes qui entravent la participation des femmes à la vie politique et publique.

- Renforcer la solidarité et les structures ayant pour mission d'améliorer la stabilité familiale et les systèmes d'appui social. Ceci pour apporter une solution à l'isolement des familles urbaines surtout des nouveaux couples.

- Encourager la recherche sur la famille et renforcer le rôle des médias dans la promotion de l'égalité entre les sexes.

L'intérêt que nous trouvons dans ce rapport d'évaluation de la CEA réside dans le fait qu'il procède à une analyse des fondements culturels qui entravent l'exercice par les femmes d'un rôle de premier ordre dans les familles et sociétés africaines.

Il nous propose également des recommandations très intéressantes pour renforcer ce rôle dans le sens où elles placent l'éducation et la solidarité au centre de la promotion de la femme. Toutefois, un manque d'analyse plus poussée des rôles des femmes et de l'impact des IMF sur ces rôles fait que ce document comporte des limites pour notre recherche.

La loi n° 95-03 du 5 janvier 1995 portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit (loi PARMEC) adoptée par l'Assemblée nationale en sa séance du vendredi 23 décembre 1994.

Cette loi comporte six (06) titres et soixante (60) articles. Les six titres sont relatifs aux aspects suivants :

- Définitions

- Champs et modalités d'application

- Institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit à la base :

· Organisation

· Fonctionnement

· Incitations fiscales

· Fusion, scission, dissolution et liquidation

- Institution mutualistes ou coopératives faîtières

· Types de regroupements

· Dispositions communes aux unions, fédérations et confédérations

· Organes financières

- Surveillance et contrôle

· Contrôle interne

· Contrôle et surveillance externe

· Administration provisoire

- Infractions et sanctions

- Dispositions transitoires et finales

La loi PARMEC nous a permis de connaître, au moment de faire notre étude, les définitions données à certains termes dans le milieu de la microfinance mais également les obligations des IMF dans la zone UEMOA.

DROY Isabelle « Femme et développement », Paris, Karthala, 1990, 182 p.

Dan son ouvrage, l'auteur nous rappelle la diversité des activités productives des femmes (petit commerce, cultures vivrières et commerciales, travaux domestiques) ainsi que leur pouvoir économique très faible dû aux effets de la croissance.. Elle analyse l'échec de la situation économique et sociale en Afrique et se demande si « l'oubli » des femmes ne peut pas être une raison de la faillite des programmes de développement. Elle retrace l'histoire et l'évolution de la condition inférieure des femmes en Afrique et révèle les contraintes spécifiques des femmes liées à la production et à la reproduction. Il propose des solutions parmi lesquelles l'organisation des femmes en groupements. Le groupement constitue en effet pour elle une source d'autonomie pour les femmes. Les groupements féminins d'origine traditionnelle et spontanée revêtent un degré de collectivisation significative même s'ils peuvent avoir des intérêts collectifs ou individuels ; selon l'auteur, il est essentiel de prendre en compte le dynamisme et les intérêts des femmes pour la réussite des intervenants en leur faveur, sinon elles peuvent elles-mêmes bloquer les projets, accentuant ainsi leur marginalisation. Elle ouvre un champ de réflexion sur la forme d'organisation à promouvoir pour que les femmes puissent exprimer et valoriser leurs capacités. Son ouvrage présente beaucoup d'intérêts pour notre étude car il analyse la situation socio-économique des femmes et leur nécessaire prise en compte dans les projets de développement afin de renforcer leurs capacités et leur pouvoir de décision. Seulement, nous lui reprochons de n'insister que sur les groupements féminins d'origine traditionnelle et de passer sous silence les structures de micro finance actuelles qui, par leur structuration et leur dynamisme, constituent de véritables leviers de développement. Elle ne précise pas également les raisons de « l'oubli » des femmes dont elle parle.

1. 4- Cadre de Référence

Dans cette partie, il s'agit de clarifier certains concepts qui relèvent de notre question de recherche mais aussi d'établir la relation entre eux. Il s'agit des concepts de :

- Capacité de réponse

- Besoin

- Accompagnement

- Groupement de femmes

Selon le petit Robert, la capacité est la puissance de faire quelque chose.

 

Quant au dictionnaire virtuel Encarta 2009, il définit la capacité comme étant l'aptitude dans le domaine de la pensée, du sentiment ou de l'action ; c'est aussi le potentiel de production.

Le concept de réponse est défini par le dictionnaire virtuel Encarta comme étant un Elément qui constitue une solution.

Pour le petit Robert, réponse signifie une solution, une explication apportée à quelqu'un par le raisonnement, par un dogme ou une science.

Dans notre étude, capacités de réponse désigne les aptitudes et le potentiel qu'à l'IMCEC pour apporter une solution aux besoins d'accompagnement des des femmes de Mbour sud bénéficiaires de financement de l'IMCEC.

Le concept de besoin est défini par Encarta 2009 comme étant une nécessité impérieuse (de quelque chose, de quelqu'un ou de faire quelque chose).Rejetant le concept de développement dominant au nord, une équipe inter pluridisciplinaire de chercheurs latino - américaine dirigée par Manfred Max - Neuf, économiste chilien, a formulé le concept de besoins fondamentaux. Selon cette équipe, les besoins fondamentaux sont communs à tous les peuples, dans toutes les cultures. Ils sont au nombre de neufs : Protection, Affection, Compréhension, Participation, Création, Sérénité, détente, Identité, Liberté.

Pour qu'un groupe se développe, en tant que communauté humaine, il faut que tous les besoins de ses membres soient reconnus et acceptés. Les besoins sont limités mais les moyens de satisfaction peuvent être illimités et dépendent de chaque culture qui se fixe ses propres moyens.

Le développement humain se crée par la combinaison harmonieuse entre ces besoins et les moyens de les satisfaire.

De son côté, A MASLOW a développé la théorie de la hiérarchie des besoins34(*) de l'homme. Ces besoins sont au nombre de cinq catégories:

- Les besoins physiologiques (manger, boire, dormir...) ;

- les besoins de sécurité (se sentir à l'abri des dangers présents et futurs)

- les besoins d'appartenance (donner et recevoir de l'affection, de l'amitié et de l'amour ; faire partie d'un groupe quelconque)

- les besoins d'estime (s'estimer soi - même, être estimé par les autres)

- les besoins d'actualisation (utiliser et développer tout son potentiel, croître, grandir, s'améliorer)

Selon MASLOW, ces cinq besoins sont hiérarchisés et vont de bas en haut. Lorsque les besoins d'un niveau inférieurs sont satisfaits, ils cessent d'être des motivateurs et l'homme cherche alors à satisfaire les besoins du niveau qui suit. Ainsi les besoins non satisfaits peuvent servir de motivateurs du comportement de l'homme.

Dans notre recherche, le concept de besoins correspond, tel qu'indiqué par Maslow, aux besoins d'actualisation qui permettent aux femmes défavorisées de Mbour sud de développer tout leur potentiel pour croître et s'améliorer. Il s'agit en outre des besoins reconnus et acceptés par ces femmes comme cela est défini par Max Neuf.

Le petit Robert définit la capacité comme étant la puissance, le pouvoir de faire quelque chose, l'aptitude, la force. Nous appelons capacité dans notre étude, l'aptitude des IMF à apporter des réponses face aux besoins de financement des femmes défavorisées de Mbour sud.

Le concept de défavorisée est défini dans Encarta 2009 comme quelqu'un qui est privé d'un bien ou d'un intérêt.

Nous appuyant sur cette définition, nous considérons dans notre étude, comme femmes défavorisée, toute personne de sexe féminin, privée d'un bien ou d'un intérêt qui peut être économique ou social et qui soit sociétaire de l'IMCEC.

En définitive, il s'agit dans le cadre de cette étude, d'identifier les aptitudes et le potentiel qu'à l'IMCEC pour apporter une solution à l'impérieuse nécessité pour les femmes défavorisées de Mbour sud, privés d'un intérêt économique ou social, de disposer de financements afin de développer tout leur potentiel pour croître et s'améliorer.

1-5- 0bjectifs de la recherche

1-5-1- Objectifs général :

Etudier la capacité de réponse de l'IMCEC Mbour face au besoin de financement des femmes défavorisées de Mbour sud.

1-5-2-Objectifs spécifiques :

- OS1 : Identifier le profil socio- économique des femmes défavorisées de Mbour sud, sociétaires de l'IMCEC.

- OS2 : Identifier les services offerts aux femmes défavorisées par l'IMCEC Mbour.

- OS3 : Analyser le niveau de satisfaction des femmes défavorisées en rapport avec les services offerts par l'IMCEC.

2-1- Méthode et type de recherche

Nous avons décliné à ce niveau la méthode de recherche et le type de recherche.

2-1-1- Méthode de recherche

Pour arriver à une connaissance optimale de notre sujet, nous avons choisi la méthode de recherche qualitative. Pour Taylor et Bogdan (1984), la méthode qualitative « désigne ordinairement la recherche qui produit et analyse des données descriptives, telles que les paroles écrites ou dites, et le comportement observable des personnes ».

Le choix de cette méthode se justifie par le fait que notre préoccupation est de comprendre de façon absolue et élargie, la capacité de l'IMCEC à répondre au besoin de financement des femmes défavorisées de Mbour.

2-1- 2- Type de recherche

Notre recherche est de type exploratoire descriptif. Elle consiste à décrire, nommer et caractériser les capacités de réponse de l'IMCEC face au besoin de financement des femmes défavorisées de Mbour.

Le choix de ce type de recherche se justifie par le fait que nous tentons dans cette recherche de décrire les faits tels qu'ils se présentent.

2-2- Univers de la recherche

Il englobe le cadre d'étude et la population parent.

2-2-1- Le cadre d'étude :

Nous abordons d'abord le cadre global de l'étude, à travers la présentation du Sénégal dans ses aspects physiques, démographiques, politiques, économiques ainsi que la politique dans le secteur de la microfinance.

Ensuite, nous présentons la région de Thiès et enfin de la commune de Mbour.

2-2-1-1- Présentation du Sénégal

Nous nous intéressons ici aux aspects physiques, démographiques, politiques et économiques et à la politique nationale dans le secteur de la microfinance.

? Aspects géographiques

Le Sénégal se situe à l'avancée la plus occidentale du continent africain dans l'Océan atlantique, au confluent de l'Europe, de l'Afrique et des Amériques, et à un carrefour de grandes routes maritimes et aériennes. D'une superficie de 196 722 km2, il est limité au nord par la Mauritanie, à l'est par le Mali, au sud par la Guinée et la Guinée Bissau, à l'ouest par la Gambie, et à l'ouest par l'Océan Atlantique sur une façade de 500 km. Pays plat aux sols sablonneux ne dépassant pas 130 m d'altitude sauf à la frontière sud-est vers la Guinée, le Sénégal est traversé par trois fleuves d'est en ouest : (1700 km) au nord, la Gambie (750 km) et la Casamance (300 km) au sud.

? Aspects démographiques

Avec un rythme d'accroissement annuel de 2,7 %, la population du Sénégal est estimée à près de 12 171 265 habitants (projection de 2009). (ANSD, 2009)

C'est une population relativement jeune, avec environ 58 % qui ont moins de 20 ans et en majorité rurale (61 % des Sénégalais vivent en milieu rural). Les femmes sont au nombre total de 6 150 750 alors que les hommes font 6 020 515.

La population est inégalement répartie sur l'espace national. Les ¾ de la population vivent sur une superficie représentant 18 % de l'ensemble du territoire. Toutefois, elle varie entre 3659 habitants au Km2 à Dakar et près de 9 habitants au Km2 dans la région de Tambacounda. (Ibid.).

Le pays compte quatorze régions: Dakar, Diourbel, Fatick, Kaffrine, Kédougou, Kaolack, Kolda, Louga, Matam, Saint Louis, Sédhiou, Tambacounda, Thiès, Ziguinchor.

Les principaux groupes ethniques sont les Wolof (43 %), les Pulaar (24 %), les Serer (15 %), les Joola (9 %) et les Manding (5 %). On note également d'autres groupes ethniques comme les Balante, les Bassari, etc. (Ibid.)

? Aspects économiques

La mise en oeuvre de politiques de stabilisation depuis la fin des années 70, suivies des premiers programmes d'ajustement structurel au milieu des années 80, a certes contribué à améliorer le cadre macro-économique du Sénégal, mais les performances économiques sont restées en deçà des espérances.
De manière générale, la période 1979 - 1993 a été marquée, au plan macroéconomique par un net ralentissement de la croissance économique en termes réels, voire même une contraction en 1993, entraînant la mise en place d'un « Plan d'urgence » de restauration des capacités financières de l'État. (Ministère de l'économie et des finances, 2010).

A la suite de la dévaluation du franc CFA en janvier 1994, l'économie sénégalaise a renoué avec la croissance, le PIB réel ayant crû de 2,9% en 1994 et de plus de 5% par an en moyenne entre 1995 et 2001.

Cependant, le retour de la croissance enregistré sur la période 1995-2001
n'a pas contribué à améliorer les conditions de vie des populations et à garantir une réduction significative de la pauvreté.

Le Sénégal est ainsi considéré comme un pays pauvre et a regagné le rang des pays moins avancés (PMA), avec un indice de développement humain (IDH) de 0,499 (PNUD, 2005), un taux de croissance qui est tombé en 2008 à 3,3 % et un PIB de 5 944 milliards de FCFA (2008).

En somme, la faiblesse de l'investissement, l'atonie de l'agriculture et de l'industrie expliquent le nombre modeste d'emplois générés par la croissance économique et sa faible propagation vers les populations les plus pauvres notamment les femmes. (ANSD, 2010).

2-2-1-2- La Politique Nationale de Microfinance

Les premières expériences d'institutions mutualistes Financières (IMF) en Afrique de l'ouest datent des années 70. Elles ont ensuite connu une croissance très rapide dans les années 1990 dans les pays de l'UEMOA et au Sénégal. (AQUADEV- 1999).

L'évolution des Institutions Mutualistes Financières (IMF) est marquée au Sénégal par deux périodes:

· une première période caractérisée par l'émergence du système et la mise en place du cadre juridique régissant les institutions, entre 1993-1997.

· une deuxième période de consolidation qui a débuté avec le regroupement de certaines structures en vue de se doter d'institutions faîtières (unions, fédérations, confédération). Elle va de 1997 à nos jours.

Au cours de la première période a été adopté un dispositif transitoire relatif à l'organisation, aux conditions d'agrément et de fonctionnement des structures mutualistes d'épargne et de crédit (Arrêté n°1702 du 23/02/1993).

Une nouvelle loi est venu compléter cette disposition afin d'élargir le domaine d'intervention de la législation sur les IMF. Il s'agit de la loi 95 - 03 du 05 janvier 1995 portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit et dont le décret d'application ne sera publié qu'en novembre 1997.

Le secteur est ainsi dans une dynamique de consolidation de 1997 à nos jours. Quand à l'expansion du système, il s'est traduit par une augmentation du nombre de structures et une réelle performance financière. Les IMF passent en effet de 120 en 1997 à 833 en fin décembre 2005. Ces structures qui comptaient 442 650 membres, ont mobilisé un montant de 34,909 milliards de francs CFA de dépôt et distribué 33,312 milliards FCFA de crédit en fin 2003. (APIMEC, 2003).

Aujourd'hui, l'analyse de la situation des IMF du Sénégal fait ressortir trois tendances :

ü Une solide implantation des grands réseaux tels que CMS, ACEP et PAMECAS ;

ü Des réseaux qui émergeant : U-IMCEC, RECEC, UMECU DEF, REMECU, etc. ;

ü des Institutions de base qui connaissent une évolution mitigée

Le gouvernement a ensuite élaboré, en 2004, une Stratégie Nationale de Microfinance (SNMF), validée à travers la Lettre de Politique sectorielle de la microfinance.

La Stratégie Nationale de Microfinance définit les principes directeurs d'intervention de l'Etat et des différents acteurs ainsi que les grandes orientations de développement de la microfinance. Les Institutions de Microfinance, leur association et leur clientèle, le Gouvernement et les collectivités locales, la BCEAO, les Bailleurs de Fonds, les ONG et autres structures d'appui technique ont tous travaillé, dans une démarche participative, à l'élaboration de SNMF. La vision future du secteur, retenue par ces acteurs, reflète ainsi la diversité de leurs attentes ; il s'agit de : "disposer d'un secteur de la microfinance professionnel, viable et pérenne, diversifié et innovant, intégré au secteur financier, assurant une couverture satisfaisante de la demande du territoire et opérant dans un cadre légal, réglementaire, fiscal et institutionnel adapté".

Ainsi, l'objectif de développement de la SNMF est de favoriser l'accès à des services de microfinance viables et durables à une majorité des ménages pauvres ou à faibles revenus et des micro - entrepreneurs sur l'ensemble du territoire d'ici à 2015, grâce à des IMF viables s'intégrant dans le système financier national. Quatre (4) objectifs immédiats sont reliés à cet objectif de développement. Ils sont relatifs à l'environnement légal et réglementaire, au cadre institutionnel dans lequel évoluent les IMF, à leur professionnalisation et à l'articulation de la microfinance au secteur bancaire classique.

L'activité de microfinance est par ailleurs actuellement soumise à un contrôle tant de la part de l'Etat du Sénégal que de la BCEAO dans le cadre d'une politique commune adoptée par l'ensemble des pays membres de l'UEMOA, à travers la loi n° 95-03 du 5 janvier 1995 portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit plus connu sous le nom de loi PARMEC (Projet d'Appui à la Réglementation sur les Mutuelles d'Epargne et de Crédit dans l'UMOA).

Parallèlement à la loi bancaire, qui régit les banques et les établissements financiers, la loi PARMEC gouverne les structures spécialisées dans les services bancaires destinés au plus grand nombre, et dont une des caractéristiques principales est la faible taille des transactions.

Le secteur de la microfinance, malgré des limites montrées par certaines institutions, a beaucoup contribué à l'augmentation des revenus des populations sénégalaises par un accès à des services financiers. Cependant, pour être un instrument efficace de lutte contre la pauvreté, la Microfinance doit savoir s'adapter aux conditions économiques et sociales spécifiques rencontrées dans le monde rural, dans les zones urbaines et au niveau les femmes pauvres.

2-2-1-3- Présentation de la région de Thiès

La région de Thiès s'étend sur une superficie de 6 601 km². Elle est limitée au Nord par la région de Louga, au Sud par la région de Fatick, à l'Est par celles de Diourbel et Fatick, à l'Ouest par la région de Dakar et l'Océan Atlantique. (ANSD, 2008).

Sur le plan administratif, la région est découpée en trois (03) départements (Thiès, Mbour et Tivaouane) et dix (10) arrondissements.

Avec une population estimée à 1 413 448 habitants en 2006(ANSD, 2006), la région de Thiès se situe à la deuxième place après la région de Dakar. Les femmes constituent la majorité de cette population avec 50.1% contre 49.9% pour les hommes. La densité de la population y est de 219 habitants au km². L'analyse de la densité révèle que le département de Mbour arrive en tête avec 296 habitants au km² suivi de Thiès, 264 habitants au km² et de Tivaouane 198 habitants au km².

La région est également en deuxième position après Dakar en ce qui concerne l'économie. Elle dispose en effet d'un potentiel économique important, avec des secteurs dynamiques tels que l'agriculture, l'élevage, la pêche, le tourisme, l'artisanat, le commerce et des mines.

Au niveau de l'agriculture, la région de Thiès présente des atouts importants, particulièrement dans le domaine de la production maraîchère (2ème pôle de production après Dakar) et de l'arboriculture fruitière (2ème après la Casamance).

Le secteur de la pêche occupe une place de choix dans le poids économique de la région du fait de l'étendue de ses côtes.

L'étendue de la façade maritime, la richesse et la diversification des produits offertes concourent à la promotion du secteur touristique dans la région. Ce secteur qui peut être, à coup sûr, une rampe de croissance pour les autres secteurs (agriculture, pêche, élevage et artisanat) sur lesquels il exerce une forte demande, et devrait pouvoir contribuer ainsi de manière substantielle au relèvement du niveau de vie des populations de la région. Il est toutefois en récession depuis quelques années.

Le secteur du commerce, particulièrement celui du détail, constitue une réponse pertinente à la lutte contre la pauvreté parce que fournissant des opportunités de création de richesse. Cependant, celui-ci souffre de multiples contraintes qui devront être levées pour permettre aux acteurs de sortir de leur situation de précarité.

La région de Thiès a l'avantage d'être relativement bien pourvue en infrastructures éducatives, ce qui en fait une des régions se situant au premier plan dans l'offre éducative et de formation professionnelle. (ANSD, 2008).

La région de Thiès possède aussi d'importantes infrastructures sanitaires qui lui confèrent la deuxième position dans ce domaine, après la région de Dakar.

S'agissant de l'assainissement, le réseau d'égouts, bien que sensiblement amélioré dans la Commune de Thiès notamment, présente tout de même quelques limites. (Ibid.).

2-2-1-4- La commune de Mbour

La ville de Mbour chef lieu du département du même nom est à 83 km de Dakar, la capitale de la république du Sénégal ; La ville de Mbour s'étend sur 6 km en bordure de mer.

Cette situation lui confère de nombreux atouts au vue du développement des activités touristiques tout le long de la petite côte et surtout grâce aux fortes potentialités offertes par les activités de pêche, la transformation et la commercialisation des produits halieutiques. (DIOP, 2009).

Elle joue également un rôle d'échange et de commerce très important, dont le rayonnement va au-delà de la région de Thiès.

Traversée par la route nationale n°1 Dakar Kaolack, et la route départementale n°101 vers Joal - Fadiouth, Mbour est reliée à la ville de Thiès par plusieurs ébranchements dont la route régionale qui passe par Ndiass. La ville assume ainsi un rôle de relais et de carrefours dans les échanges avec les autres parties du Sénégal.

Erigée en commune depuis le 04 Décembre 1926, Mbour est aujourd'hui l'une des 15 collectivités locales du département. Son développement spatial connaît des entraves, enserrée qu'elle est entre la communauté rurale de Malicounda au Nord, à l'Est et au Sud et l'océan atlantique formant sa façade ouest. Ce qui fait que ses possibilités d'extension se sont depuis longtemps épuisées.

La population de Mbour était de 176 277 habitants en 2002. Son estimation est de 193 368 habitants en 2009 et de 232 296 en 2015. (ANSD, 2006).

Selon cette agence, le taux d'accroissement de la population tournait autour de 6,6% entre 1976 et 1998

Selon le forum pour le développement de Mbour, tenu en 2002, la ville développe plusieurs des fonctions commerciale, touristique, halieutique, artisanale, culturelle et sportive, de transport, administration, d'Education et de santé (Commune de Mbour, 2004).

La fonction halieutique avec le secteur de la pêche qui a longtemps occupé une place prépondérante dans du PNB et le PIB se heurte actuellement à de nombreuses contraintes. Les mises à terre se réduisent de plus en plus à cause de la rareté de la ressource, des mauvaises pratiques de pêche, de la pollution marine et de la vétusté de l'armement.

Cette situation du secteur plonge actuellement de nombreuses familles dans une pauvreté croissante.

Le tourisme qui employait une bonne partie des jeunes et des femmes, connaît depuis quelques années une situation de crise plongeant ces derniers dans le chômage.

La commune de Mbour compte 27 quartiers  officiels dont les plus grands et les plus peuplés se trouvent dans la périphérie de la ville. Une démographie galopante et mal maîtrisée pose en ce moment des problèmes d'organisation, de gestion de ces fonctions précitées et du cadre de vie.

La zone de Mbour sud est située sur un axe allant de la préfecture à la sortie de la ville en passant par la route de 44 jusqu'au ?robinet Dimi NDOYE?. Elle regroupe les quartiers Mbour sérère souf, Mbour Maure, Mbour Toucouleur, Mbour sérère Kaw, Zone Sonatel, Gouye Mouride et Darou salam.

2-2-1-5- Présentation de l'IMCEC Mbour

1- Identification de l'organisation

L'Institution Mutualiste Communautaire d'Epargne et de Crédit (IMCEC) est une structure financière décentralisée crée en 2005 et reconnue par la décision N°TH 1.05.00430 de l'AT-CPEC avec comme objectifs proclamés :

· collecter l'épargne de ses membres et de leur octroyer du crédit.

· favoriser la solidarité et la coopération entre les membres.

· promouvoir des activités d'éducation, de santé, socio-économiques et coopératives de ses membres.

L'IMCEC compte deux caisses dans la commune de Mbour.

Les quartiers de Mbour Sud dans lesquels se déroule notre étude sont polarisés par la caisse de Mbour Thiocé, située sur la route de Kaolack.

Elle est membre de l'union des IMCEC (l'U- IMCEC) dont elle abrite la direction régionale de Mbour.

Aujourd'hui, les objectifs de départ de l'IMCEC ont connu une grande évolution. En effet, le plan d'affaire 2009-2014 se fixe comme objectifs :

- De faire de l'IMCEC un réseau mature.

- De faire de l'IMCEC une institution viable, fiable qui se positionne dans l'environnement de la microfinance.

La caisse compte deux (2) salariés, un agent de crédit et un caissier. L'agent de crédit est au coeur du dispositif de l'IMCEC. Ses activités sont :

ü L'accueil et l'information

ü Le montage des dossiers des membres, l'analyse de ces dossiers et leur transmission au coordonnateur

ü Donner des recommandations claires et présenter les dossiers au comité de crédit.

ü Suivre les crédits octroyés aux membres et procéder au recouvrement des prêts en retard. Il présente mensuellement un rapport.

Le caissier est chargé de gérer les dépôts et les retraits des membres, d'enregistrer les adhésions, les autres produits liés au crédit. Il effectue les déboursés de prêts et reçoit les remboursements de crédit. En dehors des opérations quotidiennes, le caissier doit tenir la comptabilité de l'institution financière par la mise à jour des livres comptables.

La caisse est dotée de matériel informatique et multimédia ainsi que d'une moto pour l'agent de crédit. Elle peut utiliser également de la logistique de la direction régionale.

2- Les organes de la Mutuelle

Les organes de la Mutuelle sont : l'Assemblée générale, le Conseil d'administration, le comité de crédit et le Conseil de Surveillance. 

Ø L'Assemblée générale : Elle regroupe l'ensemble des membres de l'institution. Elle est l'instance suprême et est habilitée à prendre des décisions sur la vie de l'institution.

Ø Le Conseil d'administration : Il est chargé de contrôler le respect des prescriptions légales et statutaires.

Ø Le comité de crédit

C'est l'organe de décision pour l'octroi ou non du crédit. Il se compose d'au moins trois membres.

Ø Le Conseil de Surveillance :

Il est chargé de la surveillance et de la régularité des opérations.

Tous ces organes sont autonomes les uns des autres. Chaque organe se réunit sur convocation de son président. Les membres de ces structures bénéficieront à l'IMCEC d'une formation continue, d'un encadrement et du suivi-formation.

4- L'environnement spatial :

La caisse, située au quartier Thiocé Ouest, sur la route de Kaolack, reste excentrée pour une bonne partie de la population notamment celle habitant les quartiers situés au sud de Mbour. Ceci constitue une contrainte pour leur adhésion massive à la mutuelle.

5- Le financement :

L'IMCEC élabore un budget en octobre qui est validé en Décembre. L'exercice budgétaire va de Janvier à Décembre. .

Le budget 2009 s'élève à 229 056 504 millions dont 64 280 000 en investissement et 164 776 504 en fonctionnement.

Ce budget est financé sur fonds propres.

L'encours de crédit représentant l'actif productif s'élève à 1 044 000000 dont 156 000 000 d'emprunt au niveau de l'union.

Ceci donne à l'institution une autonomie financière très appréciable.

Toutefois, avec l'union, elle bénéficie de l'apport de plusieurs partenaires parmi lesquels : le Fonds KIVA, le fonds Unsolmundo , le Programme d'Appui à la Lettre de Politique Sectorielle, Planet Finance, le PROMER, le PAM,FIDA 2009.

6- Relation avec la clientèle :

Un travail important est effectué par les agents de crédit au niveau de l'accueil et de l'information des clients. Cela est relevé par ces derniers comme étant l'un des points de satisfaction auprès de la mutuelle et qui permet de suppléer le manque de communication externe.

7- Le fonctionnement et l'organisation:

A l'IMCEC, l'écart aux principes formels de fonctionnement constitue l'exception et la conformité à ces principes, la règle. Cela est dû à plusieurs raisons parmi lesquels : le style de management participatif, la motivation et l'engagement des agents, la rigueur et le contrôle et surtout une supervision très rapprochée. Ainsi, nous notons un grand respect des dispositions du règlement intérieur de l'institution.

Toutefois, un débordement sur l'heure de descente est très fréquent et les agents de crédit sont soumis à un rythme de travail très intense.

Ce rythme de travail pourrait constituer une contrainte pour une appréciation sereine des dossiers de crédit par les agents de crédit.

En ce qui concerne l'organisation, l'organigramme de la direction et de la caisse de Mbour Thiocé se présente comme suit :

COORDONNATEUR

ASSISTANT COORDONNATEUR

SUPERVISEUR

DE ZONE

Chauffeur

COMPTABLE

DE LA CAISSE

AGENT DE CREDIT

DE LA CAISSE

Organigramme IMCEC Mbour

8- Le processus de décision

L'analyse du processus de décision montre qu'il existe un partage adéquat du pouvoir entre les gestionnaires de la dimension entreprise et de celle associative.

En effet, la grille des acteurs de la prise de décision du CERISE administrée à l'institution ressort que les choix stratégiques (Mission, vision, implantation géographique des caisses, choix et nomination cadres, taux d'intérêts ...) relèvent à la fois des membres / clients à travers les organes de l'association (AG, CA) et des cadres de l'entreprise.

Les questions stratégiques sont en fait discutées à la base et remontent au niveau national en passant par les instances régionales.

Par contre, les choix de gestion (grille de salaires, offre de produits financiers, octroi/modalités de remboursement....) relèvent plus des techniciens (directeur et cadres) que des membres. Leur exécution est toutefois soumise au regard du CA pour validation.

9- Relations informelles avec l'environnement

L'essentiel des relations que l'IMCEC entretient avec son environnement son formelles. Toutefois, des relations non formalisées ne manquent pas telles que celles que le directeur entretien avec ses collègues des autres mutuelles, avec certaines autorités administratives, coutumières et récemment avec le CDIS. D'ailleurs, avec l'accord de la direction nationale, il a donné cette année du «  soukeurou kor », (acte traditionnel de don de sucre très bien apprécié à l'occasion du ramadan) à toutes ces autorités.

Par ailleurs, un partenariat informel a été noué avec le Collectif pour le Développement et la Défense des Intérêts de Mbour Sud (CDIS) qui regroupe des OCB des sept quartiers situés au sud de la ville, à l'issu d'une rencontre entre le coordonnateur régional de la mutuelle et le bureau du collectif.

10- Réseaux d'appartenance :

L'IMCEC Mbour appartient au réseau national des IMCEC crée en 2006 ; Ce réseau compte aujourd'hui 40 caisses au niveau national et se trouve ainsi en quatrième place parmi les institutions de microfinance au Sénégal après l'ACEP, le CMS et le PAMECAS. Le réseau envisage avec son plan de développement 2009 - 2014 de se positionner comme l'un des principaux acteurs dans ce secteur.

Diagnostic organisationnel :

L'Institution Mutualiste Communautaire d'Epargne et de Crédit de Mbour (IMCEC - Mbour) est une structure financière décentralisée qui a pour fonction de collecter l'épargne et de distribuer le crédit. Elle est reconnue par décision N°TH 1.05.00430 du ministère de l'économie et des finances.

Les objectifs de l'institution fixés à la naissance de la mutuelle étaient de collecter l'épargne, d'octroyer du crédit, de favoriser la solidarité et la coopération entre les membres, de promouvoir des activités d'éducation, de santé, socio-économique et coopérative pour eux.

Aujourd'hui, l'IMCEC envisage de devenir un réseau mature, une institution viable, fiable qui se positionne dans l'environnement de la microfinance.

L'IMCEC est une entreprise associative. La dimension entreprise est gérée par une équipe technique constituée d'un agent de crédit et d'un caissier.

L'agent de crédit est au coeur du dispositif de l'IMCEC. Il assure l'information et la communication, accueil la clientèle, monte les dossiers de crédit, gère les déboursés et les recouvrements.

Le caissier est le principal acteur des opérations financière de l'institution.

Il effectue l'enregistrement quotidien des dépôts, retraits, adhésions, déboursés...Il gère en même temps la comptabilité et établi les situations journalières et mensuelles.

L'une des forces des agents résident dans leur capacité d'accueil qui est très apprécié par la clientèle. En plus, le traitement des dossiers se fait de manière professionnelle (Rigueur, objectivité et impartialité).

Le principal problème se situe au niveau du recouvrement.

L'agent de crédit est en effet mensuellement évalué par rapport à son travail en général mais surtout sur la base du taux de recouvrement. Ce taux ne doit pas aller au-delà de la norme BCEAO (PAR = 2,5%).

L'agent de crédit semble être surchargé par toutes les taches à accomplir. Néanmoins, nous remarquons une absence de planification des activités (mensuelle, hebdomadaire ou journalière) qui favorise le pilotage à vue et l'inorganisation.

Il bénéficie néanmoins de primes trimestrielles en cas de résultats satisfaisants. Ce qui constitue une source supplémentaire de motivation.

Le caissier est chargé d'enregistrer les opérations journalières (dépôts et retraits), de faire les déboursés, de faire les états journaliers. Il utilise deux outils (SAF et OSIH V1) qu'il juge performants et complémentaires.

Le caissier vit, en fin de journée, un moment de stress lié à la vérification de la concordance entre l'encaissement réel et l'encaissement théorique.

La caisse est équipée en matériel informatique, en moyens de déplacement (véhicules, moto) et en groupes électrogènes.

La dimension associative de l'institution est gérée par l'assemblée générale, le conseil d'administration, le comité de crédit et le comité de surveillance.

L'assemblée générale est l'instance suprême de l'IMCEC. Elle est constituée de l'ensemble des membres convoqués et réunis à cette fin.

Le conseil d'administration est chargé de veiller au bon fonctionnement et à la bonne marche de la mutuelle. A cet effet, il est chargé de contrôler le respect des prescriptions légales et statutaires, de rendre compte régulièrement de son mandat à l'assemblée générale.

Le comité de crédit est l'organe de décision pour l'octroi ou non du crédit. Il est élu en assemblée générale.

Le comité de surveillance est chargé de la surveillance et de la régularité des opérations. Les membres du CS doivent veiller au respect des dispositions réglementaires, légales et statutaires par les autres organes et les employés.

Toutes ces organes sont autonomes les uns des autres. Leur fonctionnement est satisfaisant en général mais il se pose un problème de déficit de formation mais aussi de profil des membres (Des leaders capables d'assumer leurs responsabilités).

La viabilité et la pérennité de l'institution dépendent beaucoup de la bonne gestion des dimensions entreprise et associative par les techniciens et les élus. Ces derniers sont des propriétaires -usagers de la mutuelle. Ils assument un triple rôle de décideurs, de gestionnaires, et de contrôleurs.

La communication et la complémentarité entre eux devront être de mise pour une bonne promotion de l'institution et de ses produits.

L'IMCEC compte neuf produits. Les produits les plus sollicités sont le dépôt à vue et le crédit ordinaire.

Les critères d'éligibilité au crédit tiennent compte des besoins en crédit selon le type d'activité exercée, de la capacité de remboursement et d'épargne des bénéficiaires, des garanties disponibles et du respect des plafonds exigés.

Aujourd'hui, il est envisagé la création de nouveaux produits plus spécifiques (éducation...) en partenariat avec Planet finance, dans le cadre du business plan 2009 - 2014.Ceci pourrait constituer une réponse à la forte demande de la clientèle dans ce sens.

Certains clients jugent les frais liés au crédit chers particulièrement les frais de gestion dont ils demandent la suppression.

L'octroi du crédit suit un circuit allant du montage du dossier, des recommandations de l'agent de crédit à la décision du comité de crédit en passant par l'avis du coordonnateur. Ce circuit prend en général deux semaines. Si le travail des techniciens est bien fait en général, selon le coordonnateur, nous avons constaté que l'étude sur le fonds et la forme des dossiers n'est pas toujours effectuée par les membres des comités de crédit ; exception faite du comité régional qui, du fait de sa composition et de l'expérience de ses élus, examine chaque dossier avant de se décider. Cette défaillance des comités de crédit pourrait s'expliquer par l'insuffisance des formations (une seule session en 2009) et la non prise de leurs responsabilités par certains élus mais aussi par une très grande confiance accordée aux techniciens.

La formation des élus est d'autant plus importante qu'ils doivent participer au recouvrement surtout lorsque les remboursements connaissent un certain retard.

Dans ce cas, une procédure particulière est déclenchée. Celle - ci comprend, de façon progressive :

- Un Premier avis  de rappel à l'ordre,

- Une visite au client,

- Un ultimatum,

- La réalisation de la garantie,

- Une Procédure judiciaire, 

En fait, selon la réglementation de la BCEAO le portefeuille à risque (PAR) ne doit pas dépasser 2%. La caisse de Mbour Thiocé se situe à 4,88% au 30 septembre2009.Ce taux très élevé est dû aux raisons suivantes :

- Familiarité avec les clients.

- Suivi non régulier des crédits octroyés.

- Surcharge de travail de l'agent de crédit

- Pilotage à vue et absence de planification qui crée une surcharge de travail empêchant l'agent de crédit de trouver du temps suffisant pour suivre les prêts.

Pour renverser cette tendance, l'agent de crédit s'est proposé de raccourcir les procédures de suivi des crédits en retard et d'accélérer les poursuites au niveau de la police, de l'huissier de justice et du tribunal

Les procédures policières et judiciaires constituent une exception au niveau du recouvrement. Toutefois, après plusieurs tentatives infructueuses, Mbour Thiocé est en contentieux avec certains clients aussi bien à la police que devant le tribunal départemental de Mbour.

Nous constatons par ailleurs un rythme moins intense de fréquentation du terrain par l'agent de crédit.

Cela peut être dû à sa difficile mobilité liée surement aux problèmes techniques de conduite de sa moto. Ceci peut influer fortement sur les rendements au niveau du recouvrement.

Les activités de la caisse sont suivies de très prés par la direction régionale. Des objectifs annuels sont fixés de manière participative et un système d'information permet de collecter des informations afin de calculer, chaque mois, le niveau de performance (sociétariat, épargne, déboursé, portefeuille de crédit...).

Un contrôle est fait à plusieurs niveaux : au niveau de la caisse, au niveau de la direction régionale, par les élus et par l'union des IMCEC.

La supervision quasi quotidienne de la caisse par la direction constitue toutefois, l'une des principales forces de l'IMCEC Mbour.

L'Etat, un des partenaires de l'IMCEC, porte également un regard sur le travail de l'institution.

2-2-2- La population parent

Notre population parent concerne toutes les femmes défavorisées de Mbour Sud  qui sont membres de l'IMCEC Mbour. Nous nous intéressons non seulement aux personnes physiques mais aussi aux organisations de femmes comme les tontines, GIE ou groupements féminins qui ont la possibilité d'adhérer en groupe à l'institution. Nous avons collecté auprès d'elles des données pour ressortir leur profil socio - économique mais aussi pour appréhender de façon précise leur appréciation des services offerts par l'IMCEC.

Pour les besoins de la triangulation, nous avons jugé nécessaire de diversifier les sources de l'information. Ainsi, nous avons eu recours à des personnes ressources notamment un agent de crédit, un responsable technique et un élu au niveau régional.

2-3- Stratégie de recherche

La stratégie de recherche s'articule autour de la recherche documentaire, de l'échantillonnage, de la collecte des données.

2-3-1- La recherche documentaire

Pour une meilleure compréhension de notre sujet d'étude, nous nous sommes rendus dans certaines institutions pour recueillir l'information. Il s'agit de la bibliothèque de l'ENTSS, de l'ENEA, du CODESRIA, de la bibliothèque de ENDA Tiers monde, de l'ANSD, du CRDI et de la direction régionale de l'IMCEC Mbour. Nous avons également profité des nombreuses ressources documentaires sur internet.

Nous avons consulté des ouvrages généraux, des publications officielles de centres de recherche, des rapports, des mémoires, des revues, des périodiques ainsi que des journaux afin d'obtenir des données sur notre sujet de recherche.

Cette étape nous a permis de construire la problématique et la revue critique de la littérature.

2-3-2- L'échantillonnage

Dans notre étude, nous avons utilisé l'échantillonnage.

L'échantillonnage consiste à prélever à l'intérieur d'une population, généralement appelée base de sondage, un certain nombre de personnes afin de les observer systématiquement à l'aide d'instruments liés soit à des méthodes quantitatives, soit à des méthodes qualitatives de recherche.

2-3-2-1- Méthode et techniques d'échantillonnage

Nous parlerons dans cette partie de la méthode d'échantillonnage et des techniques d'échantillonnage.

2-3-2-1-1- Méthode d'échantillonnage

Nous avons utilisé la méthode non probabiliste. Cette méthode n'est pas basée sur la théorie des probabilités, donc ne relève pas du hasard.

« Dans cette méthode,  le choix des unités n'est pas fait selon un tirage aléatoire et il n'est pas nécessaire d'avoir une base de sondage. Il suffit de connaître la répartition de cette population selon certaines variables. Pour l'échantillon, on choisit des unités qui présentent des caractéristiques précises relatives à ces variables ».

L'adoption de la méthode non probabiliste se justifie par le choix d'une méthode qualitative pour notre recherche.

2-3-2-1-2- Techniques d'échantillonnage

Parmi les techniques de la méthode d'échantillonnage non probabiliste, nous avons utilisé l'échantillon par quotas et le choix raisonné.

2-3-2-1-2-1-L'échantillon par quotas

Elle consiste à former des strates de la population sur la base de certaines caractéristiques et à faire en sorte qu'elles soient représentées dans des proportions semblables à celles qui existent dans la population. Le quota est en quelque sorte une forme de strate, mais non probabiliste : le chercheur choisit qui il veut dans ses quotas.

Le choix de cette technique est guidé par un souci de représentation des femmes de tous les quartiers de Mbour sud dans notre échantillon.

En effet, Mbour sud compte sept quartiers. Nous avons alors considéré chaque quartier comme une strate que nous avons représentée dans notre échantillon par une (01) femme répondant aux caractéristiques de notre population parent. Cela nous a donné un échantillon de sept (07) femmes habitant les sept quartiers de Mbour sud.

Pour les organisations, nous avons procédé de la même façon. Nous avons travaillé ainsi sur la base d'un échantillon de sept organisations de femmes dont trois (03) associations, deux (02) groupements et deux (02) GIE dans les mêmes quartiers.

2-3-2-1-2-2- Le choix raisonné

L'échantillon par choix raisonné est une technique qui repose sur le jugement du chercheur pour constituer un échantillon de sujets en fonction de leurs caractères typiques.

Cette technique exige le respect de certaines règles (Javeau 1985 : 50) :

- Ne pas choisir les individus dans son entourage.

- Choisir un site d'enquête qui ne lui est pas familier.

- S'imposer un itinéraire (connaître au préalable les endroits où il faut réaliser une entrevue).

Le choix de cette technique s'explique ainsi par notre volonté d'inclure certaines caractéristiques de la population au sein de l'échantillon.

Ainsi, les caractéristiques que nous avons retenues sont :

- Pour les personnes physiques :

· Adhérer à l'IMCEC depuis au moins douze mois.

· Habiter dans l'un des quartiers de Mbour sud.

· Ne pas habiter dans une maison en terrasse ou à étages

· Etre une femme au ménage ou mener un petit métier (petit commerce, lingère, domestique...)

· Avoir obtenu ou non un prêt à l'IMCEC.

- Pour les personnes morales :

· Adhérer à l'IMCEC depuis au moins douze mois.

· Etre basé dans un des quartiers de Mbour sud.

· Avoir obtenu ou non un prêt à l'IMCEC.

2-3-2-1-3- Taille de l'échantillon

Lors des entrevues, nous avons atteint un seuil de saturation à quatre (4) femmes après avoir interviewé les sept femmes de l'échantillon. Elles habitent les quartiers Mbour toucouleur, gouye mouride, Mbour sérér Kaw et zone sonatel.

Concernant les organisations, nous avons atteint un seuil de saturation après avoir rencontré trois (03) organisations de femmes des quartiers, mbour toucouleur, et zone sonatel, Darou salam. Nous avons alors procédé à une étude exhaustive de leur besoin de financement.

2.3.3- Collecte des données

Pour collecter les informations, nous avons utilisé les techniques et instruments que nous présentons ci- dessous.

2.3.3.1- Techniques de collecte de données

Les techniques utilisées sont l'entretien et l'observation libre.

2.3.3.1.1. L'entretien semi structuré

L'entretien ou entrevue est « un rapport oral en tête- à- tête entre deux (2) personnes dont l'une transmet à l'autre des informations sur un sujet prédéterminé ». (1999) cité par MBODJI (M) (1999).

Elle nous a permis d'aller au-delà de l'observation pour collecter des données pertinentes ; Il est ici semi- directif c'est-à-dire que nous avons choisi les thèmes mais que le contenu a été donné par les femmes.

2.3.3.1.2. L'observation libre

L'observation a été libre. Nous avons procédé directement au recueil des informations sur les items de notre recherche, sans nous adresser aux sujets concernés, en les observant dans leurs domiciles et dans la mutuelle

Le choix de cette technique se justifie par la méthode qualitative de recherche adoptée dans notre étude. L'observation nous a permis de vérifier la véracité de certaines informations recueillies auprès de nos cibles et de recueillir des données complémentaires.

2.3.3.2- Instruments de collecte de données

Notre étude étant essentiellement qualitative, nous avons utilisé deux instruments de recueil de données, le guide d'entretien et la grille d'observation.

2-3-3-2-1- Le guide d'entretien

Le guide d'entretien nous a permis de recueillir le maximum d'informations sur les différents items de notre recherche auprès des personnes interviewées.

Pour son administration, nous avons ressorti les points essentiels de notre étude pour y porter des questions ouvertes. Nous avons utilisé le guide pour les personnes ressources et le guide pour les institutions afin d'interviewer les personnes physiques et les personnes morales.

Nous avons utilisé un nombre de huit (08) guides pour les personnes individuelles. L'essentiel des points contenus dans ces guides sont :

- Profil socio - économique des femmes défavorisées

- Satisfaction des femmes en rapport avec les services de l'IMCEC

- Difficultés rencontrées par les femmes

- Suggestions à l'IMCEC

- Les réponses apportées par l'IMCEC

Pour les organisations, nous avons administré trois (03) guides d'entretien dont le contenu est structuré autour des points suivants :

- Identification

- Satisfaction de l'organisation par rapport aux services de l'IMCEC

- Difficultés rencontrées

- Suggestions à l'IMCEC

2-3-3-2-2-Grille d'observation

Nous avons utilisé la grille d'observation pour avoir des informations sur :

- le comportement des femmes

- l'habillement des femmes

- les signes extérieurs de richesse ou de pauvreté

- le mobilier dans les maisons

- L'équipement

2.3.4- Administration proprement dit

L'administration de l'instrument s'est faite domicile des personnes à entretenir mais aussi dans les locaux de l'institution mutualiste.

2.3.5- Modèle d'analyse

Comme modèle d'analyse, nous avons opté pour l'analyse de contenu. Il s'agit, selon Berelson (1964) « d'une technique caractérisée par la description objective, systématique et qualitative du contenu manifeste des communications dans le but de les interpréter ».

Une fois nos entretiens terminés, nous avons consigné les informations recueillies et avons fait d'abord une analyse cas par cas avant de procéder à une analyse horizontale de l'ensemble des entretiens en procédant à une comparaison et une intégration entre les différentes rubriques et sous- rubriques.

Pour identifier nos différents répondants et leurs opinions, nous avons attribué les lettres FD aux femmes défavorisées et PR aux personnes ressources .Nous avons attribué un chiffre qui correspond au rang dans le déroulement de l'enquête.

2.4- Limites et difficultés de la recherche

Nous ressortirons dans cette partie les limites liées à la réalisation de notre recherche.

La première limite est liée à la méthode qualitative de recherche adoptée pour cette étude. En effet, une telle méthode ne permet pas de généraliser les résultats qui sont ainsi spécifiques aux femmes défavorisées de Mbour sud qui constituent notre population parent.

La seconde limite est l'impossibilité d'aborder dans notre recherche d'autres aspects du problème qui seraient liés aux femmes ou à la microfinance.

Notre étude s'est confrontée aussi à une difficulté qui était l'impossibilité de trouver parmi les femmes défavorisées de Mbour sud, membres l'IMCEC, un élu qui pouvait nous renseigner sur le renforcement de capacités destinés spécifiquement à ces derniers. En effet, parmi les élues, aucune femme n'habite dans notre zone d'étude.

3-1- profil socio- économique des femmes défavorisées sociétaires de l'IMCEC Mbour.

Nous avons le profil social et le profil économique.

3-1-1- Le profil social :

Le profil social s'apprécie à travers la situation personnelle et la situation familiale et la situation communautaire.

3-1-1-1- La situation personnelle

Cette situation se décline en âge, niveau scolaire et formation.

3-1-1-1-1- L'âge :

L'âge des femmes interviewées varie entre trente trois (33) ans et cinquante et un (51) ans ; La moyenne d'âge est de quarante ans (40). Une seule femme a atteint la cinquantaine. Les autres se situent entre trente et quarante ans.

Nous constatons ainsi une relative jeunesse de la population étudiée. Ce qui est en phase avec la réalité démographique de la population sénégalaise qui se compose en majorité de jeunes. Les femmes interrogées ont toutefois atteint un âge assez mûr car elles sont toutes situées au dessus de la trentaine. Selon Darombaye DJARAREOU (2006), ceci s'explique sûrement par le fait que c'est à partir de cette période de leur vie qu'elles sentent plus la nécessité de mener des activités génératrices de revenus du fait des charges familiales. Elles gardent encore à ce moment la capacité de mener des activités qui nécessitent un grand d'investissement énergétique et une bonne aptitude physique.

3-1-1-1-2- Niveau scolaire :

Le niveau scolaire est très faible car deux femmes seulement sont entrées à l'école et la plus avancée dans les études s'est arrêtée au CEM, à l'élémentaire.

FD1 : « Je n'ai pas pu dépassé l'école élémentaire. C'est pourquoi, je lis mal et je ne peux même pas écrire une lettre ».

La lecture et l'écriture de FD1 sont en effet, très médiocres. Aucune des femmes n'est alphabétisée dans une autre langue.

Ceci pose le problème récurent de la scolarisation des filles notamment celui de leur maintien à l'école malgré tous les efforts et les moyens déployés par les pouvoirs publics dans ce sens.

Cette situation illustre ainsi les affirmations de la sociologue Fatou SARR qui indique que l'analphabétisme frappe près de 70% des femmes au Sénégal du fait qu'elles sont «  prédestinées » à des tâches ménagères qui font qu'elles sont exclus dès leur plus jeune âge des systèmes d'éducation formelle.

3-1-1-1-3- Formation :

Les femmes n'ont pas reçu de formation, ni de renforcement de capacités. Elles mènent leurs activités sur la base d'une expérience acquise dans la pratique. Cette absence de formation révèle l'absence de compétence professionnelle chez les femmes défavorisées. Ce problème est relevée d'ailleurs par Bernard Taillefer (1996), comme étant l'une des principales contraintes à la réussite des activités de production des femmes défavorisées du fait qu'elles sont incapables de mettre sur le marché des produits de qualité pouvant de résister à la concurrence.

3-1-1-2- Situation familiale

Dans la situation familiale, nous avons : la composition du ménage, la situation matrimoniale, le nombre d'enfants et la scolarité des enfants.

3-1-1-2-1- Taille des familles :

Les femmes vivent dans des familles de grande taille. En effet, la famille qui a le plus petit nombre de membre est composée de sept (07) personnes alors le maximum se situe à vingt cinq (25) personnes. Le nombre moyen de personnes par ménage est ainsi de quinze (15) personnes. Les causes de l'importance de ces nombres sont de deux ordres. La première est d'ordre économique et est liée à l'activité de production pratiquée par la famille. En effet, la famille qui a le plus grand nombre de membre ( 25) est une famille de pêcheurs. La femme interrogée déclare que cette dernière a besoin de bras pour mener à bien son activité. C'est également le cas de la seconde famille qui se compose de quatorze (14) personne et qui s'adonne à l'agriculture dans la communauté rurale de Malicounda.

La deuxième explication est d'ordre social.

FD1 : « Nous avons amené mes deux beaux parents du village pour qu'ils puissent se reposer ici auprès de leur fils. » 

En effet, les femmes rencontrées vivent dans des familles constituées non seulement des deux conjoints et de leurs enfants mais également des beaux parents et de beaucoup d'autres personnes ayant des liens de parenté plus ou moins éloignés avec la famille. Cela est l'une des caractéristiques essentielles des familles défavorisées, qui, avec l'exode rural, se recomposent dans les quartiers péri- urbains des grandes villes africaines telle que l'a si bien expliqué Jacques Bignicourt (1993).

La grande taille des familles augmente le volume de travaille des femmes qui sont obligées de s'occuper de tous (nourriture, hygiène, assainissement...). C'est le sens des propos suivants, tenus par une des femmes interviewées. 

FD3 : « Je suis obligée de faire le linge deux fois par semaine et à chaque fois, ce travail me prend deux journées entière »

3-1-1-2-2-Statut matrimonial :

La population étudiée ne compte qu'une seule femme célibataire. Toutes les autres sont mariées dont deux vivants dans des ménages polygames à deux et à trois. Ainsi, au cours de la semaine, chaque femme a son tour pour s'occuper de son mari et des travaux ménagers. Du fait de la crise qui sévit dans ( secteur de la pêche et de l'agriculture) qui emploie majoritairement les chefs des ménages de ces femmes, celles- ci sont obligées de mener une activité génératrices de revenus et de s'adresser aux IMF pour son financement. Leur disponibilité pour cette activité est toutefois limitée par l'importance des tâches ménagères comme l'indique ci- dessus, les propos de FD3.

3-1-1-2-3-Nombre d'enfants :

Les femmes rencontrées vivent chacune avec au moins deux enfants. Le nombre d'enfants par femme est en moyenne de quatre (04). Toutefois, certaines femmes ont soit avorté soit perdu un enfant à bas âge. Toutefois, deux femmes parmi celles rencontrées ont, l'une, avortée, l'autre perdu un enfant.

FD2: « j'ai avorté une fois. J'ai également perdu un garçon à l'âge de trois ans. J'ai deux garçons, le troisième enfant de la maison est une fille que m'a donné ma soeur.»

Ce constat confirme la fonction de reproduction assignée encore par les sociétés africaine à la femme surtout si elle a un niveau d'études et des revenus faibles.

Selon A.B.DIOP (1985, 247), cité par Darombaye DJERAREOU (2006 : 55), « c'est cette fonction procréatrice, nécessaire à la reproduction du groupe, qui serait le fondement de l'importance de la femme et en même temps de son infériorité sociale, dans la mesure où son contrôle, nécessaire pour la communauté, réduirait la femme à un état de soumission ».

3-1-1-2-4-Scolarité des enfants :

La majorité des enfants vont à l'école. Ils sont soit au préscolaire, au primaire ou au collège. Le taux de scolarisation élémentaire au niveau des familles rencontrées est de 61% soit 08 enfants inscrits à l'école sur les 13 recensés. Il est encore très faible comparé au taux du département de Mbour et de la région de Thiès qui se situent respectivement à 87% et 86,11%. Les raisons indiquées plus haut et qui sont relatives à l'orientation de ces familles dans des activités du secteur primaire (pêche et agriculture) où le besoin de main d'oeuvre est important, peuvent expliquer ce fait. Ainsi, il se pose de façon réelle le problème du travail des enfants. Les derniers vont en effet en mer à un âge précoce. Même s'ils sont consignés dans des tâches beaucoup moins dures que les adultes, l'expérience nous montre que les conditions de séjour en mer sont très difficiles pour un enfant. En plus, ils sont pour la plupart du temps laissés à eux -même, en dehors des heures de travail. Seuls au bord de la mer, ils sont dans leur « petite société », avec leurs normes et leurs règles dans une régulation collatérale qui favorise la déviance et la délinquance juvénile (Momar Mbaye GUEYE, 2009, cours de déviance délinquance, ENTSS).Ce milieu est ainsi fortement marqué par l'usage de la drogue et des stupéfiants qui crée aujourd'hui des conséquences dramatiques sur la santé mentale des jeunes de la petite côte selon une étude du centre Jacques Chirac et du Basket Club de Mbour (2005).

Par ailleurs, le problème de la scolarisation des filles est encore noté à ce niveau. Le taux de scolarisation chez les filles se situe en effet 40%, très en dessous des taux du département et de la région qui sont de 48,66% et 49%. Les filles restent à la maison pour aider leurs mères dans les tâches ménagères.

3-1-1-3- Situation communautaire

Toutes les femmes rencontrées sont membres soit d'une ou de deux organisations communautaires à la fois. Ces organisations vont de la tontine ou du « mbotaye » du quartier à l'association des ressortissants de leur région d'origine en passant par le « dahira » (regroupement confrérique musulman), le GPF...

FD1 : «  Je suis membre de deux ?mbotyay?. Je vais aussi chaque jeudi au dahira?  tidiane du quartier Mbour toucouleur. Moi et mon mari sommes également membre de l'association des mariés de leur génération qui organise un ? tour ? chaque mois. Ces activités sont très importantes car elles nous permettent de nous retrouver, d'échanger et de se soutenir les unes, les autres. »

Cela dénote d'un grand dynamisme communautaire et de l'intensité du réseau relationnel des femmes défavorisées. Ces liens sont jugées très importants par les femmes car ces groupes font partie de leur identité individuelle mais aussi collective. Cette dynamique illustre parfaitement le concept de personne -groupe développé par Hapi (1991) qui permet à la personne d'éviter de s'isoler seul face à ses malheurs.

Ainsi, l'affirmation de Mbodji (1998) dans la note conceptuelle des assises de l'action sociale tenues en 2008, prend ici tout son sens: « la capacité de résolution d'un problème par une personne - groupe relève de son degrés d'intégration dans la société et de la densité de son environnement relationnel ».

A cet effet, devient-il pertinent de se demander si ces femmes défavorisées peuvent être considérées comme pauvres si  « la pauvreté prend la définition d'un défaut ou d'une insuffisance d'intégration dans le tissu de solidarité ». Les femmes, même si elles se disent pauvres reconnaissent qu'elles arrivent à régler beaucoup de leurs problèmes à travers leurs groupes d'évolution.

3-1-2- Profil économique

Nous nous intéressons dans le profil économique à l'activité professionnelle et à celle de production.

3-1-2-1- Activité professionnelle

Toutes les femmes interviewées se déclarent être des commerçantes et des restauratrices. Deux femmes pratiquent le petit commerce à titre individuel et deux autres s'activent dans la préparation et la vente de repas (petit déjeuner et repas de midi).

3-1-2-2- Domaine d'activité :

Les femmes s'adonnent à un commerce de produits différents et très variés. Certaines femmes vendent des produits alimentaires de consommation courante (riz, huile, légumes...) et sont installées devant leur domicile ; d'autres vendent des produits halieutiques (sardinelle, poisson fumé ou séché) tandis que certaines transforment le mil en bouillie qu'elles vendent comme petit déjeuner devant la boutique du quartier la plus fréquentée ou à la porte du collège de la zone sud. Une femme vend également le déjeuner à côté de ?l'arrêt car? de Tripano, sur la route de Joal.

Les femmes s'approvisionnent au marché central de Mbour et au quai de pêche en empruntant les charrettes qui assurent l'essentiel du trafic vers les quartiers périphériques de cette zone.

FD3 : « Je m'approvisionne au marché central chaque matin de très bonne heure. J'emprunte au retour les charrettes mais elle causent trop d'accidents.

J'ai perdu plusieurs fois des produits sans compter une blessure au bras que cela a occasionné ».

Les femmes disent se contenter de ce moyen de transport car ne pouvant pas se permettre de payer un taxi à mille francs CFA du fait de la faiblesse de leur capital. Cela pose un problème de sécurité pour leur personne mais aussi pour leurs produits.

Les revenus journaliers que génèrent ces activités commerciales tournent entre deux mille (2000) francs pour la vendeuse de bouillie à six mille (6000) francs pour la celle qui vend des produits alimentaires. Les bénéfices journaliers sont toutefois maigres du fait des multiples frais et charges supportés si bien qu'aucune femme ne dépasse la somme de six cent (600) francs.

3-1-2-3- Les Charges des femmes défavorisées :

Nous distinguons ici les charges familiales et sociales ainsi que l'investissement et l'épargne.

3-1-2-3-1- Les charges familiales et sociales

Les femmes supportent plusieurs charges au sein de leurs familles. Elles effectuent sur leurs maigres revenus des dépenses pour améliorer les repas, pour payer certains frais et matériels scolaires des enfants, leurs frais de santé et leur habillement.

FD3 : « Je dépense tout l'argent de mon commerce entre la nourriture de la famille, les besoins d'habillement et les frais de santé de mes enfants, la santé de ma mère et mes effets personnels.»

Ces charges sont jugées incontournables même si les femmes indiquent qu'elles pèsent lourd sur leurs activités. L'éducation des enfants occupe ainsi une place importante dans leur budget même si les moyens ne sont pas suffisants. Elles veulent en effet offrir à leurs enfants des conditions d'étude correctes dans l'espoir qu'une future réussite permettrait de sortir la famille de la situation de pauvreté.

Il arrive aussi que les femmes, lorsque le chiffre d'affaire le permet, précisent-elles, donnent de petits cadeaux à leurs beaux parents.

3-1-2-3-2- L'épargne et l'investissement

FD1 : « Je cotise dans deux tontines. L'une à 100F par jour et l'autre à 500F chaque samedi. Ces deux tontines m'ont rapporté la somme de 35 000F qui m'a permis de modifier mon frigo afin d'augmenter sa capacité de congélation de produits alimentaires que je vends. »

Toutes les femmes interviewées sont membres d'une tontine ou « Mbotaay » dans lequel elles cotisent soit de façon hebdomadaire ou mensuelle. Les sommes cotisées varient de 50F à 1000FCFA. Ces tontines sont ainsi un moyen d'accumulation de capital mais aussi d'investissement et de mutualisation des avoirs financiers.

Elles permettent en effet d'épargner une certaine somme d'argent que l'on pourra récupérer avec la participation des autres membres afin de procéder à des investissements plus ou moins importants.

Toutefois, selon Darombaye, on passe aujourd'hui d'une logique d'acquisition à une tontine de commercialisation qui fait du groupe un instrument de production du capital qui permet aux femmes d'utiliser à tour de rôle et individuellement, les ressources du groupe.

3-2- services offerts aux femmes défavorisées par l'IMCEC Mbour.

Deux types de services sont offerts par l'IMCEC aux femmes défavorisées. Il s'agit des services financiers et des services non financiers.

3-2-1- Les services financiers :

Les services financiers se composent de la nature de l'épargne, du type de crédit, du transfert et de l'assurance.

3-2-1-1- La nature de l'épargne :

L'épargne est de deux nature : l'épargne DAT (dépôt à terme) et l'épargne DAV (dépôt à vue).

Ø L'épargne DAT : C'est un compte d'épargne rémunéré, ouvert aux membres pour leur permettre de placer leurs fonds en vue de réaliser une activité future.

Ø L'épargne DAV : Le compte d'épargne à vue permet aux membres de sécuriser leurs fonds et d'en disposer à tout moment.

3-2-1-2-Le type de crédit

Nous avons cinq types de crédit :

Ø Le Crédit ordinaire : Le crédit ordinaire est destiné à financer toute activité économique/ sociale des membres de l'UIMCEC.

Ø Le Crédit d'urgence : C'est un crédit destiné à financer les besoins sociaux des membres de l'UIMCEC qui ont un caractère urgent.

Ø Le Crédit spécial : Le crédit spécial est un crédit qui permet de financer les membres dont les besoins en financement dépassent 7 500 000 F.

Ø Le Crédit express : C'est un crédit permettant à un membre de saisir une opportunité d'affaires ou de relancer son activité.

Ø Le Crédit KIVA conventionné : Le crédit KIVA, est destiné aux membres des structures signataires de convention avec l'UIMCEC.

3-2-1-3- Le transfert : Le transfert d'argent sert à envoyer ou de recevoir de l'argent rapidement et en toute sécurité.

3-2-2- Les services non financiers :

L'IMCEC offre des services non financiers aux membres qui sont :

L'information, la formation et l'assurance sociale.

3-2-2-1- L'information :

L'agent de crédit accueille les clients et leur donne toutes les informations concernant la mutuelle (objectifs, organisation, produits et services).

3-2-2-2- La formation :

La mutuelle organise renforce les capacités des membres des comités de crédit, de surveillance et du CA en matière de gestion d'une mutuelle d'épargne et de crédit.

3-2-2-3- L'assurance : L'IMCEC, en partenariat avec Allianz fait bénéficier le client d'une assurance en cas de décès ou d'Invalidité Absolue et Définitive (IAD) à concurrence des sommes restants dues sur le prêt à hauteur de 0, 65% (montant compris entre 0 - 14 000 000) et 1,6% (montant supérieur à 14 000000.

3-3- satisfaction des femmes défavorisées en rapport avec les services offerts par l'IMCEC

Nous abordons la satisfaction des femmes en rapport avec les services offerts par l'IMCEC sur le plan social et sur celui économique.

3-3-1- Satisfaction sur le plan social

La satisfaction est étudiée ici sur le plan de la revalorisation du statut de la femme en famille et sur la revalorisation de son statut en communauté.

3-3-1-1- Revalorisation du statut en famille :

Les services offerts par l'IMCEC aux femmes défavorisées de Mbour sud ont eu des effets de revalorisation de leur statut dans leur famille.

FD1: « le financement reçu m'a permis de mener une activité qui génère des revenus certes modeste mais qui m'aident à prendre en charge certains de mes besoins, des besoins des enfants et d'améliorer quelquefois le repas. Je dépanne aussi fréquemment ma coépouse lorsqu'elle prépare. J'ai constaté ainsi un plus grand respect de leur part. Mon mari est content lorsque mon  ?tour?  arrive car j'améliore toujours les plats. C'est d'ailleurs durant ?mes tours ?qu'il lui arrive d'inviter ses amis à manger à la maison. »

FD3 affirme : « lorsqu'un problème se pose à la maison et que notre mari est absent, c'est à moi que l'on s'adresse maintenant alors que ce n'était pas le cas avant que je ne commence mon petit commerce. Certaines femmes, dans la maison sont même devenues mes confidentes. Elles me disent tous leurs problèmes et espèrent recevoir de ma part quelque chose, ne serait - ce qu'un petit conseil. Auparavant, personne ne s'occupait de moi, aujourd'hui, un problème me concernant est rapidement partagé par tous. Ce travail a vraiment changé ma position dans la famille. »

Cela montre que les crédits reçus, malgré leur modicité, ont beaucoup participé à la revalorisation du statut de ces femmes défavorisées au sein de leurs familles malgré des problèmes que ne manquent pas de poser ces mêmes femmes.

3-3-1-2- Revalorisation du statut en communauté

Les femmes interviewées ressentent une certaine amélioration de leur revenu du fait des services financiers de l'IMCEC. L'amélioration de ce revenu impacte positivement sur leur statut dans leur communauté d'évolution. En fait, pour ces femmes, le regard de la société a non seulement évolué du fait du travail exercé mais elles ont acquis plus de responsabilité et de respect dans la communauté. Le cas de FD1 illustre très bien cela. « Après avoir bénéficié d'un crédit de l'IMCEC, je suis devenue plus régulière dans les cotisations dans ma tontine allant même jusqu'à acquérir deux « mains » (deux parts). J'ai fini par être nommée trésorière du fait de la grande crédibilité dont je bénéficiais désormais de la part des autres membres. » nous raconte- elle.

Par ailleurs, FD1 continue pour dire : « ladite tontine qui a fini par adhérer à la mutuelle, a bénéficié d'un crédit collectif qui lui a permis d'organiser des chants religieux. Cette manifestation a non seulement généré des recettes qui ont renforcé la caisse mais qui ont surtout permis d'organiser un séjour au « Gamou » annuel de Tivaouane (évènement religieux musulman du Sénégal).Ce voyage nous a valu une adhésion massive de femmes au lendemain du « gamou » du fait de la grande crédibilité de la tontine. Aujourd'hui, ces chants religieux constituent un grand rendez -vous annuel auquel prennent part plusieurs autorités religieuses, coutumières, administratives et politiques de Mbour et même de Tivaouane. »

Elle conclut en affirmant : « Nous n'avons pas beaucoup de moyen individuellement prise mais nous avons réussi grâce à la mutuelle à bâtir une organisation qui nous a permis d'être reconnues dans toute la ville et au-delà ».

FD3 quant à elle, déclare avoir constaté beaucoup d'amélioration dans ses relations avec certains membres de la famille alors qu'avant de bénéficier du crédit et d'exercer son activité, celles- ci étaient en mauvais état.

FD3 : « Mes relations avec mes beaux parents étaient exécrables. Mais depuis que j'ai commencé à travailler avec mon crédit et commencé à régler certains problèmes de la maison, en plus des petits cadeaux que je leur offrais, nos relations se sont beaucoup améliorées ».

En somme, les femmes défavorisées témoignent d'une certaine satisfaction quant aux services financiers reçus de la mutuelle du fait que ces derniers ont réellement participé à améliorer leur statut tant au niveau de leur famille que de la communauté toute entière malgré par ailleurs, les nombreuses difficultés.

3-3-2- Satisfaction sur le plan du renforcement des capacités Nous distinguons ici le renforcement technique de production, le renforcement des capacités managériales et le renforcement des capacités d'organisation.

3-3-2-1-Renforcement des capacités techniques de production Les femmes défavorisées ayant bénéficié de prêt de l'IMCEC n'ont pas reçu de formation sur les techniques de production. Les femmes rencontrées ont toutefois exprimé le besoin de formation sur les techniques de production.

3-3-2-2- Renforcement des capacités managériales Nous avons ici le renforcement des capacités managérial des activités de production et Apprentissage de la gestion d'une IMF.

3-3-2-2-1- Renforcement des capacités managériales des activités

A ce niveau aussi, le service n'est pas offert par l'institution.

3-3-2-2-2- Apprentissage de la gestion d'une IMF

Les formations dans ce sens sont destinées aux élus (membres des comités de crédit, de surveillance, du CA). Cet aspect n'a pu ainsi être étudié du fait de l'absence d'élues de l'IMCEC dans notre population parent.

3-3-3- Satisfaction sur le plan économique

Nous étudions la satisfaction des femmes défavorisées sur le plan économique à travers le développement des activités génératrices de revenus et l'amélioration des conditions de vie des femmes défavorisées.

3-3-3-1- Développement d'une activité génératrice de revenu

Trois des quatre femmes rencontrées mènent des activités génératrices de revenu à partir du crédit octroyé par la mutuelle. Ce crédit leur a été utile de diverses manières. Il a permis le démarrage d'un petit commerce pour l'une, le renforcement d'un commerce de produits alimentaires pour l'autre et la reprise d'une activité de vente de poisson longtemps abandonnée, faute de moyens, pour la dernière.

En effet, FD2 est une femme divorcée à deux reprises mais reprise à chaque fois par son mari. C'est un couple qui a des relations très souvent conflictuelles. Nous pouvons même penser que c'est une famille de type imprévoyante car l'essentiel de leurs problèmes proviennent de leurs difficultés financières. C'est pour remédier à cette situation que la femme a décidé de mener une AGR. Elle a ouvert un compte personnel à l'IMCEC et a bénéficié d'un premier crédit ordinaire de 50 000FCFA avec lequel elle a démarré un commerce de bouillie de mil en guise de petit déjeuner, profitant ainsi de l'opportunité que lui offrait l'ouverture du CEM Zone sud dans son quartier. Elle a investi aussi dans le commerce de bois de chauffe. L'expérience de FD2 montre ainsi que le crédit, si petit soit-il, peut aider effectivement au démarrage d'une activité génératrice de revenu même si cette dernière, à long terme risque de s'essouffler si elle n'est pas suivi d'un crédit plus consistant pour l'accroître.

FD2 affirme : « je sais que je vais droit vers la faillite si je n'obtiens pas un second financement car du fait des charges qui deviennent de plus en plus nombreux dans ma famille et mes parents, j'arrive difficilement à obtenir des bénéfices de cette vente de petit déjeuner. ».

Il apparaît ainsi dans les affirmations de FD2 que le statut de la femme défavorisée dans la famille et la communauté augmente proportionnellement à son revenu et que plus ce revenu s'améliore plus ses charges deviennent plus grandes. Ce qui pose le problème de l'autonomie financière de ces femmes. Cela est certainement l'une des raisons qui ont poussé FD1, qui tenait une table devant son domicile, à recourir à un prêt de l'IMCEC pour renforcer son activité commerciale. Elle tient actuellement une petite boutique dans le quartier et vend divers produits de consommation.

Il ressort de ces constats que les femmes ont pu développer des activités génératrices de revenu à partir des financements de la mutuelle. Toutefois, plusieurs contraintes restent liées à ce financement et à la mise en oeuvre des activités.

3-3-3-2- Amélioration des conditions de vie

Les petits prêts octroyés aux femmes n'ont pas permis de changer fondamentalement leurs conditions de vie.

FD1 : « Les prêts sont trop petits pour pouvoir mener des activités capables de générer assez de revenus pour améliorer nos conditions de vie. Nos activités actuelles nous permettent juste de vivre au quotidien en gérant nos problèmes au jour le jour. Je crois qu'elles ne me permettront jamais de réaliser mon ambition qui est d'acheter un terrain et de m'équiper.».

Cette affirmation vient confirmer ce qu'en dit Sylvie Brunel (2000), son article intitulé : « Micro crédit : Fiction et Réalité. En effet, pour lui, « ce ne sont pas les vrais pauvres qui peuvent tirer profit de la microfinance car les IMF, soucieuses de leur viabilité financière, évitent de prendre des risques en ne leur octroyant que de petits crédit. Les bénéfices générés sont très insuffisants pour leur permettre de franchir le seuil de pauvreté. Il continue pour préciser que  « même si leurs revenus augmentent très nettement au cours des premières années, ils plafonnent très vite voir même s'essoufflent du fait des nombreuses contraintes qui pèsent sur les femmes défavorisées qui sont laissées en rade par les IMF. »

Cette question pose le véritable problème de la microfinance dans son intervention envers les couches les plus défavorisées de la population en général et sur la situation des femmes en particulier  c'est-à-dire l'impact positive de son action sur la pauvreté. Des évaluations sérieuses s'imposent afin de rendre les actions efficaces et les résultats profonds et durables.

3-4- Difficultés rencontrées par les femmes

Nous relevons ici les difficultés que les femmes défavorisées de Mbour sud rencontrent par rapport à l'accès au financement soit comme premier financement ou comme renouvellement.

FD4 : « Le fait que le prêt soit conditionné à l'épargne rend très difficile mon accès au crédit. En effet, je suis sans ressources et je suis tenaillé par des besoins incompressibles de nourriture, de santé et d'éducation de la famille. C'est pourquoi, je ne suis pas capable aujourd'hui d'épargner pendant au moins deux mois pour solliciter un crédit. »

FD2 : « Il m'est en ce moment très difficile d'obtenir un second prêt du fait des conditions que je ne peux pas encore remplir. Je ne pourrais pas en effet réunir la caution et les nombreux frais liés au crédit pour pouvoir y prétendre. Ceci du simple fait que mes nombreuses charges ont englouti toutes mes recettes. Il faut que la mutuelle nous comprenne et qu'elle ne nous applique pas les mêmes conditions que les femmes riches. Il faut qu'elle nous accompagne jusqu'à ce que nous soyons un peu solide ».

Ces deux affirmations montrent d'abord la grande difficulté pour les femmes défavorisées d'accéder à un premier crédit. La contrainte serait liée ici au conditionnement du crédit à une épargne de deux mois mais aussi au paiement par le demandeur d'une caution de 20% du montant sollicité sans compter la solvabilité qui est toujours vérifiée par des calculs minutieux effectués par l'agent de crédit.

Elles révèlent ensuite une quasi - impossibilité des femmes défavorisées de sortir du gouffre dés le premier crédit qui, de surcroît, est souvent très petit. A ce stade, elles ont encore besoin d'être soutenu, accompagnées pour s'édifier. En effet, leur activité est déstabilisée dès que les réalités du marché changent (s'approvisionner en poisson à Joal du fait de la rareté du produit à Mbour...). Ceci n'est toutefois pas le cas car l'institution mutualiste cristallise tous ses efforts sur le remboursement en négligeant les conditions de développement de l'activité financée, en termes de formation, de conseil et d'accompagnement ou de fluctuation du secteur d'activité. Ce qui fait que le retard de paiement, en plus des pénalités, provoque un rejet de la demande de prêt ou la diminution du montant demandé. C'est pourquoi, elles apparaissent aux yeux des femmes comme des commerçants et non comme des promoteurs d'un développement solidaire. C'est tout le sens qu'il  faut donner aux affirmations ci- après faites par une de nos interviewées.

FD1 : « Ils disent qu'ils nous aident à nous en sortir ; mais s'ils voulaient vraiment nous aider, ils devraient adapter leurs façons de faire à nos moyens. Ils ne regardent pas l'activité, ils ne regardent que le remboursement. Je pense qu'ils font au contraire plus de commerce que d'aide.»

3-5- Suggestions faites par les femmes

Les femmes ont fait plusieurs suggestions afin d'adapter les mécanismes de financement de la mutuelle à leurs conditions et réalités.

FD1 : « Nous proposons à la mutuelle de mettre en place un mécanisme de financement et de solidarité pour les femmes défavorisées avec des prêts qui ne soient pas conditionnés au paiement d'une caution. Il faut aussi augmenter la durée des prêts ou des différés pour nous.

Il faudra que la mutuelle institue aussi un moyen solidaire de prise en charge des besoins familiaux qui empêchent les femmes d'épargner notamment en ce qui concerne la nourriture, l'éducation, la santé. Par exemple, la mutuelle pourrait financer la production des aliments enrichis que les relais communautaires distribuent aux enfants des familles pauvres des quartiers défavorisées de Mbour. »

FD2 : « Les prêts sont très petits ; nous proposons à la mutuelle de les augmenter ou à défaut de donner automatiquement un second prêt si la femme en a besoin pour renforcer son activité sans poser des conditions qu'elle ne peut pas encore supporter du fait de la faiblesse de ses recettes. Il faut aussi revoir les frais de dossiers et de gestion qui sont très élevés alors que la mutuelle n'assure pas le suivi et l'accompagnement des bénéficiaires de prêts qui ont besoin d'un grand encadrement au départ ».

FD3 : « Beaucoup de femmes sont dans le secteur de la pêche et ont besoin de prêts pour mener un petit commerce de poisson. Mais ce secteur est fluctuant. Lorsque le poisson est rare à Mbour, elles sont obligées de se rabattre sur Joal. Mais le prêt obtenu ne leur permet pas de supporter les frais de transport du produit. La mutuelle doit prévoir une augmentation du crédit si de telles situations arrivent car cela se fait dans le secteur informel et ça marche très bien »

Ces femmes, à travers leurs différentes suggestions, montrent la nécessité pour la mutuelle d'avoir une politique de discrimination positive pour les femmes défavorisées. En effet, il ressort de leurs propositions que ces dernières ne peuvent pas être traitées de la même façon que le reste de la clientèle qui a plus de moyens. Cette proposition de politique discriminatoire devrait ainsi toucher l'ensemble des aspects liés à l'accès à la mutuelle et à ses services mais également ceux liés aux besoins des femmes. Les femmes défavorisées dépensent en effet une grande partie des revenus de leurs activités dans la satisfaction des besoins essentiels de base de la famille (nourriture, santé, habillement...) ; ceci empêche souvent la croissance du petit commerce auquel elles s'adonnent. L'institution d'un système de mutualité et de solidarité dans le sens de ces besoins permettrait effectivement aux institutions mutualistes de les soulager économiquement.

3-5-Réponses apportées par l'IMCEC

Nous traiterons ici des réponses de l'IMCEC aux difficultés posées par les femmes et aux suggestions qu'elles ont formulées. Il s'agit des réponses des réponses apportées dans le passé, de celles en cours et des réponses que l'institution envisage de mettre en oeuvre. Ces réponses ont été données par des personnes ressources de l'institution que nous avons appelées PR1, PR2 et PR3.

PR1 : « L'IMCEC est intimement liée aux familles défavorisées car étant né d'un programme d'appui à ces familles. C'est pourquoi, beaucoup de choses ont été faites pour non seulement leur faciliter l'accès au crédit mais aussi leur faciliter le remboursement. Par exemple pour les crédits individuels inférieurs à 100 000 F et ceux de groupement inférieurs à 500000F, nous ne demandons aucune garantie. Car nous savons que ces montants sont souvent sollicités par des catégories sociales défavorisées n'ayant pas beaucoup de moyens. En plus, nous avons établi une convention qui offre des conditions spéciales d'octroi de crédit aux personnes déshérités membres des PDEFS (Programme de Développements des Enfants et des Familles) affiliés au Child Fund Agency (CFA). Le crédit leur est accordé par exemple à un taux très bas de 1% et les frais de gestion et de dossiers leur sont reversés, entre autres. »

PR 2 : « L'IMCEC, pour faciliter d'avantage l'accès des populations pauvres en général et des femmes en particulier, a encore baissé son taux d'intérêt en 2009, le ramenant de 1, 5 à 1,3%.Mieux, il n'existe pas de frais de tenue de compte ni d'agios dans la mutuelle et si le prêt est remboursé avant échéance, le restant dû des intérêts est purement et simplement épongé. Nous venons aussi de signer en 2010, un contrat groupe avec Allianz pour la prise en charge de l'assurance décès plus l'Invalidité Absolue et Définitive(IAD) suite à un accident à concurrence des sommes restant dues sur le prêt considéré. L'excédent sera reversé à son conjoint, à défaut ses enfants nés ou à naître, à défaut ses héritiers »

PR 3 : L'IMCEC a signé avec KIVA, une organisation américaine un partenariat qui permet aujourd'hui à de nombreux sociétaires de la mutuelle qui sont défavorisés, de bénéficier de plus de crédit. Ainsi, à ce jour 794, 025 dollars leur ont été octroyé sans compter notre propre capacité financière à répondre aux demandes de nos clientes qui n'a jusqu'ici pas failli.

Une intense réflexion est également en cours pour participer à la satisfaction de certains besoins sociaux de nos clients comme l'éducation et la santé. A ce propos, une étude pour la création de service de microassurance santé a été menée par Planet Finance et la mise en oeuvre du projet est pour bientôt. »

Il est à noter dans les différentes déclarations de ces trois personnes ressources que des efforts réels ont été faits par l'IMCEC pour apporter des réponses aux difficultés évoquées par les femmes et à leurs suggestions. Il faut dire toutefois que les mesures les plus fortes sont en faveur des membres des PDEFs et que ces cadres ne touchent qu'une infime partie des familles défavorisées de Mbour.

En plus, les propositions de suppression des frais de gestion ainsi que la possibilité de donner un second crédit à la femme pour faire face aux perturbations du marché n'ont pas connu de réponses explicites. Nous pouvons juste retenir à ce propos les affirmations de l'une des personnes ressources.

PR2 : « Il faut savoir aussi que le secteur de la microfinance est réglementé et que dans la zone UEMOA, la BCEAO exige un taux de portefeuille à risque (PAR), c'est-à-dire les crédits en souffrance des IMF ne doit pas dépasser 2,5% de l'encours des prêts. L'U- IMCEC contrôle ce pourcentage au niveau de toutes ces agences régionales et de ses caisses et le dépassement de ce taux peut entraîner l'arrêt immédiat de l'octroi de nouveaux crédits de l'union allant de un à trois mois. Pour les frais, ils servent au fonctionnement de la mutuelle (frais administratifs, rémunération de l'épargne à terme des sociétaires, salaires, frais de recouvrement...). Il faut toutefois dire que certaines décisions appartiennent aux élus et non aux techniciens que nous sommes. Actuellement, notre social s'arrête à l'accès au crédit ; au-delà, il n'y a pas de sentiment pour le remboursement car nous avons des impératifs de viabilité ».

Les affirmations de PR2 montrent clairement que la réglementation du secteur de la microfinance ne facilite pas la souplesse des IMF quand à la mise en oeuvre de mesures en faveur des femmes défavorisées. A ce sujet, nous constatons l'existence d'une perpétuelle opposition entre les exigences des deux dimensions que comporte une entreprise associative : l'exigence de viabilité de la dimension entreprise et celle de solidarité de la dimension associative. La première est constamment surveillée par les techniciens alors que la seconde est la préoccupation permanente des sociétaires.

4-1- Suggestions

La partie analyse et interprétation des données nous a permis d'appréhender les efforts de l'IMCEC pour le financement des activités des femmes défavorisées de Mbour.

Toutefois, pour mieux renforcer ses interventions, l'organisation doit apporter des améliorations dans certains domaines. Il s'agit de celui de l'accès, de la communication et du partenariat.

4-1-1- L'accès des femmes

Nous nous intéressons à l'accès géographique et à l'accès financier.

4-1-1-1- accès géographique

L'IMCEC devra réaliser son projet d'ouverture d'une caisse dans la zone sud de Mbour afin de rapprocher l'institution et ses services des femmes défavorisées de cette partie de la ville qui est trop éloignée des deux caisses existantes.

En effet, les sociétaire habitants les quartiers de Mbour sud sont obligés de payer deux fois le taxi pour même pour aller juste faire un dépôt ou faire un retrait de mille (1000) francs.

4-1-1-2- Accès financier

Nous proposons ici la mise en oeuvre d'une politique de discrimination positive en faveur des femmes défavorisées en créant des produits spécifiques pour elles et la capitalisation et l'extension de l'expérience avec les PDEF.

4-1-1-3- Politique de discrimination positive

Nous avons relevé dans les difficultés ressorties par les femmes défavorisées certaines inadéquations entre les produits proposés et leur profil socio-économique. Ainsi, serait -il préférable, à notre avis, que l'IMCEC mette en place des produits spécifiques et mieux adaptés à ce profil socio- économique. L'institution pourrait ainsi adopter le principe de la discrimination positive en rapport avec la taille du prêt, le renouvellement du crédit....

4-1-1-4- Capitalisation et extension de l'expérience des PDEF

La convention liant l'IMCEC au Child Fund Agency (CFA) permet aux bénéficiaires du PDEF d'accéder au crédit suivant des conditions plus douces. Une telle expérience pourrait être évaluée, capitalisée et étendue aux femmes défavorisées.

4-1-2- Communication

Un réel problème de communication externe et de marketing se pose au niveau de l'IMCEC si bien que l'institution et ses produits sont mal connus par les populations notamment celles défavorisées qui en ont plus besoin. Un plan de communication en faveurs des populations défavorisées en général et des femmes en particulier pouvoir améliorer la connaissance de la mutuelle et de ses produits et services. L'expérience très réussie d'une émission radio animée par le coordonnateur régional de Mbour illustre cela.

4-1-3- Partenariat

Nous proposons de développer le partenariat avec le CDIS mais aussi d'explorer les opportunités qu'offre la présence d'autres IMF à Mbour.

4-1-3-1- Partenariat avec le CDIS

Le CDIS a un projet de création d'une mutuelle de solidarité pour les femmes défavorisées de Mbour sud. Cette mutuelle sera constituée par les différentes organisations communautaires de base des femmes des sept quartiers de Mbour sud. L'IMCEC, dans le cadre de son partenariat avec le collectif, pourrait accompagner la réalisation de ce projet en faisant du refinancement mais aussi en apportant son expertise.

4-1-3-2- Cadre de coordination et de concertation des élus des IMF de Mbour

Les institutions mutualistes sont des entreprises associatives qui comportent deux dimensions : la dimension entreprise et la dimension associative.

La dimension associative est gérée par les élus en assemblée générale et qui siègent dans les conseils d'administration, les comités de crédit et les comités de surveillance entre autres organes. Un cadre de concertation, regroupant ces élus au niveau de la commune, pourrait prendre en charge certaines questions qui trouvent aujourd'hui difficilement des solutions avec les exigences de la dimension entreprise des IMF. En effet, un plan d'action concerté, appuyé par tous les acteurs locaux de la microfinance (Mairie, Etat, ONG...) permettrait de prendre correctement en charge le problème de la formation, du renforcement des capacités, du suivi et de l'accompagnement des bénéficiaires de crédits, entre autres. L'IMCEC pourrait susciter la création d'un tel cadre.

4-2- Rôle du travailleur social

En abordant le rôle du travailleur social, dans le cadre de ce travail de recherche, nous tenterons de montrer en quoi, ce dernier peut jouer sa partition dans la problématique de la prise en charge par les institutions mutualistes de Mbour, des besoins de financement des femmes défavorisées.

Dans le principe d'abord, il s'agit pour nous de nous placer dans une perspective globale de lutte contre la pauvreté qui s'inscrit dans la dynamique de lutte contre les inégalités et l'injustice. La microfinance devrait ainsi intéresser au plus haut point le travailleur social car l'engagement pour les droits humains est une valeur fondamentale de la profession.

Ainsi, le rôle du travailleur social est d'une grande importance dans la mutualisation des moyens financiers des femmes défavorisées. En effet, il s'agira pour lui d'informer, de sensibiliser, d'organiser, d'accompagner et de conseiller. Il peut dans ce sens user du modèle de réhabilitation, du modèle à buts sociaux mais aussi et surtout de l'approche interactionnelle.

Parlant de cette approche, William Schwartz cité par NDIAYE (2009 : 94), part du postulat « qu'il y a une relation d'interdépendance entre l'individu et son milieu. Chacun ayant besoin de l'autre pour sa propre croissance et chacun cherchant à atteindre l'autre de toutes ses forces, à un moment donné.»

Le champ d'interaction du travailleur social est au point où ces deux forces se rencontrent.

De manière plus opérationnelle, l'intervention du travailleur social peut s'inscrire dans les axes suivants :

Ø Information et sensibilisation :

A ce niveau, le travailleur social devra informer et sensibiliser aussi bien les techniciens que les élus sur les caractéristiques et les besoins spécifiques des femmes défavorisées en matière de financement.

Ø Organisation :

Le travailleur social devra mener des animations en vue de la création d'un cadre de coordination et de concertation des élus des IMF de Mbour. Ce cadre devant mettre en oeuvre des stratégies de prise en charge des besoins spécifiques des femmes défavorisées qui ne peuvent être supportés par les institutions mutualistes.

Ø Accompagnement :

Le travailleur social peut participer à la réalisation d'activités d'accompagnement des financements octroyées aux femmes défavorisées. Ces activités peuvent être : la formation à la gestion, l'études et la maîtrise du marché, l'élaboration et mise en oeuvre de stratégies de commercialisation...

Ø Suivi /Evaluation :

Le travailleur social aidera ici au suivi et à l'évaluation des activités déclinées ci - dessus en mesurant les forces et les faiblesses afin de rectifier ou de réorienter.

* 34Cours économie - 1ere année ENTSS- 2007 -2008

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore