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Guerre, éducation et paix dans la philosophie politique de Rousseau et de Kant. Argument pour la paix et la bonne gouvernance.

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par Jonathan Kankonde Bakamana
Université de Kinshasa - Maà®trise en philosophie 2009
  

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5.4. LIVRE TROISIEME : LE GOUVERNEMENT 

Ce livre porte sur la notion de gouvernement. Pour définir le gouvernement, Rousseau commence par expliquer les deux causes qui concourent à la réalisation d'une action libre. En effet « toute action libre a deux causes qui concourent à la produire, l'une morale, savoir la volonté qui détermine l'acte, l'autre physique, savoir la puissance qui l'exécute »127(*). L'efficacité, la réussite, le succès du corps politique sera donc le résultat de la combinaison harmonieuse de la cause physique et de la cause morale.

EN EFFET, PAR GOUVERNEMENT, ROUSSEAU ENTEND UN CORPS INTERMÉDIAIRE ENTRE LE SOUVERAIN ET L'ÉTAT CHARGÉ D'EXÉCUTER LES LOIS. GOUVERNENT DOIT AGIR « SELON  LES DIRECTIONS DE LA VOLONTÉ GÉNÉRALE ». EN EFFET, LE GOUVERNEMENT NE PEUT SE CONSIDÉRER COMME LE SOUVERAIN. IL EST SON AGENT, SON MINISTRE. AINSI, AFFIRME ROUSSEAU, LA VOLONTÉ DOMINANTE DU PRINCE N'EST OU NE DOIT ÊTRE QUE LA VOLONTÉ GÉNÉRALE OU LA LOI, SA FORCE N'EST QUE LA FORCE PUBLIQUE CONCENTRÉE EN LUI, SITÔT QU'IL VEUT TIRER DE LUI-MÊME QUELQUE ACTE ABSOLU ET INDÉPENDANT, LA LIAISON DU TOUT COMMENCE À SE RELÂCHER128(*).

Cette approche de Rousseau peut être soumise à une double interprétation, l'une positive et l'autre négative. D'abord, Rousseau pêche un unanimisme absolu entre le gouvernement et le souverain. Les actes de celui-là sont nécessairement ceux de celui-ci parce que la force du gouvernement n'est que la force du souverain.

Cet unanimisme entre les gouvernants et les gouvernés ne nous semble pas réaliste. Il conduirait au totalitarisme. En effet, ce qui caractérise les régimes totalitaires, c'est le fait que la classe politique au pouvoir (généralement les cadres du parti) demeure convaincu que sa raison d'action c'est le souverain, le peuple. Et comme il n'existe pas des outils objectifs pour mesurer la correspondance parfaite entre la volonté de la population et les actes du gouvernement, le concept de peuple se donne généralement comme une forme vide du langage politique et que n'importe qui peut remplir avec n'importe quoi.

Ensuite, si, « agir selon les directives de la volonté générale » signifie pour Rousseau qu'aucun acte du gouvernement ne peut intentionnellement être au détriment du peuple, alors son approche est raisonnable. L'idée reste qu'on ne peut pas bien gouverner un peuple et en même temps le trahir volontairement. Il faut toutefois admettre que les actes de l'élite au pouvoir ne sont pas toujours identiques à la volonté générale, c'est-à-dire au peuple.

Rousseau estime que dans tout corps magistral (gouvernement) il y a trois volontés distinctes et opposées : la volonté propre de l'individu, la volonté commune des magistrats et la volonté souveraine129(*). Dans une législation parfaite, la volonté particulière est nulle, la volonté de corps très subordonnée et la volonté souveraine toujours dominante130(*). Lorsque cet ordre est inversé, c'est la mort du corps politique. N'est-ce pas une belle leçon de bonne gouvernance pour la RDC ?

EN CE QUI NOUS CONCERNE LA DIVISION DES GOUVERNEMENTS, ROUSSEAU DISTINGUE LA MONARCHIE, L'ARISTOCRATIE ET LA DÉMOCRATIE. AU DÉBAT SUR LA MEILLEURE FORME DE GOUVERNEMENT, IL RÉPOND : « ON A DE TOUS TEMPS BEAUCOUP DISPUTÉ SUR LA MEILLEURE FORME DE GOUVERNEMENT, SANS CONSIDÉRER QUE CHACUNE D'ELLES EST LA MEILLEURE EN CERTAINS CAS, ET LA PIRE EN D'AUTRES131(*). IL PREND LES CONTRE-PIEDS DE MONTESQUIEU QUI CONSIDÉRAIT QUE LA VERTU EST LE PRINCIPE DE LA RÉPUBLIQUE. POUR LUI, « LE MÊME PRINCIPE DOIT AVOIR LIEU DANS TOUT ETAT BIEN CONSTITUÉ, PLUS OU MOINS, IL EST VRAI, SELON LA FORME DU GOUVERNEMENT »132(*).

Rousseau, comme Platon avant lui, admet que la démocratie est un système parfait de gouvernance et c'est justement parce qu'elle est parfaite qu'elle ne convient pas aux hommes. « S'il y avait un peuple des dieux, il se gouvernerait démocratiquement ». Ngoma Binda revient sur cette approche pessimiste de la démocratie en la traitant de « conception négative ». En fait, de nos jours, la notion de démocratie représentative est venue dissiper les malentendus sur les modalités d'application de la démocratie133(*).

A la question du meilleur gouvernement, Rousseau ajoute une autre réponse, aussi pertinente que la première. « Quand on demande absolument quel est le meilleur gouvernement, affirme-t-il, on fait une question insoluble comme indéterminée...mais si l'on demandait à quel signe on peut reconnaitre qu'un peuple donné est bien ou mal gouverné, ce serait autre chose, et la question de fait pourrait se résoudre.134(*) Pour Rousseau en effet, le signe d'un bon gouvernement est celui-là qu'exprime la fin de l'association politique : la conservation et la prospérité de ses membres. La bonne gouvernance permet ainsi à un peuple de s'organiser rationnellement pour se donner les conditions minimum de paix intérieure et extérieure.

Ici, la doctrine politique envisage les enjeux de la mort et de la permanence du corps politique. La première cause de la mort est le choix de la gradation de l'identification des actes de la magistrature. Nous avons vu qu'il y a toujours trois volontés dans l'exercice de la magistrature. Si le gouvernement choisit d'être d'abord soi-même, puis magistrat enfin citoyen, ses actes ne sauraient conserver la vitalité de l'État. Mais si, au contraire, il inverse cette gradation en choisissant d'être d'abord citoyen, puis magistrat enfin soi-même, ses actes seront orientés vers le bien public car fondés sur la primauté du général sur le particulier.

La logique de la magistrature doit nécessairement être déductive. Quant à la permanence du corps politique, elle dépend de la volonté ses constituants : « La constitution de l'homme est l'ouvrage de la nature, celle de l'État est l'ouvrage de l'art. Il ne dépend pas des hommes de prolonger leur vie, il dépend d'eux de prolonger celle de l'État aussi loin qu'il est possible, en lui donnant la meilleure constitution ».135(*)

Le principe de la vie politique étant dans l'autorité souveraine, on reconnait un État qui vit encore lorsque ses lois, expression de la volonté générale, ne sont pas modifiées selon l'humeur du prince. N'est-ce pas une contribution au débat sur l'ordre constitutionnel en République Démocratique du Congo ?

* 127 CS, p.97.

* 128 CS, p.101

* 129 CS, p.103.

* 130 CS, P.103.

* 131 CS, p.106.

* 132 CS, P.108

* 133 Ngoma Binda, La participation politique. Ethique civique pour une culture de paix, de démocratie et de bonne gouvernance, 2è éd., Kinshasa, Ifep, 2005, p.160.

* 134 CS, p.123

* 135 CS, p.p.128

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault