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L'univers techno de la teuf : entre marginalité et post-modernité

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par Noémie Lequet
Université Victor Segalen Bordeaux 2 - Maîtrise de sociologie 2010
  

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IV- Evolutions

Les pratiques techno, au bout d'un certain temps passé à évoluer dans le milieu, ont tendance à s'orienter, comme le montre Etienne Racine, vers deux options principales. D'un côté, certains technoïstes diminuent leurs sorties en teuf et finissent par ne plus y aller du tout : c'est la retraite. De l'autre, la simple pratique de spect'acteur ne suffit plus au technoïste qui tend à avoir des activités liées au phénomène techno (organisation de soirées, mixage DJ, création graphiques, jonglerie...). Il devient un technoïde. C'est ce que Racine appelle la professionnalisation.

1- Sortie du milieu : la retraite

Comme on peut s'en douter, pour la grande majorité des teufeurs, leur expérience dans l'univers techno prendra fin à un moment ou à un autre, malgré le fait qu'il existe quelques teufeurs ne faisant pas partie de la classe d'âge des jeunes. La question est de savoir pourquoi et comment.

Trois des teufeurs interrogés ont finalement choisi la voie de la retraite pour des raisons diverses. Alban, 27 ans, qui était plutôt très intégré dans le milieu de la free-party, a diminué sa fréquentation de teufs de manière brusque dans le but de se sevrer. Pour lui, l'un n'était pas possible sans l'autre.

« S'il n'y avait pas toutes les drogues qui tournaient, c'est sûr, j'y serais encore. Mais moi je n'arrivais pas à aller en teuf sans rien prendre. [...] J'ai arrêté, j'ai coupé les ponts avec tout le monde. Je me suis exilé, j'ai quitté Bordeaux pendant 2 ans. » Alban

Gaël, 25 ans, a lui aussi arrêté de manière brusque, mais moins voulue ou consciente. C'est un déménagement lui faisant perdre ses contacts dans le milieu qui l'entraine à ne plus fréquenter d'événements techno. En effet, l'importance pour lui n'était pas tant la musique que les personnes présentes.

« Il y a 5 ans, je suis parti et du coup j'ai perdu tout les contacts que j'avais. Et donc je vais beaucoup moins en teuf. » Gaël

Le dernier teufeur interrogé à avoir quitté le monde des free-parties est Denis, 25 ans. Pour une raison qu'il ne s'explique pas, il a arrêté lorsqu'il a perdu son travail. De toute manière, comme il le dit lui-même, c'est un univers qui ne lui convenait pas.

« Et petit à petit, j'ai lâché le boulot et le reste. Et après c'est bizarre parce que quand j'ai lâché le boulot, après je suis plus allé en teuf. [...] Je n'en ai plus jamais refait. Ça ne m'attire pas. » Denis

Gaël

Il est le frère d'une connaissance et est de passage sur Bordeaux lorsque nous faisons l'entretien dans mon appartement. Le contexte n'a pas favorisé l'échange. Ils m'attendent en terrasse avant que l'on aille chez moi. Sa copine est présente. Ils sont assez pressés. On ne peut donc pas installer un climat de confiance agréable avant de commencer l'entretien. On s'installe dans la cuisine, il pleut dehors. Sa copine, ne voulant surement pas rester seule, tient à être présente. Au final, l'entretien ne durera qu'une demi-heure. Gaël semblait vraiment réfléchir avant de donner chaque réponse pour en dire le maximum en un minimum de phrases.

2- Professionnalisation

Ceux qui ne quitteront pas l'univers de la teuf la feront cependant évoluer, ils se professionnaliseront à l'intérieur même de celle-ci. C'est le cas pour trois des teufeurs interrogés, dont on a déjà parlé quand à leur investissement particulier dans cet univers.

Pour Théo, c'est le début d'une nouvelle étape. Au contraire, Amaury est dans la professionnalisation depuis une dizaine d'années. Quand à Alban, après avoir vécu cette période de professionnalisation, comme on l'a vu, il a quitté le milieu.

« Je mixe. Je ne suis pas un érudit mais j'espère que je vais m'améliorer au fil
du temps et avoir un peu moins le trac de le faire en soirée.
[...] Et puis
souvent, je vais jongler avec le feu histoire de mettre un peu d'ambiance.
»

Théo

« Et immédiatement, quand j'ai connu le côté de la teuf, j'ai tout de suite aussi connu le côté de la création, de la façon de faire de la musique. Aujourd'hui, ça fait une dizaine d'année que je fais partie d'Arakneed. » Amaury

« On partait avec nos camtards pour aller poser du son. » Alban

Théo

Il est mon premier contact dans le monde de la teuf. Il a 22 ans, fait des free-parties depuis six ans et est en train de monter un Sound System dans la banlieue de Chartres, La Clef des Champs (ou NST 6tem). L'entretien se déroule dans les zones d'herbes sur les quais, le lendemain du concert punk des Salles Majestés qu'ils sont venus voir à Bordeaux. Leur train pour Chartres partant une heure et quart après le début de l'entretien, je lui demande de ne pas trop s'épancher, sachant qu'il est très bavard. L'entretien durera une heure.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote