C. De la construction d'un modèle d'analyse
Les perspectives et idées nouvelles
dégagées dans une recherche doivent pouvoir être
exploitées au mieux pour comprendre et étudier de manière
précise les phénomènes concrets qui préoccupent le
chercheur, sans quoi ils ne servent pas à grand-chose, pensent Quivy et
Van Campenhoudt. C'est pourquoi poursuivent-ils, il faut les traduire dans un
langage et sous des formes qui les rendent propres à guider le travail
systématique de collecte et d'analyse de données d'observation ou
d'expérimentation qui doit suivre. Le modèle d'analyse dont
l'importance est ainsi déclinée, constitue dès lors une
charnière entre la problématique retenue et le travail
d'élucidation1. C'est ainsi que, dans le cadre d'un travail
de conceptualisation, nous avons présenté la notion de
souveraineté dans la diversité de ses sens, afin d'en retenir au
final, des perspectives de définition qui induisent sa transformation
à l'oeuvre dans l'EITI, transformation lisible au travers de la
multiplication des acteurs et d'une pertinence de la morale dans les
transactions collusives entre les divers acteurs. Mais il aura fallu
auparavant, discriminer certaines de ses dimensions qui sont impropres à
la démonstration de sa relativité. Aussi, les dimensions absolue
ou obsolète ont-elles été élaguées, pour
laisser la place à la dimension relative comme critère pour
estimer le degré de transformation de la souveraineté.
La transformation de la souveraineté à l'oeuvre
dans l'initiative de transparence des industries extractives peut-être
analysée à l'aide des indicateurs qui restituent la
réalité des transactions complexes, collusives et multiples entre
les différents acteurs de la triangulaire ici retenue. Qu'il s'agisse
des relations entre les Etats, les ONG, les firmes ou les interactions diverses
qui peuvent exister entre les divers pôles d'autorité, toutes ces
transactions rendent raison de la souveraineté qui s'est
transformée, et mettent en scène la réalité de la
morale de la transparence comme variable pertinente de la politique
internationale. En effet, l'élément qui fait mouvoir par
conviction ou par responsabilité les acteurs ainsi réunis, est la
transparence des industries extractives en tant qu'elle est une valeur morale.
Grâce à ces indicateurs observables, la transformation de la
souveraineté devient une réalité perceptible. De
façon schématique, le lien entre ces différentes
étapes se structure comme suit :
1 Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt, Manuel de
recherche en sciences sociales, Paris, Bordas, 1988, p. 101.
Concepts hypothèse
Transformation de la souveraineté à
l'oeuvre dans EITI. Les Etats dans des transactions collusives avec les ONG et
les firmes multinationales, cela relève des logiques d'adaptation
à la complexité de la politique internationale. La
souveraineté apparaît comme une configuration
mouvante.
Absolue
Postmoderne
- Souveraineté - Raison d'Etat -
morale
Dimension
Dynamique
Relative
Obsolète
Les indicateurs
Les pressions de l'Etat sur les compagnies extractives
Les relations entre les compagnies et l'Etat
Des relations entre les compagnies et les ONG
Les pressions de l'Etat d'origine des ONG
sur l'Etat d'extraction
Transparence (Morale)
Des relations entre ONG des deux types d'Etat
Les pressions de l'Etat d'extraction sur ses ONG
La pression des ONG sur les pays d'extraction
La pression des ONG sur leurs Etats d'origine
Figure 3: le modèle d'analyse
Paul Elvic Jérôme BATCHOM.
Les Etats, les organisations non gouvernementales et la
transparence des industries extractives : la dialectique de la
souveraineté et de la responsabilité. (Thèse de Doctorat
en Science Politique présentée à l'Université de
Yaoundé II/Cameroun)
Paul Elvic Jérôme BATCHOM.
Les Etats, les organisations non gouvernementales et la
transparence des industries extractives : la dialectique de la
souveraineté et de la responsabilité. (Thèse de Doctorat
en Science Politique présentée à l'Université de
Yaoundé II/Cameroun)
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