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Les états, les organisations non gouvernementales et la transparence des industries extractives: la dialectique de la souveraineté et de la responsabilité

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par Paul Elvic J. BATCHOM
Université de Yaoundé II/SOA - Doctorat/Ph.D 2010
  

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E. Annonce du plan

Notre étude qui vise à démontrer la transformation de la souveraineté à l'oeuvre dans le cadre de l'EITI, ce qui traduit la dynamique de l'Etat impliqué dans des transactions collusives avec les ONG et les firmes multinationales, se structure en deux parties. D'abord, une première partie qui se développe autour de l'idée de la multiplication des acteurs de la scène internationale, ce qui est au fondement de la cohabitation des ordres privé et étatique. Cette partie comporte deux chapitres. L'un sur la rémanence de la pertinence du système westphalien incarné par les Etats, et le second qui démontre par le truchement de EITI, la cascade des autorités par l'émulation des acteurs privés. La seconde partie du travail quant à elle, développe une idée qui est consubstantielle à la première, à savoir le développement des problématiques éthiques (chapitre 3) par les acteurs multiples, dans les conditions de responsabilité. Mais cet investissement des « marchés de la pitié » occulte fort mal la persistance de l'intérêt comme motif d'action dans la conduite des acteurs. Telle est la substance du chapitre 4. Toutes choses par ailleurs qui concourent à la démonstration de la

1 Lire par exemple Dionyssis Dimitrakopoulos « Norms, strategies and political change » European Journal of International Relations, vol. 14(2) : 319-342, 2008.

2 Finnemore et Sikkink (1998) op. cit P. 888

3 Lire à ce propos: Julian Go « A globalizing constitutionalism? Views from the postcolony 1945-2000 » International Sociology, vol.18 (1): 71-95, 2003.

Sous la direction de M. Luc SINDJOUN Agrégé de Science Politique, Professeur des Universités à l'Université de 65 Yaoundé II, Membre de l'Académie des Sciences d'Outre-Mer.

Paul Elvic Jérôme BATCHOM. Les Etats, les organisations non gouvernementales et la transparence des
industries extractives : la dialectique de la souveraineté et de la responsabilité. (Thèse de Doctorat en Science
Politique présentée à l'Université de Yaoundé II/Cameroun)

transformation de la souveraineté en une souveraineté responsable, par l'excroissance des acteurs et par la prévalence des interactions complexes autour d'une « éthique de la responsabilité convaincue ».

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PREMIERE PARTIE :

L'excroissance des intervenants dans la politique

internationale : Examen de la transformation de

la souveraineté sous le prisme de l'Extractive

Industries Transparency Initiative.

Sous la direction de M. Luc SINDJOUN Agrégé de Science Politique, Professeur des Universités à l'Université de 67 Yaoundé II, Membre de l'Académie des Sciences d'Outre-Mer.

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industries extractives : la dialectique de la souveraineté et de la responsabilité. (Thèse de Doctorat en Science
Politique présentée à l'Université de Yaoundé II/Cameroun)

L'inquiétude de certains auteurs devant les flux de la mondialisation qui ont fragilisé la souveraineté des Etats a porté son écho jusqu'aux extrémités de l'univers scientifique. Ce qui a eu pour impact, d'attirer l'attention des chercheurs sur les fortunes de la souveraineté, afin d'examiner la portée réelle de la globalisation sur les sanctuaires territoriaux. Le foisonnement des acteurs de moult natures sur l'espace-monde constitue en même temps qu'une source d'étude, une nouveauté à la faveur de la rupture des contraintes imposées par un fonctionnement bipolaire du monde. Le monde post-Guerre Froide et post-2001 se caractérise par l'émulation d'acteurs nouveaux pour la conduite des affaires devenues globales1. La sécurité d'un Etat ne relève désormais plus de sa seule compétence exclusive, ni encore moins de sa politique étrangère stricto sensu. Et, même sur le plan interne, le monopole de la contrainte physique et symbolique n'est plus du seul ressort des gouvernements en tant qu'ils sont l'incarnation des Etats. Des acteurs jadis inféodés à l'Etat, sont devenus très pertinents en gagnant leur locus standi du fait de leur expertise ou de leur connaissance des terrains d'action. La complexification des problèmes a entraîné une complexification des solutions, de par les intervenants qui sont mis à contribution et de par les mécanismes préconisés. L'on est passé à de nouvelles formes de diplomatie qui laissent penser qu'il y a la « transformation de l'équilibre nous-je ».

Nombre de faits laissent perplexe devant la souveraineté. De l'intérieur, le bal des entrepreneurs identitaires de toutes sortes fait croire que les fondations de l'Etat sont menacées d'écroulement. Face à ces crises internes, il y a les multiples signes d'irrévérence des border spanners qui transgressent les lois de la territorialité. Ce serait précisément faire preuve de cécité que de ne pas voir ces logiques nouvelles. De même, ne pas prêter l'oreille aux analyses des auteurs qui attirent l'attention sur ces bouleversements serait faire preuve d'une surdité coupable pour l'avancement de la science. Cependant, la démultiplication des facteurs et l'irruption de nouveaux acteurs constituent-ils des arguments en faveur de l'exécution du requiem de la souveraineté ? Sommes-nous parvenus à la fin de l'histoire de la souveraineté ? Nous pensons que la profusion des acteurs est un fait. L'Extractive Industries Transparency Initiative est un des espaces qui démontrent précisément l'excroissance des intervenants dans la politique internationale contemporaine. Mais, il est aussi le signe de la

1 Bertrand Badie appelle cela la revanche du social et la caractérise par la coloration sociale des enjeux internationaux qui deviennent de moins en moins politico-militaires, et la présence des acteurs sociaux sur la scène internationale. Badie B, La diplomatie des droits de l'homme, op. cit. p. 237, mais également, Badie B. Le diplomate et l'intrus, op. cit.

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survie de l'Etat. Aussi, nous entreprenons dans le cadre de cette première partie, d'abonder dans le sens d'une excroissance des intervenants dans la politique internationale. Ce faisant, nous accorderons à l'Etat une place de choix dans la mesure où nous récusons l'hypothèse de la fin de la souveraineté mais parlerons de sa transformation à la suite des travaux de Bertrand Badie, c'est l'Etat qui dans son redeploiement, est le symbole de cette transformation (chapitre 1). Ensuite, nous accorderons un espace à quelques autres intervenants, en l'occurrence les ONG et les industries extractives en tant qu'acteurs (chapitre 2). Tout cela, pour dire qu'en dépit de la coalescence des acteurs dans la politique internationale, l'on n'assiste pas encore à la fin de la souveraineté. Mais la réalité de la multiplication des acteurs est immuable et a justifié les interrogations sur les fortunes de la souveraineté. La politique internationale est devenue si complexe qu'elle a cessé d'être l'espace de l'interétatisme qui au passage, acceptait de temps à autre de prendre des avis des amici curiae que sont les acteurs privés. L'on est en présence d'une transformation de la souveraineté et partant, des modes d'action sur la scène internationale.

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Politique présentée à l'Université de Yaoundé II/Cameroun)

Chapitre 1 : EITI et le redéploiement de l'Etat, une lecture stato-centrée de la transparence des industries extractive ou l'affirmation de la pertinence du système étatique

La mondialisation n'est pas l'occasion d'une révolution brutale qui aurait entraîné la dilution des anciens acteurs dans les nouveaux, ni leur évanescence face à l'irruption des nouveaux intervenants. L'Etat est un acteur ancien de la scène internationale qui aurait laborieusement vu le jour entre le XIVème et le XVème siècle en Europe. L'EITI est un espace qui démontre primo facie la persistance de cet acteur séculaire sur la scène internationale, mais un acteur qui se redéploie face aux contraintes de la mondialisation. Il se redéploie seul (section I) ou en groupe (section II) dans les espaces autres que celui de sa genèse et en cela, il est un et multiple tout à la fois. En se projetant, il se laisse capturer par les lieux exotiques, îles d'escale de son odyssée1.

SECTION 1: Déploiement d'un Etat-fluide dans la transparence des industries extractives : entre universalisme et autochtonie.

La transparence des industries en tant qu'initiative est l'espace d'une démonstration de la « statolité » affirmée, établie et même rebelle. L'Etat est une réalité historique qui laisse transparaître deux types de contrastes dès lors qu'il est pensé en rapport avec les espaces autres que celui de son origine. En effet, discourir sur la pertinence de l'acteur étatique sur la scène internationale en s'appuyant pour cela sur l'initiative, c'est envisager l'Etat comme une réalité molle, un Etat-fluide. L'exigence de sa fluidité naît à la congruence de la spécificité de son aire de germination et de la particularité des espaces convoités de son implantation. La double extranéité de l'Etat par rapport à l'Afrique par exemple (mais aussi à l'Asie et à l'Amérique latine) suppose que celui-ci a été introduit depuis l'Occident et s'appuie sur un archétype unitariste2 qui est impropre à la terre de Toumaï où la communauté relève de l'identité. L'initiative offre ainsi, l'occasion de l'appréhension de l'Etat dans des

1 Etienne Le Roy parle de l'Odyssée de l'Etat pour signifier son errance, à l'image d'Ulysse errant sur les mers. Ce périple de l'Etat est multi-centenaire et l'actualité laisse penser qu'il sera pendant un temps encore, l'organisateur de la vie en communauté et dans la société. L'Etat n'est décidément pas inutile. Lire Etienne Le Roy « L'Odyssée de l'Etat » Politique africaine, n°61 mars 1996 pp.5-17

2 Le Roy pense en effet que l'Etat dans son errance a de temps à autre effectué des terrages sur des espaces qui n'ont pas de base unitaire mais plutôt, sont des sociétés communautaristes. Pour cela, seule l'indigénisation permet l'évitement d'un échec de la transposition des dispositifs occidentaux tels quels. Le Roy op. cit. p.8-11

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Politique présentée à l'Université de Yaoundé II/Cameroun)

circonstances de temps et de lieux. Clifford Geertz s'intéressant à l'Etat à Bali1 a remis en cause le schéma weberien de l'Etat très rationaliste qui ne s'encombre pas des éléments indigènes qui font vivre l'institution. L'impersonnalité de l'Etat en tant qu'institution dépouillée des ivresses de la théatocratie2 et des rites exotiques a nourrit l'illusion identitaire3, reléguant dans la catégorie des Etats flanqués d'une épithète, l'Etat ailleurs4.

L'espace de la mise en oeuvre de l'initiative est une mosaïque de peuples, de cultures, de terroirs regroupés sous le vocable de l'Etat. Cette diversité va certainement informer les nuances dans la réception de l'initiative. L'Etat de l'EITI est un, mais multiple tout à la fois. Celui qui met en oeuvre l'initiative et celui qui la soutient ; celui issu de la colonisation et celui qui fut colonisateur ; celui en voie de développement et celui développé.

Paragraphe I : Croquis d'une catégorie créole: le site de la mise en oeuvre de l'Initiative de Transparence des Industries Extractives ou la pertinence du baroque.

Il s'agit de penser que l'examen des sites de la mise en oeuvre de l'initiative en tant qu'ils révèlent la prégnance de l'acteur étatique, passe par une démonstration du binôme territorialité-autorité comme exclusivité de l'Etat (A). De plus, un voyage au coeur des espaces territoriaux divers et variés de la mise en oeuvre constituera l'argumentation matérielle en faveur de cette allégation (B).

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote