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L'enfant vu par la chanson. Approche sémantiquo-linguistique de la chanson congolaise

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par Fidèle AWAZI
Université Catholique du Congo - Graduat 2009
  

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III. 2. Mise en oeuvre de l'interprétation textuelle.

Nous avons dit que nous allons utiliser l'approche sémantique linguistique, toute fois, nous devons avoir à l'esprit que tous ces discours sont oraux et parlés, nous ne pouvons évidemment pas examiner tous les textes, au risque de sombrer dans une étude purement théorique et agaçante. La traduction que nous appliquerons aux textes en lingala est littérale. Le symbole * sera utilisé pour designer les chansons prises hors du corpus.

« Mwana te asengaki koya na mokili, papa maman basangani baboti mwana » (l'enfant n'a pas demandé de venir au monde de lui-même, papa et maman se sont uni et ont donné naissance à l'enfant).

L'auteur commence sa chanson consacrée sur l'éducation de l'enfant en illustrant un aspect très important de la vie mais que beaucoup semblent ignorer. « Mwana te asengaki koya na mokili » veut tout simplement dire que c'est ne pas l'enfant qui décidé de sa venue au monde ; la question surgit : qui alors en décide ?, la réponse vient immédiatement après cet énoncé, « Papa maman babalani ba boti Mwana », c'est l'union légale de l'homme et de la femme qui décide de la naissance d'un enfant. Le non dit de cet énoncé serait donc que, l'enfant étant le fruit de l'union d'un l'homme et d'une femme doit trouver réponse à ses préoccupations d'autant plus qu'il se retrouve au monde sans son gré, pour ne pas dire par contrainte. C'est donc une interprétation pour les parents de bien prendre en charge leurs enfants parce qu'ils ont décidé de leur venue, ou au besoin de ne pas mettre au monde des enfants s'ils ne sont pas rassurés de leur prise en charge.

Nous avons commencé par ce discours pour nous permettre d'avoir une idée sur la présence de l'enfant au monde afin de voir dans quelles conditions vit cet enfant dont sa venue au monde a été conditionnée par l'union de l'homme et de la femme.

Cet enfant qui est venu au monde à besoin de l'éducation en vue d'avoir un éthique pouvant lui permettre de bien se comporter dans la société, il doit aller à l'école, suivre les conseils de ses adultes et tant d'autres (Cfr art. 28&29 de la CRDE). Cependant, à peine être à l'âge de la scolarisation, cet enfant se voit privé de l'un de ses principaux droits qu'est l'instruction (l'éducation) comme nous laisse entendre cet extrait de bayibi nga bomwana : « bayekolisi nga te kokoma, balakisi nga se koboma ( on ne m'a pas appris à écrire,, on m'a appris que tuer ). L'auteur oppose dans ce discours deux situations, d'un côté la scolarité et de l'autre côté l'armée sinon la guerre. Pour bien transmettre son message, il joue avec le mot, il use d'abord de la poésie : bayokolisi nga te kokoma, balakisi nga se koboma ; ensuite il change la structure de la phrase et omet certains mots. La phrase serait bayokolisi nga koboma esika bayekolisi nga kokoma ( on m'appris l'art de la guerre au lieu de m'apprendre l'art d'écrire) ; cependant en écrivant tel qu'il a écrit, il a voulu mettre en évidence l'importance de l'éducation de l'enfant et le diaboliser l'enrôlement de l'enfant dans l'armée qui est d'ailleurs une forme de violation de droits de l'enfant tel que stipulé dans au paragraphe 3 de l'article 38 de la convention relative aux droits de l'enfant.

Nous remarquons aussi dans ce discours, la présence du syntagme nominale « Ba » qui désigne « On » ou « ils », qui sont des prenons indéfinis. Dans le chapitre précédent nous avons parlé du destinataire implicite. L'auteur qui s'incarne ici à l'enfant, sait à qui il adresse son discours ; cependant pour éviter de blesser son destinataire ou plutôt pour amener ce dernier à s'identifier lui-même, il emploi le pronom indéfini. Quand au syntagme nominale « Na » qui signifie « je » ou « moi » montre bien la volonté de l'auteur de pouvoir prendre le rôle de cet enfant afin de bien transmettre son message. L'exclamation « mawu! » Est en lingala l'expression usuelle de la mélancolie c'est-à-dire que l'enfant sent une douleur traverser son coeur au moment où il met ce discours. C'est pourquoi paraphraser l'importance de l'instruction dans la vie de l'enfant, l'auteur compositeur Mavuela dans la chanson « Lola »*, exhorte son fils à étudier pour devenir homme : « Lola eh lola, lola nakoyebisa, landa nzela nakopesa sala kelasi mwana, okoma moto » (Lola, je te dis, suis les instructions que je te donne, va à l'école pour que devienne un Homme).

En dehors d'etre enrolé dans l'armée alors qu'il devait être à l'école, l'enfant subit d'autres types des violences morales dans sa société. C'est pourquoi l'auteur de la chanson éducation dénonce certaines formes de tortures morales que les parents affligent à leurs enfants. L'auteur commence d'abord à rappeler qu'il y a la différence entre l'homme et la bête du fait que l'un possède l'intelligence et l'autre l'instinct d'où l'on parle de l'éducation pour l'homme et du dressage pour l'animal : « ba dressaka nyama, moto baedukaka. Ba forçaka éducation te, basalaka nde appel » ( on dresse un animal, on éduque un Homme, on ne force pas une éducation mais on fait un appel), l'auteur interpelle tous les parents qui recourent au fouet et à toutes sortes des violences dans le but de vouloir « instruire »leurs enfants. Il invite donc les parents à avoir plus une approche de dialogue avec leurs enfants que de les imposer des injonctions qui sont hors de leurs volontés. c'est ainsi que plus tard, l'auteur stipule que les parents sont de fois de ceux qui trainent leurs enfants en échec dans la vie toutes les fois qu'ils ne leurs donnent pas l'occasion d'exprimer leurs opinions (cfr art 12, 13, 14 de la CRDE).

C'est ainsi qu'il dit : « lokola papa atanga ako imposer mwana... lelo a se retrouver nul, akomi koyima yima, soki nga nakomi boye po nasalaki choix na nga te » (Comme son père a étudié, il va imposer à l'enfant de faire les mêmes études que lui...aujourd'hui l'enfant se retrouve nul et commence à s'indigner que si je suis devenu ainsi c'est parce que je n'ai pas fait les études de mon choix).

L'enfant vit en famille, en société, ce qui signifie qu'il n'est pas seul, par contre vit avec d'autres personnes de son âge ou des âges avancés. Alors que ceux dont l'âge est avancé sont là pour orienter l'enfant, ceux de son âge lui permette de découvrir son enfance en s'identifiant à eux, en se manifestant de la sympathie et de l'amour. Les enfants organisent des activités physiques ou morales dans le but de leur procurer du plaisir et qu'on peut appeler jeu. Comme nous avons dit ci haut, le jeu est indispensable pour la croissance et l'équilibre affectif de l'enfant et surtout s'il se passe dans un cercle d'amis (Cfr art. 15 &31 de la CRDE).

Cependant, cet enfant qui est venu involontairement au monde et qui est privé de ses études, perd une fois de plus un de ses droits : les loisirs ( Cfr art. 31 de la CRDE). L'enrôlement dans l'armée, en plus d'entrainer la non scolarisation de l'enfant, entraine aussi la séparation entre l'enfant devenu soldat et ses amis et par ricochet l'empêche de savourer la richesse du divertissement enfantin. C'est ce que veut nous dire Jean Goubald quant il énonce : «  Bomwana oyo ya masano na tondi te, bakaboli nga na baninga souci te  »

Les termes comme « Bomwana » ; « masano » ; « kotonda » ; « baninga » sont mis en évidence pour montrer d'une part l'importance du jeu et d'autre part l'abandon involontaire et brusque de l'enfant au jeu et la séparation triste avec ses amis ; c'est pourquoi pour compléter cet énoncé, l'auteur du « Bonheur » déclare :« Akendé se boye, azalaki na posa ya baninga basekisa ye » ( Il s'est en allé alors qu'il avait encore besoin des amis pour s'amuser).

Si l'enfant est privé de tout jeu enfantin et de ses amis, à quel jeu est il alors voué et avec quels amis joue t-il à ce jeu ?. La réponse ne tarde pas à venir, l'auteur de « bayibi nga bomwana » répond clairement en comparant le jeu normal que faisait et que doit faire l'enfant à ce jeu horrible qu'il fait et qu'il est obligé de faire : « la guerre commencée oyo biso tondima, pijou pijou ya liyoto te, mais makila ya bato » ( La guerre commencée que nous avons acceptée, pijou pijou non pas pour la galerie mais pour verser du sang).

Nous savons tous le jeu de guerre d'enfant dont les armes étaient soit de morceau de bois taillé sous forme de fusil soit des doigts allongés pour se représenter un fusil. L'auteur qui montre bien qu'il fut aussi un enfant (effectivement parce que cet enfant soldat avant de l`être, il fut aussi un enfant civil c'est-à-dire qu'il a joué aussi à ce jeu), fait usage dans son discours de trois choses : « la guerre commencée » qui est le slogan indiquant le début de ce jeu ; « pijou pijou », une onomatopée imitant l'éclatement de la balle ; « liyoto te », qui en lingala signifie « ce qui est vrai, qui ne pas une blague, lois d'être un jeu ». Il veut ici montrer clairement la différence grave existant entre le jeu de guerre d'enfant qui se joue entre enfant avec des fusils fictifs et celui fait dans l'armée avec des armées réelles ; conséquence, de l'autre côté du jeu d'enfant, ces guerres n'aboutissent qu'à un plaisir sans effusion du sang, tandis que du côté de cette guerre de l'armée, le « jeu » aboutit à la douleur avec effusion du sang. Implicitement l'enfant à désormais pour amis, des soldats plus âgés et plus expérimentés en art de guerre que lui.

Lokwa Kanza pour répondre aussi à cette question sur ce qu'est devenu la nouvelle occupation de l'enfant opprimé, déclare amèrement : « mawa eleka ye, amibuaki, likolo ya ndako, ye ko ndeke te » (Le chagrin devenu insupportable, il s'est jeté du haut de la maison alors qu'il n'est même pas un oiseau)

Alors qu'au début l'auteur nous a montré que cet enfant a décidé de partir loin de ses amis sans son propre gré, il nous dit implicitement là où est partie cet enfant qui n'est autre que l'au-delà ; ne pouvant pas endurer toutes les peines qu'il connaît, l'enfant s'est jeté du haut de la maison pour se donner la mort afin de mettre fin à cette série d'amertume.

L'énoncé «  ye ko ndeke te », veut juste montrer le triste sort de cet enfant qui se jette à un niveau élevé alors qu'il n'est pas un oiseau.

Le malheur ne vient toujours pas seul, dit on ; la guerre que connaît la RDC et les difficultés socio économiques que connaissent la plupart des familles en RDC ont eu beaucoup d'impact sur les enfants. En dehors des enfants soldats, nous retrouvons des enfants orphelins, des enfants de la rue communément appelés « chegués ou phaseurs », des enfants prostitués, des enfants sorciers et tant d'autres.

Quand Jean Goubald chante « phaseur, mwana oyo bino bosundola na balabala, bopesi ye ata eteni ya elamba te po afinika malili » ( L'enfant de la rue, cet enfant que vous avez abandonné à la rue, vous ne lui donnez même pas une étoffe de tissu pour qu'il se couvre du froid), il s'adresse à toute personne qui en passant voit cet enfant et qui au lieu de jouer au bon samaritain en venant à son secours, lui tourne au contraire le dos et le laisse frissonner près des immondices alors qu'elle peut à son niveau lui offrir comme l'auteur l'évoque « eteni ya elamba » une étoffe de tissu ». Pour se couvrir ou au besoin le récupérer pour le faire venir à la maison. Le phénomène « l'enfant de la rue » est un fait qui concerne tout le monde et en particulier les parents qui abandonnent leurs enfants dans la rue alors que la rue n'a jamais été un lieu d'hébergement de l'enfant.

Cet enfant qui est devenu « enfant de la rue » est celui là même qui dans « éducation » n'a pas demandé de venir au monde pour éviter de souffrir et qui dans la chanson « ainsi soit-il »* de Papa Wemba était l'objet de la joie dans la famille : « ...lokole ekobeta bato maboko likolo esengo ya mbotama o libota ya shungu » ( ...la trompette a retentit, tout le monde les bras elevés vers le ciel car c'est la joie de la naissance dans la famille de Shungu), est aujourd'hui accusé de sorcellerie par conséquent se voit chassé de son lieu d'accueil (la famille) pour aller vivre sa misère dans la rue, comme nous laisse entendre cet extrait de « asala boni » :« tala lelo, pasteur alobi, atali ye ya pamba, afingi ye ndoki » ( Regarde aujourd'hui, le pasteur déclare après un simple regard que cet enfant est sorcier). L'auteur fait apparaître dans son discours un élément très important. Il parle de « pasteur » ; depuis un certain moment, la RDC en générale et Kinshasa en particulier, connaît une prolifération des « églises » dites de « réveil » et qui sont aujourd'hui à la base de beaucoup de dégâts en famille comme le divorce de parents, l'accusation des enfants comme étant de sorciers et tant d'autres. L'auteur va même loin pour montrer combien ces gens qui se réclament être des « pasteurs » ou des « prophètes » sont bel et bien des charlatans religieux donc l'inspiration ou la prophétie ne relève en aucun cas de l'Esprit Saint tel qu'expliqué clairement dans la bible. C'est pourquoi, l'auteur dit « atali ye mpamba » pour simplement dire sans aucune concentration, juste un regard physique qui n'est même pas spirituel suffit pour qu'un pasteur traite l'enfant de sorcier et qui constitue une forme de violation de droits de l'enfant tel que déclaré dans l'article 19 de la CRDE

L''enfant se sent donc seul, isolé et rejeté par sa famille ne sachant plus quoi faire. L'auteur pose alors la question au destinataire implicite : « asala boni » que doit faire l'enfant dans de telle situation. La bonne réponse serait que, les parents, l'Etat, bref la société lui vienne en aide ( Cfr art. 18 & 21) ; mais la réponse semble être loin de là car cet enfant qui se trouve dans une misère totale n'a plus qu'une seule vie et c'est Lokwa Kanza qui en dit mieux « Mawa eleki ye, amibwaki, likolo ya ndako ye ko ndeke te ».

La rue n'est en aucun cas le cadre propice où l'enfant peut bien grandir ; bien au contraire, c'est un endroit où se développe tout ce qui est nuisible à l'éducation de l'enfant : la drogue, la prostitution, le vol, le vagabondage... (Cfr art 33 & 34). Alors que des adages et des maximes nous laissent entendre qu' « éduquer une fille, c'est éduquer toute une nation », et même le secrétaire général honoraire de l'ONU, Koffi Annan, declarer que « l'éducation des jeunes filles est le meilleur outil de developpement qui soit »28(*), cela est très loin d'être confirmé en RDC quant Jean Goubald chante : « Molaso, mwana oyo bino bobomela tata na maman na ye na etumba, balabala ekoma esika na ye ya kolielaka, na kotekaka nzoto » ( Prostituée, cet enfant dont vous avez tué ses parents pendant la guerre, la rue est devenue l'endroit elle se procure de la nourriture en vendant son corps) et lorsqu'il poursuit en disant : « Chouchou, mwana oyo azalaka fille exemplaire, mutu bakata ye akoma sardine, bobwaki ye nani ango alokota ye. Asala boni » (Chouchou, cet enfant qui était une fille exemplaire, on a coupé sa tete, elle est devenue une sardine). Point n'est besoin de signaler que « sardine » désigne en lingala une personne qui a perdu la tête c a d qui ne sait plus contrôler ses actes et se laisse emporter partout vent. L'auteur utilise ce terme pour montrer le degré de prostitution de cette jeune fille qui pourtant faisait l'objet de plusieurs éloges avant la mort de ses parents.

La présence des parents aux côtés de l'enfant est toujours indispensable car bien souvent après la mort des parents, les enfants connaîssent toutes sortes de mal traitance dans leur nouveau lieu d'habitation. C'est pourquoi JB Mpiana, interpelle tous les parents qui prennent en charge les enfants orphelins de leurs frères ou soeurs ou du leurs rivales, à considérer ces enfants au même titre d'égalité que les leur au lieu de les infliger d'autres peines.

« ndakisa ya ba mama misusu, azua mwana ya ndeko to ya mbanda, afanda epai na ye, akomisi ye lokola domestique, misila nyonso mpe bitinda se epai ya mwana wana, bana na ye moko basalaka lisusu misala te, na makanisi naye que azo nyokola mwana wana » ( A l'exemple de cette maman qui a pris l'enfant de son parenté ou de sa rivale pour rester dans son foyer, elle lui traite comme un domestique, tous les travaux de ménages sont désormais faits par cet enfant alors que les siens ne font plus aucun travail, ceci dans l'idée de persécuter cet enfant) ; Madilu System n'avait il pas raison de dire : « Mokolo na nakokufa, bana nanga, na maboko ya mbanda te »* ( Le jour que je mourais, ne laissez pas mes enfants dans les mains du rival

De même Michael Tshendo qui d'ailleurs est aussi un enfant a interpreté une très belle chanson de Werrason intitulé « Orphelin » dans laquelle il pousse de cris de détresse suite aux souffrances qui lui sont affligées après la mort de ses parents. Il déclare « Papa, Mama, depuis que vous n'êtes plus près de moi, je me sens tout malheureux ».

Michael tshendo sent que la présence de parents est très importante dans la vie et que leur absence ouvre la porte au malheur. C'est ainsi qu'il dit : « si j'avais mes parents, je ne pouvais pas souffrir comme ça ».

Face à la mauvaise situation que connaissent les orphelins, Franco ne s'est pas laissé indifférent. Il se met à la place d'un père de famille qui pressant déjà sa mort et commence à s'imaginer sur le sort de ses enfants surtout en ce qui concerne l'héritage. L'auteur reconnaît que les enfants sont les premiers bénéficiaires de l'héritage des parents, cependant faute de leur vulnérabilité et malléabilité ; certains membres proches de la famille du défunt s'accaparent de biens au détriment des enfants du défunt. C'est pourquoi Franco met déjà en garde ses frères et soeurs avant sa mort de ne pas toucher aux biens qu'il léguera à ses enfants après sa mort :

« Bandeko ngai awalelo nakufi, natikeli bino bana na ngai

Naliingi bonyokolo bango te. Bandeko ngai nazongi na miso na bino, natikeli bana na gai lopango, nalingi bobotolo yango te. Soki likambo ezali, zela na yebisa bino na ndoto noya, bana na ngai mawa » ( Mes frères et soeurs, je suis mort ce jour, je vous laisse mes enfants, je ne veux pas que vous le fassiez souffrir. Mes frères, j'ai disparu de vos yeux, j'ai laissé une parcelle à mes enfants, je ne veux pas qu'elle soit confisquée. S'il ya un problème, attendez que je vous instruise en rêve, mes pauvres enfants !) et de conclure « kozala mwana etike yango mawa mingi mama, mawa oyo eye, kozala na tata na mama na kati ya famille, elengi mingi na motema. Biso bana bitike tokosala nde na mpasi ? Mawa mingi nde na biso » ( C'est pitoyable d'etre un orphelin. Cela fait plaisir d'avoir un père et une mère en famille. Nous autres orphelins, que ferons nous en cas de malheur ? C'est triste pour nous).

Plusieurs exhortations sont alors faites aux parents quant ils sont encore vivants. Ils doivent savoir prendre en charge leurs enfants en les éduquant et en les instruisant pour préparer bien préparer leur avenir de sorte qu'après leur mort, ces derniers ne se sentent pas délaissés. Des énoncés comme « papa pimela mwana bonbon, biscuit to jouet kasi éducation te po éducation eza utile na vie ya mwana lokola essence to batterie na bomoyi ya voiture » ( Les parents, privez vos enfants des bonbons, des biscuits, des jouets, mais ne les privez pas de l'Education car l'éducation est indispensable dans la vie de l'enfant comme l'est l'essence ou la batterie dans le fonctionnement d'une voiture) ; « ba parents bozala ba irresponsables te, quelque soient ba difficultés oyo oza na ngo, éduquer mwana yo moko... » ( Les parents ne soyez pas des irresponsables, quelques les difficultés que vous connaissez, faites de votre mieux d'éduquer personnellement vos enfants), « parent yo moko esengeli ozala modèle ya éducation, po balobaka tel père tel fils » ( Les parents, vous devez faire l'effort de servir de modèle d'éducation pour vos enfants car dit on tel père tel fils) sont autant d'exhortations à l'égard des parents.

Quand au cris de secours qu'à lancé cet enfant soldat qui s'est vu dépouillé de son enfance : « au secours bayibi nga bomwana » et à la question de savoir ce que peuvent faire les enfants soldats, l'enfant de la rue, l'enfant prostitué , « asala boni », les auteurs de tous ces discours semblent donner plusieurs propositions qui peuvent faire sortir ces enfants de toutes ces situations et leur donner de l'espoir, mais aussi à tous les enfants qui ne se retrouvent pas dans ces situations mais qui vivent dans l'ignorance et dont leur avenir peut être compromis.

Des extraits comme : « nakende kelasi, na bloqua le faux malade elongo na bacamarade, na beta judo, na banza kotonga mboka, nalengele l'avenir na oyo yanga devenir, po ba mauvais souvenirs je voudrais bien en finir »,( Que je me rende à l'école, réciter aussi le faux malade avec mes camarades, que je pratique le judo, que je pense à construire le pays, que je prepare mon avenir, je voudrais finir avec mes mauvais souvenirs), « j'en ai marre de porter les armes et de faire couler le sang, je veux ressembler à vos enfants, aller à l'école comme eux » démontrent bien le souci qu'à l'enfant pour son avenir et parce qu'il s'agit d'une question purement politique, seul l'Etat peut intervenir pour rendre à cet enfant son enfance. C'est pourquoi à la fin de la chanson bayibi nga bomwana, l'auteur dit « rendez moi mon enfance ».

S'adressant à tous ces enfants qui connaissent des dépressions et qui peuvent penser que leur vie n'a plus de sens, JB Mpiana les exhorte en ces ternes : « Mwana yo moko oza l'agent principal ya éducation na yo, mwana mosusu aza orphelin akufela ba boti baye, mususu mpe ba famile ya ba boti naye ba abandonna bango, malembe malembe ba orienta ba vie na bango, tomona mpe lelo bakoma bato » ( Enfant, toi-même, tu es l'agent principal de ton éducation, un autre enfant est un orphelin, l'autre a été abandonné par les frères et soeurs de ses parents, lentement et sûrement ils ont orienté leurs vies et aujourd'hui, ils sont devenus des Hommes responsables et respectueux).

Enfin, supposant que la situation de l'enfant est une affaire de toute la société et que chacun de ses membres est appelé à faire un geste pouvant changer la situation de l'enfant, Lokwa Kanza finit son discours en affirmant comme l'épigraphe de notre travail :

«  De fois le bonheur, il suffit d'une phrase d'un mot, oui le bonheur, juste un sourire, un regard ».

En conclusion, les auteurs de toutes ces chansons s'insurgent contre toutes les formes de violences de droits de l'enfant et dressent un réquisitoire contre les parents, l'Etat et tous les membres de la société qui se laissent indifférent face au danger que court l'enfant congolais lequel de danger est tributaire de leurs actes d'irresponsabilités. Les auteurs s'acharnent longuement, en effet, sur les effets de la guerre politique. Ils dressent un tableau plutôt sombre de querelles politiques dont les premières victimes sont les enfants, des innocents alors que les leurs sont épargnés. S'agissant des conséquences de ces guerres, ils parlent des enfants de la rue, enfants orphelins, enfants prostitués, qui ont la misère comme dénominateur commun. Ces auteurs démontrent bien les droits de l'enfant n'existent que sur les papiers. ils rappellent le rôle de chacun dans l'application strictes de ces dites lois et en même temps ils encouragent les enfants à bien penser sur leur avenir en étant eux même les premiers acteurs.

C'est comme cela que se présente d'une manière générale les discours sociopolitiques de la chanson congolaise moderne sur l'enfant. Cette analyse nous permet ainsi de pouvoir répondre à la question de notre problématique qui consiste à savoir les éléments sur les quels se basent la chanson congolaise moderne pour construire des discours sociopolitiques sur l'enfant ; et la manière dont l'enfant est vue dans la chanson congolaise.

* 28On peut lire cette déclaration dans le Résume officiel de la situation des enfants dans le monde 2004

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle