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L'enfant vu par la chanson. Approche sémantiquo-linguistique de la chanson congolaise

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par Fidèle AWAZI
Université Catholique du Congo - Graduat 2009
  

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Chapitre troisième : Analyse du discours des chansons

Dans le rôle la chanson comme miroir de la société et comme media de la communication et d'expression, nous avons choisi six discours représentatifs pour leur riche contenu en rapport avec notre étude qui consiste à ressortir les éléments sur lesquels se fonde la chanson congolaise moderne pour construire des discours sociopolitiques en rapport avec la situation de l'enfant congolais. Cette analyse nous permettra ainsi de comprendre l'état dans lequel se trouve l'enfant congolais surtout celui de ses droits. L'analyse du contenu des chansons paraît donc indispensable comme nous laisse aussi entendre Kadima Nzuji Mukala : « compte tenu de la qualité de plus en plus affirmée des chansons et de leur charge poétique attestée, l'idéal en définitive serait de leur appliquer en tant que texte, sans discrimination aucune, les diverses approches littéraires de chercher comme tout autre texte à en saisir et révéler la substance. Cela permettrait de redéfinir les corpus littéraires nationaux en prenant en considération, les barrières linguistiques et génériques, l'ensemble des textes qui concourent à des degrés divers, à affirmer l'identité culturelle africaine en sa cohérence et en sa diversité25(*) ».

Cette analyse se veut davantage qualitative plutôt que quantitative. Tout en veillant à ne pas verser dans des considérations trop théoriques, nous allons analyser tous ces discours de manière progressive et complémentaire en tenant compte des considérations précédentes. Les discours ne seront pas analysés séparément par contre à chaque fois qu'il s'agira d'énoncer ou de ressortir un élément, nous essayerons de faire toujours un lien entre ces discours. C'est donc une analyse comparative.

Nous avons dit que nous allons utiliser l'approche sémantique linguistique, cependant nous devons avoir à l'esprit que tous ces discours ont un caractère oral et parlé, d'où ne pouvons évidemment pas examiner tout le cas, au risque de tomber dans une étude purement théorique et agaçante.

Avant de se livrer à ce travail typiquement analytique, il nous paraît utile de procéder d'abord à l'étude de notre corpus en s'appuyant sur la théorie des fonctions du langage. Cette démarche va à notre avis, nous épargner de certains détails lors de l'analyse.

III.1. Etude du corpus

La chanson congolaise est riche et féconde au niveau de la thématique sur la femme26(*) mais très pauvre au niveau de la thématique concernant l'enfant. C'est ainsi que nous n'avons pas trouvé assez de chansons en rapport avec notre étude et nous n'avons opéré le choix que sur six chansons dont nous allons essayer de découvrir progressivement. Nous allons dans cette partie voir le titre, le cadre, le contexte d'énonciation et le destinataire de chaque chanson de notre corpus.

1. Bayibi nga bomwana.

a. titre : « Bayibi nga bomwana », ce titre écrit en lingala cache bien de choses car il est utilisé au sens figuré, qu'on ne peut comprendre qu'une fois le replacer dans le contexte du discours. L'auteur est parti d'un cas particulier pour généraliser sa situation à la lecture de ce discours, nous pensons que l'on pourrait donner un titre plus explicite en relation avec le sujet développé dans le texte et qui semble être les cris d'alarmes d'un « enfant soldat » comme nous le révélera le contexte d'énonciation.

b. cadre : Il s'agit d'une chanson dont l'auteur est lui-même guitariste compositeur interprète Jean Goubald Kalala. Son style se fonde sur sa voix chaleureuse, limpide, d'une technique inégalable et de la pureté de sa guitare et de ces textes qui conjuguent rimes et rires. Ce chansonnier kinois se lance et avance sur la dérision, le rire et le sourire, dans un joli mélange à la sauce piment. Tant en français qu'en lingala, il ya dans les textes et le ton de Jean GOUBALD des zestes de Souchon. Il écrit ses chansons comme on ne l'a souvent fait ni entendu avant lui : il rime en lingala. Dans la plupart de ses morceaux il fait rimer amour et humour dont se nourrissent sa créativité et ses textes, empreints de spiritualité et de vérité. Après ses études secondaires, il entre à l'université de Kinshasa où il intégrera l'orchestre le « Phacochère Music ». Il collabore en suite de très près avec des grands noms de la musique congolaise tel que Rochereau Tabu ley, Kalama Soul, Yulu MABIALA, Mbilia Bel, Tshala Mwana, le groupe Zaiko Langa langa, et tout recemment Papa Wemba, Koffi Olomide et J.B. Mpiana. Jean Goubald est devenu un artiste incontournable de la scène kinoise depuis la sortie en juin 2005 de son premier album « Bombe Anatomique » enregistré au studio NDIAYE à Kinshasa et qui lui a value le mérite de participer au festival YAMBI 2007 à Bruxelles organisé par la communauté française de Belgique.

c. contexte d'énonciation : la toile du fond de cette chanson reste la société congolaise, une société victime de plusieurs guerres dont les enfants en sont les premières victimes. Dans ces conflits armés, les enfants payent un lourd tribut dont les décès, les violences sexuelles, les blessures, les déplacements, la séparation en famille et pour le cas de cette chanson l'enrôlement dans des groupes armées.

L'objet apparent de cette chanson est, ou semble être, un enfant soldat qui se trouve encore dans un groupe armé alors qu'il tient à tout prix abandonner cette vie qu'il n'a même pas souhaitée et veut se retrouver en famille comme tous les autres enfants de son âge.

L'auteur n'est pas un enfant moins encore n'a aucune fois été un enfant soldat, ce qui nous laisse dire que le portrait qu'il fait de l'enfant est donc essentiellement une caricature pour passer son message, sa critique de la société dans laquelle naissent de guerres sans fin et sans raison, dans lesquelles la population dont notamment les enfants en pâtissent alors que leurs auteurs en sont épargnés (y compris leurs enfants ). C'est pourquoi le compositeur de cette chanson n'a pas hésité de dire: « Moboti nini akondima oyo ya ye mwana asakana na moto » qui signifie aucun parent ne peux accepter voir son enfant jouer avec le feu sans pouvoir l'assister, et d'ajouter « Bayibi nga bomwana, malgré ça batiki te koswana ».( Ils m'ont volé l'enfance, malgré ca, il ne cesse de se quereller). En disant cela, à qui l'auteur s'adresse t il vraiment ?

d. Destinataire : cette chanson peut ne pas s'adresser directement à quelqu'un ; elle est ainsi destinée à tous, dans la mesure de l'implication directe ou indirecte de chacun. Quiconque pourrait en tirer une information qui le concerne deviendrait de ce fait un destinataire. Bref, le destinataire de cette chanson est anonyme cependant cette chanson tel que nous révèle son contenu s'adresse à un groupe social précis, mais que le locuteur ne peut ou ne veut pas nommer. Celui ci reste cependant parfaitement identifiable d'après le contexte et les présupposés pragmatiques. Nous pouvons dire selon nous qu'il s'agit des autorités politiques et militaires qu'on peut considérer dans la catégorie de destinataire implicite.

* 25 M. Kadima, «Paroles et musique : pérennité du lien », in notre librairie, num.154, avril-juin 2004, p.19

* 26 On peut lire MPEKE MAHATA L, approche systémique de l'image de la femme dans la chanson congolaise, FCK, 1999-2000, mémoire, 134p

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault