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Double juridiction de la forêt gabonaise : cas de la forêt de Mondah

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par Mnuela MINTSA
Unibersité Omar Bongo - DEA (Master Recherche) 2010
  

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Section 2 Les constats

2.1. L'essence de la tradition africaine

La tradition orale s'est chargée de transmettre une multitude de savoirs accumulés sur les propriétés et les usages des végétaux de la forêt. Seulement, toutes ces connaissances sont dispersées. Ainsi, les guérisseurs sont attentifs au nom de la plante, à ce qu'il signifie, aux particularités physiques du végétal: sa couleur, son écorce, son parfum. Chacun peut aujourd'hui constater qu'ont disparu de la pharmacopée européenne, les connotations linguistiques qui font la richesse de la pharmacopée gabonaise. Cet appauvrissement des jeux de l'esprit autour des plantes pourrait bien constituer une perte culturelle au même titre que la disparition des récits oraux. Mais il ne suffit pas que ces relations soient inscrites quelque part, si elles ne demeurent pas vives dans la conscience populaire, ce qui est certainement encore le cas du Gabon. Sans doute, la différence repose sur des assises anthropologiques profondes que la médecine moderne s'efforce toujours de localiser.

Par rapport aux drogues animales ou minérales, la plante occupe incontestablement une place privilégiée. Dans la majorité des pharmacopées traditionnelles, plus de 80 % des médicaments sont à base des plantes. Il n'est donc pas étonnant de constater que pour la population gabonaise, qui de plus vit dans une forêt équatoriale exubérante, la grande majorité des moyens thérapeutiques employés relève du règne végétal. Surexploitée et mal gérées, les forêts dépérissent. L'exploitation abusive de la forêt classée de la Mondah met en danger le massif forestier entraînant la raréfaction des espèces qui sont capitales pour la médecine traditionnelle et fait partir des savoirs faires africain.

1.2. La compatibilité conceptuelle

Ancienne doctrine économique fondés sur le profit monétaire de l'Etat. On aura bien remarqué que la non réglementation forestière se note exclusive en ce qu'elle se donne comme objectif d'exclure le plus possible d'usagers pour limiter la pression sur les ressources. Les lois forestières se résument donc a une succession d'interdits. Elles reposent sur le postulat que plus on restreint l'accès des populations rurales au bois, plus on garantit les conditions forestiers. Cette philosophie générale pousse l'administration à favoriser l'exploitation de ses ressources forestières de moins en moins. Ce qui fait que le forestier est davantage un gendarme qu'un technicien.

La répression exercée par le Code forestier a pour objet de sanctionner les contrevenants aux règles fixées. Ces règles prônent l'intervention technique et économique dans la forêt, dans le cadre de l'intérêt général ou les usages des paysans n'entrent pas puisqu'ils n'intègrent pas la politique d'approvisionnement stratégique des autochtones. La conception policière qui s'en dégage confirme le fait, dont est convaincu Gérard Buttoud (1954, p 44), que plus que de les réglementer, il s'agit donc surtout de les restreindre du mieux qu'on peut. Les problèmes liés a la déforestation croissante des régions équatoriales du globe ont provoqué une prise de conscience internationale, qui conduit à rechercher des voies nouvelles devant assurer à la fois un développement rural plus équilibré et une perpétuation des écosystèmes forestiers en conservant la biodiversité, source potentielle pour le futur. Les institutions internationales, et en premier lieu la Commission Européenne (ECOFAC), se sont donné comme but la définition d'une stratégie globale de protection de la forêt équatoriale. Il est désormais indéniable que la prise en compte des réalités socioculturelles locales est le principal garant de la réussite des projets forestiers; qu'il s'agisse de projets de développement intégré ou de projets de conservation des ressources.

En effet, une méconnaissance des intérêts des populations locales a toujours comme conséquence un rejet du projet, pouvant entraîner dans certains cas une perturbation de son déroulement, voire une destruction des réalisations. Si l'on commence à s'intéresser désormais aux aspirations économiques des populations impliquées, et à leur participation aux projets les concernant, il reste encore à prendre en compte leurs aspirations spirituelles.

Les recherches en sciences humaines de cette dernière décennie ont en effet montré toute l'importance des représentations mentales, en premier lieu, des phénomènes religieux et des processus cognitifs, dans la vie quotidienne de toute société humaine. Aussi, dans le rapport qu'entretient une société avec la nature, trois facteurs interviennent: un milieu, une pratique, et un système économique et symbolique. L'écologisme occidental, dans le vocabulaire institutionnel en usage à l'échelle internationale, à partir des concepts tels que développement durable, biodiversité, etc. tente, colloque après colloque, séminaire après séminaire, d'imposer la représentation unique d'une finalité dynamique aux concertations élaborées et aux décisions prises par eux et leur vision du monde.

L'engendrement des risques provoque une peur collective et stimule en même temps la puissance de réflexivité des sociétés. Comme par exemple : dans les villes européennes, des mesures de restriction de la circulation des véhicules sont prises et appliquées quand la situation de la pollution de l'air est jugée critique. Les automobilistes obtempèrent et n'empruntent pas leur véhicule. Se soumettent-ils avec scepticisme à une telle interdiction? Ou bien faut-il penser que les préoccupations écologiques sont plus aptes à donner un sens plus concret à l'idée de bien public? L'automobile représente un mythe moderne de la liberté et la privation de son usage, au nom d'un bien supposé commun (l'air).

Récit58(*) n° 23: Assonouet Jacque59(*), sur les avantages des deux concepts unis

Ma fille, depuis ma naissance, j'ai toujours été en contact avec la forêt. Si je dis sa c'est parce que je suis née en brousse, Sous un gros arbre. Pour moi, la manière qu'on exploite la forêt, ne peut pas poser problème. Toute notre richesse se trouve en brousse (forêt), voila pourquoi on ne l'exploite pas en désordre.

Il ya des règles établit depuis nos alleux que nous devons obligatoirement respecter. Pour la bonne marche de la société. Tu sais il ya des choses que nos sociétés connaissent aujourd'hui, que nos grands parents n'ont pas connu. Tout simplement parce qu'ils communiquaient avec la nature et les êtres qui la compose. Tous vivaient en harmonie. C'est pourquoi il ya toujours à manger et à boire dans la forêt. Il faut simplement respecter les génies.

Avec la politique du blanc, c'est pareil. Ils protègent la forêt, peut être pas de la même manière que nous, mais on a les même objectifs. Ce qui n'est pas bien, c'est parce qu'ils nous imposent leur façon de faire. Ils ne veulent pas savoir comment nous vivons avec la forêt avant leur arrivée. Je crois que si on associe les deux façons de faire nous serons gagnants et les politiques vont avoir un succès. Mais ce qui n'est pas le cas aujourd'hui dans les forêts protégées de l'Etat, il n'y a pas que cette forêt de la Mondah dans cette situation.

D'après le récit de monsieur Assonouet, il ressort qu'aucune conception n'est au dessus de l'autre. Il serait mieux d'avoir les deux, car les objectifs sont les mêmes, la sauvegarde de l'écosystème forestier. Alors il est important de tenir compte des deux politiques, pour avoir un résultat positif.

* 58 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 20 Mars 2010 au Cap estérias.

* 59 Assonouet Jacque, âge 41ans, marié, père de cinq enfants, ethnie Myèné.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand