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ONG et contribution a l'insertion socioprofessionnelle des personnes handicapées motrices au Togo : rôle de handicap international à  Lomé

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par Napo Mouncaila GNANE
Université de Lomé (Togo) - Maà®trise en sociologie du Développement et du Changement Social 2008
  

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1.5.1 Place des personnes handicapées dans la société et nécessité d'un cadre juridique pour leur protection

Selon la déclaration universelle des Droits de l'Homme, « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit ». Pourtant, dans de nombreuses sociétés des pays en développement et africains en particulier, nombreux sont les facteurs environnementaux à l'image des préjugés discriminatoires et l'absence de légalisation adaptée qui alourdissent et rendent insupportables les difficultés (insertion sociale, professionnelle et économique) rencontrées par les personnes handicapées. Aussi, les personnes handicapées sont-elles victimes d'une marginalisation fondée quelques fois sur des préjugés et des croyances religieuses de la part des membres de la société dans laquelle elles vivent. Ces membres refusent de voir en eux des capacités à participer au développement de la société.

Dénonçant cet état de chose, WERNER D. (1991 :402) dans une étude fait remarquer que dans la plupart des villages, les personnes handicapées y compris les enfants n'ont pas toutes les chances qu'ils méritent dans leurs relations avec la communauté. Trop souvent, on ne voit en eux que ce qui va mal ou ce qui est différent, sans apprécier ce qui va bien, souligne l'auteur. Poursuivant l'analyse de cette situation, il recherche les causes pouvant l'expliquer dans :

- Les croyances et coutumes locales qui peuvent conduire au mépris des personnes handicapées,

- Le manque d'informations correctes de la part de la collectivité qui crée des confusions,

- L'ignorance de la valeur et des possibilités des personnes handicapées,

- La gravité du handicap ; car, en effet, dans certaines régions d'Afrique, les enfants atteints de poliomyélite et qui arrivent à marcher, même avec des orthèses ou avec des cannes, ont de grandes chances de se faire accepter par la société ; ce qui n'en va pas de même pour ceux qui n'arrivent jamais à marcher. Or, comme le précise l'auteur « la plupart pourraient avoir un savoir-faire manuel important, et même devenir autonome » mais, la majorité meurt dans l'enfance, essentiellement de faim ou à la suite de négligences,

- La pauvreté extrême.

Cette marginalisation dont sont victimes les personnes handicapées de la part des membres de leurs communautés tend à les mettre dans une autre situation de handicap en dehors de celui qu'elles ont déjà du mal à gérer. Ils sont incapables de travailler, de se marier, d'avoir des enfants, et mêmes incapables de se déplacer et d'avoir des relations, librement avec les autres membres de la communauté qui ne leur facilitent pas les choses. Allant dans cette optique, AHO-ASSOUMA S. (2005)2(*) souligne que l'ignorance, l'abandon, la superstition et le poids de la tradition, ont toujours compté parmi les facteurs sociaux qui contribuent à l'isolement des personnes handicapées et font obstacle à leur épanouissement. C'est-à-dire que l'exclusion sociale des personnes handicapées est particulièrement vraie au Togo où la crise socioéconomique qui a conduit à une aggravation de la pauvreté perdure depuis plusieurs années.

Le rapport de l'enquête nationale sur la situation des personnes handicapées au Togo par Handicap International et la Fédération Togolaise des Associations de Personnes Handicapées (FETAPH) avec le soutien du Service de Coopération et d'Action Culturelle (SCAC) de l'ambassade de France n'a pas manqué de faire état de l'exclusion ou de la marginalisation des personnes handicapées dans la société togolaise. Toutefois selon ce rapport, si la société togolaise manifeste une certaine acceptation du handicap, celle-ci est fondamentalement basée sur la pitié ou sur l'indulgence. Il suffit pour s'en rendre compte de jeter un coup d'oeil aux différentes terminologies utilisées pour désigner les personnes handicapées ou les handicaps dans cette société. Celles-ci semblent trahir en effet une double vision paradoxale. La première est la tolérance du mal susceptible d'être digéré par le corps social, et on parle alors « d'humanisation du handicap ». La deuxième semble être la présence d'un système de conflits de nature à culpabiliser les personnes handicapées. Cette deuxième vision apparaît très clairement dans le langage, dans sa désignation du mal. Très souvent on lance à la personne handicapée : «c'est ainsi que l'être suprême t'a fait » sous entendu, la personne handicapée est coupable de son état et doit expier jusqu'au bout ses fautes.

Toujours selon le même rapport d'enquête, l'examen du code religieux semble contribuer à la non intégration des personnes handicapées. Ainsi dans la région maritime comme la région des plateaux, où la vie religieuse traditionnelle est commandée par des croyances liées aux cours d'eaux (tô) ; aux arbres (Logo, Agoti) et aux métaux, les personnes handicapées, considérées comme êtres « anormaux » issues des forces surnaturelles des éléments cités doivent rester parmi ceux-ci pour ne pas rompre l'harmonie cosmique de l'espace des valides.

Tout au plus, les personnes valides pensent qu'il faut les respecter et les tolérer ; la marginalisation s'impose d'elle-même.

Selon l'OMS3(*), 80% des personnes handicapées vivent dans les pays à faibles revenus et sont surreprésentées parmi les personnes pauvres. Parmi elles, 82% vivent en dessous du seuil de pauvreté, ce qui les met dans une situation de manque de ressources pour prévenir la malnutrition, et d'impossibilité d'accès aux services de santé adéquats, qui peuvent éviter certains handicaps. Selon les ABC des Nations Unies (1998), la discrimination à l'égard des personnes handicapées va du refus des possibilités d'éducation à l'exclusion et à l'isolement.

Pour changer alors cette situation, il convient de changer les perceptions du handicap et de créer un cadre juridique susceptible de promouvoir leurs droits et de faciliter leur épanouissement. C'est à cette tâche que s'est attelée l'Organisation des Nations Unies (ONU) après l'adoption en 1971, de la « déclaration du droit du déficient mental », et de la « déclaration des droits des personnes handicapées » en 1975 qui définit des normes pour l'égalité de traitement des personnes handicapées, a enfin adopté en 1993 le document relatif aux « règles pour l'égalisation des chances des handicapés » qui constitue l'un des résultats encourageant de la décennie (1983-1992) des personnes handicapées.

Toujours soucieux de la création d'un cadre juridique et d'intégration professionnelle favorable aux personnes handicapées l'Assemblée Générale des Nations Unies a créé en 2001 un comité ad hoc chargé d'étudier des propositions sur l'élaboration d'une convention internationale globale et intégrée visant à promouvoir et à protéger les droits et la dignité des personnes handicapées. Ce comité ad hoc a tenu sa huitième session en août 2006 dans le but de finaliser les négociations sur la convention internationale globale et intégrée pour la promotion et la protection des droits et de la dignité des personnes handicapées. Elle complète à travers son article 22 qui reconnaît le droit des personnes handicapées de gagner leur vie par le travail tout en soulignant l'importance et l'autonomisation économique. La convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) vise à promouvoir la réadaptation professionnelle, les opportunités d'emploi et l'égalité de traitement des personnes handicapées.

En outre, la convention du comité ad hoc complète la septième règle des Nations Unies pour l'égalisation des chances des personnes handicapées précitée, qui stipule que les personnes handicapées doivent se voir offrir les possibilités de gagner un emploi productif et rémunérateur sur le marché du travail.

Dans cette perspective et parce que membres des Nations Unies, et ne souffrant pas moins des problèmes liés à la discrimination des personnes handicapées, l'Etat togolais a adopté une loi relative à la protection sociale des personnes handicapées le 6 janvier 2004 par l'Assemblée Nationale. Cette loi promulguée en avril de la même année par le décret N°23 n'est véritablement pas encore entrée en vigueur.

Cette partie permet de remarquer que malgré l'existence des textes et des lois, les personnes handicapées sont toujours marginalisées, même au niveau de leur insertion professionnelle.

* 2 Ancienne ministre de la Santé au TOGO (2005) en avant-propos du document de la politique nationale de réadaptation élaborée en 2005.

* 3 OMS: Disability, including prevention, management and rehabilitation (2006).

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand