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Analyse comparative de la crise économique de 1929 et de la crise financière internationale de 2007

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par Ben KATOKA
Université de Kinshasa - Economie Monetaire 2009
  

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1.1. Déroulement de la crise économique de 1929

Vers le début du 20è Siècle, l'Europe est en déclin24 et les Etats-Unis deviennent la première puissance économique du monde. Wall Street25 remplace la bourse de Londres comme première place financière mondiale et l'Amérique devient créancière de l'Europe.

Les Etats-Unis confortent de plus en plus leur position et connaissent, à partir du début des années 1920, un boom économique caractérisé par d'importantes innovations révolutionnaires telles que l'électricité, la radio et le téléphone, de nouveaux outils et systèmes de production rénovateurs tels que les chaînes d'assemblage automobile, l'organisation scientifique du travail (le taylorisme), qui permettaient d'augmenter considérablement la productivité de l'industrie américaine et emmenant la prospérité ainsi qu'une vaste gamme de nouveaux produits de grande consommation à des niveaux de plus en plus élevés.

Dans un marché libre en effet, et c'est le cas du marché américain durant cette période, une amélioration de la productivité conduit à une augmentation de l'offre de biens et services et donc, à une baisse du niveau des prix, et à l'amélioration du niveau de vie des consommateurs. C'est ainsi que l'on peut noter que durant cette période, les prix étaient relativement bas et stables.

Cette amélioration de la productivité et l'augmentation de la richesse dans l'économie avaient ainsi conduit à une croissance très marquée du PIB américain durant cette période. On note également une remarquable augmentation du taux d'épargne et de l'investissement26.

24 Les dépenses de guerre (1ère guerre mondiale) ont ruiné les économies européennes

25 Place boursière des Etats-Unis, autrement appelée New York Stock Exchange (NYSE), (voir NYEMBWE MUSUNGAIE, « Institutions et Marchés Financiers Internationaux », cours de L2 Economie Monétaire, Unikin, Kinshasa, 2009.).

26 M. ROTHBARD, Op. Cit., pp. 86-87.

Tableau 2. Evolution du PIB Américain 1920-1929

Année

PIB nominal
(en milliards de Dollars)

PIB nominal/tête
(en milliers de
Dollars)

1920

88,4

830

1921

73,6

678

1922

73,4

667

1923

85,4

763

1924

87,0

762

1925

90,6

782

1926

97,0

826

1927

95,0

803

1928

97,4

808

1929

103,6

851

Sources : http://www.digitalhistory.uh.edu/database/article http://research.stlouisfed.org/fred2/data/INDPRO http://www.federalreserve.gov/releases/htm

Comme l'indique le tableau ci-dessus, durant la période du boom, nous pouvons constater que le PIB nominal a augmenté de 15 milliards de Dollars, soit une augmentation de 17%. Le PIB par tête a quant à lui augmenté de 2,53%.

M. FRIEDMAN, dans son ouvrage, coécrit avec Anna SCHWARTZ, « Histoire monétaire des Etats-Unis, 1860-1963»27, décrit les années 1920 comme une période d'accélération de la croissance économique sans contraction majeure, où le progrès dans l'industrie et la finance a modifié sensiblement le rôle des banques, changeant remarquablement le caractère et la distribution des actifs bancaires, etc.

Durant cette période de forte expansion, où l'on note une augmentation remarquable de la production industrielle, on constate également une expansion considérable des crédits, favorisée par des taux d'intérêt très bas (3% en moyenne), causant une forte croissance de la masse monétaire.

TABLEAU 3. Evolution du taux directeur de la FED 1920-1929

Années

Taux

1920

-

1921

4,83

1922

3,47

1923

3,93

1924

2,77

1925

3,03

1926

3,23

1927

3,10

1928

3,97

1929

5,42

Source : http://research.stlouisfed.org/wp/1997/97.011.pdf

http://www.digitalhistory.uh.edu/database/articledisplay.cfm?HHID=188

L'accès facile au crédit, favorisé par des taux faibles, tel que l'indique le tableau 3, a sensiblement accéléré le volume de la masse monétaire dans l'économie américaine durant cette période.

Le tableau suivant renseigne sur l'évolution de la masse monétaire durant la période du boom.

Tableau 4 : Evolution de la masse monétaire 1920-1929

Date

Circulation

fiduciaire
hors banque
(en milliards
de Dollars)

Volume de
Dépôts
(en milliards de
Dollars)

Prêts spéculatifs
(en milliards de
Dollars)

Offre totale de
monnaie
(en milliards de
Dollars)

30 juin
1920

-

-

-

-

30 juin
1921

3,68

16,58

1,85

45,30

30 juin
1922

3,35

17,44

2,08

47,16

30 juin
1923

3,74

19,72

2,42

51,79

30 juin
1924

3,65

21,26

2,89

54,67

30 juin
1925

3,57

23,19

3,48

59,86

30 juin
1926

3,60

24,74

4,09

63,62

30 juin
1927

3,56

26,46

4,70

66,91

30 juin
1928

3,62

28,53

5,39

71,12

30 juin
1929

3,64

28,61

6

73,26

Source : http://www.federalreserve.gov/releases/htm

Ce tableau nous montre que, durant la période du boom, l'offre de monnaie s'est accrue de 28 milliards de Dollars, soit une augmentation de 61,7% en huit ans. On note également une augmentation moyenne de l'ordre de 7,7% l'an. Les dépôts se sont accrus de 12,03 milliards de Dollars, soit une augmentation de 72,6%, tandis que les prêts ont augmentés de 4,15 milliards de Dollars, soit 224,3% d'augmentation. Cette augmentation des crédits peut être vue sur la figure 1, laquelle donne une vision claire de cette expansion.

Murray N. ROTHBARD, déjà cité, affirme que, ce qui avait nourri cet accroissement de l'offre de monnaie résidait dans le fait que l'on enregistrait durant cette période, un accroissement du taux d'épargne de l'ordre de 30,8%, tandis que la

demande de retraits des déposants diminuait de 72,3% au cours de la même période. Cette situation avait nourri un certain laxisme dans le respect des ratios de gestion de la part des banques, notamment celui des réserves obligatoires qui, entre 1920 et 1929, avait baissé de 10% à 3%, entraînant un fort accroissement de la création monétaire28.

Figure 1 : Evolution des prêts en milliards USD

4

0

5

3

2

1

1921 1922 1923 1924 1925 1926

Prêts ...

Source : voir chiffres du tableau 4

Cette figure, à travers sa courbe positive, montre que la manière dont les prêts bancaires ont évolué entre 1920 et 1929, a contribué à la désarticulation de la situation économique, tel que nous aurons à le démontrer plus loin.

Cet accès facile au crédit entre 1920 et 1929, a entraîné d'une part, une masse de plus en plus accrue d'investissements et une production des biens de consommation qui devient supérieure à la demande des américains (on produit trop par rapport à ce que les américains consomment). D'autre part, cette augmentation trop importante de la masse d'investissements, a accru remarquablement la spéculation boursière, augmentant sensiblement la valeur du Dow Jones, passant de 166 points en 1926 à 245 points en 1928, puis à 452 points en 192929, doublant pratiquement les cours des valeurs industrielles en moins de deux ans.

La raison de cet envolé des cours résidait cependant dans le fait qu'un nombre de plus en plus élevé d'américains, encouragé par l'accès facile au crédit, s'était lancé dans la spéculation boursière, vu les profits qu'elle rapportait.

28 M. ROTHBARD, Op. cit., p. 93.

29 http://www.bloomberg.com/data

Ainsi, aussi longtemps que les cours continuaient à grimper, les investisseurs faisaient profit, poussant un nombre encore plus grand d'américains à se lancer dans les investissements en bourse. Et durant cette période on note même le fait que certains américains moins dotés en capitaux, empruntaient massivement et ce, dans le seul but d'investir en bourse.

Il en ressort qu'en 1929, 1 548 707 d'américains étaient lié à des opérations en bourse, sur une population de 120 million d'habitants, et environ 30 millions de ménages étaient activement liés aux opérations boursières.30 La figure suivante la relation entre les prêts spéculatifs et le prix des actifs.

Figure 2. Evolution des prêts spéculatifs et du prix des actifs de 1927 à
1929

250

10

7,5

200

5

150

2,5

100

50

0

Dec

Jun

Mar

Dec

Jun

Mar

Dec

Jun

Mar

Sep

Sep

Sep

1929

1928

1927

 

Prêts spéculatifs Prix des actifs

Source : Vincent SARDA, « La crise de 1929 », p.6.

La figure 2 illustre bien la manière dont l'augmentation des prêts spéculatifs a nourri la hausse des prix d'actifs. En effet, en regardant cette figure, nous nous apercevons que les prix des actifs évoluent positivement dans le sens des prêts spéculatifs.

En vue de stopper cette hausse effrénée des prix des actifs et limiter la spéculation, les autorités Américaines ont décidé d'interdire tout prêt à but spéculatif (les ventes de titres se faisant même à crédit) et de relever le niveau du taux d'intérêt, passant de 3,97% en 1928 à presque 6% en 1929. D'autre part, l'annonce d'une baisse prochaine des prix et des bénéfices industriels en octobre 1929, poussent certains spéculateurs à anticiper l'évolution des cours et donc, à vendre

leurs actions pour empocher une plus-value au moment où les cotations boursières de Wall-Street sont encore à un niveau élevé. Plus de 13 millions de titres, au lieu de 4 millions habituellement, sont alors mis en vente, provoquant l'effondrement des cours, faisant chuter le Dow Jones de 452 points à 224 points, soit moins que le niveau atteint en décembre 1928, c'est-à-dire 241 points31, le jeudi 24 octobre 1929 (jeudi noir), et entraînant une grave panique boursière dans laquelle des centaines de milliers d'actionnaires se sont retrouvés complètement ruinés.

La figure suivante montre la relation entre le taux d'intérêt de la FED et les prix en bourse, lesquels ont quasiment évolué en sens opposés. Ce qui revient à dire que les prix en bourse étaient négativement liés au taux d'intérêt de la FED.

Figure 3. Evolution des prix en bourse et du Taux de réescompte de la FED de
janvier 1928 à décembre 1929

255

230

205

5

180

155

130

Prix des actifs Taux de la FED

1929

1928

J

F

J

J

J

J

M

A

M

A

S O

N

D

F

M

A

M

A

S

O

N

D

J

4

3

7

6

Source : Vincent SARDA, Op. cit., P. 9.

Cette figure renseigne sur la manière dont les prix en bourse ont évolué par rapport au taux d'intérêt de la FED. Nous remarquons en effet, une évolution des prix en bourse fonction relativement inverse du taux d'intérêt de la FED. Cela permet ainsi clairement d'apercevoir l'effet des politiques restrictives de la FED vers le milieu de l'année 1929, lesquelles ont conduit au Krach boursier en octobre de la même année. C'est alors de cette crise que se déclenche la panique dans le secteur bancaire des Etats-Unis.

En effet, la crise boursière dégénère très vite en crise bancaire, vu que les banques, ayant multiplié les crédits depuis plusieurs années, sont prises en

31 http://www.workforall.net/library, Op. cit., p.1.

tenailles, puisque dans l'incapacité de récupérer leurs fonds au près des personnes endettées, alors que, dans le même temps, il commençait à se produire une ruée des déposants vers les guichets des banques.

Devant les défauts de remboursements de leurs emprunteurs et les retraits massifs des déposants, des nombreux établissements bancaires feront faillites, entraînant l'effondrement du système bancaire. On note que près des 2/5 des banques détenant un volume très important des dépôts aux Etats-Unis ont ainsi commencé à suspendre leurs activités à cause des difficultés financières consécutives à cette situation32. Dès l'année suivante, on recensait 9000 banques en faillites, représentant plus de 15% du système bancaire américain33.

En même temps, la raréfaction des liquidités débouchera sur une diminution du volume des investissements industriels et de la consommation des produits manufacturés et agricoles, conduisant à une profonde crise économique, aux conséquences très désastreuses sur non seulement l'économie Américaine, mais aussi sur celle du reste du monde.

Comme nous l'avons constaté, l'économie Américaine durant la période de boom était en fait, un mélange de deux forces différentes, et fondamentalement incompatibles. D'une part, une grande prospérité, avec une augmentation considérable de l'épargne (voir tableau 4), due notamment à l'augmentation du revenu par tête, elle-même liée à l'augmentation de la productivité et de l'investissement. D'autre part, une expansion du crédit, débouchant sur l'accumulation de mauvais investissements (tel qu'évoqué précédemment), causant finalement et inévitablement la crise, dont les causes profondes seront évoquées aux points suivants.

32 M. ROTHBARD, Op. cit., p.299.

33 P.C. HAUTECOEUR, « La crise de 1929 et ses enseignements », In Crises Financières, Economica, Paris, 2008, p.2.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon