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Les contes égyptiens anciens et les contes de l'Afrique subsaharienne: essai d'une analyse comparée

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par David Elysée Magloire TESSOH
Université Yaoundé 1 - Master en littérature et civilisations africaines 2011
  

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CHAPITRE III : ETUDE DU FONCTIONNEMENT DES PERSONNAGES

Traitant des personnages dans l'ouvrage intitulé le personnel du roman, Philipe Hamon affirme : « Le personnage est une unité diffuse de signification construite progressivement par le récit, support des conservations et des transformations sémantiques du récit, il est constitué de la somme des informations données sur ce qu'il est et sur ce qu'il fait »31(*)

Le mot « personnage » vient du latin « personna » qui signifie masque ou rôle. Les personnages constituent le maillon indispensable dans l'organisation des histoires, ils déterminent les actions, les subissent, les relient et leur donne du sens. D'une certaine façon dira Yves Routier : « Toute histoire est histoire des personnages »32(*). Beaucoup d'études ont été faites sur le concept de personnage, plusieurs analystes ont proposé différentes dénominations pour désigner toute force agissante, tout ce qui joue un rôle dans une fiction. Vladimir Propp, qui trouvait déjà le concept flou le substituait par celui de `fonction', Todorov quant à lui a choisi la notion d' « agent ». Claude Bremond pour sa part propose à la fois « agent et patient ». Et Greimas, à son tour réduira la notion de personnage à celle d' « actant » c'est-à-dire à une force agissante. Tous ces théoriciens incluent dans leur classification. Les êtres humains, les animaux, les êtres célestes, les choses animées ou inanimées qui jouent un rôle dans une oeuvre imaginaire.

Au nombre des analyses faites sur la notion de personnage, celle de Philippe Hamon semble mieux convenir à notre objet. Elle nous permettra de voir si une étude analogue à celle faite sur les personnages des contes negro africains est possible avec les contes Egyptiens anciens

III-1 La distinction et l'hierachisation des personnages de Philippe Hamon

En s'inspirant de l'analyse structurale, Philippe Hamon développera la sémiologie du personnage, pour lui le personnage est perçu non seulement comme un signe, mais aussi comme une association de signes à l'intérieur d'un texte. En tant que signe, le personnage se rapproche du morphème linguistique en ne se donnant pas d'emblée à l'analyse mais en se construisant. Il développera sa méthode autour de deux axes, d'abord le personnage perçu comme un « être », l'étiquette du personnage, ses dénominations. « Etudier un personnage c'est pouvoir le nommer. Agir pour le personnage c'est aussi et d'abord pouvoir épeler, interpeller, appeler et nommer les autres personnages du récit. Lire, c'est pouvoir fixer son attention et sa mémoire sur des points stables du texte, les noms propres. »33(*) On peut également saisir le personnage à partir de son portrait. Pour lui, « Le portrait qui est expansion, qui se présente sous la forme d'une description, joue également un rôle important dans la construction de l'effet personnage »34(*)

Au terme de ses recherches, Philippe Hamon proposera six paramètres, simples et maniables pour distinguer et hiérarchiser les personnages, il s'agit notamment :

De la qualification différentielle qui s'intéresse à la quantité des qualifications assignées à chaque personnage et aux aspects de leur manifestation, il s'agit donc de voir si les personnages sont plus ou moins anthropomorphes, s'ils ont des signes particuliers ou non. S'ils apparaissent sous un jour plus ou moins favorable sur le plan physique, psychologique et social.

La distribution différentielle s'attache à déterminer les aspects quantitatifs tels que la fréquence et la durée des apparitions des personnages : ils apparaissent plus ou moins longtemps, avec un rôle et des effets plus ou moins importants.

L'autonomie différentielle renvoie au type de combinaison des personnages entre eux. Il s'agit concrètement des fréquences d'apparition, des déplacements, et de la multiplicité des relations qu'un personnage entretient avec d'autres, ainsi, un personnage pourra apparaître seul ou accompagné et entrer en contact avec d'autres protagonistes.

La fonction différentielle porte sur le faire des personnages : leur rôle dans l'action, plus ou moins important, porteur de réussite ou non.

La pré désignation conventionnelle combine le faire et l'être des personnages. En référence à un genre donné. Ici l'importance et le statut du personnage peuvent être codifiés par des marques génériques traditionnelles : tel trait physique, telle action. Du coup, dès la première apparition d'un personnage, le lecteur familier du genre peut le catégoriser.

Le commentaire explicite porte quant à lui, sur le discours que tient le narrateur à propos d'un personnage. Il indique le statut du personnage ou la manière de le catégoriser.

III-1-1- La hiérarchisation des personnages des contes Négro-africains

La hiérarchisation des personnages consistera à la distinction des personnages en deux grandes catégories : les personnages principaux et les personnages secondaires.

III-1-1-1 Les personnages principaux

Les personnages principaux sont les socles de l'intrigue, c'est eux qui provoquent et clôturent presque tous les événements qui meublent les contes. Pour rester fidèle à la démarche que nous avons entreprise à l'entame de notre travail, nous les analyserons successivement dans leur conte.

Dans le conte Négro-africain n°9 " Le prince" , le personnage principal est incontestablement le prince. C'est un personnage anonyme dont le narrateur ne prend pas la peine de dresser de manière évidente le portrait physique et moral. Sur le plan physique tout ce que nous savons de lui c'est qu'il est jeune « le jeune prince », bien que cela ne soit pas explicite, quelques passages du conte nous montrent qu'il est généreux, altruiste et courageux. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à examiner quelques passages du conte.

Premier extrait :

 Le jeune prince leur demande : « Pourquoi maltraitez-vous ces petits animaux ? Laissez-les ! »

Les enfants lui demandent : « C'est parce que nous sommes des petits que tu nous dis ça ? Laissez-les ! »

Le prince leur dit : « Je vais vous les acheter. »

Les enfants acceptent. Le prince donne une poignée d'or à chacun, prend les bêtes et revient à la maison.

Deuxième extrait :

Le papa meurt (...) ils ont fini de dépenser l'or et l'argent que le roi a laissé. La souffrance frappe à leur porte, mais personne ne les approche ni ne les considère. Le prince fabrique un lance-pierre pour nourrir sa mère et ses animaux. Chaque jour, il part tuer des oiseaux ; un pour le chaton, un pour le petit chien, un pour sa mère, et le cinquième pour lui-même. S'il tue quatre, il en donne un à chaque animal et partage le quatrième entre lui et sa mère qui dorment à jeun, mais chaque fois sa mère se met à se plaindre.

Ces extraits qui précèdent montrent à suffisance la générosité et le courage du jeune prince qui après la mort de son papa descend de son piédestal de prince pour devenir un vulgaire chasseur afin de nourrir sa famille. C'est sans aucun doute ces qualités qui font qu'à la fin du récit le prince retrouve son prestige et son statut d'antan à savoir la richesse.

Dans le conte n° 10 "Le cultivateur, sa femme et les génies "

C'est un personnage anonyme dont le conteur n'a pas jugé opportun de faire son portrait physique et moral. Ce que nous savons avec certitude c'est que sur le plan civil c'est une femme mariée à un cultivateur et est une ménagère. Sur le plan moral nous apprenons par le plus petit des génies qu'elle est une femme qui parle beaucoup : « Quelques temps après, le vieux est inquiet et envoie l'aîné voir ce que fait son frère. Il part trouver son petit frère assis et lui dit : « kunkelen, le vieux t'a envoyé chercher du feu et tu es venu t'asseoir ? »

Le petit frère lui répond : « C'est cette femme bavarde qui veut me raser ».

C'est sans doute parce que cette femme est bavarde que les génies s'emparent du champ sinon elle aurait tout simplement donné du feu au petit génie qui serait reparti aussitôt mais son bavardage l'a amenée à dire une bêtise, à faire une promesse qu'elle ne pouvait pas tenir et par la suite elle se trouve dans la situation fâcheuse qui aura des conséquences négatives qui causeront d'énormes préjudices ( un moral et un matériel) au cultivateur. Sur le plan moral, la présence des génies dans la cour va plonger le cultivateur dans un état de stupeur :

« Quelque temps après, le mari revient et voit sa cour remplie de génies. Pris de peur, il ne s'approche pas. Il reste à distance et demande à sa femme :

« Pourquoi ces génies sont-ils dans la cour ? » [...] le mari lui jette le couteau qui était dans sa poche, laisse les termites et s'enfuit ».

Sur le plan matériel, le cultivateur va perdre tous ses biens

« Quand les génies s'aperçoivent que les propriétaires du champ ont pris la fuite, ils prennent tout ce qu'ils trouvent : moutons, chèvres, poules, pintades. Ils les tuent et les mangent. »

Par ailleurs, ce préjudice matériel subi par le cultivateur va s'étendre à tous les habitants de cette région soucieux d' avoir un champ. L'extrait qui va suivre est significatif à ce sujet :

"Depuis ce jour, quand quelqu'un demande un champ, le chef de terre exige soit un mouton, soit une chèvre, soit une poule ou une pintade pour l'offrir aux génies. C'est cette femme qui a provoqué cela : habituer les génies à manger les animaux".

Dans le conte n°11 "les coépouses" Le personnage principal est le mari des coépouses, une fois de plus nous avons à faire à un personnage anonyme dont nous n'avons le portrait moral et physique qu'à travers quelques indices donnés par le narrateur. Sur le plan social nous savons que c'est un polygame de deux femmes : « un homme qui avait une femme. Un beau jour, il décida d'en prendre une deuxième ». Son activité principale c'est les travaux champêtres : « Un beau matin, leur époux les devança au champ. [...] Et voici qu'un jour, en allant au champ apporter le repas à son mari ». Si sur le plan physique nous n'avons aucun indice, nous avons en revanche quelques indices qui nous amènent à penser qu'il s'agit d'un homme très coléreux capable de tuer : « Depuis ce jour elle fut soupçonnée. Son mari lui demanda de nouveau : « Où as-tu laissé ta coépouse ? ».

Il menaça de la tuer si elle n'avouait pas. Elle eut peur, et finit par avouer. "

Dans le conte n° 12 "La jeune fille et le lion" Le personnage principal est incontestablement la jeune fille qui a pour nom Warimangan. Sur le plan physique nous savons qu'elle est jeune, bien que cela ne soit pas préciser, nous pouvons dire que sur le plan moral nous avons à faire à une jeune fille très courageuse, qui malgré son âge, et son sexe est une gardienne des champs et plus précisément des champs où l'on rencontre beaucoup d'animaux sauvages : « Ses parents l'envoyaient garder les champs. Leurs champs étaient loin du village dans un endroit où il y avait beaucoup d'animaux sauvages ». Mais la présence de ces animaux sauvages n'ébranle pas le courage de la jeune Warimangan qui va contre toute attente s'opposer au roi de la forêt. En effet, un lion qui avait remarqué que la jeune fille venait seule aux champs décide un jour de la dévorer, il s'avance vers la fille. Malheureusement pour lui c'était sans compter avec le courage de celle-ci qui resta indifférente devant la fureur du lion, et comme par dédain, elle se mit à chanter une chanson qui fit fuir ce dernier. « Le lion en entendant cette chanson, prit peur et s'enfuit très loin ». La victoire de la jeune fille sur le lion montre à suffisance que nous avons à faire à une fille plus courageuse que son papa. « Le lion était maintenant tout près de la fille, et son papa voyant la fureur du vieux lion eu peur, et dit à sa fille Warimangan de répondre comme d'habitude ».

Conte n° 13 "le lièvre et l'hyène" Dans ce conte nous avons affaire à deux personnages principaux : le lièvre de l'hyène, sur le plan social les deux compères sont des éleveurs, ils pratiquent surtout l'élevage des pintades.

Sur le plan physique nous n'avons que le portrait du lièvre qui est fait par son ami l'hyène : « Compère lièvre avec tes gros yeux-là et tes longues oreilles-là ». Ces mots de l'hyène nous décrivent la dimension physique du lièvre qui a de gros yeux et des longues oreilles. Sur le plan moral, le lièvre apparaît comme quelqu'un de réservé qui n'aime pas discuter mais agit plutôt c'est pourquoi face aux propos moqueurs de l'hyène il affirme : « Je n'aime pas les longues discussions ». En outre le lièvre a pour caractéristique fondamentale la ruse, grâce à cette qualité, il va dans un premier temps pour se venger des insultes et du préjudice moral que lui a fait subir l'hyène assommer le fils du lion et le mettre dans le panier de l'hyène :

"Le lièvre dans sa ruse revint dire à l'hyène : "Commère hyène, comme tu n'entres pas dans la forêt, donne-moi ton panier.

Assieds-toi sous l'arbre à karité.

J'irai chercher les termites pour toi.

Il prit alors son panier, le panier de l'hyène.

Il alla assommer le lionceau, le mit dans

Le panier de l'hyène et l'enfouit sous les termites.

En posant cet acte le lièvre qui avait tout planifié savait que le lion constatera l'absence de son fils et se mettra à leur trousse et quand ce dernier les aura rattrapés, il videra son panier et demandera à ce que l'hyène fasse autant. Tout se passa exactement comme lièvre avait prévu, fort heureusement pour l'hyène le trou que lui avait montré le lièvre auparavant se trouvait juste à côté et quand le lion bondit pour le saisir, elle s'y engouffre.

Dans un second temps, le lièvre va user de sa ruse pour aider l'hyène à échapper aux animaux convoqués par le lion pour sa capture.

Au rebours du lièvre qui est une personne calme qui n'aime pas discuter, l'hyène, est une personne qui bavarde beaucoup et aime les discussions. Bref, l'hyène est une cancanière ou comme le dit si bien lièvre une commère. La leçon ou plus précisément la vengeance du lièvre que l'hyène a subie l'amènera à changer de comportement c'est sans doute ce qui amène le conteur à dire que : « depuis ce jour-là elle n'aime plus beaucoup discuter, l'hyène n'aime plus beaucoup discuter ».

Dans le conte n° 14 "l'ingratitude ", le personnage principal est un personnage anonyme, la seule information que le conte nous donne c'est qu'il est de sexe mâle, il est un homme. Le fait que le narrateur prend la peine de l'appeler un homme et non pas un jeune homme peut nous amener à penser qu'il s'agit d'un monsieur qui a un certain âge et qui est peut-être marié. Sur le plan social il s'agit d'un chômeur car il n'est mentionné nulle part dans le conte un métier ou une fonction quelconque qu'il exerce, c'est sans doute parce qu'il est chômeur qu'il est obligé d'aller en brousse à la quête de fruits sauvages pour pouvoir se nourrir. Sur le plan moral nous avons à faire à un homme très généreux, et magnanime qui sait venir en aide aux nécessiteux. C'est cette qualité louable qui l'amène à venir en aide au lion, au singe, au serpent et à l'homme. En effet, il va pendant l'une de ses promenades trouver au fond d'un puits les derniers cités, et sans qu'ils ne lui demandent de les sortir du puits, il va chercher les lianes et les sortira du puits :

Il se penche pour voir s'il y avait de l'eau, et il découvre, au fond du puits, un homme entouré d'un lion, d'un singe et d'un serpent. Il décide de les sortir de là.

Conte 15 "La femme de Mesha'atsang" dans ce conte le personnage principal c'est indubitablement Mesha'atsang. C'est un homme célibataire qui est à la recherche d'une femme, sur le plan social il est un danseur professionnel qui a pour passe temps favori la pêche. Sur le plan moral Mesha'atsang est un homme très gentil qui ne manque jamais l'occasion de venir en aide aux nécessiteux, c'est sans doute parce qu'il est généreux que le narrateur précise avec insistance : « qu'il avait un très bon coeur ». Il va ensuite présenter une situation où ce dernier va mettre sa générosité en exergue.

Il partit un jour à la pêche et trouva

Sur sa route une vieille femme.

Mère, dit-il, donne-moi ton fagot de

Bois, je t'accompagne à la maison.

Il prit le fagot de bois, le porta sur

La tête et accompagna la vieille

Chez elle.

Conte n° 16 "Le fils de Nkan". Le personnage principal de ce conte est Nkan. C'est un polygame de trois femmes. Kooko, Gang et Itïitïi, sur le plan social c'est un cultivateur. Sur le plan moral monsieur Nkan est un homme méchant, cruel et criminel à la limite, pour illustrer sa cruauté, le narrateur va insister sur deux exemples. Dans le premier Nkan coupe les oreilles de son esclave : Le petit esclave dit :

- Maître, voilà qu'on t'appelle

- Ah non ! Cesse de dire des folies

Il lui coupa une oreille et la mit dans son sac.

- Maître, lui dit encore le petit esclave, même cette fois tu n'as pas entendu ?

- Tu continues à me casser les oreilles ?

Il lui coupa l'autre oreille et la mit dans son sac.

Le second exemple est sa volonté manifeste de tuer son fils : « Voyant qu'il était de sexe mâle, Nkan le prit lèboed ! et alla le jeter dans un tas de fourmis et rentra »

Conte n° 17 "Les épouses de Kalak"

Dans ce conte le personnage principal c'est Kalak, c'est un polygame de deux femmes : Kooko et Gang. L'absence des indices sur sa profession et sa dimension morale ne nous permettent pas de nous aventurer dans des hypothèses qui peuvent nous amener à avoir une idée sur ce qu'il fait. Toutefois ,étant donné le mode de production en cours dans sa région nous pouvons dire qu'il est certainement un cultivateur.

Conte n° 18 "Mesùt-le- Lièvre épouse la fille du roi "

Le personnage principal dans ce conte c'est Mesùt, c'est un célibataire à la recherche d'une épouse. Sur le plan moral, Mesùt est un homme courageux, intelligent, audacieux et très rusé. Ces qualités dont jouir Mesùt bénéficient d'une triple apparition dans le conte. La première apparition c'est lorsque, Mesùt réussit à braver la première épreuve destinée aux prétendants de Ntutuéré et qui, consisterait à aspirer un gobelet de piment réduit en poudre sans éternuer, très rusé, Mesùt va faire imiter les éternuements des prédécesseurs sous forme de moquerie. En le faisant, il va éternuer sans que l'assemblée ne s'en rende compte.

"Voyez comme ils me regardent, ces pauvres animaux. Je me demande ce qu'ils me veulent. Tiens, je me rappelle ! Ils croient que je vais jeter l'éponge comme eux.... Eux qui, depuis trois heures, éternuent à se faire sauter le crâne.

Atchoum ! Atchoum ! Atchoum ! Atchoum !

Seconde apparition : Mesùt réussit la deuxième épreuve où il fallait que le vainqueur se trémousse jusqu'à ce que ses pieds se noient dans un torrent de sueurs émanant des trépignements. Très ingénieux, Mesùt va se faire coudre un boubou dans lequel il va cacher de l'eau lorsqu'il entreprendra ses trépignements, l'eau se mettra à couler à flots au point d'inquiéter le roi.

"Un grand jour comme celui-ci mérite d'être fêté parce que notre roi donne sa fille en mariage : il mérite faste et solennité. Moi, je danse toute ma joie en ce grand jour ... Kpata...Kpata...Kpata...

L'au coulait alors, drue.

- Quel torrent ! Cria le roi émerveillé. Nous serons inondés à ce rythme.

Troisième apparition : Mesùt qui a toujours le sens de l'anticipation demande au roi de lui procurer une grande outre, et grâce à cette outre, il parviendra à échapper à l'embuscade que lui avait tendu les autres prétendants, qui, dans leur manque de fair play estimaient que Mesùt ne méritait pas la sublime Ntùtùre. Mais hélas pour eux, Mesùt avait flairé le danger et entra dans l'outre avec sa femme et roula vers son village en mettant en garde ses ennemis d'être sur leur garde car Mesùt arrivait.

- Soyez vigilants ! Je sors du palais à l'instant. Mesùt arrive de la cour avec sa femme, sur un cheval bien chargé. Je suis venu juste pour vous mettre la puce à l'oreille et vous demander de l'attendre de pied ferme.

Ainsi roulait-il vers son village se jouant de tous ceux qui lui tendaient des embuscades.

Conte n° 19 "Mesùt le lièvre sauve un chasseur"

Dans ce conte nous avons affaire à deux personnages principaux : le crocodile et le chasseur.

Le premier cité est sur le plan moral un personnage qui incarne la duplicité à travers son caractère dualiste qui l'amène selon la situation dans laquelle il se trouve à être bon ou méchant. Le crocodile bon est celui qui se trouve dans une situation piteuse où il a besoin d'assistance, à ce moment précis il devient inoffensif, courtois, poli et très doux. Ces qualités louables se vérifieront lorsque le crocodile et ses enfants auront besoin du concours du chasseur pour retourner dans le fleuve, dans sa douceur apparente il va encenser le chasseur en ces termes :

- Soyer le bienvenu, sire ! qui que vous soyez et quel que soit ce que vous cherchez, que la paix soit avec vous. Vous êtes le plus distingué des visiteurs de ce bois.

- Nous vous en prions, visiteur éminent, voyez notre misère. Mes enfants et moi sommes perdus du fait de la sécheresse. Sauvez-nous et nous vous en saurons gré. Vous aurez une récompense, la plus belle et la plus grande qui soit. Songez seulement qu'aucun animal vertébré tétrapode ne vous a jamais tenu un tel langage.

Face à ce discours pathétique à même de transformer un orage en un agneau ou comme le dit le conteur capable de « jeter le désarroi dans l'âme la plus endurcie », le chasseur va abandonner sa casquette de chasseur pour porter celle d'un assistant social et tel un sapeur pompier il va affronter tous les obstacles qui se trouveront sur son chemin et déposera le crocodile et ses enfants au milieu du fleuve. Mais une fois dans le fleuve, le crocodile sympa, poli, doux et larmoyant va subitement se métamorphoser en un crocodile ingrat arrogant, hautain et méprisant et dans sa morgue il dira au chasseur qui attendait qu'il lui exprime sa gratitude :

- Misérable homme que tu es ! Eh bien ! Tu n'as plus qu'à agir en homme ! Est-ce que tu peux imaginer le nombre de jours que j'ai passé avec mes enfants sans avoir quelque chose à me mettre sous le croc ?

- Silence ! Ici et maintenant, mes enfants et moi avons faim, très faim.

Nonobstant le déplaisir du cheval et de l'âne qui réduisent le chasseur à leur maître au point de l'étiqueter de méchant pour le premier « c'est un être très méchant. Regarde mon corps tout couvert de contusions et de blessures. Il monte sur moi et me fouette chaque fois sans raison. » Et de monstre pour le second « Joues-tu avec ce monstre placé devant toi ? ...voyez je suis criblé de cicatrices et de cors. C'est lui qui est la cause de toutes mes misères. Il est clair que tant qu'il vivra, la gent animale ne s'épanouira point ». Le chasseur est dans ce conte un homme qui a un bon coeur, un homme généreux, altruiste qui ne supporte pas de voir un être vivant en détresse. Ce sont ces qualités qui le pousseront à venir en aide au crocodile et ses enfants en les conduisant au fleuve. Toutefois, on peut se demander si ce caractère bonasse du chasseur n'est pas plutôt de la naïveté, de la crédulité car comme le rappelle le conteur, c'est : « Fort de l'idée que ces bêtes affaiblies et décontenancées seraient une proie facile » que ce chasseur pourtant très habile décide d'aller à la quête du gibier. Mais une fois sur les lieux, il va oublier ce qui l'a amené en forêt et jouer le rôle d'un membre de la croix rouge en ramenant le crocodile et ses enfants dans le fleuve, fort heureusement pour lui Mesùt le lièvre qui passait par là le sauvera d'une mort certaine et ce n'est que dans l'extrait qui va suivre que le lièvre amènera le chasseur à se rappeler ce qu'il était venu faire en forêt.

- Qu'es-tu donc venu chercher ici demanda Tita Mesùt au chasseur ?

- Je me rendais à la chasse

- Et qu'allais-tu chercher ?

- Du gibier.

- Oh ! mon brave homme, je suis étonné que tu te fasses du mouron. Qu'as-tu devant toi ? l'homme est la seule créature à pouvoir accéder à la réflexion, et vous voulez vous laisser accroire par une bête, fût-elle gigantesque ?

Machinalement le chasseur défit son fusil et tira plusieurs coups, tuant le crocodile et ses enfants.

Conte n° 20 "La destitution de Memvù le chien"

Comme dans le conte précédent, nous avons dans ce conte affaire à deux personnages principaux à savoir Memvù le chien et Mesùt le lièvre. Sur le plan moral tous deux ont des qualités et des défauts. Memvù le chien a pour qualité fondamentale son impartialité, qualité idéale pour un chef, c'est donc à juste titre qu'il est désigné chef par les autres animaux qui, en le désignant étaient conscients du fait que le chef est celui qui est parfois appelé à juger les litiges qui opposent les animaux, et pour qu'il ait une véritable justice, il faut que le chef soit impartial. Mais hélas pour le chien, il présente des défauts qui camouflent ses qualités, parmi ceux-ci on peut relever la gourmandise, le museau léger bref Memvù est un goinfre et c'est tous ces défauts qui seront à l'origine de sa destitution car si tous les animaux étaient d'avis que leur chef devait être impartial, ils étaient aussi tous d'avis que leur chef ne devait pas avoir le museau léger c'est pourquoi lorsque le chien fait un bond sur les restes de crabes et d'os que le lièvre avait lancé devant lui, les animaux stupéfiés déclarent à l'unisson : « Non...un roi ne doit pas avoir le museau léger ! C'est ridicule ! Nous ne méritons point un tel roi ».

Mesùt le lièvre a pour défaut la jalousie, il jalouse le chien parce que ce dernier a été désigné le roi des animaux, ce sentiment qui pousse souvent les envieux à utiliser tous les moyens même les plus illégitimes pour parvenir à leurs fins va amener le lièvre à ourdir une trame qui conduira à la destitution de Memvù. Bien qu'il soit un envieux, nous devons tout de même relever que le lièvre pour parvenir à ses fins utilise la ruse. Dans la ruse, le lièvre va attendre son tour de révérences au roi pour faire un dithyrambe en ces termes :

- Majesté, roi des rois, paix ! Ta face est plus vulnérable que la cime des montagnes ! Ton noble front renferme sans doute une idée propre à révolutionner les peuples qui tournent le dos au soleil ! Tu n'es certes pas le plus géant de tous les êtres, mais tu es l'élu de la nature.

Très flatté par ses louanges, le chien ne doutera de rien et baissera la garde, le lièvre qui savait à l'avance que le chien est un goinfre en profitera pour l'appâter en lançant devant le roi un crabe et un os. L'effet escompté par le lièvre se produira, le chien bondira sur ces restes sans se douter que ce geste sera fatal pour lui, il sera destitué de ses fonctions de roi au profit du lièvre.

Conte n° 21 "La dette de Kimanga la tortue"

Dans ce conte nous avons à faire à deux personnages principaux : Kimanga la tortue et kùpù le porc. Ces deux personnages ont des portraits moraux antithétiques, le premier à savoir Kimanga est un gaspilleur ou un dépensier dans la mesure où il dépense sans penser à demain. En effet, Kimanga et sa femme vivaient dans la misère jusqu'au jour où Kùpù leur a emprunté un peu d'argent, au lieu de mener une vie modeste en faisant des économies et en continuant de vaquer à ses travaux champêtres, Kimanga et sa femme ne vont pas songer à faire leur grenier. Bien au contraire, ils vont se mettre à faire bombance en oubliant que ce n'était que de l'argent emprunté qu'ils devaient rembourser dans un délai qu'ils avaient eux-mêmes fixé et c'est ainsi que l'échéance arrivera et Kimanga ne pourra pas rembourser son créancier.

Kimanga est un homme ingrat dans la mesure où il refuse de rembourser l'argent que lui avait emprunté Kùpù quand il vivait dans la misère avec son épouse. Mais au lieu d'exprimer sa gratitude à l'endroit de celui qui leur a sans doute éviter une mort certaine « A cette allure nous allons crever avant les pluies ». Il va plutôt penser à un plan machiavélique qui lui permettra de ne pas rembourser sa dette. Et c'est ainsi qu'il abusera de Kùpù et ne remboursera jamais sa dette, cette situation sera condamnée par tous les animaux et leur inspirera de la méfiance à l'égard de Kimanga :

Depuis ce temps toute la gent animale se méfie de Kimanga la Tortue et personne n'entretient plus avec lui des rapports amicaux. Son acte d'ingratitude fut condamné par tous et l'on se demanda pourquoi cet obscur personnage avait un coeur de pierre et toujours prompt a rendre le bien par le mal.

Nonobstant ses deux défauts à savoir le gaspillage et l'ingratitude, Kimanga demeure un personnage très rusé, quoique cette ruse soit orientée vers le mal, elle demeure une ruse qui lui a permis de ne plus rembourser sa dette. Après avoir fait bombance avec l'argent qu'il avait emprunté, ce dernier qui n'avait pas fait son grenier se trouvait dans l'incapacité de rembourser sa dette. Face à cette situation, il va décider d'abuser de la générosité de son bienfaiteur. Pour ce faire, il va user d'une ruse qui consistait à remplacer la pierre à écraser de sa femme par sa carapace et lorsque Kùpù arriva et constata son absence, il se mit en colère et ramassa la pierre à écraser et le jeta dans la brousse. Revenu des champs où il venait d'être jeté, Kimanga demanda à Kùpù de remettre la pierre à écraser de sa femme afin d'être remboursé. Kùpù alla dans les champs mais ne retrouva pas la pierre à écraser et c'est ainsi que Kimanga ne remboursa plus jamais sa dette. A l'opposé de Kimanga qui est un homme miséreux et ingrat, Kùpù est un homme bien fortuné, un homme qui a une bourse pleine et vit dans l'opulence. C'est sans doute pourquoi il est sollicité par le couple Kimanga pour un prêt d'argent. Outre cette richesse matérielle, Kùpù est sur le plan moral un homme généreux, très sensible et compatissant face à la misère des autres. C'est cette qualité qui le pousse à faire un prêt à Kimanga. Mais à côté de ces qualités louables, Kùpù a un vilain défaut qui est la brutalité.

Conte n° 22 : " L'Origine du divorce ".Le personnage principal de ce conte est une femme anonyme, sur le plan professionnel c'est une cultivatrice qui cultive « un grand champ de maïs qui s'étend à l'infini. Sur le plan civil c'est une femme mariée à un chasseur. Si le narrateur accorde peu d'importance à la dimension physique de la femme, il attache en revanche une attention particulière à sa dimension morale et il insiste notamment sur son courage.

Dans le conte nous avons deux situations où ce courage est mit en exergue. Le premier acte de bravoure de la femme intervient lorsque son mari refuse de l'aider à chasser les gorilles qui pillaient régulièrement ses récoltes, face à ce refus, elle décide d'aller elle-même à la chasse aux gorilles. Le narrateur nous apprend ce qu'il suit :

Elle emporta au champ le carquois et l'arc de son mari pendant que celui-ci dormait. Arrivée là-bas, elle se mit à l'affût, bien cachée derrière un buisson. Peu de temps après, tout un groupe de singes arriva pour prendre le petit déjeuner. La femme sorti une flèche du carquois et la décrocha sur le plus gros d'entre eux, leur chef, qui s'écroula. Les gorilles s'enfuient en emportant le corps inanimé de leur chef

Le second acte de bravoure c'est lorsqu'elle s'en va seule à la quête de la flèche de son mari au village des gorilles manifestement en colère après, l'assassinat de leur chef. Nonobstant son crime et le fait que « Des centaines de gorilles immenses et féroces s'étaient réunis pour pleurer autour du corps de leur chef mort », la femme pénétra dans le village des gorilles où elle séjourna pendant quelques jours et parvint à récupérer la flèche de son mari. Si cette femme peut être citée comme exemple de bravoure, nous pouvons tout de même regretter son caractère de femme très intransigeante, intolérante et impitoyable dans la mesure où elle n'accordera pas une seconde chance à son mari et préférera divorcer c'est sans doute cette intransigeance qui amène le narrateur à nous rappeler : qu' « une fois rentrée chez elle, elle donna la flèche à son mari et décida de le quitter. »

Conte n° 23 :  "Et le ciel recula  "Le personnage principal de ce conte est incontestablement le ciel. La seule précision que nous avons de ce personnage et qui, puisse faire l'objet d'un commentaire c'est sa dimension morale, qui, est celle d'une personne impitoyable, intolérante et très coléreuse. En effet, dans le conte le ciel nous laisse voir à travers sa conduite qu'il est un être impitoyable dans la mesure où il décide de prendre une décision sans appel à l'endroit de tous les hommes alors qu'il a été victime d'un malheureux accident causé par inadvertance et par maladresse d'une jeune femme qui, après avoir fini de cuire sa pâte à maïs avait versé de l'eau qui s'éleva et alla cogner la voûte céleste. Au lieu de considérer cet acte comme une maladresse ou un acte indélibéré, le ciel se fâcha et décida de s'éloigner de la terre, l'extrait qui va suivre est à ce sujet très significatif.

Malencontreusement elle remua la marmite en tout sens ; puis, d'un geste distrait, elle lança le contenu bien haut de toutes ses forces.

Malheur ! L'eau s'éleva si haut qu'elle s'en vint cogner la voûte céleste.

Le ciel, bien entendu, se mit en colère. Il gronda de plusieurs coups de tonnerre sans qu'il fasse réellement de l'orage. Mais cela ne suffit point à l'apaiser

- Que ferais-je pour manifester mon mécontentement ? Dit-il à nouveau, dans un roulement sourd.

- Tomber de toute ma puissance sur cette femme ? Cela ne convient pas à ma grandeur : je ferais mieux tout simplement de me mettre désormais hors de portée des humains.

Conte n° 24 : "Pourquoi y a-t-il tant d'idiots de par le monde ? ".Dans ce conte, nous avons affaire à trois personnages principaux anonymes. Si nous n'avons aucune précision sur leurs dimensions physiques, nous savons néanmoins qu'ils ont au moins un dénominateur commun : ils sont fondamentalement idiots ; et, cette idiotie semble être à l'origine de tous leurs malheurs car ils sont visiblement membres d'une société de gens très intelligents qui les a marginalisés et les a chassés du village : « trois idiots qu'on avait chassés pour leur bêtise se retrouvèrent à une croisée de chemins ». C'est sans doute pour justifier leur exclusion de leur village respectif que le narrateur nous raconte quelques situations où les trois idiots ont fait valoir leur idiotie durant les épreuves que leur avait proposés un vieux pour tester leur degré de sottise.

"Le vieux répliqua, je vais vous mettre à l'épreuve. (...), il demanda au premier idiot : va à la pêche ! Et au deuxième "va dans les fourrés et tresse des cordes" puis au troisième "apporte-moi les noix ! (...) Le premier s'arrêta au bord d'une mare et se mit à pêcher. Quand son carrelet fut plein, il eut tout d'un coup soif. Il rejeta tout le poisson dans l'eau et rentra boire à la maison.

Le vieux lui demanda :

"Où sont les poissons ?

Je les ai rejetés à l'eau. La soif m'a pris et j'ai dû vite rentrer pour me désaltérer

Le vieux se fâcha : "Et tu ne pouvais pas boire à la mare ? "

"Tiens, je n'y ai pas pensé"

Pendant ce temps, le second idiot avait tressé un tas de cordes et se préparait à rentrer. Il s'aperçut qu'il n'avait pas de corde pour les attacher. Alors, il courut en chercher à la maison (...)

"Et pourquoi n'as-tu pas attaché ton tas avec l'une des cordes ?

"Tiens, je n'y ai pas pensé"

Le troisième idiot grimpa sur un cocotier et montra les noix de coco à son bâton :

"Tu vas jeter par terre ces noix compris ? "

Il descendit et commença à lancer le bâton sur le cocotier, mais il ne fit tomber aucune noix. (...)

"Puisque tu étais sur le cocotier, pourquoi n'as-tu pas cueilli les noix à la main ? "

"tiens, je n'y ai pas pensé :

Le vieux comprit qu'il n'arriverait à rien avec les trois sots. (...) et les chassa tous.

Conte n°25. "Le roi qui voulait marier sa fille . "Le personnage principal de ce conte est un roi d'un village anonyme. Son titre de roi nous laisse deviner qu'il a au moins une femme puisqu'il n'existe pas de roi célibataire en Afrique. Sur le plan moral il s'agit d'un personnage très exigeant et qui se croit très futé ; il est exigeant parce qu'il ne veut marier sa fille qu'à quelqu'un de son choix et trouve des défauts à tous les prétendants qui se présentent :

"Les prétendants arrivaient de toutes les contrées pour essayer d'obtenir la main de la merveilleuse princesse. Le roi n'en trouvait aucun à son goût. L'un était trop pauvre, bien que fils de roi : "Va-t-en pantalon troué. L'autre trop vilain : "Il est laid, on dirait un grain de riz", le suivant trop rustre "regarde moi ce garçon ! " et ainsi de suite. Une année passa et le roi n'avait toujours pas trouvé son gendre.

Ce roi se croit très futé parce que de la bouche du narrateur nous apprenons que :

« Pour pouvoir la marier avec quelqu'un de son choix, il décida de l'enfermer dans une case sans porte. Ainsi ,il était sure qu'elle ne tomberait pas amoureuse de n'importe. »

Mais, ce qui arrive le plus souvent à ceux qui se croit trop malin lui arriva et c'est ainsi qu'à la place d'un beau père très heureux pour avoir choisi son gendre, nous aurons à la fin un grand-père malheureux parce que tourné en dérision par un petit écureuil qui avait réussi à engrosser sa fille malgré toutes les précautions qui avaient été prises par le roi pour éviter cette situation qu'il trouvait humiliante et déshonorante pour la famille royale.

Conte n° 26. "Les trois antilopes". Dans ce conte, nous avons deux personnages principaux qui sont des antilopes. Sur le plan psychologique elles sont des geignardes mais, leurs geignements ne sont pas toujours fantaisistes, ils sont parfois justifiés dans la mesure où ces deux antilopes sont des femmes et nourrissent comme le plupart des femmes l'envie d'être mère. Or, pour ce faire elles ont besoin d'un mâle ; c'est dont à juste titre qu'elles se plaignent continuellement à l'esprit des eaux qui finit par les combler en leur donnant un mâle.

"Ces plaintes incessante agaçaient prodigieusement l'esprit des eaux, qui habitait la fontaine à laquelle les antilopes venaient s'abreuver. Exaspéré il leur dit :

Je suis las de vos lamentations. Je vous, promets de transformer en antilope mâle le premier animal qui viendra boire à ma fontaine ainsi, vous serez trois. "

Conte n° 27. " Comment le tambour est arrivé sur la terre " .Le personnage principal de ce conte c'est incontestablement le renard. La seule information que le narrateur nous laisse voir c'est qu'il adore danser qu'il trouve que monter chaque fois au ciel quand il a envie de danser est un véritable labeur et décide de ramener le tambour sur terre afin de pouvoir danser chaque fois qu'il jugera bon de le faire.

« Pourquoi faut-il laisser le tambour au ciel ? Il serait bon de l'avoir sur terre, à portée de main ! Cela éviterait de devoir grimper pendant des heures sur la corde. Il n'a qu'une envie, emporter le tambour avec lui ».

Conte n° 28" Le prince de la pluie" . Le personnage principal de ce récit est un jeune homme appelé Devi. C'est un orphelin de mère qui a perdu sa maman le jour de sa naissance. Il vit avec son papa dans une forêt éthiopienne. Le narrateur du conte décrit ce personnage d'une manière presque scientifique car le portrait de ce jeune homme se confond à une véritable carte d'identité où l'on peut lire :

Non : Devi

Sexe : Masculin

Age : dix huit ans

Signes particuliers : cheveux bruns et bouclés.

A la suite de cette description scientifique, l'on peut ajouter sa beauté. « un garçon aux cheveux bruns et bouclés, (...) beau et aussi aimable »

Sur le plan moral c'est un jeune homme poli, obéissant et courageux. C'est sans aucun doute ces qualités louables qui feront de lui le futur gendre du roi du royaume d'Anga.

Conte n° 29  "Les trois soeurs et Itrimoubé" : Le personnage principal de ce conte c'est la jeune Ifara, elle est la benjamine de sa famille. Sur le plan physique, le narrateur nous apprend que c'est une jeune fille jolie, mais cette joliesse sera à l'origine de tous ses malheurs car ses soeurs aînées Raïvou et Ramatou seront jalouses d'elle et tenteront de la tuer afin qu'elle ne puisse pas épouser un grand chef.

Sur le plan moral, le corbeau et le milan qu'Ifara voulait encenser parce qu'elle se trouvait en danger nous rapportent qu'elle est une fille bavarde ils disent respectivement : « tu n'aurais pas dû raconter que je mangeais des arachides vertes ! », et « tu n'aurais pas dû raconter que je mangeais les rats morts ». Le narrateur renchérit en disant que : « la pauvre Ifara regrettait bien d'avoir été si bavarde. » Par ailleurs, la jeune fille est une flatteuse par occasion. Et, elle le démontre lorsqu'elle ne parvient plus à trouver son chemin pour retourner chez elle. Elle tentera d'encenser à travers une chanson tous les oiseaux qu'elle trouvera sur son passage afin que l'un d'eux puisse la ramener vers le puits de son père, à l'endroit du milan elle chantera :

"Mon beau milan, mon beau milan"

"Je lisserai tes plumes grises"

"Si tu veux m'emporter avec toi"

Vers le puits de mon père. "

Conte n° 30 : "L'histoire de Raboutity " . Le personnage principal de ce conte a pour nom Raboutity, mais nous n'avons aucune précision sur sa dimension morale et physique, nous ne savons par exemple pas s'il est vieux ou jeune, marié ou célibataire et quelle est sa profession.

* 31 Philippe Hamon, le personnel du roman, Genève, Droz 1983, P. 220.

* 32 Yves Reutier, Introduction à l'analyse du roman, 2ème édition, Paris Dunod 1996.

* 33 Philippe Hamon, « Pour un statut sémiologique du personnage », in poétique, Paris, édition du seuil, 1979, P. 128 .

* 34 Ibid P.140.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard