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Prostitution des mineures et utilisation des préservatifs à  Kavumu

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par Blaise Masirika Irenge
Université des pays des grands lacs  - Master 2012
  

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D.3. FACTEURS INFUENCANT L'UTILISATION DES PRESERVATIFS CHEZ LES MINEURES PROSTITUEES

Dans notre échantillon, 59% des enquêtées affirment faire des rapports sexuels avec utilisation de préservatif contre 41 % qui disent ne pas l'utiliser, il revient de préciser que cette utilisation n'est pas exclusivement féminine dans notre cas. Saida Bennai-Bouraï et al ont trouvé dans leur enquête réalisée auprès de 232 lycéens de Caen ,un taux d'utilisation de préservatif de 66 % lors de tous les rapports [19].Nous pensons que cette légère différence serait justifiée par le niveau d'instruction élevé de ces lycéens par rapport à nos adolescentes mineures prostituées, et aussi le contexte dans lequel s'exerce l'acte sexuel est totalement différent . Blaise Songo and all quant à lui a remarqué une proportion d'environ 22.5% chez les hommes Mossi du district sanitaire rural de Kaya au Burkina Faso [20].Cette étude ayant était fait en milieu rural, est de ce fait plus rapproché de la notre quoique le contexte ne soit pas totalement le même. En effet Songo a fait son enquête sur toute la population en âge de procréer alors que nous, nous avons ciblé une population spécifique des mineures prostituées. Régina GÖRGEN and all ont constaté que seulement 29% de leur échantillon constitué des jeunes célibataires en Guinée urbaine, utilisaient le préservatif [21].

Dans l'ensemble, cette usage de préservatif se justifie par sa grande particularité liée à la double protection :- la protection contre les maladies sexuellement transmissible et VIH/SIDA et -la prévention contre la survenue des grossesses [23]. Les grossesses sont perçues comme dangereuses pour l'avenir scolaire des adolescentes qui étudient encore, pour la survie des mineures prostituées car elles limitent la capacité fonctionnelle de celles-ci avec réduction sensible de revenu et augmentation des charges familiales suite à l'agrandissement de la taille familiale déjà nombreuse et mal au point.

Nous remarquons les raisons de non utilisation de préservatifs qui sont avancées par nos sujets d'enquête ce : l'insatisfaction sexuelle de la fille et l'ignorance de l'importance du préservatifs sont les principales causes de non utilisation de préservatifs avec 36% chacune. Le refus de l'homme revient en dernière position avec 28 %. Dans l'étude organisée en Guinée-Conakry chez les prostituées on a constaté que l'utilisation du préservatif engendre par ailleurs un mécontentement des clients qui peut provoquer une perte de revenus totale ou partielle : «C'est un grand problème (faire utiliser la capote aux hommes). La majorité ne veut pas utiliser. Ils augmentent le prix pour ne pas utiliser. A par cela nombreuses croyances plaidaient en de faveur de cette utilisation notamment celle selon laquelle le lubrifiant du préservatif serait responsable de certains symptômes que les femmes perçoivent comme étant potentiellement dangereux à long terme [16]. Aloys HAKIZIMANA dans son livre « Naissance au Burundi entre traduction et planification » a écrit qu'une panoplie de représentations négatives des contraceptifs modernes comme celle de condom obstacle au plaisir sexuel, n'est pas fiable, peut se perdre dans le vagin et entraîner la mort de la femme [21].

Il ressort de notre étude que les filles plus âgées (15 à 17ans) utilisent presque deux fois plus le préservatif par rapport aux plus jeunes (moins de 15 ans) cette différence n'est pas statistiquement significative. Ce taux d'utilisation est plus important quand le premier rapport sexuel a eu lieu dans la tranche d'âge de 14à16 ans et moins important quand l'âge est = à 12 ans. Cela s'expliquerait par l'accès à l'information sur l'utilisation et les avantages de préservatifs plus élevé chez les adolescentes âgées suites à l'expérience, l'instruction et la multitude des sources d'informations auxquelles elles ont accès par rapport aux plus jeunes . Il ne serait pas exclus que l'extrême précocité des premiers rapports sexuels soit liée aux conditions de vie familiale extrêmement difficile avec tous ses corolaires en terme de capacité ou pouvoir de négocier l'utilisation du préservatif, bas niveau d'instruction, climat familial détérioré, etc.

La scolarisation n'influe pas sensiblement sur l'usage de préservatif quoi que nous ayons un taux élevé chez les filles scolarisées (60%) par rapport aux non scolarisées (41.1%) cette situation pourrait être liée à la présence de peu d'effectifs des mineures prostituées scolarisées.

L'utilisation du préservatif varie de manière significative en fonction du niveau d'instruction avec le taux d'utilisation le plus élevé aux deux extrêmes c'est-à-dire chez les illettrées et les diplômées. Nous pensons que chez les illettrées, elle serait liée aux enjeux futurs en effet il est fort possible qu'elles aient réalisé la précarité extrême des conditions dans lesquelles elles vivent avec leur famille. La venue d'un enfant peut compliquer dangereusement leur vie et celle de leur famille. L'apparition des maladies IST/VIH peut aussi diminuer leur revenu déjà insuffisant pour survivre et, en plus, comme dans l'étude Guinéenne sur la prostitution, les aspirations futures comme le changement de statut (le mariage) amènent les prostituées à faire plus attention à leur état de santé et à la préserver [16]. Nous pensons également que les perspectives d'avenir limitées pour les illettrées pourraient être un des éléments déclenchant le reflexe de conservation de l'unique outil de production : leur corps.

Pour les diplômées, il est évident que le niveau d'instruction avec diversification des moyens et opportunités d'accès à l'information en rapport avec le préservatif est le facteur prédominant.

Les partenaires des filles de notre échantillon qui exercent la profession d'artisan, fonctionnaire des ONG, Agent de bar, enseignant, cinéaste, motard et chômeur utilisent à 100% le préservatif. Les professions avec le plus faible taux d'utilisation des préservatifs sont toutes les autres catégories et les élèves. Nous pensons que ces petites différences sont liées au hasard et qu'il n'ya pas de professions exercées par les hommes qui les prédisposent à ne pas utiliser le préservatif.

La résidence des filles enquêtées non plus, n'intervient pas dans l'utilisation de préservatif quoique sous d'autres cieux il a été prouvé que le milieu influe sur l'usage des contraceptifs notamment au point que les gens qui habitent en milieu urbain ont le taux le plus élevé d'utilisation des méthodes de planification que ceux vivant en milieu rural [22]. Notre étude a été effectuée en milieu rural et malheureusement nous n'avons pas pu avoir accès aux résultats d'une aucune étude ayant abordé cet aspect en milieu urbain, c'est une brèche ou opportunité pour les autres chercheurs qui viendront après nous.

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