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L'utilisation de téléphone mobile et dynamiques des acteurs dans l'espace urbain de Bamako

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par Issa FOFANA
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Master II 2010
  

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Dédicaces

Je dédie ce mémoire :

à mes parents, qui m'ont donné l'affection et le soutien sans lesquels, je ne pouvais pas atteindre ce niveau.

à ma fille, Djita FOFANA, qui se sert du téléphone mobile pour relier Sanar et Bamako constamment pour avoir de mes nouvelles.

Introduction générale

« Le territoire est plus que jamais là. »

(BRUNET, 1990 : 87)

Beaucoup de questions se posent autour de la disparition de l'espace géographique, loin de disparaître ou de le rétrécir, il est placé au coeur de la préoccupation de plusieurs disciplines. Cette étude sur la relation entre le téléphone mobile et espace passe nécessairement par les acteurs du secteur de la téléphonie mobile.

Cette nouvelle ère de la communication technologique à distance éclate dans un contexte marqué par d'autres mutations de grande ampleur (globalisation de l'économie, urbanisation) qui font peser sur les acteurs économiques, les territoires et les citoyens de nouvelles contraintes. Aujourd'hui, le développement et la compétitivité des régions dépendent largement de la qualité de leur accessibilité à l'information, et plus spécialement à partir des réseaux de télécommunication. Dans les villes, le téléphone mobile est largement inscrit dans le paysage. Autour des rondpoints, de jeunes vendeurs de cartes de recharge prépayées se regroupent le plus souvent. Il est fréquent de voir le sourire des usagers en téléphonant sur les panneaux publicitaires et parfois dans les rues de la capitale.

Dans le District de Bamako, l'une des choses la plus remarquable, est l'augmentation des usagers du téléphone mobile, des antennes de relais sur les collines et les toits des maisons, des panneaux de publicité des opérateurs, des espaces de rencontre pour des jeux gagnant des usagers dans les rues, les familles, les bureaux, les marchés, les restaurants, etc. Partant de ce fait, il nous semble important de se poser la question comment l'espace se réorganise t-il ?

Il revient à l'homme de choisir le style d'organisation spatiale qui lui convient. Le rythme de croissance du téléphone mobile dans la ville de Bamako favorise une réorganisation spatiale rapide de l'espace. En moins de deux décennies, une personne sur deux possède le téléphone mobile.

La manière dont la technologie de la communication influence le temps et l'espace en général, a été beaucoup étudiée par les disciplines en sciences sociales. Cependant, un accent particulier sur la relation entre le téléphone mobile et l'espace urbain mérite d'être analysé parce que la ville est la première zone à être influencée par la diffusion de la téléphonie mobile dans le domaine économique, social et culturel. Le rôle de cet outil de communication est l'un des sujets le plus important dans la recomposition actuelle de l'espace urbain et croît de plus en plus. C'est ainsi que ABLER (1970), un célèbre auteur dans les études de la communication et de l'espace urbain disait que:

[A]dvances in information transmission may soon permit us to disperse information gathering and decision-making activities away from metropolitan center, and electronic communications media will make all kinds of information equally abundant everywhere in the nation, if not everywhere in the world.

Dans le même cadre, en plus de la diffusion de l'information et en donnant un sens particulier, la fin du territoire, à l'espace urbain en matière d'utilisation de l'ordinateur, GILDER (1995) argumente ainsi: "we are headed for the death of cities» due à l'augmentation du nombre de l'ordinateur personnel. Il prétendait que: "cities are leftover baggage from the industrial era." Par ce raisonnement, la ville n'a plus besoin d'accéder à une large activité culturelle et de source d'information parce que la télécommunication peut apporter la liberté individuelle. Cette même question est beaucoup plus accentuée dans l'utilisation du téléphone mobile.

L'avènement de la téléphonie mobile au cours des dernières décennies à Bamako, et son usage populaire, transforment la dynamique de communication, la compréhension des relations spatiales par la réduction de la distance et l'augmentation de l'accessibilité à l'information y compris certains rôles joués par l'ordinateur et de nouveaux services. Dans son essai sur les répercussions des Technologies d'Information et de Communication (TIC), (FATHY, 1991), voit l'avenir de la ville comme celui d'une «télécité» dans laquelle la structure urbaine deviendrait topologique (partie géométrique qui considère uniquement les relations de position), non hiérarchique, et où les rapports sociaux et économiques seraient fortement influencés.

Dans la dynamique de l'utilisation du téléphone mobile, c'est tout un mode de vie urbaine qui est révolutionné. Là où l'on se déplaçait au risque de trouver une boutique vide ou d'absenter un ami ou un parent, le coup de fil permet de vérifier en amont si la personne à qui on s'adresse est sur place ou non. Le gain de temps est essentiel et constitue déjà un changement radical dans les habitudes des usagers.

Les changements des perspectives spatiales de Bamako peuvent être abordés sous deux angles: de perception et de comportement c'est-à-dire la dimension subjective. La dimension subjective de l'espace bamakois se base sur l'usage du téléphone mobile en termes de comportement individuel de la population du territoire de Bamako. Il constitue un élément décisif dans le déroulement du processus d'organisation et de réorganisation spatiale.

Les usagers (considérés ici tant qu'un ensemble d'individu) déterminent la nature et la forme spatiale dans le cadre et les contraintes de leur espace de vie. Ce comportement peut s'exercer en mettant un certain nombre de facteurs : psychologique, culturels, sociaux, en évidence qui influencent et façonnent le processus cognitifs, c'est-à-dire des représentations et des attitudes des usagers de la téléphonie mobile.

A Bamako, le téléphone mobile est solidement ancré dans les habitudes. Il n'est pas non plus exclu de présenter ses condoléances, de féliciter pour un événement heureux (anniversaire, mariage, naissance, baptême, fêtes religieuses ou de fin d'année...) par téléphone de vive voix ou par Short Message Service (SMS)1(*) (à envoi multiple ou à liste). Certains plus compréhensifs que d'autres, mettent tout cela sur le compte des nombreuses obligations liées à la vie en ville. La solution du téléphone mobile s'est ainsi imposée comme la plus simple, la plus économique et la plus rapide. Elle est instantanée et devient de plus en plus accessible, en termes de coût et même de disponibilité de l'offre. D'où l'apport de la dynamique concurrentielle entre les opérateurs dans ce secteur. C'est grâce à cette dynamique que le nombre d'usager de la téléphonie mobile est considérable aujourd'hui.

Le besoin de communiquer est similaire chez les différentes catégories sociales (Riches et pauvres, jeunes et vieux, hommes et femmes). Tout le monde manifeste ce besoin, mais maintenant c'est le téléphone mobile qui est sollicité en fonction de sa rapidité et de son efficacité aujourd'hui. Toute chose qui demande une utilisation forte de la téléphonie mobile ce qui engendre une recomposition de l'espace urbain.

Le téléphone mobile a une influence importante sur l'organisation spatiale urbaine. MORSE, a été un des premiers a démontré cela 1844, par l'envoie d'un message par le télégraphe et plus tard, le téléphone de Baltimore à Washington, en fournissant ainsi une alternative à la circulation physique des messages (GOTTMANN, 1977).

La téléphonie mobile n'est pas analysée seulement ici en tant que moyen de communication mais aussi comme moyen qui peut intervenir dans la recomposition de l'espace. L'étude prend en compte l'ensemble des infrastructures du téléphone mobile en termes de matériels d'occupation et de restructuration de l'espace.

De plus en plus, le téléphone mobile se libère des contraintes du domicile ou du bureau. Il devient totalement urbain, c'est-à-dire qu'il accomplit l'idéal de la ville, fondé sur l'échange, l'insertion individuelle dans de multiples réseaux, en somme la circulation facile de l'information. L'espace urbain (la rue comme les transports collectifs) devra donc accueillir ces nouveaux usages. Les premières questions qu'on se pose lorsqu'on appelle quelqu'un sur son téléphone mobile sont "Où es-tu? (c'est-à-dire le lieu, mais aussi une mise en relation avec d'autre lieu. Il s'agit de faire une distinction entre ici et ailleurs) ; est-ce que je te dérange?", parce que nous n'avons aucun moyen de savoir où il se trouve à cet instant précis. Il peut être dans un marché, une école, au bureau, dans un véhicule, dans une rue, à la maison, etc.

Dans l'histoire, la télécommunication a été souvent vue comme la rébellion de l'homme contre les obstacles du temps et de l'espace et son succès les surmonte (OSLIN, 1999 : 1). Le progrès technologique à la fin du XIXème et au début du XXème siècle a largement contribué à bouleverser la conception du temps et de l'espace et à redéfinir le rapport de l'homme à son territoire (KERN, 1983). Or, depuis quelques années déjà, le phénomène commence aussi à se manifester : les espaces publics sont de plus en plus le théâtre de comportements et d'activités relevant du domaine privé. Si les espaces publics ne sont pas délaissés, l'utilisation qui en est faite s'en trouve quelque peu modifiée.

Ce mémoire est structuré en deux parties : une première partie aborde la politique, les acteurs et les stratégies dans le domaine de la téléphonie mobile dans l'espace urbain de Bamako; enfin une deuxième partie qui souligne la dynamique et la recomposition de l'espace.

* 1 Un SMS est une suite de caractères transmis d'un téléphone vers un ou plusieurs autres téléphones. La longueur d'un SMS est de 160 à 612 caractères, ponctuation et espaces compris, bien que maintenant certains opérateurs permettent parfois de dépasser cette limite moyennant un surcoût. Les premiers SMS datent de 1992, depuis un ordinateur vers un téléphone mobile. A partir de 1995 les terminaux peuvent envoyer des SMS au sein d'un même réseau et depuis 1999, l'envoi de SMS n'est plus limité aux abonnés d'un même opérateur. Le SMS est devenu un mode de communication très répandu particulièrement chez les jeunes comme les étudiants qui restent en contact avec leur groupe par SMS.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery