WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Rapport de stage sur l'enseignement/apprentissage du FLE à  l'école Al-Nahdha d'Abu Dhabi

( Télécharger le fichier original )
par Fatima Zohra Aliouat
Paris Sorbonne-Abu Dhabi - Master 2 français langue appliquée (aire culturelle arabophone) 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2- Distinction faute/erreur :

En didactique des langues étrangères, les fautes correspondent à « des erreurs de type (lapsus) inattention/fatigue que l'apprenant peut corriger (oubli des marques

29 S. Bajriæ, 2009, p. 138

de pluriel, alors que le mécanisme est maîtrisé) >30 Il est donc possible de dire que, dans notre quotidien, les concepts d'erreur et de faute ne sont pas suffisamment distincts l'un de l'autre, et les enseignants ont souvent tendance à les confondre.

Les fautes constituent une réalité inévitable dans le processus de tout apprentissage. Le phénomène de commettre des fautes continue de susciter l'intérêt des linguistes et didacticiens. Le dictionnaire Larousse définit la faute comme << Manquement à une norme, à un principe, à une procédure>. La faute manifeste un écart, une déviation de la norme et peut entraîner des conséquences coûteuses sur le plan scolaire, professionnel et social. L'enseignement d'une langue fondé sur le conditionnement s'engage dans une approche qui ne laisse aucune place à la faute. A travers la procédure stimuls/réponse/ renforcement, l'apprenant est inscrit dans la réussite résultant d'une progression qui atomise les difficultés et où la faute n'existe pas. D'autre part, dans l'approche communicative, la faute est considérée comme une étape transitoire dans l'apprentissage et représente des constructions momentanées de l'apprenant. Les études contrastives essaient de poser un traitement spécifique à la faute qui est vue comme un point d'appui de l'apprentissage. Comprendre pourquoi et quand les fautes se manifestent est ce qui doit intéresser tout enseignant et didacticien.

Frei31a révolutionné la conception de la faute en proposant une cohérence des énoncés considérés étant fautive par rapport à la norme. Selon Frei, les fautes relèvent de la phénoménologie du langage, pourvues de règles et de lois identifiables. Les locuteurs confirmés qui prennent des libertés par rapport à la langue restent des locuteurs confirmés parce qu'ils ne s'écartent pas de ce qui est acceptable et attesté par le groupe linguistique auquel ils appartiennent. Guillaume affirme que << la langue est en ensemble de choses qui sont permises dans le discours. >32. Le locuteur confirmé domine la langue qualitativement et

30 Marquilló Larruy, 2003p,120

31 S. Bajriæ, 2009, p. 140-141

32 Cité dans S. Bajriæ, 2009, p. 106

quantitativement, il a donc plus de choix linguistiques qu'un locuteur qui ne maîtrise pas la langue.

Le locuteur non confirmé ne commet pas les mêmes types de fautes que le locuteur confirmé. Le locuteur non confirmé commet des fautes à cause de sa maîtrise déficitaire du système linguistique. Ses fautes procèdent de la compétence dans le sens Chomskyen. Le locuteur non confirmé ne peut corriger ses erreurs étant donné qu'il n'est pas capable de repérer le dysfonctionnement qui est le résultat de la grammaire intériorisée de sa langue in esse. En revanche, il peut corriger ses fautes qui sont dues à des facteurs psychologiques comme la fatigue, le chagrin et l'inhibition.

« L'erreur n'est pas seulement l'effet de l'ignorance, de l'incertitude, du hasard (...), mais l'effet d'une connaissance antérieure qui avait son intérêt, ses succès, mais qui, maintenant, se révèle fausse, ou simplement inadaptée. »33

Dans l'apprentissage de langues, l'erreur est forcément présente et transitoire. La diminution des erreurs est le signe d'une meilleure maîtrise du domaine de connaissances. Etant donnée l'omniprésence de l'erreur dans l'apprentissage, il est essentiel d'analyser la place qu'elle occupe dans la didactique des langues.

Jusque-là, en pédagogie, l'erreur était généralement considérée de façon négative. Souvent assimilée à une "faute", cette dernière devait nécessairement être sanctionnée pour disparaître.

La distinction entre faute et erreur est étroitement liée à la dichotomie chomskyenne compétence/performance. Selon Chomsky, la compétence renvoie au système des règles intériorisées par le sujet parlant, grâce auquel il est capable de comprendre ou d'énoncer un nombre infini de phrases inédites. La performance est

33 G. Brousseau, cité dans la revue Echanger, avril 1994

la manifestation de la compétence du sujet parlant dans son acte de parole. L'erreur est donc intégrée au système grammatical de l'apprenant et relève d'une maîtrise déficitaire des règles de fonctionnement. La faute est associée à la performance indépendante du niveau de compétence et elle est souvent non répétitive et autocorrective. Certaines situations provoquent davantage l'émergence des erreurs et des interférences compte tenu des convergences qui existent entre le vouloir dire de la langue in esse et la langue à apprendre. D'autres situations de communication entraînent l'émergence des fautes qui sont parfois dues au phénomène de la surgénéralisation.

Les erreurs et les fautes sont inévitables durant l'apprentissage et dans l'emploi d'une langue. Personne ne pourrait dire qu'il parle parfaitement une langue. Le locuteur adulte est plus conscient de l'erreur et il est souvent terrorisé par la peur d'en commettre, ce qui freine son apprentissage. Force est de constater que les élèves de langue prennent moins de risques à s'exprimer en classe car ils ne veulent pas commettre d'erreurs. Dans une classe de langue, « le filtre affectif »34 devrait être bas, c'est-à-dire, que les enseignants doivent veiller à créer une atmosphère « conviviale > afin de minimiser l'inhibition des élèves en les encourageant de s'exprimer sans courir le risque d'être puni chaque fois qu'ils commettent des erreurs.

Il faut attribuer aux fautes un statut de lieu de travail. Toutefois, l'enseignant ne doit pas corriger toutes les fautes systématiquement. Il faut recourir à une correction discrète et favoriser l'expression sur la correction, sans laisser les erreurs se fixer car cela risque d'engendrer le phénomène de fossilisation chez l'apprenant. Les enseignants doivent engager les apprenants dans un processus d'autocorrection à travers une réflexion sur les raisons pour lesquelles ils

34Concept évoqué par Krashen dans «the affective filter hypothesis» pour designer la barrière psychologique qui empêche l'élève d'acquérir une langue à partir de l'information présentée. Le filtre inhibe l'apprentissage

commettent des erreurs. S'agit-il d'une règle qui n'est pas encore maîtrisé ou d'interférences des langues acquises ou apprises antérieurement?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon