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De la réticence des sources officielles d'information face au droit du public à  l'information: cas de la ville de Bukavu en RDC

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par Trésor Makunya Muhindo
Université catholique de Bukavu - Graduat en droit 2011
  

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Section IV. Du manque de professionnalisme de la part des journalistes et ses impacts sur la réticence des autorités

Diverses autorités accusent les chevaliers de la plume de manque de professionnalisme dans la manière de traiter la nouvelle. Certaines disent par exemple que les journalistes extrapolent lorsqu'ils sont en train de donner des nouvelles.

S'il reconnaît que la plupart des autorités n'aiment pas que l'on parle de leurs mauvaises actions, mais plutôt qu'on leur fasse des éloges, Antoine Esenga, vice-président de la société civile d'Uvira, note que, de l'autre côté, certains medias extrapolent : "Au lieu de maintenir la nouvelle telle qu'elle, ils trouvent là une occasion d'émettre leurs points de vue." Un avis partagé par Wabunga Singa, administrateur du territoire d'Uvira, qui dit avoir besoin d'une presse de développement, qui ne se lance pas dans des commentaires.26(*) En 1994 également, le ministre de la presse et de l'information de l'époque, Massegabio Zansu, reprochait aux journalistes d'enfreindre les règles professionnelles en écrivant, imprimant et distribuant des mensonges qui peuvent mettre en danger la paix, l'harmonie nationale et la sécurité publique27(*). Ne peut-on pas considérer que la rétention de l'information par les autorités soit à la base de ce non respect par les journalistes des règles professionnelles ? C'est possible. Nombreux journalistes pensent que point n'est besoin de laisser tomber une nouvelle au motif que l'autorité n'a pas donné son point de vue. Il s'avère qu'à ce niveau, taire la nouvelle serait souhaitable que de la diffuser. Nous estimons que les responsabilités sont tout de même partagées. Si les autorités estiment que les informations mettraient en danger la paix et la sécurité publique, il est plus qu'important que l'autorité se prononce afin de couper court aux spéculations.

Il y a un manque de professionnalisme avéré. En effet, quand on voit le type de papier qui est servi à la lecture ou le type d'emission produite à la télé, on est écoeuré. Des individus, fatigués du chômage, s'improvisent journalistes, transcrivent, transposent, de manière brute et souvent maladroite, dans une langue approximative, ce qu'on leur demande de faire28(*). Ce qui est vrai, ce que des radios des politiciens sont nées comme des champignons en vue de transmettre la voix de leur chef. Des journalistes, par eux engagés, se soumettent alors à toutes les directives. En deux ans, à Béni par exemple, six radios ont été créées par des hommes politiques à des fins électorales29(*).

Les acteurs de la radio et de la télévision officielle, regroupés au sein de la RTNC (Radio télévision nationale congolaise) sont perçus par la population comme ce qu'ils sont réellement : des propagandistes, des haut-parleurs qui diffusent à longueur de journée, "La voix de leur Maître" sans aucun sens critique. Certains vont jusqu'à l'excès de rôle en enjolivant, pour un intérêt ou un autre, le message qui leur a été imposé. Ils donnent leur propre point de vue, toujours dans le sens de celui des autorités locales, usant et abusant de la menace et de l'injure à l'endroit de quiconque ose émettre un avis contraire. Ils sont de ce fait pris en otage par le pouvoir30(*). Nous pensons que ces genres des journalistes ne peuvent pas permettre au public, pourtant destinataires de leur travail, de consommer une information de bonne qualité. S'ils restent toujours dictés par le maitre, qui très souvent n'admet pas que les points de vue des autres politiciens d'obédiences différentes de passer sur leurs chaines.

Ce que reconnait Freddy Mulongo, président de l'association des radios associatives et communautaires du Congo. Pour lui, les dérapages s'expliquent par le contexte difficile dans lequel travaille le journaliste congolais. Un contexte dominé par la pauvreté qui ne lui permet pas de s'épanouir et d'apporter le meilleur de lui-même31(*).

Nous reconnaissons et comprenons la délicatesse de certaines informations qui peuvent être utilisées aussi bien pour informer objectivement que pour simplement nuire, surtout quand la presse ne fait pas toujours montre de responsabilité et d'éthique professionnelle32(*). Il est malheureux de constater qu'en Rd Congo, il n'existe pas une loi sur l'accès aux informations. Bien que lors de son passage à Bukavu, au Sud-Kivu, le vice-président du conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC) a promis qu'une loi sur l'accès aux informations officielles est en pleine élaboration.33(*) Cette loi est d'au tant plus important car elle fixera le mode d'accès aux informations de toute catégorie parce que, rappelons-le, en RDC, toute personne a droit à l'information. Ce droit est d'ailleurs constitutionnel.

* 26 Richard Mwanabuvira, Medias et autorités cohabitent difficilement, Journal Bimestriel Plume citoyenne no 4 , SUPRA, Uganda mai 2012, p. 3

* 27 Adewale Maja-Pearce, Annuaire de la presse africaine, Bruxelles, FIJ, 1996, p. 321

* 28 Charles Mazinga Mashin, "Medias et incitation à la haine et à la violence" in Election, paix et développement en Rd Congo. Prise de position des Universités congolaises, Kinshasa, Publications de la Fondation Konrad Adenauer, 2007, 99.51-52 cité dans, La République Démocratique du Congo, Démocratie et participation à la vie politique : une évaluation des premiers pas dans la IIIième République, compress DSL, Johannesburg, novembre 2010, p. 59

* 29 Paulin Mwithe, Journal Bimestriel Plume citoyenne no 4, Les "Terminators de la presse" décrédibilisent le journalisme, SUPRA, Uganda mai 2012, p. 2, il faut lire tes notes d'IRS pour savoir comment citre un article

* 30 Cyprien Biringingwa, Au Sud-Kivu, le pouvoir fait des journalistes des griots, www.grandslacs.net consulté le 07 juillet 2012 à 17h56'

* 31 AZIZA BANGWENE, "La complexité du paysage radiophonique :cas des radios associatives et communautaires", in Panos Paris, Régulation des médias dans les Grands Lacs : défendre la liberté de la presse ou discipliner les acteurs des médias ?, Nancy cossin, Paris, 2005, p. 64

* 32 Qui est l'auteur de cette oeuvre ?La République Démocratique du Congo, Démocratie et participation à la vie politique : une évaluation des premiers pas dans la IIIième République, compress DSL, Johannesburg, novembre 2010, p. 57

* 33 Information suivie sur Radio Maria ce 17 juin 2012, une radio évangélique, d'obédience catholique émettant de Bukavu, lors de la rétrospective de toutes les informations diffusées la semaine. Pour cette radio, ce vice-Président du CSAC a rencontré les journalistes de la ville, au tour d'ailleurs du commandant provincial de la Police Nationale Congolaise, Gaston Lunzembo Seminlaka et de Solange Lusiku, présidente sectionnaire de l'Union nationale de la presse du Congo (UNPC-Sud-Kivu). Il leur a notamment demandé d'exercer une presse responsable surtout en cette période de conflit à l'Est de la Rd Congo.

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