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Types d'attachement parental et addictions aux drogues

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par Dzodzo Eli Ekploam KPELLY
Université de Lomé - Maà®trise 2010
  

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2.2. Etat de la question

L'objectif du présent travail est d'étudier la relation qui pourrait exister entre les types d'attachement et les conduites addictives. Pour ce faire, nous passons en revue les travaux ayant un lien avec les types d'attachement aux figures parentales et / ou les conduites addictives en vue de la spécification de notre problème.

Bowlby (1954) expérimentait l'existence de liens entre les séparations précoces prolongées et les futurs comportements délinquants et agressifs avant la mise au point de sa théorie de l'attachement. Bowlby (1960) décrivait les peurs phobiques de l'enfant comme des conséquences possibles de l'angoisse de séparation. En 1969, plusieurs recherches effectuées sur certains échantillons psychiatriques montrèrent que la personnalité psychopathique et la dépression, suivies de délinquance accentuée et d'une propension au suicide, étaient associées à de fréquentes ruptures de liens affectifs durant l'enfance. Toutes les formes d'anxiété seraient d'après Bowlby (op.cit.) en relation avec l'attente de disponibilité de la figure d'attachement. En 1980, une étude (Bowlby, Spitz & Goldfarb) a démontré l'existence de lien entre psychopathologies de l'adulte et dysfonctionnements plus ou moins précoces de l'attachement.

Ces différents travaux montrent l'existence d'un lien entre les difficultés de l'attachement et les troubles de comportements mais ne déterminent pas la présence des addictions dans ces troubles de comportements.

Hall et coll. (1990) ont réalisé une étude prospective auprès des alcooliques. Dans leurs explications, les alcooliques ont associé leur rechute à un état de stress. Cette étude, s'intéressant également aux situations ou événements qui peuvent déclencher la rechute des alcooliques, relève la prudence avec laquelle il faut considérer les explications des toxicomanes. Cela signifie qu'il peut avoir d'autres variables intrinsèques à la personnalité du toxicomane que lui-même peut ignorer.

Il s'agit là d'une étude qui a établi une relation entre l'état de stress et la rechute dans l'alcoolisme. Nous voulons dans la présente étude prendre en compte les types d'attachement aux figures parentales et étendre les addictions aux différentes drogues.

Goldberg (1990) met en évidence que les nourrissons (suivis jusqu'à l'âge de huit ans), qui présentaient un lien sécurisant étaient plus compétents intellectuellement et socialement que ceux dont l'attachement était anxieux.

L'expérience de Goldberg conduit à admettre l'existence d'une relation entre la qualité de l'attachement en bas age et les problèmes de comportement à la période scolaire. Notre étude considère les conduites addictives comme étant les problèmes de comportements liés à la qualité de l'attachement contrairement aux difficultés scolaires.

Harris, Brown et Bifulco (1990) ont mené une étude auprès de femmes qui avaient perdu leur mere dans l'enfance. Le taux de dépression dans ce groupe était significativement plus élevé que dans

le groupe témoin : 30% au lieu de 10 %. Sur le plan social, ces femmes avaient eu une carence de soins dans l'enfance ; cela conduisait fréquemment à des grossesses qui survenaient hors mariage et à un choix de partenaire peu étayant, ainsi qu'à des conditions de vie défavorisées. La composante psychologique retrouvait un sentiment de désespoir (hopelessness) important, qui avait débuté dans l'enfance au moment de la perte, associé à un sentiment de manque de maîtrise. Harris, Brown et Bifulco (op.cit.) ont recherché, en plus de ces difficultés, l'existence de styles d'attachement vulnérables (vulnerable attachment styles), c'est-à-dire des difficultés dans les relations interpersonnelles. Ils ont trouvé que c'était ce dernier point qui était relié le plus au risque dépressif.

Il ressort de cette étude que le style d'attachement vulnérable est à l'origine de la dépression mais cette étude n'a pas révélé la possibilité de tomber dans les addictions face à ce style d'attachement vulnérable.

Marlatt et Larimer (1990) dans leur étude initiale sur les alcooliques, ont demandé aux personnes qui avaient rechuté de décrire les situations qui avaient déclenché cette rechute, au moment du suivi. Ils ont constaté que les situations relevées par les alcooliques pouvaient être classées en catégories et que près des trois quart des rechutes étaient associés à trois d'entre elles : les états émotifs désagréables, la pression sociale et les conflits interpersonnels.

Cette étude a bien pu noter certains facteurs psychologiques et psychosociaux provoquant la reprise des conduites de

consommations. Mais, elle n'a pas lié ces facteurs expliquant la reprise des consommations aux types d'attachement parental.

Loeber (1991) affirme qu'il existe une période critique durant l'enfance où des évènements comme la séparation d'avec la mere, une succession de figures maternelles ou une pauvre qualité des soins, font le lit de comportements antisociaux.

Carlson et coll. (1998) ont pu montrer les liens directs entre attachement désorganisé dans l'enfance et risque de troubles dissociatifs à la fin de l'adolescence. C'est dire la gravité d'un tel attachement qui pourrait à lui seul servir de critère de recherche dans ce domaine. Les troubles de l'attachement installés précocement peuvent générer des troubles irréversibles qui vont persister chez l'adolescent puis chez l'adulte sous la forme de difficultés d'adaptation aux évènements et au milieu de vie. En cas d'attachement insatisfait, l'enfant reste collé à sa mere, n'ose pas s'en éloigner, n'ose pas explorer le monde, ce qui altère ses capacités d'apprentissage et peut même dans certains cas entraîner une déficience intellectuelle.

Les études de Loeber et Carlson mettent en évidence une corrélation entre les types d'attachement parental et les comportements délinquants, les problèmes comportementaux de type « internalisation » (dépression, anxiété, incapacité à gérer le stress) mais n'explorent pas les conduites addictives dans les modes de vie des sujets.

Sur la base de leur méta-analyse, Van Izendoorn, Schuengel, Bakermans-Kranenberg, (1999) soulignent que les jeunes dont

l'attachement est insécure désorganisé / désorienté auraient beaucoup de difficultés à gérer le stress et courent un risque élevé de troubles du comportement externalisés.

Le travail de Van Ijzendoorn et coll. met en relation le type d'attachement parental et la vulnérabilité aux troubles de comportements externalisés mais n'extrapole pas ces troubles de comportements pour constater les conduites addictives dans lesquels affalent ces sujets.

En 2001, une étude (Nardeau & Bertrand) menée à Montréal dans le cadre d'un projet sur l'inadaptation grave et persistante chez les toxicomanes, a montré que pratiquement, les rechutes sont fréquentes et font partie intégrante du processus de rémission. Les auteurs ont ainsi pu identifier, suite aux entrevues de deux heures avec chacune de ces femmes toxicomanes, que ces rechutes sont dues aux mêmes facteurs associés que l'on retrouve dans la progression de la consommation, mais aussi au contexte qu'évoquent les situations de traumatisme dans l'enfance.

Il s'agit là d'une recherche qui met en relation les situations de traumatisme vécues et la toxicomanie, certes, mais qui ne s'attelle pas pour définir les types d'attachement parental liés à ces traumatismes vécus dans l'enfance.

Djassoa (1990) a travaillé sur le phénomène de la marginalité juvénile à Lomé. Il aborde l'importante question des conséquences à long terme de perturbations de l'attachement chez les jeunes. Il

illustre, l'insécurité affective que connaissent les jeunes qui ont subi des carences précoces.

En effet, il parvient à la conclusion selon laquelle toute perturbation du milieu familial n'est pas la cause directe ni nécessaire de la délinquance juvénile. C'est le bouleversement psychique qu'il est susceptible d'engendrer chez le jeune qui rend compte de la marginalité. Ainsi à partir de l'analyse de contenu d'un échantillon de dossiers de 20 mineurs au Centre d'Observation et de Réinsertion Sociale de Cacavelli à Lomé, il a isolé certains facteurs pouvant conduire à la marginalité juvénile à Lomé :

Les facteurs sociologiques tels que l'éclatement de la cellule familiale auxquels s'associent la désintégration de la cellule familiale traditionnelle et l'éveil du besoin d'argent par l'introduction de l'économie de marché, entraînant des conflits insurmontables entre la vie de famille et les activités financièrement rentables.

Les facteurs psychologiques : le milieu familial perturbé est vécu comme une situation d'insécurité affective. Une telle insécurité se traduit par divers processus psychologiques de manières diverses qui peuvent se combiner, s'intriquer : le sentiment d'abandon affectif, la carence d'objets identificatoires, l'angoisse de morcellement, l'intolérance à la frustration.

Les facteurs psychopathologiques : ils se résument à un trouble relationnel précoce qui serait de type abandonnique, et s'exprimant sous forme de carence affective.

Cette étude s'est résumée à évaluer le bouleversement psychique que peut engendrer la perturbation du milieu familial sur certains sujets et le phénomène de marginalité juvénile qui peut en résulter. Notre étude vise plutôt à estimer l'indice de relation entre les types d'attachement et les addictions aux drogues.

Sévon (2001), dans son étude sur « l'impact du climat affectif familial sur la personnalité de l'enfant : cas des toxicomanes de Lomé », a montré que l'âge actuel, le type de famille et la position occupée dans la fratrie ne sont pas des facteurs déterminants dans l'explication de l'étiologie de la toxicomanie. Cependant, il ressort que le phénomène est essentiellement masculin, que la consommation se fait en groupe et la plupart des toxicomanes le sont devenus lorsqu'ils vivaient encore avec leurs parents géniteurs. D'après les facteurs subjectifs, le désir d'attirer l'attention des parents constitue un facteur déterminant. Enfin, parmi les facteurs psychologiques, la disqualification du père (absence physique et / ou psychique) et la surprotection maternelle sont les facteurs prépondérants entraînant le trouble de l'organisation de la personnalité pouvant déboucher sur la dépendance à la drogue.

Cette étude s'est particulièrement intéressée au climat affectif familial des toxicomanes. Nous voulons dans la présente étude nous intéresser aux types d'attachement parental que les jeunes toxicomanes ont connu suite à leur climat familial.

Hattah (2007), a fait ressortir les situations et les effets tirés des substances psychoactives qui maintiennent la conduite de

consommation, en dépit de la connaissance des conséquences néfastes que ces produits engendrent.

Son travail a porté sur les toxicomanes en détention et n'a pas identifié les types d'attachement de ces sujets. La présente recherche vise un cadre hospitalier pour mettre en exergue les différents types d'attachement parental des sujets addicts.

Allouky (2008) dans une étude portant sur 38 alcooliques au Centre Hospitalier Universitaire de Kara a relevé les conséquences organiques et psychologiques que peuvent entraîner l'alcoolisme. Il a trouvé que la dépendance à l'alcool conduit à des décompensations psychopathologiques (troubles anxieux, dépressifs et psychotiques). Il a également relevé que l'addiction à l'alcool est liée à des facteurs externes et internes et que les facteurs internes rendent compte de la vulnérabilité de l'individu. Il a en effet identifié les traits de personnalité associés à l'abus de l'alcool. Il a en outre identifié chez ces sujets de nombreuses complications neurologiques de l'alcoolisme chronique.

Ce travail s'est limité à l'alcoolisme et n'a pas identifié les catégories d'attachement comme facteurs internes rendant compte de la vulnérabilité des sujets.

Bohm (2008), a mené une étude prospective au Centre Hospitalier National Spécialisé d'Aného portant sur les toxicomanes présentant des troubles psychiatriques, et réadmis dans ledit centre. La présente étude portant sur 42 patients toxicomanes avait pour objectif d'identifier les facteurs psychologiques et / ou psychosociaux qui

provoquent la rechute. Il a également cherché l'impact de certaines faiblesses dans la prise en charge sur cette rechute. Ainsi, au terme de l'étude, les résultats suivants ont été obtenus : les difficultés relationnelles, d'adaptation et de réinsertion, les états émotionnels négatifs de même que certains traits de personnalités des toxicomanes sont autant de facteurs associés à la reprise des conduites addictives. A ces facteurs s'ajoute l'influence d'une prise en charge inadéquate.

Il s'agit d'une recherche qui a identifié que les traits de personnalité sous-jacents et les difficultés interpersonnelles étaient les facteurs associés à la reprise des conduites addictives et qui n'a pas tenu compte de l'attachement parental.

Yougbaré (2008) dans une étude prospective à propos de 38 cas de mineurs délinquants pris en charge par le Bureau International Catholique pour l'Enfance de Lomé, a montré que les catégories d'attachement dans leur modalité de « attachement insécure » étaient des facteurs associés aux troubles psychologiques observés chez les mineurs au Togo notamment la dépression, les troubles de la sexualité, les troubles de la mentalisation, les troubles du sommeil, les troubles des conduites et même la toxicomanie.

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