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Internet et Droits de l'Homme

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par Moumouni GUINDO
Université de Nantes - Diplôme d'université de 3ème cycle 2003
  

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Section II : La difficile quête de solutions institutionnelles

Il est admis que les difficultés juridiques soulevées par l'internet dépassent le plus souvent le cadre territorial d'un Etat100 et qu'il convient de rechercher des solutions à l'échelle internationale. Il est vrai que la communauté internationale est réellement mobilisée autour des innovations et adaptations juridiques commandées par le développement de l'internet mais il semble que certains ensembles géographiques politiques ou économiques sont plus actifs que d'autres. Ainsi, sur le plan normatif, l'Europe fait montre d'un véritable activisme en cette matière (paragraphe 1er) pendant que les autres grandes régions paraissent bien léthargiques (paragraphe 2).

Paragraphe 1er : L'activisme de l'Europe

L'Europe a été devancée par les Etats-Unis d'Amérique dans le développement des nouvelles technologies de l'information. La gouvernance technologique101 et institutionnelle102 de l'internet reste dominée par ses inventeurs américains. Les Européens s'emploient donc à jouer un rôle -- à défaut d'occuper une place -- dans le fonctionnement, la gestion voire la régulation de l'internet. Le développement par un centre suisse du World Wide Web (devenu essentiel au système de l'internet, il faut l'avouer) ne peut-il pas titre considéré comme étant la résultante de ce combat ? En toute occurrence, dans l'impossibilité d'influer significativement sur les caractéristiques techniques de l'internet, les Européens -- sans y renoncer du reste -- s'engagent à poser les jalons d'une régulation de l'internet de manière à sauvegarder l'équilibre entre le profit économique, culturel et social de l'internet et ses retombées négatives sur les Droits de l'Homme. Dans le cadre de la Communauté ou isolément, les Etats européens prennent des mesures de régulation de l'internet. Certaines

100 Voir le Rapport sur «Internet : enjeux juridiques » de Isabelle FALQUE-PIERROTIN, Mission interministérielle du 16 mai au 16 juin 1996

101 Les standards techniques sont développés par des sociétés américaines, notamment

102 Actuellement, les noms de domaine, essentiels à la structure de l'internet, sont attribués et gérés par l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). Cette organisation, héritière de l'IANA (Internet Assigned Names Authority) qui était un organisme public américain sous contrat avec le projet ARPA, conserve une haute main sur les noms de domaines nationaux (ccTLD) ou génériques (gTLD). Les compétences de l'ICANN « incluent le contrôle du système des noms de domaines, la distribution des adresses IP, le

de ses mesures, en réalité antérieures à l'internet dans ses dimensions actuelles, se rapportent à la question générale de l'informatique et ne concernent l'internet que par extension. D'autres sont plus spécifiques au réseau Internet. En toute occurrence, les initiatives européennes en matière d'internet sont multiples même si elles sont réfrénées dans leur efficacité.

Avant meme que l'internet ait ses dimensions et proportions actuelles, l'Europe s'y est intéressée de près. Cependant il faut avouer que les premières initiatives n'étaient pas orientées spécifiquement vers l'internet. Il s'agit notamment du projet TEDIS (Trade exchange data interchange system) qui, lancé en 1988, était très global et se rapportait à toute l'activité économique internationale impliquant la Communauté des Etats Européens. Ce n'est qu'en 1991 qu'il s'est orienté vers les réseaux interconnectés (donc l'internet aussi) et a mis en relief la nécessité de protéger les données personnelles103. De fait, l'Europe se préoccupe particulièrement des données personnelles, car nombreuses sont les directives et recommandations qui s'y rapportent directement.

La Convention du Conseil de l'Europe du 28 janvier 1981 relative à la protection des personnes contre le traitement automatisé des données, qui a largement « contribué à donner une orientation décisive au droit de la protection des données104 », a été suivie, entre 1981 et 1991, de huit (08) recommandations consacrées toutes à la protection des données personnelles dans le traitement automatisé des données en réseau ou hors réseau (banques de données médicales, données soumises à traitement scientifique et statistique ou à marketing direct, données utilisées à des fins de sécurité.).

La directive adoptée par le parlement et le Conseil de l'Europe le 25 octobre 1995 sur « la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel » s'est assigné la mission d'assurer « une protection équivalente de haut niveau dans tous les pays de la Communauté ». Cette directive a été intégrée au droit interne de nombreux pays européens105.

Il apparaît donc que l'Europe reste active sur la question de la protection des droits de l'Homme au travers de celle des données personnelles qui, comme nous l'avons déjà indiqué, intègrent la vie privée.

développement de nouveaux standards de protocoles Internet et l'organisation du système des serveurs de base de l'Internet », comme l'indique J-C BURKEL, op. cit., page 15

103 Voir J-C BURKEL, op. cit., page 10

104 Douzième Rapport d'activité de la CNIL, in Lamy de l'informatique et des réseaux, 2000

105 Rapport Braibant, op. cit. qui jetait les bases de la transposition des dispositions de la directive dans le droit interne français

Au-delà de la vie privée, l'Europe s'est également préoccupée du maintien de la sécurité et de la paix sur l'internet. De cette volonté participe l'adoption de la Convention européenne sur la cybercriminalité du 23 novembre 2001. Cette Convention, se voulant exhaustive, renferme toute la palette des infractions actuellement possibles sur le réseau, celles qui affectent le réseau lui-même comme les fraudes informatiques et celles qui sont par lui facilitées comme les atteintes à l'honneur, à la dignité et à la propriété intellectuelle.

Malgré tout, l'Europe n'a pas atteint le seuil où elle pèserait de façon décisive sur le fonctionnement du réseau et les dispositions normatives qu'elle a prises paraissent par moment plus indicatives qu'impératives laissant une large marge de manoeuvres aux Etats membres106. Il reste quand même qu'elle fournit plus d'efforts que les autres régions ou regroupements d'Etats pour s'approprier l'internet et surtout pour le réguler de sorte à limiter les atteintes aux droits de l'Homme.

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