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L'habitat informel dans les villes d'Afrique subsaharienne francophone à  travers l'exemple de Niamey (Niger )

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par Hamadou ISSAKA
Université de Pau et des pays de l'Adour - Master 2 de géographie 2007
  

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3.2.3 L'évolution politique et administrative de Niamey

De toutes les villes actuelles du Niger, Niamey est celle qui a connu l'évolution la plus étrange forgée par le destin incroyable qu'a constitué le choix du site de ce petit village d'agriculteurs et de pêcheurs pour abriter un poste militaire français le 15 mai 1902. Un an après le village sans rayonnement local devint le siège du territoire militaire du Niger et ce, jusqu'au 1er janvier 1911 date à laquelle Zinder, centre important situé plus à l'Est et frontalier avec les villes nigérianes sous colonisation britannique, lui ravi ce titre. Le statut des colonies évoluant, le territoire militaire devint territoire civil autonome en décembre 1920 puis colonie du Niger pour compter du 13 octobre 1926. Ce transfert ne dura que 16 ans car dès le 28 décembre 1926, Niamey retrouvera définitivement son rôle de capitale. Cinq ans plus tard Niamey accéda au statut de canton. Par arrêté n°1248/API du 14 février 1954, elle devient commune mixte de premier degré, puis commune de plein exercice à partir du 18 novembre 1955. Il fut organisé pour la première fois des élections municipales à Niamey le 18 novembre

1956 et le premier maire élu fut Djibo Bakari. A partir de 196712, Niamey accède au statut de ville ayant une emprise sur 74 250 hectares dont 1 300 hectares seulement étaient effectivement bâtis (SIDIKOU 2004). Niamey sera divisée en 17 arrondissements en janvier 1974 puis restructurée en cinq districts en 1979. Ce n'est qu'en 1988 qu'elle devient Communauté Urbaine avec rang de région. Cette huitième région du pays se voit attribuer un territoire un territoire d'une superficie de 23 900 hectares avec l'annexion de plusieurs villages périphériques en 1996. Au terme de la loi n°2002- 012 du 11 juin 2002 déterminant les principes fondamentaux de la libre administration des régions, des départements et des communes ainsi que leurs compétences et leurs ressources, Niamey reste Communauté Urbaine dans ses frontières de 1996. Toutefois le nombre de communes est passé de 3 à 5, elles-mêmes subdivisées en 99 quartiers :

- la commune de Niamey I : 20 quartiers ;

- la commune de Niamey II : 17 Quartiers ;

- la commune de Niamey III : 17 quartiers ;

- la commune de Niamey IV : 17 quartiers ;

- et la commune de Niamey V : 28 quartiers

Chacun de ces quartiers a à sa tête un chef considéré comme un chef coutumier nommé à cette fonction en application des dispositions de l'ordonnance n° 93-02 du 15 avril 1993 portant statut de la chefferie traditionnelle au Niger. Les chefs de quartiers sont des auxiliaires de l'administration. Ils ont officiellement la responsabilité de la collecte des impôts et taxes auprès des populations de leurs quartiers respectifs. Dans les faits, leur responsabilité est plus étendue car ils mobilisent les populations pour les travaux d'intérêt public, s'occupent de la sécurité des populations à travers le contrôle des milices de protection contre les voleurs appelées Yam banga. De plus, ils sont courtisés en vue de la mobilisation des populations en faveur de tel ou tel parti politique.

Désormais, c'est le Gouverneur de la région de Niamey qui est le représentant de l'Etat. Il dirige les services déconcentrés et veille à l'exécution des lois et règlements de la République. Il a l'autorité sur tous les agents de l'Etat dans la limite du territoire de la CUN à l'exception des cours et tribunaux. La loi n°98-32 du 14 septembre 1998 déterminant le statut des communautés urbaines stipule que la communauté urbaine est un établissement public à caractère administratif doté d'une autonomie financière. Par conséquent, pour la réalisation de ses objectifs, elle dispose d'un budget, d'un personnel et des domaines propres. Elle est gérée

12 Conformément à la loi, toute agglomération d'une population de 25 000 habitants pourrait être considérée comme ville.

par un conseil de la Communauté Urbaine composé de membres élus. Les différentes modifications de statuts et de redéfinition territoriale qu'a connu Niamey ne sont que le reflet de l'atermoiement des autorités face à la gestion harmonieuse de la ville. En effet, le dernier changement consacrant la décentralisation a fait l'objet de nombreuses controverses suite auxquelles les autochtones, forts de leur lobbying ont fini par imposer une subdivision administrative basée sur les terroirs coloniaux ce qui du coup renforce leur poids politique sur les communes à travers notamment la forte représentation des grandes familles au sein des conseils communaux. Aussi, les cinq communes ne sont-elles que la représentation des terroirs des premiers habitants de Niamey comme l'a souligné MOTCHO K.H13 (2006) qui en a fait la subdivision clanique suivante :

- la commune I est établie sur le terroir du clan de Goudel,

- la commune III sur celui des Kalley,

- la commune II sur celui des Maouri,

- la commune IV sur celui de Gamkallé et Saga,

- la commune V revenant au clan des Peul de Lamordé.

Si cette nouvelle subdivision administrative basée sur le terroir répond à la volonté de grandes familles, elle constitue une contrainte pour la bonne gouvernance qui semble être le critère invoqué par les autorités politiques qui, il est vrai, n'ont accepté cette déconcentration qui amenuiserait leur pouvoir que sous pression.

Capitale d'un jeune Etat qui a connu une instabilité politique notamment au cours de la décennie 90, Niamey est le siège de toutes les contradictions politiques et économiques qu'a connu le pays au cours de son histoire. Les modifications successives de statuts traduisent les difficultés de gestion de la ville. La nouvelle politique de décentralisation basée sur le principe de la libre administration de la ville qui devrait instaurer un nouvel état d'esprit ainsi que de nouvelles méthodes de gestion contraires à celles du passé semble mal partie. En effet, en allégeant le pouvoir de l'administration centrale jugée inefficace, la décentralisation a entraîné l'émergence du pouvoir des grandes familles qui sont surreprésentées dans les instances de décision. En faisant échec au plan conçu par les techniciens du Haut Commissariat à la Reforme Administrative et à la Décentralisation, les autochtones sont parvenus à maintenir leur contrôle sur la ville et notamment la production foncière.

13 http://www2.polito.it/ricerca/cctm/wp/WP16.pdf

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault