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Du droit de résistance aux abus de pouvoir: une lecture du "second traité du gouvernement civil" de John Locke

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par Victor SETIBO BATUZOLELE
Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius - Bachalauréat en philosophie 2002
  

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4.3. La résistance aujourd'hui

4.3.1. La légalisation du droit de résistance

De John Locke à nos jours, le droit de résistance a beaucoup évolué. Si pour lui la résistance au pouvoir trouve son bien-fondé non pas dans le mécontentement des individus, fussent-ils nombreux, mais dans les menaces qui pèsent sur l'ordre public, cela vaut aussi pour nous aujourd'hui. Même si ce droit n'a pas changé en substance, il est mieux compris aujourd'hui, il est de plus en plus légalisé. La proclamation des droits universels de l'homme a entre autre consacré le droit à la liberté au service de quoi se met l'opposition. La légalisation des mouvements d'opposition distingue les sociétés d'antan de celles d'aujourd'hui. Des textes reconnaissent ce droit d'opposition puisque ; c'est un droit de citoyen. C'est ainsi que la liberté de la presse, la liberté de réunion et de manifestation, la critique des médias, la grève, l'objection de conscience... sont devenues peu à peu des expressions légales du droit d'opposition.

Ce droit de résister à des lois qui relèvent de l'arbitraire a été appelé par certains auteurs « la désobéissance civile ». On doit cette expression à Henri-David Thoreau qui, au milieu du XIXième Siècle, refusa de payer ses impôts, pour protester contre la guerre que son pays menait au Mexique99. Il y a une désintégration des systèmes politiques dont l'érosion progressive de l'autorité gouvernementale constitue le symptôme le plus frappant et la cause de cette érosion est l'inaptitude des rouages gouvernementaux à s'acquitter de leur fonction, c'est ce qui conduit d'ailleurs les citoyens à douter de leur légitimité.

Dans les démocraties modernes, la désobéissance civile a sans doute un rôle de plus en plus important. L'opposition peut-être considérée comme un moteur du fonctionnement des

institutions. Les dirigeants sont remis à l'ordre. C'est un véritable garde-fou à l'arbitraire du pouvoir. C'est une résistance qui s'adresse à l'illégalité.

La désobéissance civile peut être violente. Outre la violence, la non-violence est en général considérée comme une autre caractéristique nécessaire de la désobéissance civile. Il résulte en que la désobéissance civile n'est pas la révolution. « Celui qui fait acte de désobéissance civile accepte les cadres de l'autorité établie et la légitimité d'ensemble du système juridique existant, alors que le révolutionnaire le rejette.100 » Pour notre part, nous privilégions l'option non-violente de la désobéissance civile parce qu'elle assure l'institution de la liberté et qu'elle se déploie sans la prétention d'ouvrir la voie à la guerre civile. C'est ainsi que la désobéissance civile est plus rattachée aux méthodes de l'action non violente. Comme les autres formes de luttes non-violentes, la désobéissance civile repose sur le principe que l'obéissance à la loi engage la responsabilité du citoyen, et qu'il porte donc une part de l'injustice dès lors qu'il obéit à une loi injuste101. En effet, si l'injustice s'installe dans une société donnée, le peuple est totalement dans ses droits quand il désobéit à une loi injuste.

« En somme, la désobéissance civile naît, elle aussi, de ce constat : je ne suis pas seulement responsable de ce que je fais mais aussi de ce que je laisse faire. En ce sens, le fondement de la désobéissance civile est la contestation de la « légalité », dés lors que celles-ci cautionne une loi injuste.102 »

N'étant pas qu'une contestation pure, la désobéissance civile invite et appelle les autorités à modifier la loi injuste. Cette désobéissance civile n'est pas de l'anarchie : elle ne vient pas miner la démocratie de l'intérieur. Mais au contraire, elle implique le respect de la loi. C'est ainsi qu'à ce propos, Martin Luther King n'hésitait pas à déclarer : « Je prétends qu'un individu qui enfreint une loi parce que sa conscience lui dit qu'elle est injuste, et qui accepte de bon gré la pénalité en restant en prison pour réveiller la conscience de la communauté sur cette injustice, exprime de fait le plus grand respect pour la loi103 ».

De John Locke, nous avons appris que l'Etat incarne l'aspiration des hommes à se donner une instance commune représentant leur volonté collective et structurant leur communauté. Cet Etat est l'expression d'un droit à une existence libre et autonome. Et la désobéissance civile quant à elle, rappelle juste ces aspirations des hommes quand elles ne

99 Jacques SEMELIN, Pour sortir de la violence, Paris, Les Editions ouvrières, 1983, p. 91.

100 Hannah ARENDT, Du mensonge à la violence, Paris, Pocket, 1994, p. 78.

101 Jacques SEMELIN, Pour sortir de la violence, Paris, Les Editions ouvrières, 1983, p. 92.

102 Idem.

103 Martin Luther King, cité par Jacques SEMELIN, Pour sortir de la violence, Paris, Les Editions ouvrières, 1983, p. 92.

sont pas prises en compte. Les peuples résistent contre l'exploitation et l'annihilation de toute humanité en eux. Jacques Sémelin nous l'apprend fort bien quand il déclare :

« Face à la violence, l'homme sans arme n'est pas forcément désarmé. Mais l'arme qu'il possède ne se voit pas. Ce que les yeux voient trahit la réalité du rapport des forces. Sous le poids de la violence, l'homme peut plier mais pas nécessairement céder. Il ne cédera pas si la conscience qu'il a de lui-même est suffisamment forte pour résister au chantage à la mort qui s'exerce sur lui. La conviction profonde de l'individu, son attachement à un idéal moral, politique ou religieux déterminent sa capacité de résistance à la violence.104 »

« Résister à la violence, c'est conserver à l'intérieur de soi une parcelle d'autonomie, une zone de liberté intérieure où l'on est seul à décider de ce qu'on fait et de ce qu'on ne fait pas, de ce qu'on pense et de ce qu'on ne pense pas. 105»

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