WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le malaise dans l'oeuvre de Ken Bugul: cas de "la folie et la mort " et "de l'autre côté du regard "

( Télécharger le fichier original )
par Kouessi Jacques Richard CODJO
Université d'Abomey- Calavi Bénin - Maà®trise ès- lettres modernes 2004
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2- Le mélange des genres littéraires.

Ce qui frappe à la lecture de La folie et la mort et De l'autre côté du regard, c'est aussi le mélange que l'auteur fait des genres littéraires, notamment du roman et du conte. Ce sont deux genres voisins mais qui ont des caractéristiques différentes. Si on peut dire du roman que « c'est un «document humain» issu à la fois de l'imagination et de l'observation, qui présente une image stylisée de la réalité »139(*), le conte quant à lui est simplement de l'imagination. C'est « un récit d'aventures imaginaires tissées autour de personnages divers mais souvent peu nombreux et dont le but est généralement didactique »140(*). Le roman de Ken Bugul prend parfois l'allure d'un conte. C'est le cas, par exemple dans La folie et la mort, lorsque Mom Dioum s'est enfuie de chez la Tatoueuse. Elle s'épuise dans une longue course et finit par s'endormir. A son réveil, elle se retrouve dans une maison avec un homme peu ordinaire qui la soigne et demande ensuite à l'épouser malgré la laideur de son visage dû au tatouage inachevé. Cette séquence, jusqu'à la fuite réussie de Mom Dioum, se lit comme un conte au coeur du roman. De plus, le début de l'histoire de Yaw prend également l'allure d'un conte mais le narrateur le place dans un rêve, ce qui ramène l'histoire dans le champ du roman.

Il en est de même dans De l'autre côté du regard où les apparitions de la mère défunte à sa fille prennent des allures d'un récit merveilleux.

Par ailleurs, la disposition des textes dans les deux récits fait penser à un poème écrit en vers libres. Les phrases sont parfois écourtées comme pour faire des rimes, avec des alinéas intempestifs :

« Elle ne parlait pas beaucoup.

Elle ne mangeait pas beaucoup.

Elle ne faisait rien beaucoup.

Sauf des enfants. »

Cet amalgame des genres constitue un facteur générateur de malaise chez le lecteur.

3- La non-délimitation du récit en chapitres ou parties.

La folie et la mort et De l'autre côté du regard se distinguent des deux premiers romans141(*) de Ken Bugul en ce qu'ils n'ont pas été délimités en chapitres ou parties comme les autres. En effet, dans ses deux premières oeuvres, l'auteur a matérialisé la délimitation des chapitres soit par des chiffres simplement (1, 2, 3,...), soit par le mot chapitre accompagné des chiffres romains(chapitre I, chapitre II, chapitre III, chapitre IX, etc....). Dans La folie et la mort et De l'autre côté du regard, comme dans Riwan ou le chemin de sable142(*), ce sont simplement des espaces blancs à la fin de la page précédente et au début de la page suivante qui indiquent qu'on passe d'un chapitre à un autre. Et si l'on compte ces espaces vides, on se rend compte que La folie et la mort comporte sept (7) chapitres de tailles différentes : le 1er chapitre comporte quatre (4) pages ; le 2ème trente-quatre (34) pages ; le 3ème soixante-deux (62) pages ; le 4ème vingt-six (26) pages ; le 5ème trente (30) pages ; le 6ème six (6) pages et le 7ème soixante-trois (63) pages.

De l'autre côté du regard comporte quant à lui vingt-trois(23) chapitres répartis de la manière suivante : 1er :1 page ; 2ème :8 pages ; 3ème :12 pages ; 4ème : 13 pages ; 5ème :8 pages ; 6ème :19 pages ; 7ème :33 pages ; 8ème :13 pages ; 9ème : 6 pages ; 10ème :2 pages ; 11ème :7 pages ; 12ème :9 pages ; 13ème :13 pages ; 14ème : 5 pages ; 15ème :2 pages ; 16ème :6 pages ; 17ème :19 pages ; 18ème :12 pages ; 19ème :26 pages ; 20ème :11 pages ; 21ème :9 pages ; 22ème :2 pages ; 23ème : 4 pages.

Cette étude du nombre et de la taille des chapitres montre que Ken Bugul se donne une grande liberté dans la construction de son récit. Elle ne s'enferme dans aucune norme dont elle serait l'esclave. On a l'impression qu'elle compose son récit au gré de son imagination et le livre de façon brute au lecteur. Cette remarque prend d'autant plus d'importance que Ken Bugul avait semblé s'être donné des normes dans ses deux premières oeuvres. Depuis, l'auteur a pris de l'assurance dans l'art de narrer et se donne certaines libertés qui peuvent engendrer un certain malaise, renforcé par une pratique singulière de la langue française.

* 139 Adrien HUANNOU et Ascension BOGNIAHO, Littérature Africaine, op. cit.

* 140 Ibidem.

* 141 KEN BUGUL, Le Baobab fou et Cendres et braises, op. cit.

* 142 Idem, Riwan ou le chemin de sable, op. cit.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand